Turin 1966

Ce 48ème Salon de Turin qui a ouvert ses portes le 3 novembre 1966 a rassemblé 515 exposants, représentant 15 nations. L'industrie automobile italienne se porte mieux qu'en 1965. Pour les trois premiers trimestres 1966, et en ne considérant que les voitures particulières, on enregistre une hausse de 12,11 % de la production. Le niveau des exportations est un des thermomètres de la vitalité de cette industrie. En 1965, elles représentaient 27,8 % des volumes. Cette année, il s'agit de 28,5 %.

Ce Salon qui arrive après ceux de Paris et Londres ne peut pas présenter un nombre important de nouveautés. Tous les constructeurs n'ont pas eu dans leur manche de nouveaux modèles comme Fiat. Les deux autres grands industriels italiens, Alfa Romeo et Lancia, semblent frappé d'une certaine stérilité devant l'effervescence de Fiat. Les stands de ces deux marques donnent à Turin une impression d'immobilisme. Pour le moment, Autobianchi reste sur ses positions et digère ses nombreuses versions de la Primula, tandis qu'Innocenti progresse pas à pas.

Turin est le berceau du style automobile aussi bien pour l'Europe que pour le Japon, et même parfois les Etats-Unis. On peut distinguer différentes approches. Pininfarina et Bertone s'orientent vers la série, et sont presque des constructeurs, au même titre qu'un troisième plus récent, Osi. Deux stylistes indépendants, Michelotti et Frua, n'ont même pas de stand à Turin, mais travaillent, eux aussi, pour des constructeurs. Michelotti a redessiné les Triumph et BMW, tandis que Frua a des accords avec Maserati et Glas, et construit chez lui au moins les caisses des coupés de ces deux marques. Les autres entreprises vivent avec de très petites séries, ou grâce à des accords avec des marques assez confidentielles.

Les Français tiennent à Turin une place importante, bien que Renault ait négligé d'une façon inexplicable d'exposer la nouvelle Gordini 1300. Chez Peugeot qui entretient des liens privilégiés avec Pininfarina, on a pu voir le cabriolet et le coupé 204, et chez Citroën, l'habituelle 2 CV à moteur 3 CV réservée à l'étranger, ainsi qu'une ID équipée du vrai nouveau moteur de la DS 19. Simca, qui ne tient plus la tête des importations avec sa 1 000, présente les 1301 et 1 501 allongées dévoilées à Paris. Matra fait une apparition tandis qu'Alpine est absent.


La nécessité pour Ferrari de disposer d'un moteur livré sur une voiture de Grand Tourisme commercialisée à au moins 500 exemplaires, pour pouvoir disputer les épreuves de Formule 2 en 1967, a amené Fiat à réaliser la Dino, à partir d'une mécanique elle-même directement issue du moteur Dino Ferrari de Formule 1. Un accord a été signé en ce sens en début d'année entre Ferrari et Fiat. La Fiat Dino est un cabriolet deux places, habillé par Pininfarina. Le six cylindres en V de 1 987 cm3 monté à l'avant développe 160 ch Din, une puissance qui lui permet de dépasser les 200 km/h.

Fiat Dino cabriolet

La ligne est élancée, l'équilibre général est rigoureux, le caractère est indéniablement sportif, tourné vers un usage grand routier et de plaisance. Les ailes avant se mêlent en une ondulation légère avec la surface presque plate d'un capot moteur lisse et plongeant. La grille de calandre reprend un dessin classique à texture rectangulaire. Les flancs sont longitudinalement parcourus d'un dièdre qui, naissant à l'arc des roues avant, se termine tout à la fin des ailes arrière, procurant au spider Fiat Dino un profil élancé. La partie postérieure se distingue nettement de l'avant. Le trait se fait plus énergique, plus tendu, et une arête est visible au sommet de l'aile, l'accompagnant jusqu'a l'aplomb du pan coupé de la jupe arrière, habitée par quatre feux de signalisation ronds.

Fiat Dino cabriolet

Pininfarina présente sur son stand la Fiat Dino en version coupé, avec un pavillon léger et lumineux. Battista Pinin Farina est décédé le 3 avril 1966. C'est son fils Sergio présent dans l'entreprise familiale depuis 1951, qui a repris la tête de l'affaire, assisté par son beau-frère Renzo Carli.

Fiat Dino Coupé Pininfarina

L'intérieur de ce coupé se distingue par sa grande sobriété et son élégance fonctionnelle. Les instruments sont groupés sous une large visière, dans l'axe de vision du conducteur. L'extrémité des grands accoudoirs sert de poignée.

Fiat Dino Coupé Pininfarina

Fiat présente par ailleurs en première mondiale le cabriolet 124 Sport Spider, qui vient avantageusement remplacer les anciennes 1500 et 1600 S. Les lignes sont signées Pininfarina, et sont totalement différentes de celles de la berline. C'est le styliste Tom Tjaarda qui est à la manoeuvre chez ce carrossier. On reconnaît dans la 124 Sport Spider les trait de l'une de ses créations antérieures, la Corvette Rondine, présentée au Salon de Paris 1963. L'ensemble apparaît fluide et équilibré, avec un subtil mélange de lignes tendues et de courbes.

