Ghia Chrysler, une association prolifique
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Giacinto Ghia (1887-1944). Copyright L’entreprise rebaptisée Ghia survit grâce à plusieurs de ses collaborateurs, dont le designer Mario Boano qui relance l’activité en créant des voitures sur base Fiat, Lancia et Alfa Romeo, auxquelles s’ajoutent les marques Ferrari et Maserati. Parmi les différents chefs designers qui se sont succédés chez Ghia, il convient de citer Mario Revelli de Beaumont, Mario Boano, Luigi Segre, Giovanni Savonuzzi, Pietro Frua, Giorgetto Giugiaro, Tom Tjaarda ... En 1951, l’entreprise Ghia signe son plus important contrat avec le groupe américain Chrysler, par l’intermédiaire de Virgil Exner, son nouveau chef designer. Celui-ci a alors la charge de renouveler totalement la gamme automobile du troisième constructeur américain, en programmant durant les années 50 la présentation de nombreux concept cars, dont le but est d’étonner le grand public, d’anticiper le design des futurs modèles du groupe Chrysler et de ramener en masse la clientèle vers ses concessions.
Virgil Exner (1909-1973). Copyright En effet, depuis l'échec de l'Airflow, Chrysler s'est concentré sur la technique au détriment de l'esthétique. Les trop sérieuses Saratoga et New Yorker ne font pas courir les foules chez les concessionnaires. Avec le recul, cette association Chrysler Ghia qui a permis de réaliser de très beaux concept cars souvent annonciateurs - la General Motors en a créé au moins autant durant la même période - n’a pas vraiment eu d’impact sur les ventes du groupe Chrysler. En effet, la part du troisième constructeur américain dans la production automobile US est passée de 18 % en 1950 à 15 % en 1960. 1951 : Plymouth XX500 Peu avant la signature du contrat entre Chrysler et Ghia, le carrossier italien présente le 14 mars 1951 au Salon de l’auto de Chicago la berline Plymouth XX500, sur la demande de Kaufman Thuma Keller (1885-1966), surnommé K.T. Keller, président du groupe Chrysler à l’époque. Le carrossier italien Ghia a alors été mis en concurrence avec Pinin Farina pour la réalisation de ce modèle doté d’un six cylindres de 3,6 litres délivrant 97 ch. C’est le prototype de Ghia qui a obtenu les faveurs du président de Chrysler.
Kaufman Thuma Keller (1885-1966) rejoint la General Motors en 1911. Il est choisi comme vice-président de Chevrolet en 1921, avant de rejoindre le groupe Chrysler. Il est nommé à la présidence de la compagnie en 1935, poste qu'il occupe jusqu'en 1950. Puis il accède à la fonction de président de conseil d'administration jusqu'en 1956, année de son départ à la retraite. Copyright Cela a décidé le constructeur américain à envisager d’approfondir ses liens avec le carrossier turinois. C’est Virgil Exner, entré chez Chrysler en 1949 et nouvellement nommé chef du studio de style avancé du groupe, qui a pour mission d’approfondir ces relations pour aboutir au fameux contrat signé au cours des mois suivants.
Plymouth XX500. De gauche à droite, le designer Henry King, l'ingénieur en chef de la carrosserie HE Chesebrough, l'ingénieur en chef de Plymouth Robert Anderson, le vice-président John P Mansfield et RC Somerville, directeur des ventes de Plymouth. Copyright La berline six glaces Plymouth XX500 de 4,80 mètres de long basée sur un châssis de Plymouth P20 de 3,01 mètres d’empattement présente un style européen, qui n’a plus rien à voir avec le modèle d’origine. Le style ponton lisse et racé, presque sportif, rappelle d’autres créations contemporaines du carrossier Ghia, comme la berline Alfa Romeo 6C 2500T de 1949. 1951 : Chrysler K-310 Virgil Exner renforce progressivement les liens entre Chrysler et Ghia, par l’intermédiaire de Mario Boano, designer et dirigeant de Ghia de 1946 à 1954, puis de Luigi Segre, qui lui succède de 1954 à 1963, et du représentant italo-américain de Ghia, Paul Farago, qui ne fera que consolider les relations de travail entre les deux entreprises. La première concrétisation du contrat Chrysler Ghia se présente sous la forme d’un imposant coupé cinq places à la ligne ponton d’une grande élégance. Dévoilé en 1951, le modèle appelé K-310 fait référence à K.T. Keller, et à la puissance revendiquée du V8 Chrysler, trois ans avant le lancement commercial de la Chrysler 300.
Virgil Exner et Luigi Segre, Chrysler K 310 - Document colorisé " by Imbued with Hues ". Copyright La K-310 présente quelques effets de style qui seront repris plus tard sur certains modèles commercialisés, comme le dessin de la roue de secours sur le coffre ou les feux circulaires posés délicatement sur les ailes arrière que l’on retrouvera sur les Chrysler Imperial 1955. La petite calandre verticale est une preuve d’amour de Virgil Exner pour les voitures américaines des années 30, " l’Age d’Or " de l’automobile selon lui. La K-310 est produite en un seul exemplaire.
Le concept car Chrysler K-310 présenté quelques mois après la XX500 est le premier modèle issu du contrat liant le carrossier Ghia et le troisième constructeur américain. Le design est signé Virgil Exner, et l’assemblage est réalisé par Ghia. Copyright 1952 : Chrysler C-200 La K-310 ayant été bien reçue par le grand public, Chrysler et Ghia s’entendent pour en créer une version cabriolet baptisée C-200, dévoilée en 1952. Comme la K-310 et la plupart des futurs concept cars Chrysler Ghia, la C-200 est dessinée par Virgil Exner à Detroit, et fabriquée par Ghia à Turin. Elle profite aussi d’un V8 Chrysler surpuissant dans une carrosserie au style très italien.
Le concept car Chrysler C-200 dévoilé en 1952 est la version cabriolet du coupé K-310 présenté l’année précédente. Ce modèle est contemporain de la fameuse Parade Phaeton qui inspirera le " Forward Look " du millésime 1955. Copyright Virgil Exner a bien l’intention de latiniser l'aspect des voitures du groupe Chrysler, et les concept cars assemblés chez Ghia en sont bien des signes annonciateurs. Comme la K-310, la C-200 dispose d’une peinture deux tons, principe qui va se généraliser dans la production de série en Amérique du Nord quelques années plus tard chez tous les constructeurs. 1952 : Chrysler SS (Styling Special) En 1952, au Salon de Paris, est présenté le coupé Chrysler SS, pour Styling Special, dessiné par Ghia et établi sur un châssis de New Yorker raccourci. Ce troisième modèle de la collaboration entre Chrysler et Ghia est d’un aspect à la fois plus classique, plus viril et moins bulbeux que les K-310 et C-200. L’ensemble élégant et racé rappelle la Bentley Cresta II présentée l’année précédente par Facel-Métallon. La calandre trapézoïdale est coupée horizontalement par un fin pare-chocs. L’arrière fastback dénué du dessin de la roue de secours est flanqué de deux ailerons encore discrets, mais qui annoncent déjà les délires stylistiques de la fin des années 50.
De gauche à droite, un carrossier, Gian Paolo Boano, Mario Boano, et Luigi Segre chez Ghia avec la structure en bois destinée à produire la carrosserie de la Chrysler SS de 1952. Copyright Le modèle est équipé d’un V8 Hemi de 5,4 litres délivrant 182 ch, associé à une boîte semi-automatique Fluid Torque Drive à quatre rapports, ce qui promet de belles performances, malgré le poids de l’engin. Dix-huit exemplaires de ce modèle trouvent preneur entre 1952 et 1953. La première version de cette voiture se reconnaît à l'ouverture de la porte par un bouton.
La Chrysler Styling Special dévoilée en 1952 est plus proche d’une production en série. D’ailleurs, ce modèle sera produit à dix-huit exemplaires par Ghia pour des clients fortunés. Copyright 1953 : Chrysler d’Elegance Voir aussi : http://leroux.andre.free.fr/xxx150.htm En 1953, au Waldorf Astoria de New York, est présenté le concept car Chrysler d’Elegance. Il reprend globalement la silhouette du coupé SS de l’année précédente, notamment la partie arrière fastback flanqué de deux ailerons, surmontés cette fois des deux petits feux ronds hérités des K-310 et C-200, un effet de style auquel tient beaucoup Virgil Exner. Le coffre est agrémenté du dessin de la roue de secours, comme sur les K-310 et C-200, un autre effet de style récurrent des créations d'Exner, en hommage encore aux voitures des années 30. La partie avant est aussi une évolution de celle des K-310 et C-200, notamment par l’implantation des phares avant qui reste similaire.
