Turin 1967
Copyright. Ce site est gratuit et sans publicité. Je n'en retire aucun bénéfice financier. C'est le fruit d'une démarche totalement désintéressée. Si vous êtes détenteur d'un copyright non mentionné, je vous invite à me contacter. Ce fait est involontaire. Le document en question sera immédiatement retiré. Merci donc pour votre indulgence, pour ce qui n'est qu'un travail amateur. A l'aube du Salon de Turin 1967, qui s'est déroulé du 2 au 12 novembre, le marché automobile italien affichait une santé florissante. Le pays, solidement ancré à la cinquième place des producteurs mondiaux, derrière les géants américains, allemands, français et britanniques, mais devant les japonais, témoigne d'une dynamique remarquable. Au cours du premier semestre, la production a bondi de 22,4 % par rapport à l'année dernière, tandis que les exportations ont progressé de 15,6 %. C'est toutefois le marché intérieur qui se révèle le plus vigoureux, avec une croissance spectaculaire de 36 %. Les statistiques du troisième trimestre, bien que légèrement moins favorables en raison des congés annuels et du traditionnel ralentissement automnal, confirment cette tendance positive. Fiat, en particulier, affiche un bilan exceptionnel, s'apprêtant à devenir le premier constructeur européen. Ses usines produisent environ 5 000 voitures par jour, soit une cadence impressionnante d'une unité toutes les 17 secondes. La Fiat 500 caracole en tête des ventes, suivie de près par les modèles 850, 124, et même l'ancienne 1100 R. Fiat s'impose comme le premier importateur en France, en Belgique et en Allemagne, et étend son influence jusqu'en Russie, où une usine est en cours de construction à Togliatti, pour produire un dérivé de la Fiat 124. Alfa Romeo, deuxième constructeur italien en termes de volume, nourrit également des ambitions de croissance, avec un projet de nouvelle usine près de Naples. Cette initiative, soutenue par le gouvernement, vise à stimuler le développement économique du sud de l'Italie en créant des emplois dans une région à forte main-d'œuvre, mais où le taux de chômage est élevé. Innocenti, en partenariat avec le groupe britannique BMC, propose une gamme de modèles dérivés des Austin Mini, Austin A40 et Morris 1100. Lancia, quant à lui, offre une variété de carrosseries sur les bases Fulvia, Flavia et, dans une moindre mesure, Flaminia. En l'absence de nouveautés majeures chez ces quatre constructeurs, ce sont les petites maisons et les carrossiers qui animent le Salon de Turin 1967. On observe une nette tendance à la reconversion chez les grands carrossiers, qui évoluent de simples artisans à de véritables " industrial designers ", abordant des problématiques telles que la sécurité et l'aménagement de l'habitacle. Bertone, notamment, a franchi le cap des cent unités produites par jour. Entre 1960 et 1966, la production des carrossiers italiens a connu une croissance fulgurante de plus de 83 %, passant de 26 633 à 44 860 unités. Au-delà des réalisations des carrossiers, ce salon est marqué par l'apparition timide des premières voitures électriques. Bien que leurs performances soient encore limitées, elles témoignent d'une technologie prometteuse, appelée à se développer à l'avenir. Ces précurseurs ouvriront-ils la voie à une nouvelle ère de l'automobile ? L'avenir nous le dira. A une époque où l'industrialisation dicte sa loi, reléguant au second plan les créations sur mesure destinées à une clientèle en quête de singularité, le travail des carrossiers pourrait sembler anachronique. Pourtant, l'Italie persiste, encourage et perpétue cet art. Depuis l'après-guerre, les dernières productions de Fiat inspirent les carrossiers, trouvant un écho favorable dans la popularité de la marque, son réseau étendu et son service après-vente fiable. Ainsi, l'acquéreur désirant une Fiat 125 qui se distingue de celle de son voisin, se trouve face à un éventail de possibilités. La berline de série, disponible depuis mai 1965, sert de base à une multitude de transformations : Osi et Fissore la métamorphosent en break, Zagato en fait un coupé haute performance, Vignale, Moretti, Scioneri et Savio la transforment en coupés à l'allure sportive, et Bertone en un luxueux coupé quatre places. OSI propose une transformation relativement simple, mais le résultat n'en demeure pas moins un modèle de classicisme avec sa 125 Giardineta. L'ajout d'un toit prolongé vers l'arrière, d'un hayon relevable et de deux vitres latérales suffit à métamorphoser la berline Fiat 125. La ligne arrière inclinée allège visuellement la silhouette, contrairement au break Fiat 1500 qui a servi de référence. Le réservoir, initialement situé sur le côté droit du coffre, est désormais disposé horizontalement sous la roue de secours, optimisant ainsi l'espace de chargement. Cependant, le maintien des feux arrière restreint la largeur de l'ouverture inférieure, ce qui limite l'accès au coffre.