Fiat 124 Sport Spider

Esthétiquement très différent de la berline, et c'est heureux, ce cabriolet s'en différencie aussi mécaniquement. Son moteur de 1 438 cm3 de 96 ch le classe dans la catégorie des modèles à tendance sportive. D'après son constructeur, le cabriolet Fiat 124 atteint 170 km/h, et couvre le kilomètre départ arrêté en 34 secondes. La Fiat 124 Sport Spider semble disposer d'atouts sérieux pour affronter la concurrence.

Fiat 124 Sport Spider

La production de Pininfarina se trouvait un peu disséminée dans ce Salon, sur les stands de ses différents " clients ". Par contre, sur le stand du carrossier, on a découvert ce coupé deux places de couleur Giallo Positano. Le toit, très léger, repose sur de larges montants arrière qui font office d'arceau de sécurité. La vaste lunette arrière dégage la visibilité et affine la ligne. Parmi les améliorations apportées, il faut signaler les essuie-glaces à vitesse variable par rhéostat, les sièges enveloppants réglables par vis micrométriques et un tableau de bord très complet en noyer.

Fiat 124 Coupé

La berline Fiat 124 a été présentée au Salon de Genève en mars. Elle est animée par un nouveau quatre cylindres de 1 197 cm3 qui développe 60 ch Din. Elle donne naissance à une version " Familiare " à hayon relevable. La mécanique reste identique à celle de la berline. Le réservoir peut contenir 8 litres de carburant de plus. Contrairement à l'ancien break 1500 qui avait fait l'objet de recherches poussées, ce break 124 est d'une banalité absolue, mais son volume utile et sa très large porte arrière sont de nature à attirer de nombreux clients, quand bien même les Italiens semblent marquer une certaine réticence pour cette formule semi-utilitaire. Pour supporter la charge, les pneumatiques sont de plus forte section.

Fiat 124 Familiare

Ce cabriolet Fiat 124 quatre places habillé par Touring conserve la caisse d'origine, exception faite des deux portes bien entendu. Intérieurement, le tableau de bord reste le même, mais les sièges sont redessinés et plus enveloppants. Les passagers arrière disposent de glaces descendantes. Le carrossier Touring est actuellement en bien mauvaise posture. Les énormes investissements consentis pour faire grandir l'affaire se sont avérés disproportionnés par rapport au volume de production effectivement assuré. Les machines travaillent largement en deçà de leur capacité. Touring est depuis mars 1963 sous le régime de la " gestion contrôlée " par L'Etat.

Fiat 124 Cabriolet Touring

Touring collabore depuis 1964 avec Lamborghini. Il habille les 350 GT et 400 GT. Concernant la Miura dévoilée à Genève, Touring et Bertone ont présenté leurs projets sous forme de dessins et de maquette en bois. C'est celui de Bertone qui l'a emporté sur celui de Touring. La Flying Star II exposée à Turin apparaît comme un possible chant du cygne pour Touring, en difficulté. Son nom de baptême est un clin d'oeil à une autre création du carrossier qui date de 1931, qui habillait soit un spider Alfa Romeo 1750 GS, soit une Isotta Fraschini 8A.

Lamborghini Flying Star II par Touring (© Archiv Automobil Revue)

Pour remplacer la Jensen C-V8, le constructeur britannique Jensen s'est orienté vers une solution externe à l’entreprise. Il a confié la réalisation du design de l’Interceptor à Touring, et noué un partenariat avec cette société pour la production de la carrosserie. Pour tenir son engagement, Touring s'est rapproché de Vignale. L’apparition de cette nouvelle Jensen Interceptor a provoqué un vrai choc auprès du public au Salon de Londres, qui s'est ouvert le 19 octobre 1966. Vignale se fait un devoir, voire un plaisir d'exposer la Jensen à Turin.

Jensen Interceptor (© Archiv Automobil Revue)

Ce coupé de Grand Tourisme de 4,77 mètres de long affiche une silhouette peu commune, caractérisée par des lignes tendues très modernes, presque avant-gardistes, avec un long capot plat et une énorme bulle vitrée à l’arrière formant hayon. La partie avant est plus simple, avec une calandre rectangulaire à barres horizontales, entourée de doubles phares ronds disposés également à l’horizontale. La finition de l’habitacle est d’un très haut niveau, avec du cuir Connolly, des tapis de laine Wilton et du bois verni. Le V8 Chrysler de 6,3 litres de 335 ch était déjà monté sur la C-V8.

Jensen Interceptor (© Archiv Automobil Revue)

Ce prototype d'Aston Martin DB6 habillé par Touring a déjà été vu au Salon de Paris et à celui de Londres. Première voiture à deux places du constructeur britannique depuis la DB4 GT, elle utilise un châssis de DB6 à l'empattement raccourci. Le six cylindres en version Vantage de 325 ch est décalé plus en arrière de 26,7 cm pour améliorer la répartition des masses. Plus courte de 17 cm que la DB 6 de Newport Pagnell, la version de Touring est aussi plus légère de 182 kg. La calandre classique Aston Martin est positionnée sous la ligne du pare-chocs afin d'affiner la face avant. Deux exemplaires ont été assemblés à ce jour, un à conduite à droite, l'autre à conduite à gauche. David Brown semble plus destiner cette automobile aux amateurs de Ferrari, qu'à une clientèle plus conservatrice plus intéressée par les Bentley.