La Chrysler d’Elegance dévoilée en 1953 reprend la silhouette de la Styling Special, mais ses flancs sont davantage sculptés, ce qui inspirera la future Volkswagen Karmann Ghia lancée en 1955. Copyright Les flancs sont sculptés. La calandre est pyramidale. La Chrysler d’Elegance est basée sur le châssis d'une New Yorker, avec un moteur V8 Hemi de 5,8 litres délivrant 280 ch, associé à une transmission automatique PowerFlite. Chargée de sa fabrication à la main, Ghia débute à la même époque l'étude d'un coupé pour Volkswagen, dont le profil s’inspirera incontestablement de la Chrysler d’Elegance et qui donnera naissance en 1955 à la Karmann Ghia basée sur la Coccinelle.
Chrysler précise lors de la présentation de la d'Elegance qu'aucune décision n'a été prise quant à une éventuelle production en série, mais que techniquement rien ne peut s'y opposer. Exner est convaincu de l'existence d'un marché pour une Chrysler à tendance sportive produite en petite série. Mais au début des années 50, les administrateurs du groupe ont d'autres préoccupations plus importantes. L'attention est plus portée sur ses modèles de grande série. Copyright 1953 : Chrysler Thomas Special En 1953, la Chrysler SS évolue au niveau de l’empattement qui reprend cette fois intégralement celui de la New Yorker, ce qui allonge l’ensemble de 25 centimètres, et permet de créer un vrai coffre en abandonnant la ligne fastback vue sur le modèle précédent. Du coup, la silhouette de celle qu’on appellera " Thomas Special " semble encore plus élégante que précédemment. Ce nom vient du fait que le premier propriétaire de ce modèle est C.B. Thomas, chef de la division Export de Chrysler. Longue de 5,43 mètres, la Thomas Special profite d’une meilleure habitabilité qui permet d’accueillir confortablement cinq personnes.
La Chrysler Styling Special évolue en 1953 grâce à un empattement allongé qui permet de créer un vrai coffre et une habitabilité plus vaste pour les passagers à l’arrière. Ce modèle est appelé Thomas Special. Copyright 1953 : Chrysler GS Special La Thomas Special dotée du V8 Hemi de 5,4 litres donne naissance à la Chrysler GS, pour Ghia Special, destinée au marché européen et présentée au Salon de Paris en octobre 1953. Seule la calandre est modifiée par rapport à la " Thomas Special ".
La Chrysler Thomas Special devient GS à l’automne 1953 avec une partie avant redessinée. Ce grand coupé luxueux aux accents latins tranche sur l’esthétique des voitures américaines contemporaines. Copyright Elle sera de nouveau modifiée quelques mois plus tard en utilisant de fines barres verticales, à l’instar des Bentley, montrant ainsi sans ambiguïté la clientèle visée.
La Chrysler GS est de nouveau retouchée à l’avant en 1954. Sa calandre évoque davantage les Bentley que les Chrysler. Copyright 1953 : De Soto Adventurer Le concept car De Soto Adventurer est dévoilé le 12 novembre 1953 lors de la présentation de la gamme Chrysler 1954 à Detroit. Conçu dans les studios de Chrysler, ce coupé sport de 4,82 mètres de long basé sur un châssis De Soto modifié est fabriqué à la main par Ghia à Turin. Doté d’un moteur Firedome V8 de 4,5 litres délivrant 170 ch, ce modèle est une réponse directe à la Chevrolet Corvette lancée en 1953. La Corvette est la première voiture de sport d’après-guerre proposée par l’un des Big Three après les tentatives infructueuses des Edwards Special, Kaiser Darrin et Nash Healey.
Le concept car De Soto Adventurer dévoilé en 1953 vise un autre marché que celui des grandes Chrysler GS. Ce modèle mise sur son aspect sportif pour rivaliser avec la nouvelle Chevrolet Corvette. Copyright Malgré son style galbé sans vitres latérales arrière, l'Adventurer peut accueillir quatre personnes confortablement. On note la présence d’une calandre en trapèze et d'échappements latéraux en bas de caisse, un détail que reprendra Virgil Exner pour de futurs concept cars. Malgré les efforts de Virgil Exner pour convaincre sa direction, ce modèle n'est pas commercialisé, le désastre de l’Airflow étant encore présent dans les esprits des décideurs. Celui-ci qui la considère alors comme sa meilleure création l'utilisera pour son usage personnel pendant trois ans. 1953 : Dodge Firearrow Au Salon de Turin 1953, est présenté sur le stand Ghia un superbe roadster ultra-futuriste sous la marque Dodge, la Firearrow, ou flèche de feu. Basé sur un châssis de Dodge Royal V8 150 ch, ce concept car très lisse et très bas dessiné par Luigi Segre sous la direction de Virgil Exner s’inspire directement des conceptions aéronautiques, c’est-à-dire des premiers avions à réaction, avec sa calandre qui ressemble à un réacteur, mais de forme carrée, comme sur les prototypes Simca Abarth et Lancia Aurelia dessinés par Ghia en 1952. Le pare-chocs en forme de fine lame entoure toute la carrosserie, procurant une réelle assise visuelle au modèle. Le pare-brise très bas n’a aucun montant, comme sur une voiture de course. On note la présence sous le pare-chocs avant de quatre phares, pour la première fois sur un concept car.
Le concept car Dodge Firearrow dévoilé en 1953 explore un design avant-gardiste et sans aspérités inspiré de l’aéronautique. Assemblé chez Ghia, ce modèle crée un véritable choc émotionnel auprès du grand public. Copyright L’implantation de quatre phares sur les modèles de série sera généralisée aux Etats-Unis seulement en 1957-1958. La Dodge Firearrow marque une nouvelle étape dans la recherche esthétique de Ghia et de Virgil Exner, anticipant les tendances futures du design automobile. Par rapport aux Chrysler Special, on est passé à une toute autre époque, alors qu’un an seulement sépare les deux propositions. Du coupé de grand standing, on est arrivé à la voiture de sport futuriste, presque de science-fiction. Ce modèle a un tel impact qu’il aura une nombreuse descendance : Firearrow II, Firearrow III et Firearrow IV. 1954 : Dodge Firearrow II La Dodge Firearrow II reprend la carrosserie de la Firearrow I, mais ses phares, qui ne sont plus que deux, sont placés en bout d’ailes et non plus sous le pare-chocs avant. Le pare-brise est plus haut et le pare-chocs ne forme plus une ligne continue qui entoure la voiture. Il est en effet interrompu au niveau des phares.
Exposé en 1954, le concept car Dodge Firearrow II est une évolution du modèle de l’année précédente, susceptible d’être commercialisé en tant que concurrent de la Chevrolet Corvette de 1953 et de la Ford Thunderbird de 1954. Copyright La calandre et le pare-brise sont agrandis. Ces modifications rendent la voiture plus apte à être commercialisée, face à la Chevrolet Corvette et à la Ford Thunderbird. Malheureusement, le groupe Chrysler très occupé par le renouvellement complet de sa gamme à l’automne 1954, décide de ne pas commercialiser ce modèle qui aurait sans doute connu un certain succès tout en rajeunissant l’image de la marque Dodge.
La Dodge Firearrow II dispose d'un moteur de 3,95 litres et 150 ch. Il est couplé à une transmission semi-automatique à quatre vitesses Gyro-Torque de Dodge. Copyright 1954 : Dodge Firearrow III La Firearrow III est un coupé dérivé des Firearrow I et II. Elle reprend le style de certains modèles Ghia précédents dessinés pour d’autres marques. On note la présence d’une lunette panoramique, les progrès sur les réalisations en verre permettant maintenant ce genre de technique. La calandre est différente des précédentes Firearrow, les quatre phares refont leur apparition, et le pare-chocs servant de ligne de caisse a disparu, laissant la place à un simple pli de tôle.
Dévoilé également en 1954, le concept car Dodge Firearrow III n’est plus un cabriolet comme les Firearrow I et II, mais un coupé. Ce modèle s’avère bien plus réussi que le coupé Hudson Italia contemporain avec lequel on peut le comparer. Copyright
Hudson présente à la presse en août 1953 un modèle tout à fait particulier, le coupé Super Jet, rebaptisé rapidement Italia, désignation certainement plus vendeuse. La voiture est en effet assemblée dans les ateliers milanais de la Carrozzeria Touring. Le châssis et la mécanique arrivent en CKD depuis les Etats-Unis, puis Touring procède au montage et aux essais sur route. Son design assez extravagant pour l’époque est signé par le styliste maison Frank S. Spring. Copyright 1954 : Dodge Firearrow IV La Firearrow IV revient à la carrosserie roadster avec des éléments repris à chacune des versions précédentes. Cette fois, le modèle bénéficie d’un vrai pare-brise avec montant et pare-soleil. C’est sans doute le modèle le plus proche d’une éventuelle commercialisation, mais là encore, la direction du groupe Chrysler préfère la prudence et décide de ne pas produire le modèle. Les quatre pots d’échappement en forme de roquettes sont les seuls éléments que l’on retrouve sur les quatre générations de la Firearrow. On retrouve aussi cet effet de style sur l’éphémère coupé Hudson Italia.