Fiat 125 Giardinetta, par Osi. Source : https://en.wheelsage.org Bernardo Fissore est à l'origine en 1921 de la Carrozzeria Fissore. Depuis la seconde moitié des années 1950, Fissore a consolidé sa présence dans le domaine des breaks, dénommés en Italie Giardiniera ou Giardinetta, voire Familiare, avec ses réalisations sur base Fiat 1100. A Turin, Fissore propose une interprétation distincte du break Fiat 125, caractérisée par son volume arrière exceptionnel. Cet espace généreux est obtenu grâce à un porte-à-faux allongé, un toit surélevé et un hayon particulièrement large. Contrairement à la réalisation d'OSI, le châssis est étendu de 40 cm. Au-delà d'un usage familial, Osi pourrait décliner des versions de type ambulance ou corbillard.
Fiat 125 Familiare, par Fissore. Copyright L'arrivée de la nouvelle berline Fiat 125 a suscité une vive curiosité quant à l'interprétation qu'en ferait Zagato. Fidèle à son audace stylistique, le carrossier milanais présente la Fiat 125 GTZ coupé, une création qui ne ressemble à aucune autre, tranchant radicalement avec les lignes conventionnelles de la berline d'origine, et avec les carrosseries de ses confrères. Sous la direction stylistique d'Ercole Spada, Zagato a conservé uniquement les optiques avant et arrière de la Fiat 125, redessinant intégralement le reste de la carrosserie. A Terrazzano di Rho, où l'on tient à son indépendance créative, on ne cherche pas à suivre les tendances du marché. Cette approche unique a permis d'optimiser l'aérodynamisme de la voiture, augmentant ainsi sa vitesse de pointe. Fiat se montre disposé à fournir des châssis de 125 à Zagato, tout en laissant au carrossier la responsabilité de la commercialisation de ses réalisations. La 125 GTZ accompagne sur le stand Zagato les Fulvia Super Sport et Rover 2000 TCZ déjà connues.
Le stand Zagato. Copyright
Fiat 125 GTZ, par Zagato. Source : https://en.wheelsage.org Après avoir introduit la Fiat 124 Eveline en 1966, Vignale revient à Turin avec la 125 Samantha. Fidèle à sa tradition, le carrossier a choisi un prénom féminin pour baptiser son dernière création. Le design de la Samantha est l'œuvre de Virginio Vairo, qui a pris la direction du style chez Vignale depuis 1963, après avoir acquis une solide expérience chez Pininfarina. Les feux arrière sont ceux de la berline Fiat 125. L'agencement mécanique a imposé une partie avant relativement haute, une impression accentuée par un capot moteur assez court par rapport à l'habitacle. Ce dernier se distingue par ses vastes surfaces vitrées et son allure de fastback, reflétant les tendances stylistiques du moment (Fiat Dino, Osi 20 MTS). Les phares escamotables semblent s'inspirer de ceux de la Miura, tandis que la calandre dissimulée sous le pare-chocs rappelle la Maserati Mistral de Frua. Pour tenter de rehausser le caractère de la voiture, trois petites ouïes circulaires factices ont été ajoutées sur le panneau de custode. Le prix de la Samantha équivaut au double de celui de la berline Fiat 125 de série.
