Marcello Gandini
Marcello Gandini - Italie - 1938 1938
Naissance à Turin. Son père
était pianiste et compositeur. 1959 Première création pour Osca en tant que styliste indépendant. 1965 Remplace Giorgetto Giugiaro au poste de responsable du style chez Bertone. Son employeur l'invite à concevoir des projets pour le prochain Salon de Genève, qui se tient dans quatre mois. C'est dans ce laps de temps très court qu'il imagine la Lamborghini Miura. Gandini oriente le style de Bertone dans une direction très spectaculaire, avec des réalisations aussi surprenantes que les Lamborghini Miura, Espada et Countach. Avec Gandini, la distinction entre voiture de course et routière s'estompe. Il joue un rôle majeur dans la naissance des premières " supercars ". Chez Bertone, Gandini, sur une période de quinze années, met sur pied un véritable bureau d'études, créé un état d'esprit et assure la pérennité du style maison tout en lui insufflant sa personnalité. Quand il est engagé, il est seul avec un modeleur et un autre styliste. Sous son impulsion, le centre de style est transféré à Caprie, dans la montagne, loin des troubles sociaux. Sur place, il recrute des tôliers, débusque des stylistes, forme une véritable équipe. Nuccio Bertone parlait ainsi de Gandini " C'était un jeune homme que j'avais déjà vu, un garçon un peu difficile, marginal. Il n'avait jamais dessiné de voiture. Par rapport à Giugiaro, il n'avait pas la facilité de contact avec le public " (Source LVA N° 589, janvier 1993) 1966 La Lamborghini Miura offre des proportions inhabituelles. Elle est basse, large et aplatie. Ses cils autour des phares escamotables et les lamelles sur la vitre arrière très inclinée surprennent. Cette voiture est bien accueillie par la presse et par le public, car elle est parfaitement dans l'air du temps, en s'inscrivant dans la lignée des voitures de sport des années 50 et 60. Pour le lancement de la Miura, on imposa à Gandini une teinte gris métal, alors très à la mode. Il refusa, et proposa trois couleurs spécifiques : l'orange, un vert pomme et un jaune. A l'époque, le jaune n'existait pas en automobile.
Lamborghini Miura, 1966 1967 L'Alfa Romeo Montréal est présentée à l'Exposition Universelle de Montréal en 1967 en tant que prototype de salon. L'objectif de Gandini est de proposer " la plus haute aspiration de l'homme en matière d'automobile ". Profondément remaniée avant d'entrer en production, elle a été assemblée en 3917 exemplaires de 1970 à 1974. Les derniers exemplaires trouvèrent preneur en 1977 !
Alfa Romeo Montréal, prototype de salon, 1967
Alfa Romeo Montréal de série, 1970 Le concept car Lamborghini Marzal possède d'imposantes surfaces vitrées, un non moins immense pare-brise et de très larges portes papillon qui dégagent entièrement l'accès aux quatre sièges baquet. Comme c'est un usage chez Lamborghini, son nom correspond à celui d'une race de taureau de combat. La Marzal préfigure l'Espada.
Lamborghini Marzal, 1967 1968 La Lamborghini Espada (épée en espagnol et portugais) présentée au Salon de Genève en mars 1968 suscita de nombreux commentaires en raison de son esthétique singulière pour une automobile de série. Gandini avait dessiné une voiture à la silhouette longue et basse, avec des courbes tendues, bien éloignée du style vieillissant de la Ferrari 365 GT 2+2, sa principale concurrente. Elle fut produite en 1227 exemplaires jusqu'en 1978.
Lamborghini Espada, 1968 1968 Bertone expose au Salon de Paris 1968 la Carabo, construite sur la base d'une Alfa Romeo 33 de compétition. Carabo signifie Scarabée en français. Le dessin de Gandini marqua une fois de plus l'histoire du style automobile, avec ses formes en coins, plates et pointues, sans rupture entre le capot et l'habitable. Le styliste procura à la Carabo un aspect animal, avec une caisse verte et des vitres aux reflets oranges, des zones fluorescentes oranges à l'avant et vertes à l'arrière, et des écailles sur la lunette arrière.