Présenté à l’automne 1954, le concept car Dodge Firearrow IV est une évolution des Firearrow I et II. Il s’agit d’un cabriolet proche d’une production en série capable de rivaliser avec les Chevrolet Corvette et Ford Thunderbird. Copyright 1954 : De Soto Adventurer II Au Salon de l’auto de Turin 1954 est dévoilée une seconde génération du concept car De Soto Adventurer, beaucoup plus moderne et radicale que la première génération de 1953. La ligne ponton très latine d’aspect qui n’a plus rien à voir avec le modèle précédent est allongée de 62 centimètres pour atteindre 5,44 mètres. La largeur atteint 1,98 mètre, ce qui est assez rare à cette époque sur une voiture de sport. La ligne de caisse est bien marquée, inspirée dans l'esprit des Dodge Firearrow.
Toujours en 1954, est présenté le concept car De Soto Adventurer II. Ce modèle imposant reprend la silhouette de la Ghia Supersonic sur base Fiat 8V dévoilée au Salon de Genève en mars, puis à Paris et à Londres sur base Jaguar XK 120 et Aston Martin DB 2/4. Copyright Le style reprend celui du coupé Firearrow III en beaucoup plus étiré. Ce style quelque peu ampoulé, dû à Giovanni Savonuzzi et retravaillé par Virgil Exner, semble avoir inspiré celui de la Jaguar MK X lancée en 1961. La De Soto Adventurer II qui est dotée d’un V8 Chrysler de 4,5 litres délivrant 170 ch, comporte certains détails originaux, comme un toit vitré coulissant dans le coffre, ou des feux insérés dans des éléments chromés en forme de tuyères. On retrouvera ce genre de détail sur la Chrysler Turbine de 1963. Le modèle produit en un seul exemplaire a été pendant plusieurs années la propriété du roi Mohammed V du Maroc avant d’être rapatrié aux Etats-Unis.
Des lignes étirées pointant vers l'avant et de beaux galbes caractérisent l'Adventurer II et la Jaguar MK X. Sept années séparent pourtant la seconde de la première. Copyright 1954 : Chrysler ST Special En 1954, la lignée des grands coupés luxueux Chrysler Special se poursuit avec l’apparition de la Chrysler ST. La silhouette initiale est conservée, mais les parties avant et arrière sont redessinées et modernisées. A l’avant, les phares sont placés en bout d’ailes et la calandre est de type coupe frites. Les ailes avant et arrière sont rehaussées.
Le coupé luxueux Chrysler GS évolue encore à l’automne 1954 en adoptant une nouvelle calandre " coupe frites " qui s’inspire de celle vue sur les Imperial de série lancées au même moment. Le modèle s’appelle alors ST. Copyright 1955 : Chrysler ST Special révisée En avril 1955, la Chrysler ST est remodelée pour la dernière fois, en adoptant une calandre plus large, des phares insérés dans des boîtiers chromés, et des petits ailerons se terminant par des feux verticaux incrustés dans d'autres boîtiers chromés, détails qui seront repris à l’automne de la même année par les modèles Chrysler de série. Le pare-brise est panoramique, ce qui entraîne un nouveau dessin des vitres latérales. Un superbe cabriolet Chrysler ST peint en blanc est présenté au Salon de l’auto de Paris en octobre. Il semble que quatre exemplaires de la Chrysler ST aient été vendus.
Dernier tour de piste pour la famille des grands coupés Chrysler SS/GS/ST. L’ultime version présentée en 1955 voit sa partie avant redessinée en se rapprochant encore un peu plus des Imperial contemporaines. Copyright 1954 : Plymouth Explorer En 1954, la collaboration entre le groupe Chrysler et la carrosserie Ghia se poursuit avec la présentation d’un nouveau concept car fabriqué chez Ghia à un seul exemplaire, le coupé Plymouth Explorer dont la longueur ne dépasse pas 4,70 mètres. L’Explorer, qui reprend certains éléments de style du coupé Firearrow III, est doté d’un six cylindres de 3,6 litres délivrant 110 ch. Le constructeur annonce une vitesse maximale de 185 km/h, grâce à un aérodynamisme poussé et un poids contenu. Plus intéressant, le modèle mêle habilement les tendances de style des récents concept cars Chrysler Ghia.
Le concept car Plymouth Explorer présenté fin 1954 s’inspire à la fois du coupé Firearrow III et du coupé Adventurer II dans des proportions plus compactes. Ce modèle est l’un des premiers dû au designer Giovanni Savonuzzi. Copyright Ainsi, la Plymouth Explorer s’inspire de la silhouette de la De Soto Adventurer II dans des proportions réduites (- 74 cm) en adoptant la ligne de caisse nette déjà vue sur les Dodge Firearrow. La calandre bombée assez originale comporte de fines barres verticales, alors qu’elle était de type coupe frites sur l’Adventurer II. La partie arrière est plus simple que sur la De Soto, abandonnant le système compliqué du toit ouvrant coulissant dans le coffre. La lunette est panoramique. En fait, la partie arrière de l’Explorer anticipe véritablement celle du coupé Volkswagen Karmann Ghia qui sera présenté en 1955. 1954 : Virgil Exner inaugure le style " Forward Look " La première gamme complète du groupe Chrysler (Plymouth, Dodge, De Soto, Chrysler, Imperial) entièrement dessinée par Virgil Exner est commercialisée à l’automne 1954 pour le millésime 1955. Les nouvelles voitures adoptent des lignes élancées et surbaissées d’une grande élégance, avec des combinaisons de couleurs étonnantes. Ce style est baptisé " Forward Look " par le constructeur.
Chrysler New Yorker Deluxe St Regis, 1955. La naissance du " Forward Look " (littéralement " regard vers l'avant "). CopyrightC’est à partir de ce millésime qu’Imperial passe du statut de modèle à celui de marque. Imperial va bénéficier du design le plus extravagant, avec des effets de style baroques de plus en plus délirants, repris parfois des concept cars Chrysler Ghia. Virgil Exner accède au rang de vice-président chez Chrysler. C'est une belle reconnaissance de la part d'un constructeur qui, sept ans plus tôt, ne s'intéressait pas au design. Chez Ghia, l’année 1954 est marquée par le départ de Mario Boano et l’arrivée de Giovanni Savonuzzi. Luigi Segre prend la direction de l’entreprise.
Imperial Sedan, 1955. On note la présence d'une originale calandre en deux parties, de feux arrière distinctifs, d'un pare-brise modérément enveloppant, et d'une peinture deux tons limitée au toit. Copyright1955 : Dodge Firebomb Les efforts de création concernant les différentes Dodge Firearrow en 1953 et 1954 aboutissent finalement à la création de la marque Dual-Ghia, qui sera en activité entre l’automne 1955 et l’automne 1957. C’est Eugene Casaroll, patron du constructeur de véhicules spécialisés Dual Motors Corporation basé à Detroit, qui est à l’initiative de cette création. Casaroll part alors du principe que le groupe Chrysler refusant de produire la Firearrow pour concurrencer les Chevrolet Corvette (1953) et Ford Thunderbird (1954), il faut que ce soit lui qui permette à la Firearrow de se vendre, quitte à changer son appellation et certains détails esthétiques.
L’année 1955 voit l’apparition du concept car Firebomb qui est une évolution du cabriolet Firearrow IV de 1954. Ce modèle est le plus susceptible d’être produit en série parmi les différents modèles de cette famille, mais la direction du groupe Chrysler continue à refuser toute industrialisation. Copyright Après avoir obtenu les droits sur la conception des Firearrow, Casaroll demande au représentant italo-américain de Ghia, Paul Farago, de développer la Dodge Firebomb pour en faire un véhicule adapté à la production. Le nom Dual-Ghia permettra de rappeler que l’entreprise de carrosserie italienne est directement liée à la réalisation de ce modèle.
L'idée d'une voiture sportive de production limitée revient à Eugene Casaroll, dirigeant du constructeur de véhicules spécialisés Dual-Motors, basé à Detroit. Copyright 1955 : Dodge Dual Ghia D-500 Lancée durant l’automne 1955, la Dual Ghia D-500 reprend en grande partie la carrosserie du roadster Firebomb. La calandre est bordée de deux phares en bout d’ailes en accord avec la réglementation américaine, les ailes sont plus carrées, les pare-chocs classiques. La partie arrière est agrémentée de petits ailerons inspirés de ceux de la Ford Thunderbird. Construite chez Ghia sur un empattement de 2,92 mètres, la Dual Ghia D-500 de 5,17 mètres de long (contre 4,62 mètres pour la Ford Thunderbird et 4,25 mètres pour la Chevrolet Corvette) est dotée d’un V8 Dodge de 5,2 litres. Les tout derniers modèles de 1957 sont dotées d’un V8 Chrysler de 5,9 litres.