Fiat 125 Samantha, par Vignale. © Archiv Automobil Revue
Fiat 125 Samantha, par Vignale. Source : https://en.wheelsage.org Au moment où l'idée d'une version sportive de la nouvelle Fiat 850 a émergée, Giovanni Moretti a approché Dany Brawand avec une proposition directe : devenir son directeur du style. En 1966, Dany Brawand a accepté et a quitté son statut de dessinateur indépendant. La qualité de la relation qu'il entretient avec son nouvel employeur lui confère une réelle liberté de création. Sa mission consiste depuis à étudier de nouveaux coupés, dont les lignes principales sont déclinées sur les Fiat 850 et 124, ainsi que sur la 125 présentée cette année à Turin, en veillant à les adapter aux dimensions spécifiques de chaque châssis. La dernière création de Dany Brawand révèle des similitudes avec la Fiat Dino Spider, conçue par Aldo Brovarone qui travaille pour Pininfarina.
Fiat 125 Coupé, par Moretti. Copyright Moretti présente par ailleurs le coupé Fiat 125 GS. La face avant, caractérisé par ses phares carrés, établit un lien visuel direct avec la berline d'origine, dont les caractéristiques mécaniques sont conservées. L'intérieur, soigneusement aménagé, offre un confort indéniable et témoigne d'une finition méticuleuse.
Fiat 125 GS Coupé, par Moretti. Copyright La Carrozzeria Scioneri a été fondée en 1943 par Antonio Scioneri. Comme de nombreux entrepreneurs dans le domaine de la carrosserie automobile, il a choisi de se lancer à son compte après avoir acquis de l'expérience dans divers ateliers. À l'instar de Lombardi ou Moretti, Scioneri se spécialise dans la personnalisation de modèles Fiat de série, en proposant des finitions plus luxueuses et des aménagements intérieurs raffinés. En parallèle, il conçoit et réalise quelques créations originales sous forme de coupés. En plus des modèles 850 et 124 déjà présents dans son catalogue, Scioneri enrichit son offre cette année avec un nouveau coupé basé sur la Fiat 125.
Fiat 125 Coupé, par Scioneri. Copyright Après avoir glané une solide expérience à la Carrozzeria Alessio, Antonio et Giuseppe Savio décidaient en 1919 de fonder leur propre entreprise, mettant à profit vingt années de savoir-faire. Dès 1930, leur collaboration avec Fiat s'intensifiait, donnant lieu à de nombreuses réalisations. A la disparition de Giuseppe Savio en 1954, Alfredo Caracciolo, son gendre et ancien collaborateur, prit les rênes de l'entreprise, perpétuant la tradition de la construction de carrosseries spéciales. Cette année, Savio présente deux coupés distincts, chacun basé sur les châssis des Fiat 124 et 125, témoignant d'une réelle diversité stylistique. Le coupé sur châssis Fiat 124 affiche des lignes anguleuses et un profil trois volumes marqué. Bien que la mécanique soit restée inchangée, l'habitacle bénéficie d'améliorations telles qu'un compte-tours, un nouveau compteur de vitesse et un volant sportif.
Fiat 124 Coupé, par Savio. Copyright Le coupé 125 2+2 affiche un design aux lignes plus fluides et harmonieuses. Sa calandre, associée aux doubles phares ronds, lui confère une certaine ressemblance avec le coupé Fiat Dino. L'arrière de type fastback s'inscrit pleinement dans les tendances esthétiques du moment, sans pour autant imiter un modèle en particulier. Les feux arrière d'origine sont conservés, préservant ainsi un élément familier. L'ajout d'une console centrale apporte une touche de sportivité à l'habitacle, tandis que l'aspect du tableau de bord, du volant et des sièges reste fidèle à la configuration d'origine.