Alfa Romeo Carabo, 1968 1969 L'Autobianchi A 112 Runabout est un engin de loisirs basé sur la nouvelle petite citadine de la marque. Cette étude présentée au Salon de Turin 1969 servit de base à la conception de la future Fiat X 1/9 de 1972.
Autobianchi A 112 Runabout L'Iso Lele, un coupé 2 + 2 à moteur V8 Chrysler, fut produite de 1969 à 1974. Elle préfigurait la future Jarama de Lamborghini. Voiture confidentielle mais non dénuée d'élégance, elle ne dépassa pas 285 unités.
Iso Lele 1970 La BMW Garmisch est basée sur une 2002 TI. Présentée à Genève en mars 1970, elle a inspiré le style de la Série 5 de 1972, dont le dessin fut finalisé par Paul Bracq. Il s'agissait d'une proposition réaliste, apte à rentrer rapidement en production.
BMW Garmisch
BMW Série 5, 1972, par Paul Bracq Avec ce concept car Stratos à moteur Lancia Fulvia HF, Gandini poursuit sa quête de formes nouvelles. On pénètre dans cette voiture par le pare-brise qui se soulève, en enjambant le bordage et en prenant pied sur le plancher. La hauteur de la Stratos n'est que de 84 centimètres. Autant l'avouer, elle est quasiment inconduisible.
Lancia Stratos Stratos Gandini dessine la Jarama appelée à succéder à la vieillissante Islero. Ses lignes qui sont inspirées de celles de l'Iso Lele présentée l'année précédente ne font pas l'unanimité. La Jarama est exposée au Salon de Genève en mars 1970. Sa production cesse en 1976, après 327 exemplaires assemblés.
Lamborghini Jarama
Marcello Gandini - source : l'Auto Journal N° 2, 29 janvier 1970 1971 La voiture préférée de Gandini. Elle est la plus sportive de toutes, la plus violente, la plus désirable selon lui. Il en fut le concepteur solitaire, dessinant sa carrosserie et son châssis l'espace d'un été, puis il en a vécu tous les développements, de rallye en rallye. A ses yeux, la Stratos était une éclatante résultante de la fusion entre style et technique. La voiture fut présentée à Turin en novembre 1971. Elle s'imposa à trois reprises dans le Championnat du Monde des Rallyes, en 1974, 75 et 76.
Lancia Stratos, dans sa version originale blanche de 71, puis dans sa teinte rouge orangé de 72 Gandini dessine la Countach au mois de septembre 1970. C'est alors une sorte de projet pirate qu'il mène avec l'ingénieur Paolo Stanzani chez Lamborghini. Les deux hommes tentent d'imaginer ce que pourrait être l'après Miura. Personne n'est au courant de leurs travaux en cours, quand Nucio Bertone se demande ce que son entreprise pourrait présenter à Genève en mars 1971. Gandini sort son joker Countach. Celle-ci, avec ses formes brutales, rompt avec les canons classiques de la beauté automobile qui s'appuie depuis toujours sur des courbes élégantes. La Countach tuera de facto la Miura dont la production aurait pu continuer quelques années de plus.
Lamborghini Countach, 1971 1972 Décès de Giovanni Bertone. La Maserati Khamsin combine une robe classique et élégante avec une V8 de 5 litres capable d'emporter cette sublime GT à plus de 250 km/h. Elle permet aux déçus des Bora et Merak de l'ère Citroën de renouer avec l'esprit Maserati.