L’excès de prudence de la direction du groupe Chrysler va pousser la société Dual Motors à reprendre à son compte la Firebomb pour une réelle commercialisation. Après quelques modifications esthétiques, la voiture devient Dual Ghia D-500 qui s’écoule à 117 unités entre l’automne 1955 et l’automne 1957. Copyright Handicapée par un système de production compliqué entre les Etats-Unis (châssis, moteur, transmission) et l’Italie (carrosserie, intérieur), la Dual Ghia D-500 est vendue 7 500 dollars (80 000 dollars de 2022), une somme bien plus élevée que celle exigée pour acquérir une Chevrolet Corvette ou une Ford Thunderbird, et plus proche du prix d'un cabriolet Cadillac Eldorado Biarritz … Seules les Continental Mark II et Cadillac Eldorado Brougham sont plus chères. Les 117 exemplaires produits sont pour la plupart achetés par des célébrités américaines, telles que Frank Sinatra, Dean Martin, Sterling Hayden, Richard Nixon … A l’automne 1957, Eugene Casaroll décide de cesser la fabrication des Dual Ghia D-500. 1955 : Chrysler Falcon En 1955, la collaboration entre le groupe Chrysler et la carrosserie Ghia se poursuit avec la présentation au sein même du Chrysler Building d’un nouveau concept car, le roadster Chrysler Falcon. Avant d’être repris par Ford pour baptiser sa première berline compacte en 1959, le nom Falcon est celui d’une voiture de sport capable de rivaliser avec les récentes Chevrolet Corvette et Ford Thunderbird. Longue de 4,62 mètres, la Chrysler Falcon reprend l’esprit des Firearrow, mais s’en différencie par l’absence de ligne de caisse marquée au-dessus des roues, et par la présence d’échappements latéraux en bas de caisse, comme sur le concept car De Soto Adventurer de 1953.
L’année 1955 est riche en concept cars Chrysler Ghia puisque apparaît aussi la Chrysler Falcon, un roadster d’un nouveau style, plus sportif et plus viril, capable de concurrencer plus directement la Chevrolet Corvette lancée en 1953. Copyright La calandre en trapèze inversé rappelle un écusson XXL. De petits ailerons prennent naissance derrière les deux portes, comme sur la Dual Ghia D-500. Ils se terminent par des feux verticaux très fins. La Falcon est dotée d’un V8 De Soto de 4,5 litres délivrant 170 ch, permettant des performances de tout premier ordre (185 km/h). Ce modèle imaginé par Virgil Exner est produit à trois exemplaires par Ghia, la production en série n’ayant pas été validée par la direction du groupe Chrysler.
La Chrysler Falcon est une réponse aux Ford Thunderbird et Chevrolet Corvette, mais de nouveau elle ne prend pas le chemin de la production. Des ailerons proéminents, dans l'esprit du " Forward Look ”, font leur apparition. Le pare-brise semble bien bas pour un usage quotidien. Copyright 1955 : Chrysler Flightsweep L’année 1955 est une année faste pour la collaboration entre Chrysler et Ghia puisque Virgil Exner fait fabriquer par le carrossier turinois, un nouveau concept car basé sur un châssis De Soto et baptisé Flightsweep, qui est proposé en cabriolet (Flightsweep I) et en coupé (Flightsweep II). Ces modèles à quatre places de 5,25 mètres de long ne s’affirment pas comme un pur délire de designer, mais plutôt comme des modèles proches d’une éventuelle commercialisation. Ainsi, ceux-ci ne dépareraient pas dans la gamme Chrysler ou De Soto.
Le concept car Chrysler Flightsweep I dévoilé en 1955 est un cabriolet au design relativement innovant qui démode d’un coup le cabriolet Chrysler ST qui représente une fin de race. Copyright La Flightsweep II innove sur plusieurs points : l’utilisation de vitres latérales incurvées, la couleur deux tons de la carrosserie évoquant une flèche, le coffre qui s’ouvre en deux parties avec la roue de secours montée sur le couvercle inférieur, les dix petits feux verticaux en bout d’aile arrière, enfin l’intérieur est doté de sièges baquets et d’une console centrale, interdisant ainsi la troisième place à l’avant proposée par la plupart des voitures américaines de l’époque.
Le concept car Chrysler Flightsweep II dévoilé en 1955 est la version coupé de la Flightsweep I. C’est en quelque sorte l’héritier des coupés Chrysler SS/GS/ST (1952-1955). Son design est toutefois plus moderne et plus acéré. Il annonce le style " Flite Sweep " des Chrysler millésime 1957. Copyright
Le coupé Chrysler Flightsweep ressemble beaucoup aux coupés Studebaker contemporains dessinés par l’équipe de Raymond Loewy. Copyright Telle qu’elle se présente, la Flightsweep apparaît plus racée et moins lourde d’aspect que les Chrysler Special (1952-1955) dont elle semble être l’héritière. Aucune suite commerciale n'est toutefois décidée. L'intention de Virgil Exner, dit-on alors, est de tester les réactions du public face à quelques innovations stylistiques, susceptibles d'atteindre le stade de la série. Par exemple, la casquette au-dessus des phares avant sera reprise sur les Imperial 1957-1960, et la calandre trapézoïdale sur les Chrysler 300 1957-1960. Enfin, signalons que le nom Flightsweep inspirera grandement celui de " Flite Sweep " attribué au style de la nouvelle gamme Chrysler pour le millésime 1957.
Chrysler Flight Sweep I Concept Car, 1955, avec Virgil Exner (à droite). Copyright 1956 : Chrysler Dart / Diablo L’année 1956 marque une nouvelle étape dans la collaboration entre Chrysler et Ghia. Cette fois, on entre véritablement dans l’époque non plus de l’aéronautique, comme au début des années 50, mais dans celle de l’astronautique, c’est-à-dire celle des fusées et des soucoupes volantes. Ghia avait déjà conçu un engin ultra-futuriste en 1955, baptisé Gilda, qui anticipait les lignes très " soucoupe volante " de la Chrysler Dart.
Au moment de sa construction, la Chrysler Dart est la voiture la plus aérodynamique qui soit. Sa traînée d'air est inférieure d'un tiers à celle des voitures de tourisme d'usage courant. Le pare-chocs enveloppant est monté sur caoutchouc. Il offre une protection tout en préservant les principes aérodynamiques du véhicule. Copyright Impressionnante par ses dimensions hors normes, avec 5,66 mètres de long, 2,03 mètres de large et 1,37 mètre de haut, la Dart ne reprend rien des concept cars précédents. Sa forme aplatie révèle une étude aérodynamique extrêmement poussée. La Dart reprend l’idée du pare-chocs qui entoure toute la carrosserie, idée initiée sur les Firearrow, mais le design de la voiture est complètement différent. Les roues sont à moitié couvertes comme sur les Firearrow, mais la Dart abandonne le style " baignoire " des Firearrow pour se rapprocher du style " poisson plat ".
Le concept car Chrysler Dart - ce nom sera repris par Dodge sur les modèles de série - se voit dotée d’imposants ailerons et d’un toit coulissant qui peut être retiré et soigneusement dissimulé dans un compartiment spécial derrière la banquette arrière. Copyright Les ailerons très hauts que l’on retrouvera en série sur les Chrysler entre 1957 et 1960 ont pour fonction de supprimer les effets du vent latéral sur les highways. La Dart est dotée d’un V8 Chrysler de 5,8 litres délivrant 340 ch, qui autorise des performances exceptionnelles. Parmi les nombreuses innovations de ce modèle, on note le retour des quatre phares à l’avant, le pare-brise tridimensionnel qui s’enroule dans le toit et sur les côtés. Le toit peut s’escamoter dans le coffre, la voiture devenant alors un cabriolet.
L'une des plus grandes œuvres de design de Virgil Exner est sans aucun doute la Chrysler Dart de 1956. Il en dérive en 1957 un véritable cabriolet avec capote, dénommé Diablo. Copyright 1956 : Chrysler K-300 La Chrysler K-300 dessinée et fabriquée chez Ghia n’est pas un concept car à proprement parler, puisqu’elle a fait l’objet d’une commande spéciale du Shah d’Iran, Mohammad Reza Pahlavi. La voiture lui a été livrée en avril 1956. Tout le monde sait que le Shah d’Iran aimait les voitures et qu’il en possédait plusieurs dizaines. Sa Chrysler 300K est fort différente des Chrysler 300 du catalogue du constructeur. Le style italien se substitue au style américain jugé trop lourd par le monarque perse. La voiture affiche malgré tout des dimensions impressionnantes, plus de 5,50 mètres de long, alors qu’il s’agit d’un coupé deux portes, comme toutes les Chrysler 300 de l’époque.