Fiat 125 Coupé, par Savio. Copyright Au milieu des années 50, les images de Gianni Agnelli et Aristote Onassis, sillonnant les côtes italiennes et azuréennes à bord de petites Fiat personnalisées, ont lancé une tendance automobile distinctive : les " spiaggine ". Ces voitures de plage, dépourvues de toit, de portes et de vitres latérales, et équipées de sièges en osier imperméables, sont rapidement devenues un symbole de luxe décontracté. De nombreux carrossiers italiens, dont Pininfarina, Ghia, Moretti et Savio, ont intégré ce type de carrosserie à leur offre. Savio, qui se consacre depuis l'année précédente à la production du véhicule de loisirs Jungla 600, élargit sa gamme avec l'Albarella, un modèle dans le même esprit, sur base Fiat 500 F. Albarella est une l'île du nord de l'Adriatique, proche de Venise. L'Albarella se distingue par la présence de la roue de secours à l'avant et par son pare-brise rabattable lorsque la capote est ouverte. Ses sièges en osier invitent davantage à la détente qu'à la performance.
Fiat 500 Albarella, par Savio. Copyright Bertone présente un coupé Fiat 125 Executive, une création de Marcello Gandini, responsable du style depuis 1965, après le départ de Giorgetto Giugiaro. Ce modèle attire l'attention par ses surfaces vitrées particulièrement vastes et hautes, soulignant un design axé sur l'espace et la luminosité. L'intérieur propose quatre sièges individuels, une finition soignée et des vitres arrière pivotantes articulées de manière originale dans le toit. Une console centrale regroupe les commandes initialement intégrées au tableau de bord. La ligne générale de la voiture n'est pas sans rappeler celle du coupé Jaguar FT, présenté à Genève en 1966.
Fiat 125 Executive par Bertone. Source : https://en.wheelsage.org Dante Poccardi, après avoir débuté en 1954 à Turin en fabriquant des accessoires automobiles sous la marque Ellebi, a élargi son activité à la production de panneaux de carrosserie pour d'autres constructeurs. Cette année, au Salon de Turin, il marque une étape significative en présentant son premier modèle propre, un break " Shopping " basé sur la Fiat 124, dessiné par Pietro Frua. Ce véhicule, présenté sous le nom de Poccardi plutôt que sous la marque Ellebi, signale l'ambition de l'entreprise d'entrer directement dans la construction automobile, bien que " Carrozzeria Poccardi " n'existe pas encore en tant qu'entité juridique.
Fiat 124 Shopping par Poccardi. Copyright Pininfarina, sous la direction stylistique d'Aldo Brovarone, dévoile une version berlinette de la Fiat Dino, un an après avoir présenté le modèle spider. Cette nouvelle voiture se distingue par la légèreté de son pavillon et par son pare-brise fortement incliné, qui lui confèrent une silhouette élégante et aérodynamique. L'intérieur reprend l'aménagement du spider, à l'exception des sièges redessinés. Conçue pour offrir des performances supérieures au modèle d'origine, la berlinette a bénéficié d'études en soufflerie. Pininfarina prévoit de lancer une production en série de ce modèle.
Fiat Dino Berlinette par Pininfarina. Copyright Pininfarina a créé un prototype innovant, la Berlina Aerodinamica, sur une base de BMC 1800. Cette proposition se distingue par son design aérodynamique et élégant, qui contraste singulièrement avec les modèles BMC 1800. La Berlina Aerodinamica se caractérise par son avant plat et sans calandre, ses pare-chocs en caoutchouc, celui de l'avant intégrant la roue de secours. On observe aussi des persiennes latérales qui protègent l'intimité des passagers arrière, tout en leur offrant une excellente visibilité vers l'extérieur. Bien que son style fasse l'unanimité, cette automobile n'est pas destinée à une production en série.