Maserati Khamsin, 1972 La Fiat X 1/9 se caractérise par un style résolument original, représentatif de l'école italienne des années 70, appliqué sans détour à la grande série. La haute couture italienne devient accessible au plus grand nombre. Bertone assure la production de la X 1/9 pour Fiat dans ses ateliers jusqu'en 1981, date à laquelle le géant Fiat dénonce le contrat. Bertone décide dès lors de poursuivre l'assemblage et la commercialisation du modèle sous sa propre marque, et ce jusqu'en 1988.
Fiat X 1/9 1973 Gandini est l'auteur des lignes de la Ferrari 308 GT4, relativement sobre pour une automobile née sous le signe du cheval cabré. C'est la première fois depuis vingt ans que Ferrari confie le dessin de l'une de ses voitures à un autre carrossier que Pininfarina. Ses lignes anguleuses et bien sages ne déchaînent pas les foules. Nous sommes bien loin des formes sensuelles de la 246 GT. Vingt ans avant Chrysler, Gandini invente le look " cab forward ".
Ferrari 308 GT4 1974 En pleine crise énergétique, Bertone présente au Salon de Turin 1974 la Lamborghini Bravo, une belle preuve de confiance en un avenir incertain pour ce type d'automobile. Les lignes de la Bravo sont pures, sans décrochement de l'avant à l'arrière. Le pare-brise très incliné suit parfaitement le tracé de la carrosserie sans montant. Les multiples ouvertures pratiquées dans les capots avant et arrière répondent aux besoins de refroidissement. En dépit de leur vocation purement fonctionnelle, elles sont si parfaitement intégrées qu'elles concourent à donner à l'ensemble un vrai caractère. La Bravo se singularise également par des dimensions relativement compactes, 3.73 mètres de long, 1.88 de large et 1.03 de haut.
Lamborghini Bravo (photos Rainer Schlegelmilch) La Nuova Mini est une évolution de la Mini britannique, elle-même fabriquée sous licence en Italie par Innocenti à partir de 1972. Elle est présentée au Salon de Turin de 1974, et sa carrière ne prend fin qu'en 1993 après de multiples évolutions. Une belle preuve de la modernité de ce dessin.
Innoncenti Nuova Mini 1976 La Navajo est une sorte de prototype de recherche à l'état pur, avec son profilage en coins, ses phares encastrés sur les flancs, sa carrosserie plastique, son pare-brise à vision totale sans montant. Cet ensemble architecturale habille une mécanique Alfa Romeo 33. Présentation au Salon de Genève 1976.
Bertone Navajo La Ferrari Rainbow, pour arc-en-ciel en anglais, à moteur de 308 GT4, est un concept car aux formes angulaires et agressives doté d'un toit targa en acier, qui peut être rangé derrière les sièges grâce à un ingénieux dispositif de coulissement, qui permet d'effectuer cette manoeuvre assis et d'une seule main.
Ferrari Rainbow La Lancia Sibilo emprunte sa mécanique à la Stratos. Gandini est parvenu sur ce concept car à véritablement intégrer les surfaces vitrées à la carrosserie, pour ne plus constituer qu'un seul bloc.
Bertone Sibilo 1977 Ce coupé Ascot, du nom du célèbre hippodrome anglais, est présenté au Salon de Genève 1977. Il emprunte sa mécanique à la Jaguar 12 cylindres XJS.
Jaguar Ascot 1979 Marcello quitte Bertone pour s'installer à son compte. Il est remplacé par Marc Deschamps. Gandini connaît la technique automobile. Cela lui permet d'acquérir le respect et la confiance des ingénieurs de ses nouveaux clients, leur indulgence aussi. Il est en effet l'un des rares stylistes à pouvoir faire des entorses à un cahier des charges, à remettre en cause les points présumés fixes définis par les architectes. Depuis qu'il a débuté sa carrière, son activité se concentre exclusivement sur l'automobile. A son sujet, il préfère parler de style plutôt que le design, réservant ce terme aux autres produits de consommation. 1982 Pour Citroën, Gandini travaille sur un modèle de grande série, la BX. Il manie avec maestria la ligne et l'angle droit. La berline Citroën reprend des motifs ébauchés sur la Ferrari Rainbow ou la Jaguar Ascot. Le styliste accorde autant d'intérêt aux voitures populaires qu'aux grandes routières. Selon lui, l'innovation est possible autant sur l'une que sur l'autre. Les constructeurs qui font appel à ses services attentent un état d'esprit en dehors des normes. Ils recherchent un homme d'avant-garde, un provocateur, un créateur capable de marcher à contre-courant. Gandini ne se répète pas, il invente.