La Chrysler K-300 de 1956 n’est pas un concept car à proprement parler puisqu’elle répond à une commande du Shah d’Iran, amoureux de belles voitures. Elle a été utilisée par la reine Soraya Esfandiari Bakhtiar pour son usage personnel jusqu'à ce que la partie avant soit endommagée. Copyright Traitée dans un style très classique, la K-300 se caractérise par un pare-brise panoramique, un décroché derrière les portes et de très impressionnants ailerons se terminant en pointe. La voiture évoque les Ferrari Super America contemporaines, dans des proportions plus importantes. On note aussi un profil qui anticipe celui de la future Renault Floride lancée en 1958, ce modèle étant aussi dessiné par Ghia. La K-300 est dotée d’équipements spéciaux, à la demande du Shah d’Iran : un radiotéléphone, un réfrigérateur, un gramophone longue durée et la climatisation. Il est étonnant que ce modèle ait survécu au pillage du garage personnel de Reza Pahlavi au moment de la révolution islamique de 1979.
La Chrysler K-300 Special est restée longtemps en sommeil jusqu'à la révolution de 1979 en Iran, qui a conduit à la confiscation de toutes les voitures appartenant à la famille royale par le nouveau gouvernement. Elle a été conservée avec de nombreuses autres voitures dans un hangar jusqu'au début de 1991, date à laquelle elle a bénéficié d'un travail de restauration en Iran. Elle est désormais exposée au Musée national de l'automobile à Téhéran. Copyright 1956 : Chrysler Norseman Le coupé fastback Chrysler Norseman fabriqué chez Ghia au printemps 1956 doit annoncer les lignes de la nouvelle gamme Chrysler 1957 " Flite Sweep " programmée pour l’automne 1956. Il est malheureusement perdu dans le naufrage du paquebot Andrea Doria près des côtes américaines, le 26 juillet 1956. Et il est trop tard pour fabriquer un nouvel exemplaire en vue des prochains salons. Il nous reste malgré tout des photos de ce concept car pour nous informer de sa physionomie. La Norseman, qui tire son nom de celui des ancêtres de Virgil Exner, est une sorte d’évolution de la Flightsweep, qui reprend l’idée des casquettes de phares avant, des petits feux arrière verticaux, des sièges baquets et de la console centrale.
Cette photo montre le cadre en bois utilisé pour la production des panneaux de carrosserie dans la cour des ateliers Ghia. Copyright
Ce concept car fabriqué avec soin chez Ghia sera détruit lors du naufrage du paquebot Andrea Doria, avant même de pouvoir être exposé dans un Salon automobile. Copyright Mais la ligne générale est très différente, plus aérodynamique, plus basse, plus élégante. Le pare-brise panoramique sans cadre, le toit étant en porte-à-faux posé sur le pare-brise, et l’absence de montants latéraux permettent une visibilité maximale. La calandre horizontale s’étend sur toute la largeur de la partie avant. Le dessin de la roue de secours sur le coffre est absent sur ce concept car. Le profil et l’arrière traités dans le style fastback seront repris curieusement près de dix ans plus tard, sur le coupé Rambler Marlin du groupe AMC. La Norseman était motorisée par un V8 Chrysler de 5,4 litres délivrant 235 ch.
Le concept car Chrysler Norseman de 1956 annonce fidèlement le style " Flite Sweep " des voitures du groupe Chrysler présentées durant l’automne 1956 . Copyright 1956 : Plymouth Plainsman La Plymouth Ghia Plainsman est un des rares concept cars proposés en version break, ou station wagon pour les Américains. C’est Dave Scott, un designer travaillant pour Virgil Exner au studio Plymouth, qui a proposé cette idée à son patron. Le résultat est ce modèle fabriqué par Ghia qui regorge d’innovations alors inconnues à cette époque chez Chrysler. Qualifiée de " nouvelle expérience audacieuse dans la conception des breaks ", la Plymouth Plainsman s’inscrit dans " le mode de vie coloré et décontracté qui caractérise le mouvement de la nation vers l'ouest, et est une expression audacieuse de la tendance suburbaine dans la vie américaine " selon le constructeur.
Ce document publicitaire mentionne que hélas, la Plainsman n'est pas à vendre, mais que vous n'avez pas à vous inquiéter, car vos désirs en matière de beauté et de puissance automobile seront forcément comblés par l'un des modèles de la nouvelle gamme 1956 " Forward Look ". Copyright Ce break trois portes mélange un design moderne caractérisé notamment par le pare-brise panoramique, les fausses prises d'air de turbine allant du pare-chocs avant à la custode arrière, les ailerons arrière pointus, les phares et les feux arrière carénés, ainsi que cette partie arrière surplombant la partie avant, avec une habitabilité à consonance campagnarde dont les sièges en peau de veau sont le point d’orgue.
Le concept car Plymouth Plainsman de 1956 se présente sous la forme peu usitée d’un break. Celui-ci met l’accent sur l’aménagement intérieur plus que sur l’esthétique extérieure. Il en explore les différentes possibilités, anticipant la sacro-sainte modularité chère à nos monospaces modernes. Copyright La Plainsman repose sur un châssis de Plymouth conventionnel doté d’un V8 de 4,2 litres délivrant 167 ch couplé à une transmission automatique PowerFlite. La voiture est capable de transporter six adultes et deux enfants, les sièges et le hayon étant électriques. Avec les sièges arrière rabattus, le Plainsman peut disposer d’un vaste espace de rangement. L’histoire de ce modèle unique est compliquée : vendue à un directeur de banque à Cuba, la Plainsman a quitté ce pays lorsque Fidel Castro est arrivé au pouvoir en 1959. Elle a alors trouvé un acquéreur en Australie avant d’être rapatriée aux Etats-Unis. Elle existe toujours aujourd’hui.
L'habitacle de la Plymouth Plainsman (habitant de la plaine) dénote une volonté de présenter un produit particulièrement soigné, même pour un utilitaire. Appréciez la finition en " peau de veau ". Copyright 1957 : Chrysler Dart II Evolution de la Chrysler Dart de 1956, le nouveau concept car Chrysler Dart 1957 fabriqué par Ghia reprend la même silhouette si particulière, mais la partie supérieure a été rehaussée (capot, pare-brise, toit, coffre) ce qui lui donne une allure moins futuriste et plus proche de la production en série. Mais à part les ailerons, peu d’éléments seront repris sur les Chrysler proposées au public en 1957. Cette silhouette semble être une impasse en terme industriel et commercial. Il est probable que ce design n’aurait pas convaincu la clientèle encore attachée à un certain conservatisme. Il suffit d'observer les différentes voitures proposées en 1957 par Ford et la General Motors pour s’en persuader.
Le concept car Chrysler Dart II de 1957 est une évolution de la Dart présentée l’année précédente. La voiture est plus massive et moins pure d’aspect, en raison principalement d’une augmentation de sa hauteur totale. Copyright La Dart 1957 est dotée d’un gros V8 de 6,4 litres délivrant 400 ch, d’où son nom de Dart 400. Il s’agit alors du moteur le plus puissant du groupe Chrysler. Il est associé à la nouvelle transmission automatique à bouton-poussoir Torqueflite. Ce concept car a connu une vie aussi mouvementée que la Plainsman, puisque plusieurs propriétaires se sont succédés à son volant, dont Eugene Casaroll, patron de Dual Motors Corporation.
La Chrysler Dart II est privée du système complexe du toit coulissant. Copyright 1957 : Chrysler 375 En 1957, Ghia dessine et fabrique un grand coupé sur base Chrysler 300, baptisé 375. L’histoire de ce coupé luxueux reste un mystère. Il semble avoir été construit pour un client fortuné, peut-être pour le patron de Dual Motors, Eugene Casaroll, ce qui pourrait expliquer son surnom de Dual Ghia Chrysler 375 coupé. Ce modèle fabriqué en un seul exemplaire ressemble au coupé fabriqué pour le Shah d’Iran en 1956, mais il s’en différencie sur plusieurs points.