BMW Etude Aérodynamique par Pininfarina. Source : https://en.wheelsage.org
BMW Etude Aérodynamique par Pininfarina. © Archiv Automobil Revue L'usine OSI, située juste en face des ateliers Ghia à Turin, s'est spécialisée dans l'assemblage de voitures en petite série. Deux ans après la présentation du coupé OSI 20 M TS au Salon de Genève 1966, voiture distribuée par le réseau Ford depuis janvier 1967, le carrossier dévoile à Turin une version cabriolet. Ce cabriolet se distingue par une ligne étonnamment légère pour ce type de carrosserie, même lorsqu'il est fermé, grâce à un empattement réduit de 20 cm et à une capote particulièrement bien conçue.
Ford 20 M TS Spider par Osi. Source : https://en.wheelsage.org Piero Taruffi, né en 1906, est un pilote italien de motos et d'automobiles, diplômé en génie mécanique. Il prend pendant quelques années la direction de l'écurie motocycliste Gilera. D'ailleurs, il est le détenteur du record mondial de vitesse à moto durant la saison 1937 sur une machine de la marque. Fort de son expérience avec les motos carénées, Taruffi imagine au début des années 1950 un véhicule à quatre roues offrant des performances similaires. Sa création possède deux coques distinctes : l'une abrite le moteur, l'autre le pilote. Cette conception permet de réduire considérablement la résistance à l'air par rapport aux automobiles conventionnelles. Il bat plusieurs records de vitesse, et dépose un brevet sur ce concept, ce qui empêche ses rivaux d'utiliser la même approche.
Osi Silver Fox. Copyright Il revient cette année sur le devant de la scène à Turin. Il a confié à OSI la fabrication de la Silver Fox (renard d'argent). C'est le surnom qui lui est couramment attribué, en référence à la couleur de ses cheveux. La Silver Fox est constituée de deux fuselages unis entre eux par des éléments transversaux qui forment en même temps des ailerons, fixes ou réglables. Le pilote est installé dans le fuselage droit, tandis que sous le siège symbolique (réglementation oblige) du fuselage gauche, est positionnée transversalement une mécanique Alpine de 1 litre d'une puissance de 100 ch. Le coefficient de pénétration dans l'air n'est que de 0,258. La Silver Fox aurait atteint 249 km/h lors de tests.
Osi Silver Fox. Copyright Moretti présente une Fiat 500 fonctionnant sur batteries, trois à l'avant, trois à l'arrière, qui animent un moteur placé à l'arrière. Son autonomie est d'environ 100 km, à une vitesse de 50 km/h. La recharge s'effectue sur n'importe quelle prise de courant. S'agissant que d'un prototype, il ne peut encore être question de prix. Dante Giacosa, chef des études pour les automobiles de la marque, indique quelles sont à ses yeux les conditions d'existence de la propulsion électrique : une batterie dont le poids et le volume seraient égaux à celui d'un réservoir à essence donné, procurant au véhicule une autonomie identique, et dont le chargement s'effectuerait aussi rapidement que le remplissage dudit réservoir.
Fiat 500 Electrique par Moretti. Copyright Le projet de la citadine électrique Rowan a été commandé par Rowan Industries, une entreprise américaine, dont les beaux-frères d'Alejandro de Tomaso, propriétaire de Ghia, sont actionnaires et dirigeants. C'est la première fois que Ghia s'intéresse à une automobile à usage urbain. La surface vitrée latérale occupe une surface supérieure à celle de la tôle. Sur une longueur de 3,07 mètres, Giorgetto Giugiaro chez Ghia a tracé un capot et un pare-brise à raccord continu, et un arrière très vertical. Les quatre places sont généreusement dimensionnées et accessibles par deux larges portes latérales.