Citroën BX 1984 Renault devient son client privilégié, et pendant plusieurs années, il est même lié par un contrat d'exclusivité avec la Régie. Il travaille notamment sur le style extérieur de la Supercinq, et sur l'habitacle de la Renault 25. Ces deux voitures ont été commercialisées en 1984.
De gauche à droite, Robert Opron, Marcello Gandini et Gaston Juchet
Renault 5 et Super 5
L'habitacle de la Renault 25, et son tableau de bord caractéristique dessiné par Gandini 1988 La Cizeta Moroder à moteur V16 est présentée à Los Angeles en 1998. A la même époque, Gandini est à l'origine du dessin de la Lamborghini Diablo, assez similaire dans ses formes. Gandini est devenu à la fin des années quatre-vingt LE spécialiste des supercars.
1989 La Maserati Shamal reprend les lignes de la Biturbo née en 1982, déjà dessinée par Gandini. Les formes sont ici nettement exacerbées, voir caricaturales.
Maserati Shamal 1990 La Diablo est dévoilée au Salon de Chicago 1990. Le dessin original de Gandini, jugé un peu agressif par Chrysler, propriétaire de Lamborghini de 1987 à 1994, est retouché par le centre de style du constructeur américain.
Lamborghini Diablo 1991 Piero Rivolta s'était fait la promesse de relancer la firme créée par son père. A partir de 1989, il travailla dans l'ombre à la renaissance de ce nom. En 1991, il présentait le prototype de la Grifo 90, élaboré avec l'assistance de deux " pointures ", d'une part le styliste Marcello Gandini pour le design, qui parvint à dessiner un carrosserie assez personnelle, d'autre part Gian Paolo Dallara pour la technique. Ce projet ne fit jamais l'objet d'un prolongement industriel.
Iso Grifo 90 Romano Artioli, patron de Bugatti, aurait demandé à Gandini de retoucher le dessin qu'il venait d'imaginer pour la nouvelle Bugatti. Il refusa net et fut ... limogé. On doit les traits définitifs de l'EB 110 à Giampaolo Benedini, l'architecte à l'origine de la nouvelle usine Bugatti !
Bugatti EB 110, la version originale de Gandini, puis celle définitive de Benedini 1996 De Tomaso se renouvelle avec la surprenant Biguà dévoilée au Salon de Genève en mars 1996. Elle est commercialisée à partir de 1999 sous le nom de Mangusta, puis sous la marque Qvale quelques mois plus tard.
De Tomaso Biguà 1997 Décès de Nuccio Bertone. 2000 Le groupe Stola, une entreprise d'ingénierie automobile installée à Turin, qui dispose d'usines en Italie, au Brésil et en Inde demande à Gandini de créer pour le Salon de Turin 2000 un concept car susceptible de faire parler de lui. Carte blanche est donnée au designer. Celui-ci fait le choix d'imaginer une réinterprétation moderne de l'une de ses plus grandes oeuvres, la Lancia Stratos.
Stola S81, dans une teinte rouge orangée similaire à celle de la Stratos de 1972 Désormais, ce qui intéresse Gandini, ce n'est plus le style, c'est de concevoir une voiture de A à Z, en intégrant le processus de fabrication dans sa réflexion. En 2014, il n'a pas encore déposé ses crayons, et travaille sur un prototype en fibres composites pour le compte du constructeur indien Tata.
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