La Chrysler 375 de 1957 surnommée Dual Ghia Chrysler 375 coupé reprend le style de la K-300 commandée par le Shah d’Iran en 1956, avec plusieurs modifications esthétiques importantes qui lui confèrent une vraie personnalité. Copyright La partie avant est totalement différente, intégrant quatre phares entourant une large calandre finement grillagée et rectangulaire. Les clignotants sont disposés sur l’extrémité des ailes avant. Il n’y a pas de seconde vitre latérale, car ce coupé est conçu comme un cabriolet hard-top. Le décrochement derrière la porte arrière est par contre bien présent, comme sur la K-300 de 1956. Les ailerons sont plus courts. Le nombre 375 fait référence à la puissance du V8 Hemi de 375 ch.
Les passagers avant sont assis à proximité du tourne-disque Hi-Fi Highway, monté sous le tableau de bord dans la console centrale avant. Initialement peinte en marron, la voiture a changé de mains et de couleurs à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'elle soit retrouvée dans une casse en 1988. Copyright 1957 : Ghia commence à assembler les limousines Crown Imperial A partir de 1957, le groupe Chrysler charge l’entreprise de carrosserie Ghia d’assembler les limousines à empattement extra long Crown Imperial dans ses ateliers turinois. Ces modèles étaient fabriqués jusque-là dans les usines américaines du groupe Chrysler. Mais les ventes devenues très faibles ne justifient plus que Chrysler consacre du temps et de l'espace à la production de ces voitures de prestige. A partir d'un châssis partiellement habillé, Ghia découpe la voiture, ajoute 52 cm à l'empattement, soude l'ensemble et équipe l'habitacle avec le plus grand soin. La logistique complexe fait évidemment exploser le prix de vente. Il faut compter un peu plus de 15 000 dollars pour s'offrir une Crown Imperial, près de trois fois le prix d'une Imperial fabriquée aux Etats-Unis et près de deux fois le prix d'une limousine Crown Imperial de 1956. Cette mission va se prolonger jusqu’en 1965, avec plusieurs générations différentes de Crown Imperial.
Entre 1957 et 1965, Ghia reprend la fabrication des limousines Crown Imperial assemblées auparavant au sein d’une usine américaine de Chrysler. Plusieurs générations de Crown Imperial se succéderont au sein des ateliers turinois. Au total, 132 exemplaires ont été assemblés chez Ghia. Copyright 1958 : Chrysler California L’année 1958 est une année noire pour l’industrie automobile américaine. Les délires stylistiques des Big Three au paroxysme cette année-là sont inversement proportionnels à la croissance des ventes sur le marché US, car celui-ci s’effondre littéralement. Du coup, les designers des trois grands constructeurs américains sont dans le plus grand désarroi, et sont sommés d’inventer des voitures que les clients potentiels veulent acheter. Une des multiples conséquences de cette situation est l’absence de concept car Chrysler Ghia en 1958. Le temps de la réflexion est venu …
La Chrysler California de 1958 s’éloigne du style des précédents concept cars Chrysler Ghia. Son style latin assumé a été demandé par un certain Harry Dunmore qui a commandé la voiture. Copyright On peut juste noter la réalisation du coupé Chrysler California dérivé de la Chrysler 300C de 1957. Ce coupé fabriqué en aluminium à partir d’un dessin du carrossier turinois répond à une commande d'un certain Harry Dunmore résidant à Baltimore. Le design s’éloigne franchement des usages en cour chez Chrysler, avec un style latin assumé, agrémenté toutefois d’ailerons avec feux intégrés, qui se rapproche davantage du style GM que du style Chrysler. Son moteur est un V8 délivrant 375 ch, identique à celui de la Chrysler 375 de 1957. 1959 : Plymouth Valiant 250 Concept La collaboration Chrysler Ghia redémarre en 1959 avec la présentation du coupé Valiant, appellation attribuée par Chrysler à sa nouvelle berline compacte lancée en 1959, qui inaugure un style inédit plus torturé et pas forcément plus élégant. La voiture, dessinée par Virgil Exner et assemblée chez Ghia, se caractérise par une ligne sportive cassée par d’imposants appendices de phares et de feux arrière. La lunette est coupée en deux, comme sur la future Chevrolet Corvette Sting Ray de 1963.
Le concept car Plymouth Valiant 250 est censé anticiper les lignes des années 60. L’emplacement original des phares avant et des feux arrière est typique des différents projets de Virgil Exner de cette époque. Copyright Le modèle reprend le châssis et le moteur six cylindres de 2,8 litres de la berline Valiant qui est la première berline compacte du groupe Chrysler, commercialisée au même moment que ses rivales, les Chevrolet Corvair et Ford Falcon. Elle se distingue de ses deux concurrentes par son style baroque voulu par Virgil Exner. Ce style particulier se démodera toutefois rapidement, et la Valiant sera entièrement redessinée en 1962 avec des volumes bien plus conventionnels. En 1960, la Ghia Valiant réapparaît avec une nouvelle calandre, et abandonne ses pneus à flancs blancs qui commencent à passer de mode. 1960 : Plymouth XNR En 1960 est présenté le concept car Plymouth XNR dessiné par Virgil Exner, et assemblé en acier chez Ghia. Ce roadster tranche avec les précédents concept cars issus de la collaboration Chrysler Ghia en raison de son allure de voiture de course, caractérisée par son long museau et son aileron haut inspirés de la Jaguar Type D, ainsi que ses échappements latéraux déjà vus sur les concept cars Adventurer et Falcon.
Le concept car Plymouth XNR de 1960 se veut plus radical que les précédents. De part et d'autre du long capot naissent deux " nageoires" latérales qui se doublent à l'arrière de deux imposantes ailes courbées. Un aileron vertical prend naissance derrière la tête du pilote. Copyright Le nom XNR est un acronyme du nom de son concepteur, preuve que Virgil Exner a pris beaucoup d’importance auprès de la direction du troisième constructeur mondial. Ses gammes 1955 et 1957, dites " Forward Look " et " Flite Sweep " ont plu à la clientèle américaine, et se présentent comme les voitures les plus élégantes du marché US. Toutefois, la XNR ne brille pas particulièrement par son élégance, mais plutôt par son caractère bestial. L’engin, doté d’un six cylindres de 2,8 litres délivrant 250 ch, est conçu comme un félin prêt à se lancer dans une course effrénée. De fait, la XNR peut atteindre près de 250 km/h ce qui en fait une véritable voiture de course.
Monté sur le châssis de la compacte Plymouth Valiant, cette biplace au dessin asymétrique se distingue par un imposant renflement sur le capot moteur qui abrite une prise d'air. Un saute vente en plexiglas protège le pilote. Celui du passager et encore plus minimaliste. Derrière la calandre à quatre phares qui couvre tout l'avant de la voiture, on découvre un 6 cylindres Chrysler de 2,8 litres retravaillé pour fournir 250 ch. Copyright De dimensions imposantes puisqu’elle atteint 4,96 mètres de long sur 1,80 mètre de large, la XNR est très basse avec 1,10 mètre de haut. La voiture fait sa première apparition publique au Salon de l'auto de New York en 1960. Elle revient ensuite en Italie, puis est achetée par un client suisse fortuné qui la revend quelque temps après au Shah d’Iran. Puis la voiture quitte l’Iran pour le Koweït, puis le Liban, en enfin le Canada pour une restauration complète.
Virgil Exner conserve l’idée des échappements latéraux vus sur les Chrysler Falcon et De Soto Adventurer. Dodge du même groupe Chrysler reprendra cette idée sur sa Viper de 1992. Copyright La restauration est achevée en mars 2011, date à laquelle la voiture est réintroduite au Concours d'élégance d'Amelia Island de cette année-là. En août 2011, la XNR remporte le Trophée Gran Turismo au Concours d'élégance de Pebble Beach. Le 18 août 2012, le XNR est vendue aux enchères de Sotheby’s Monterey pour la somme astronomique de 935 000 dollars. 1961 : Chrysler Turboflite En 1961, est dévoilé un engin ultra-futuriste appelé Chrysler Turboflite. Ce modèle, dessiné par Virgil Exner et assemblé chez Ghia, est sans doute son concept car le plus délirant. Celui-ci est doté d’un étonnant moteur à turbine, et sa carrosserie ébouriffante inspirée vaguement du " Flite Sweep " emprunte beaucoup au monde de l’aviation, avec sa silhouette fuselage, ses ailerons proéminents et le cockpit relevable. Il s’agit d’un des tout derniers modèles d’Exner conçu pour Chrysler. Le constructeur va ensuite se séparer d’Exner, pour revenir à un style plus classique, avec le recrutement d’Elwood Engel en 1961, auteur de la très réussie Lincoln Continental lancée à l’automne 1960. Ce modèle a fait forte impression au sein de la direction de Chrysler.