Rowan Electrique, par Ghia. Copyright La voiture est propulsée par deux moteurs de 9 ch fournis par Rowan, accouplés chacun à une roue arrière. Un système de régénération électrique récupère une partie de l'énergie lors des phases de roue libre et de freinage. Les performances annoncées de la Rowan (320 km d'autonomie en ville et une vitesse maximum de 70 km/h) suscitent un certain scepticisme. Néanmoins, sa présentation à Turin contribue à maintenir l'intérêt du public pour la technologie électrique, perçue comme une solution d'avenir.
Rowan Electrique, par Ghia. © Archiv Automobil Revue Le coupé 2+2 Thor, dont le design est une autre création de Giorgetto Giugiaro pour Ghia, tire son nom du dieu viking. Il a pour base mécanique l'Oldsmobile Toronado. Des porte-à-faux réduits affinent l'esthétique de sa carrosserie imposante, qui mesure 5,20 mètres de long (contre 5,36 mètres pour la Toronado) et 2 mètres de large (contre 1,99 mètre), tout en étant plus basse (1,25 mètre contre 1,34 mètre). Sa ligne de ceinture distinctive s'abaisse depuis le pare-brise le long de la porte, puis remonte vers le montant arrière, s'accentuant avant de s'horizontaliser brusquement au niveau du passage de roue. L'intérieur offre un confort optimal aux quatre occupants, et les standards de sécurité ont été conçus pour satisfaire aux normes américaines.
Ghia Thor sur base Oldsmobile Toronado, par Ghia. Copyright Dévoilée au Salon de Turin en 1960, la luxueuse berline Lancia Flavia a engendré des déclinaisons coupé et cabriolet, fruit du savoir-faire de Pininfarina et Vignale. En 1962, l'arrivée d'Ercole Spada chez Zagato, en tant que responsable du design, donnait naissance à la Flavia Sport Zagato, reconnaissable à ses vitres latérales galbées et sa lunette arrière ouvrante. Cette année, le Salon de Turin est le théâtre de l'apparition d'une version " SS " encore plus audacieuse, dont la silhouette inédite évoque les prestigieuses Maserati Bora et Alfa Romeo Montréal. Les tests de mise au point, supervisés par Elio Zagato, ont précédé sa présentation, confirmant l'ambition du carrossier de la produire en série, possiblement en remplacement de la Flavia Sport existante. La Flavia SS se caractérise par son avant affûté, sa lunette arrière concave articulée sur le toit, ses jantes futuristes en forme de turbine, ses pare-chocs réduits à l'essentiel, et son design minimaliste rehaussé de détails en métal brossé et d'inscriptions chromées.
Lancia Flavia SS Zagato (photo du haut au Salon de Turin 1967, avec montants de pare-brise noirs). Copyright En 1965, Martin Lilley a repris le constructeur automobile TVR, qui traversait une période difficile, avec l'objectif de revitaliser l'entreprise. Il a anticipé qu'un modèle TVR plus compact et abordable pourrait stimuler les ventes. Pour concrétiser cette vision, il a fait appel au designer Trevor Fiore afin de concevoir une TVR basée sur l'Hillman Imp Sport. De cette collaboration sont nés deux prototypes dénommés Tina, un coupé et un cabriolet, exposés au Salon de Turin 1966. Cette année, on retrouve à Turin le coupé, dont la production devrait commencer début 1968.
TVR Tina. © Archiv Automobil Revue Après la présentation des deux prototypes " Dino 206 GT Spéciale " au Salon de Paris 1965 et " Dino Berlinetta GT " au Salon de Turin 1966, un troisième prototype Dino est exposé à Turin. Sa conception met en évidence un V6 de deux litres, dont l'installation se fait de manière transversale à l'axe des roues arrière, précisément en avant de celles-ci. Dans les ateliers de Maranello, le bloc-moteur livré par Fiat fait l'objet d'un traitement spécifique, qui permet d'élever la puissance de 160 à 180 chevaux. Le châssis utilisé est de conception authentiquement Ferrari. La carrosserie de ce nouveau prototype offre de meilleures performances aérodynamiques. Dans l'habitacle, la finition de la Dino 206 GT rivalise sans peine avec celle des modèles Ferrari les plus prestigieux. Les plans actuels indiquent qu'elle devrait entrer en production dans les prochaines semaines, en étant équipée de déflecteurs sur les vitres avant.
