Mario Boano



Mario Boano - Italie - 1903/1989


1930

Après avoir été assistant à la Stabilimenti Farina, Mario Boano rejoint Battista " Pinin " Farina.

1934

Il s'installe à son compte, et ouvre une menuiserie industrielle qui fournit aux entreprises de carrosserie les matrices en bois sur lesquelles sont formées les tôles. Giacinto Ghia, qui avait exercé le même métier dans le passé, est l'un de ses clients.

1944

A la mort de Giacinto Ghia en février 1944, Mario Felice Boano est contacté par la famille pour reprendre en main la carrosserie. Giacinto Ghia l'avait de son vivant désigné comme étant son éventuel successeur.

1946

Après de nombreuses hésitations (il doit quitter une affaire qui fonctionne bien et les histoires de succession sont souvent complexes), il accepte ce nouveau rôle. La période est pourtant préoccupante pour les carrossiers : après guerre, les châssis disponibles se raréfient.

1947

A l'issue d'un travail acharné, Boano repositionne Ghia au sommet du style italien. La carrosserie présente cinq voitures au concours d'élégance de Monte Carlo, et remporte trois prix. Les châssis italiens faisant défaut, Boano s'adresse aux constructeurs français comme Delage, Talbot ou Delahaye.

Le style automobile est hésitant entre l'avant guerre et ses formes modelées agrémentées de multiples fioritures, et la nouvelle vague, dont l'un des leaders est Pinin Farina, à l'origine d'un style épuré. Mario Boano opte clairement pour la seconde solution.

Fiat 1100 Gioiello, par Mario Boano


Le dernier actionnaire de la famille Ghia sort discrètement de l'affaire.

1949

Mario Boano engage un jeune ingénieur né en 1919, Luigi Segre. Celui ci est particulièrement motivé par ses nouvelles fonctions, et prospecte à tout va. Il s'agit de susciter des commandes pour faire tourner les ateliers. Le succès est au rendez vous. Bientôt, Luigi Segre devient associé minoritaire dans l'affaire.

Fiat et Chrysler sont en relation dans le cadre du plan Marshall, sans que ces échanges n'aboutissent concrètement sur le plan industriel. Chrysler, qui souhaite faire réaliser quelques prototypes à l'extérieur, s'adresse à Fiat, son partenaire du moment, en lui demandant conseil. Le géant italien suggère aux américains de contacter Pinin Farina et Ghia. Ce dernier parvient à séduire le troisième constructeur américain par la qualité de son travail et ses prix compétitifs.

Chrysler invite Mario Boano et Luigi Segre à Détroit, afin de prendre connaissance des projets en cours et des futurs développements. Boano est le technicien, Segre qui maîtrise parfaitement l'anglais assume la partie commerciale.

1951

La Plymouth XX 500 émane d'une première commande de Chrysler à Ghia. Il s'agit pour Ghia de construire une carrosserie spéciale sur un châssis Plymouth à partir d'un dessin élaboré aux Etats Unis.

Peu satisfait du modèle proposé par les américains, Mario Bonao demande à Chrysler l'autorisation de dessiner lui même la voiture. Son travail s'inspire d'une autre réalisation de Ghia sur base Alfa Romeo 6C 2500. Les américains sont satisfaits, mais plus par la qualité de l'exécution que par le style de l'auto en lui même.

Plymouth XX 500, 1951


Deux autres réalisations pour Chrysler succèdent à la Plymouth XX-500. Il s'agit du coupé K 310, suivi d'un cabriolet sur la même base, la K 200. Le dessin de ces voitures est réalisé aux Etats Unis par les équipes de Chrysler. L'homme qui office alors avec talent au sein du centre d'études de Chrysler s'appelle Virgil Exner. D'entrée de jeu, Luigi Segre et Virgil Exner sympathisent. Cette entente parfaite va bientôt donner naissance à de nombreuses réalisations. 

Au début de cette collaboration entre Chrysler et Ghia, les idées arrivent des Etats Unis, et Ghia les applique avec rigueur. Mais la qualité des relations entre les deux parties laisse à penser que petit à petit plusieurs dessins ont simplement été réalisés chez Ghia en Italie.

1953

Le prototype de la Karman Ghia est présenté au Salon de Paris en octobre 1953. Les avis sont partagés concernant la paternité des lignes de cette voiture. Même si son dessin est couramment attribué à Luigi Segre, quelle est la part de l'engagement de Mario Boano dans ce projet ? Dans quel mesure Virgil Exner a t'il influencé le dessin de ce coupé dont les traits s'inspirent du concept car Chrysler d'Elegance ?

Volkswagen Karmann Ghia


1954

La Lancia B20 dessinée par Boano est à l'origine une commande de Gianni Lancia. Il s'agit pour Lancia de produire à petite cadence un modèle plus exclusif. Une première série, une centaine de voitures, est assemblée chez Ghia, mais le carrossier est contraint de renoncer au contrat face au succès de la voiture. Pinin Farina, mieux armé sur le plan industriel, en assure alors la production régulière.

Lancia Aurelia B20


Alfa Romeo vient de missionner Ghia et Bertone pour travailler sur le projet de l'Alfa Romeo Giulietta Sprint. Les deux entreprises collaborent, avec Mario Boano à la tête du bureau d'études de Ghia et Franco Scaglione qui dirige celui de Bertone. Pour les mêmes raisons, Ghia s'incline devant Bertone quand il est question de produire la voiture en série.

Alfa Romeo Giulietta Sprint, 1954


1954

Mario Boano et Luigi Segre se fâchent pour un motif au demeurant assez futile, une histoire de pièces volées par des employés. Boano considère dès lors qu'il ne peut plus travailler avec Segre. Contre toute attente, Segre parvient à réunir suffisamment de capitaux pour racheter les parts de Boano. Grâce à cet argent frais, Segre se donne les moyens de réaliser ses ambitions, contrairement à un Boano qui a toujours joué la prudence.

Mario Boano exploite une nouvelle entreprise dans la banlieue de Turin, la Carrozzeria Boano. Il fabrique de nombreux modèles hors série, tant sur des châssis européens qu'américains, pour des stylistes comme Virgil Exner ou Raymond Loewy, ou pour son propre compte. 

1957

Il cède son affaire à son associé Luciano Pollo et à son gendre Elio Ellena. L'entreprise prend le nom de Carrozzeria Ellena. Elle restera en activité jusqu'en 1966.

1958

En octobre, Mario Boano et son fils Gian Paolo né en 1930 passent un accord avec Fiat, qui précise que les deux hommes et tout leur personnel passent chez Fiat pour créer le centre style de la marque. Ils s'installent dans de nouveaux locaux particulièrement bien équipés à Mirafiori.

Les lignes des berlines Fiat 1800/2100 et 2300, des coupés 850 et 124 Sport sont nées dans les studios de Fiat.

Fiat 124 Sport


1959

Gian Paolo Boano succède à son père à la tête du centre de style Fiat. Il ne quitte cette fonction qu'en 1987. Mario Boano en reste cependant le conseiller pendant une dizaine d'années.

1989

Mario Boano s'éteint le 8 mai à Turin


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