Sur la Chrysler Turboflite, le toit se soulève comme un cockpit monobloc inspiré des chasseurs à réaction. Le toit était censé fonctionner électriquement, mais après avoir lutté contre les difficultés pendant des heures, l'ingénieur en charge du sujet a finalement opté pour une solution " manuelle". Copyright La Chrysler Turboflite est donc une sorte de testament pour Virgil Exner. Ce modèle évoquant les bandes dessinées de science-fiction dispose d’un intérieur inspiré du monde de l’aviation. Il faut rappeler qu’à la fin des années 50, les constructeurs envisagent déjà de concevoir et de commercialiser des voitures volantes, avec des carrosseries délirantes inspirées des avions à réaction … La Turboflite s’inscrit dans cette mouvance, son aileron arrière massif pouvant se relever comme un aérofrein. En effet, contrairement à un moteur à piston conventionnel, une turbine à gaz ne dispose pas de freinage moteur. Le principe des ailerons sera repris quelques années plus tard sur des voitures plus sportives.
Le concept car Chrysler Turboflite de 1961 est un véritable engin de science-fiction, un pur délire de designer. Virgil Exner s’en est donné à cœur joie pour dessiner ce modèle qui anticipe les voitures volantes. Mais il s’agit là d’un de ses derniers concept cars conçus chez Chrysler et assemblé chez Ghia. Copyright Mais la pièce la plus extraordinaire de la Turboflite est sans doute cette verrière d’une seule pièce incluant le toit, le pare-brise et les vitres latérales, qui se soulèvent hydrauliquement. La verrière relevée, des portes latérales standard permettent l’entrée et la sortie des quatre passagers. Les feux arrière pleine largeur apparaîtront sur la Dodge Charger 1966. Le système du moteur à turbine sera repris et amélioré deux ans plus tard sur un modèle Chrysler beaucoup plus conventionnel. 1961 : Dodge Flitewing La Dodge Flitewing est présentée à Central Park à New York le 5 décembre 1961, alors que Virgil Exner a quitté le groupe Chrysler quelques semaines plus tôt. Doté d’un empattement imposant de 3 mètres, ce grand coupé d’allure très classique, qui anticipe les lignes des voitures américaines des années 1963-1965, se situe à mille lieues de la Turboflite pourtant contemporaine. Son moteur est un classique V8 de 6,4 litres délivrant 330 ch. L'une des caractéristiques distinctives de la Flitewing est ses vitres relevables, un peu comme sur la Mercedes 300 SL Gullwing, mais ici seules les vitres se relèvent, pas les portes.
Le concept car Dodge Flitewing de 1961 se veut bien plus classique que la Chrysler Turboflite, ce modèle se caractérisant toutefois par des vitres latérales qui se soulèvent comme sur une Mercedes 300 SL. Copyright L’inconvénient de ce système, influencé en partie par le système du cockpit relevable de la Turboflite, est l’impossibilité d’abaisser les vitres latérales, celles-ci étant indépendantes des portes. Car il n’était pas question de rouler avec ce modèle les vitres relevées … L’avantage de ce système est l’absence de montant latéral qui permet une visibilité latérale maximale, même si l’on obtient le même résultat avec un coupé hard-top conventionnel. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué …
Le cercle chromé sur le couvercle de coffre arrière apparaît comme un rappel de l'emplacement de la roue de secours, évocation des années 30, si chères à Virgil Exner. Copyright On observe la présence d’une calandre genre écusson, qui rappelle celle de la Chrysler Falcon, mais ici elle est entourée d’une épaisse couche de chrome, anticipant les calandres des voitures américaines des années 70. En effet, dans les années 50-60, les calandres sont encore le plus souvent horizontales.
La Dodge Flitewing est dévoilée à Central Park à New York le 5 décembre 1961. Lorsque la porte est ouverte, l'auvent de toit en forme de fenêtre se lève automatiquement vers le haut, et vice-versa. Copyright 1961 : Dual Ghia L6.4 La Dual Ghia D-500 ayant connu un petit succès entre 1955 et 1957, le nouvel ingénieur en chef de Dual Motors, Paul Farago, décide de donner une descendance à ce modèle. C’est ainsi que naît le coupé Dual Ghia L6.4 doté d’un V8 de 6,4 litres délivrant 335 ch, partagé avec la récente Dodge Flitewing. Ce moteur est couplé avec la boîte automatique à trois vitesses Torqueflite de Chrysler. Longue de 5,25 mètres, la L6.4 dessinée par Virgil Exner et par les équipes de Ghia reprend la calandre carrée des anciennes Dual Ghia D-500, et le style des vitres latérales du coupé Fiat 2300 S dessiné par Ghia la même année, que l’on retrouvera en 1964 sur la Plymouth Barracuda.
La Dual Ghia L6.4 de 1961 est un élégant coupé dessiné par Virgil Exner et Ghia qui succède au cabriolet Dual Ghia D-500. Ce grand coupé bénéficie d’un habitacle lumineux grâce à son grand pare-brise et ses montants fins. Copyright La L6.4 est proposée à la vente, mais son processus de fabrication complexe entre l’Italie et les Etats-Unis conduit à un prix élevé, de l’ordre de 13 500 dollars au moment de son lancement au Salon de l’auto de Paris, en octobre 1961, prix qui passe à 15 000 dollars dès l’année suivante. C’est Dual Motors qui se charge de sa distribution, mais vu son prix élevé, seules quelques personnalités fortunées peuvent s’offrir le coupé L6.4, comme Frank Sinatra, Dean Martin ou Lucille Ball. Au total, 26 exemplaires sont assemblés chez Ghia entre 1961 et 1963. Un exemplaire a été vendu aux enchères à Paris en 2016, pour un montant de 246 400 euros.
Entre 1961 et 1963, 26 exemplaires de la L6.4 sont assemblés chez Ghia. Son prix élevé la destine à quelques riches personnalités. Copyright 1961 : Plymouth Asimmetrica En octobre 1961, Ghia présente l'Asimmetrica au Salon de l’auto de Turin. Il s’agit en fait d’une version simplifiée et édulcorée de la XNR présentée l’année précédente, en vue d’une éventuelle production en série. Toujours basé sur un châssis de Plymouth Valiant à laquelle il reprend le moteur six cylindres de 2,8 litres, ce modèle est plus court et abandonne le style roadster de course pour le style cabriolet. L'intérieur est d'un aménagement plus classique, et le pare-brise est conventionnel. L’aileron haut derrière le conducteur a disparu, tout comme les échappements latéraux.
Le concept car Plymouth Asimmetrica de 1961 est une version édulcorée de la XNR. Il s’agit d’un cabriolet de tourisme et non plus d’un roadster de course. Son nom fait référence à l’entrée d’air placée sur le côté gauche du capot, héritage de la XNR. Copyright La partie avant est redessinée. Seule la bosse disgracieuse sur le capot est conservée, quoique réduite en volume. On ne sait pas exactement dans quelle mesure Virgil Exner a contribué à la conception de l'Asimmetrica, d’autant plus que celui-ci a quitté Chrysler en novembre 1961. Toutefois, ce modèle comporte certains effets de style chers au célèbre designer, effets de style déroutants, voire choquants, que l’on retrouvera sur les Plymouth et Dodge 1960-1962, notamment le traitement particulier de la partie avant. L’idée d’une production en série de la Plymouth Asimmetrica a été rapidement écartée. 1962 : Plymouth Valiant St Regis En mars 1962, une version à toit rigide de l’Asimmetrica à moteur six cylindres, appelée Coupé St Régis, est présentée au Salon de l'auto de Genève. Ce modèle abandonne avec bonheur la bosse disgracieuse sur le capot, ce qui peut laisser supposer que Ghia envisage une production en série, même limitée. Par rapport aux XNR et Asimmetrica, le coupé Saint Régis est moins radical esthétiquement, et donc plus susceptible d’être proposé au grand public. Malheureusement, après quelques hésitations, le carrossier turinois abandonne cette idée. A noter que l’Asimmetrica réussit à trouver un client, en la personne de Georges Simenon lui-même, l’auteur des enquêtes de Maigret, avant de revenir aux Etats-Unis où elle a été vendue aux enchères en 2018 chez Sotheby’s pour 335 000 dollars.
A partir du concept car Plymouth Asimmetrica de 1961, Ghia conçoit en 1962 un coupé dépourvu cette fois de l’entrée d’air sur le capot qui devient lisse. Copyright 1963 : Chrysler Turbine Avec le départ de Virgil Exner du groupe Chrysler en 1961, on pouvait penser que la collaboration avec l’entreprise Ghia allait s’arrêter en 1962. En fait non : le constructeur américain ne mettra fin à cette collaboration qu'en 1965, c’est-à-dire juste après que les relations avec Virgil Exner soient définitivement rompues. Avant cette date, Ghia est sollicité en 1963 pour assembler une cinquantaine de modèles Chrysler Turbine conçues à Detroit. Ce modèle reprend la technique du concept car Turboflite, mais améliorée. Il est proposé sous une carrosserie de coupé très classique due au nouveau chef designer, Elwood Engel (1917-1986). C’est pour cela qu’il offre quelques similitudes avec les Thunderbird 1961-1963, Engel ayant travaillé auparavant chez Ford.