Dino 206 GT. Source : https://en.wheelsage.org L'idée du coupé Siva Sirio prend racine avec Achille Candido, un entrepreneur originaire des Pouilles et concessionnaire Ford à Lecce. Son concept initial repose sur une sportive biplace dotée d'un moteur arrière et d'un centre de gravité abaissé. Au Salon de Turin 1966, il soumettait cette vision à Domenico Iseglio, un ancien designer ayant travaillé pour Bizzarrini et Bertone, qui venait de fonder la société Stile Italia.
Siva Sirio. Copyright Le nom Siva est en réalité un acronyme signifiant Società Italiana Vendita Automobili. Quant à Sirio, il évoque Sirius, l'étoile la plus brillante visible après le Soleil. Le modèle exposé au Salon de Turin propose un moteur V6 Ford décliné en deux niveaux de puissance : une version de base développant 90 chevaux Din, et une version préparée par le célèbre spécialiste des voitures de course Virgilio Conrero, atteignant 130 chevaux Din Bien que le développement initial et la fabrication des premiers prototypes se déroulent à Turin, l'objectif final est de lancer la production à Lecce, la ville natale d'Achille Candido. Ce dernier ambitionne de produire 300 exemplaires en 1969, puis 500 en 1970. Un accord de partenariat avec Ford est envisagé pour assurer la distribution de la Sirio à travers le vaste réseau du constructeur américain.
Siva Sirio. Copyright La Siva Sirio affiche une longueur de 3,90 mètres et une hauteur de 1,11 mètre, pour un poids total de 880 kg. La conception de sa carrosserie a fait l'objet d'études approfondies concernant sa déformation progressive en cas de collision, témoignant d'une sincère préoccupation pour la sécurité. Son profil esthétique présente des similitudes notables avec des modèles tels que la Ferrari Dino et la Matra 530, ce qui lui vaut le surnom affectueux de " bébé Bizzarrini ". Cette appellation fait référence au passé de Domenico Iseglio, qui a précédemment conçu la version Spyder de la Bizzarrini GT 5300.
Siva Sirio. Copyright En ce moment, le secteur automobile bouillonne d'idées avec la résurgence du style "rétro". Cette tendance, lancée en 1965 par l'Excalibur de Brooks Stevens et l'Alfa Romeo "Gran Sport" de Zagato sur base Giulia, gagne en popularité. Il y a quelques semaines, au Salon de Paris, Vignale a rejoint ce courant en présentant la Gamine, qui s'inspire clairement de la Fiat Ballila Coppa d'Oro des années 30. A Turin, Lombardi fait son entrée sur ce marché avec la Monza, un cabriolet dont la mécanique Fiat 850 a été optimisée par Giannini. On remarque la conception de ses garde-boue avant, qui sont fixés aux roues et suivent leur mouvement. L'idée d'une partie avant avec des phares proéminents n'est pas inédite. Elle a récemment été utilisée sur la Mercer de Virgil Exner.
Lombardi Monza. Source : Car, janvier 1968 / Copyright Pour clore cette visite à Turin, jetons un œil aux marques françaises. Force est de constater que leurs stands ne suscitent pas un engouement massif. Les constructeurs tricolores représentent actuellement 4,4 % des immatriculations en Italie. Simca domine avec 2,4 %, une performance sans doute favorisée par ses racines italiennes. Renault et Peugeot suivent, tandis que Citroën ferme la marche avec un faible 0,33 %. On peut déplorer le manque de mise en scène chez Simca pour sa nouvelle 1100, qui est exposée sans aucun artifice, directement sur le sol ! |