La Chrysler Turbine de 1963 assemblée chez Ghia est dessinée par Elwood Engel, ex-designer chez Ford, c’est la raison pour laquelle elle ressemble un peu à une Ford Thunderbird 1962-1963. Au lieu d’un moteur à combustion interne traditionnel, elle est équipée d’une turbine à gaz. Copyright Les phares donnent l’impression d’être des entrées de réacteurs d’avion, et un incroyable décroché à l’arrière laisse entrevoir ce qui ressemble à deux sorties de turbopropulseur. Cette fois, le groupe Chrysler envisage de mettre la technologie du moteur à turbine en production. La décision a été prise de sélectionner 50 clients pour tester ce nouveau type de moteur, comme le fera Citroën quelques années plus tard, avec le coupé M35 doté d’un moteur rotatif licence Wankel.
Chrysler Turbine 1963. Copyright Rover, Fiat et General Motors envisagent également un moment de commercialiser des voitures à turbine, mais celles-ci ne dépassent pas le stade de prototype. Au total, 55 exemplaires de la Chrysler Turbine sont assemblés chez Ghia entre octobre 1963 et octobre 1964. La campagne de test dure jusqu’en octobre 1966. Malgré les promesses de la technologie de la turbine à gaz, avec moins de vibrations et de bruit, le programme est arrêté.
Chrysler Turbine 1963. Copyright Plusieurs facteurs ont contribué à son échec : la fabrication des turbines est coûteuse et Chrysler ne peut pas produire ces moteurs à grande échelle à un coût abordable. La consommation de la turbine est plus élevée que celle des moteurs traditionnels. Enfin, la maintenance des turbines nécessite un haut niveau d’expertise et d’entretien spécialisé, se révélant coûteux pour les propriétaires des voitures comme pour le réseau du constructeur. La turbine n’offre finalement pas d’avantage décisif par rapport au moteur thermique, moins onéreux à produire. 1964 : Plymouth Valiant V280 Le coupé Plymouth Valiant V280 est le dernier concept car de la collaboration Chrysler Ghia. Présenté en 1964, ce modèle est équipé du six cylindres de la berline Valiant dont la carrosserie a été totalement revue en octobre 1962 pour le millésime 1963.
Le concept car Plymouth Valiant V280 de 1964 est le dernier de la collaboration Chrysler Ghia, initiée par Virgil Exner en 1951. Après le départ de ce dernier du groupe Chrysler en novembre 1961, cette collaboration était sérieusement menacée. Copyright Le style de la Ghia V280 n’inspirera aucun modèle du groupe Chrysler, mais curieusement la Chevrolet Camaro présentée en septembre 1966 reprendra sa silhouette générale et certains de ses détails esthétiques, comme les hanches délicatement arrondies, la forme de la vitre latérale arrière, le long capot plat, la calandre horizontale avec les deux phares ronds en bout d’ailes, le pare-chocs en forme de lame au raz de la calandre ou la forme de l’aile avant qui vient mourir au niveau des portes au bas du déflecteur. Est-ce vraiment une coïncidence ? 1965 : Ghia stoppe l’assemblage des limousines Crown Imperial Depuis 1957, l’entreprise de carrosserie Ghia fabrique les limousines Crown Imperial à empattement extra long pour le groupe Chrysler. Cette prestation s’arrête en 1965, après 132 exemplaires assemblés en huit ans. L’arrêt de cette production met fin au contrat entre les deux entreprises, contrat initié par la direction de Chrysler et mis en pratique en 1951 par Virgil Exner. La perte de ce contrat conduit Ghia dans d'importantes difficultés financières. Cela conduit à sa vente en 1967 à l’industriel Alejandro de Tomaso (PDG de la marque De Tomaso). Celui-ci fusionne Ghia avec l’entreprise de carrosserie Vignale en 1969, qu’il vient par ailleurs d'acquérir.
En 1965, Ghia arrête l’assemblage des limousines Crown Imperial, mettant fin à quatorze années de collaboration avec le constructeur américain (extrait du catalogue 1964). Copyright 1965 : Bugatti 101 Exner En 1961, Virgil Exner fonde sa propre société avec son fils Virgil Junior, tout en restant consultant pour Chrysler jusqu'en 1964. Le designer américain n’abandonne pas l’idée de poursuivre une collaboration à titre personnel avec Ghia. Une idée va l’y aider : la création en 1963 des " Exner Revival Cars " en hommage aux anciennes gloires des années d’avant-guerre, comme les Duesenberg, Stutz, Packard, Pierce-Arrow ou Mercer. Le style néo-classique qui en découle va bientôt toucher un ultime châssis Bugatti 101. Exner demande à Ghia de réaliser ce concept car Bugatti qu’il a dessiné. Ce modèle finalisé est présenté au Salon de l’auto de Turin en 1965 sur le stand Ghia. Mais le projet s’arrête là. Un prototype de Mercer dessiné dans la même veine est présenté la même année, sans plus de succès.
La naissance de cette voiture au milieu des années 60 a suscité de nombreuses interrogations. A Molsheim, un châssis non achevé de Bugatti 101, le numéro 101506, était resté isolé dans un coin de l'atelier. Il n'avait jamais été carrossé. Un amateur avisé du nom d'Allen Henderson en a fait l'acquisition, et l'a importé aux Etats Unis. Il a été racheté par Scott Bailey, fondateur du prestigieux magazine Automobile Quarterly, qui lui-même l'a cédé à Virgil Exner. Copyright 1966 : Duesenberg Le concept car Duesenberg de 1966 a plus de succès, car il déclenche une cinquantaine de commandes, mais aucune ne peut être honorée.
L'idée de faire renaître Duesenberg est de nouveau d'actualité durant les années 60. Fritz Duesenberg, le fils d'August, est à la manoeuvre. Virgil Exner est engagé comme styliste sur le projet. Ce prototype a été présenté en grande pompe au Sheraton Lincoln Hôtel d'Indianapolis le 29 mars 1966. Copyright En 1968, le banquier new-yorkais James O'Donnell lève des fonds pour créer la compagnie Stutz Motor Car of America, et charge Virgil Exner de dessiner un prototype en vue d’une production en série limitée. La voiture assemblée chez Ghia est dévoilée au grand public en 1970. Elle se présente sous la forme d’un coupé de 5,76 mètres de long et 2,00 mètres de large, baptisé Blackhawk, au dessin néo-classique assez extravagant, qui s’inspire des dernières créations de Virgil Exner entre 1963 et 1968. Basée sur une Pontiac Grand Prix, la Stutz Blackhawk est un vrai succès, compte tenu de son prix astronomique. Sa carrière ne prendra fin qu'en 1995, après 617 exemplaires fabriqués. 1973 : Décès de Virgil Exner et rachat de Ghia par Ford Virgil Exner n’aura pas le temps d’assister au succès et à la longue carrière de " sa " Stutz, car il décède d’une crise cardiaque le 22 décembre 1973. Même si ces deux faits n’ont aucun lien, il est étonnant que l’année du décès de Virgil Exner coïncide avec celle du rachat de Ghia et de Vignale par Ford. A partir de ce moment, l’activité de Ghia va diminuer considérablement. Cela devient un simple studio de design, puis une finition de haut de gamme des modèles Ford, identifiable par un écusson.
La Stutz Bearcat de 1971 est le dernier modèle liant Virgil Exner et le carrossier Ghia. Le designer américain avait gardé le contact avec l’italien après son départ du groupe Chrysler. Malheureusement, il n’assistera pas au long succès de ce modèle au style baroque, car il décède prématurément le 22 décembre 1973 à l’âge de 64 ans. Copyright En 2001, Ford décide de supprimer le nom Ghia. Seul le nom Vignale continue de représenter une finition de haut de gamme des modèles Ford. Ainsi disparaît l’un des plus anciens carrossiers automobiles italiens qui a donné naissance à des modèles aussi célèbres que les Lincoln Futura, Volkswagen Karmann Ghia, Renault Floride, Volvo P1800, Fiat 2300S coupé, Maserati Ghibli, De Tomaso Mangusta et Pantera. Ghia a même participé à la création de la Renault Dauphine qui a été produite à plus de 2 millions d’exemplaires. Avec le recul, on peut affirmer que la période 1950-1970 représente la période la plus faste du carrossier Ghia, et la collaboration avec Chrysler la période la plus brillante.
Texte : Jean-Michel Prillieux |
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