Aston Martin DB6 Touring (© Archiv Automobil Revue)

Sur le stand Ghia, les visiteurs du Salon ont découvert quatre variations de style autour de thèmes différents. C'est en premier lieu la Vanessa pensée et réalisée pour les femmes. A ses côtés sont exposés trois prototypes destinés à une production en série à plus ou moins brève échéance : deux voitures à moteur de Tomaso, la Mangusta et la Pampero, et la Ghibli conçue pour Maserati.

La Vanessa est un coupé quatre places et deux portes, réalisé sur un châssis de Fiat 850, et pensé pour les femmes. L'habillage intérieur est constitué de draps de couleur mauve clair. L'indicateur de vitesse est doté d'un signal acoustique qui résonne lorsque l'on dépasse les 50 ou les 100 km/h. Parmi de nombreux accessoires, on note la présence d'un allume-cigare électrique lui aussi doté d'un signal sonore. Le toit supporte un panneau transparent pouvant être enlevé. Sur la planche de bord, on note l'utilité d'un tiroir compartimenté pouvant contenir des effets de maquillage et divers accessoires. Le siège avant, dont le dossier est inclinable, est muni d'un dispositif autorisant sa rotation, afin de faciliter la sortie de la conductrice. A l'arrière, le dossier de la banquette comporte un siège pour enfant. Le dossier du siège arrière est rabattable, procurant ainsi un vaste plan de chargement, auquel on accède de l'extérieur, côté trottoir, par une portière latérale largement ouverte. (NDLR : une voiture expressément pensée pour les femmes, inconcevable de nos jours ...).

Ghia Vanessa

Le prototype De Tomaso Mangusta apparaît comme étant une réponse à la Cobra de Carroll Shelby. La mangouste étant, comme chacun le sait, l'ennemi héréditaire du cobra au sein du règne animal. La structure de la Mangusta réalisée chez Ghia se présente sous la forme d'un châssis-poutre. Celui-ci peut recevoir différentes versions d'un V8 Ford retravaillé par De Tomaso, situé entre l'essieu des roues arrière et les sièges, dans le dos des passagers, une solution déjà éprouvée sur la Vallelunga.

De Tomaso Mangusta (© Archiv Automobil Revue)

Chez Ghia, c'est Giorgetto Giugiaro qui remplit depuis peu les fonctions de responsable du bureau de style. Ce designer s'est déjà fait remarquer avec les Corvair Testudo (1963) et Alfa Romeo Canguro (1964), alors qu'il officiait chez Bertone. La Mangusta affiche une ligne remarquablement dynamique. L'avant, effilé comme le nez d'un squale, et dépourvu de tout pare-chocs, contraste avec l'arrière rebondi et trapu. Réalisée en tôle d'acier (seul le pavillon et le couvercle de coffre sont en aluminium), la Mangusta est une stricte deux places. L'accessibilité à la mécanique et à la roue de secours s'effectue grâce au soulèvement de l'arrière en deux parties, selon une articulation longitudinale et symétrique, située sur la côte dorsale de la carrosserie. Un cristal transversal sépare complètement l'habitacle de la partie postérieure. Autre détail singulier : sur le toit, une partie escamotable en plexiglas permet de transformer ce coupé en une voiture de grand tourisme ouverte. L'aménagement de l'habitacle apparaît très épuré.

De Tomaso Mangusta (© Archiv Automobil Revue)

La De Tomaso Pampero de Ghia, du nom d'un vent argentin, pays d'origine de De Tomaso, est une évolution de la formule adoptée avec succès sur la Vallelunga, également carrossée par Ghia, dont elle dérive. La Pampero est plus longue de 12 cm, plus large de 3,5 cm et plus haute de 2 cm que la Vallelunga. Comme les Vallelunga et Mangusta, elle est dotée d'un châssis-poutre avec un moteur central situé entre le pont arrière et les sièges. Cette solution procure une meilleure répartition des masses, d'où un centre de gravité aussi idéal que possible, qui lui confère un comportement routier relativement neutre. Le moteur comme sur la Vallelunga est un quatre cylindres en ligne Ford de 1 498 cm3, alimenté par deux carburateurs double corps Weber. Il développe 105 ch, et permet à la Pampero de filer à 180 km/h.

De Tomaso Pampero

Si la commande émane d'Alejandro De Tomaso, le dessin de la carrosserie est signé Giorgetto Giugiaro pour Ghia. L'avant de la voiture ressemble un peu à celui de la Mangusta, mais avec les phares jumeaux montés derrière une calandre grillagée. L'arrière présente quelques similitudes avec celui de la Fiat 850 Spider que Giugiaro a conçue quand il travaillait pour Bertone. Chaque aile arrière abrite une rangée d'aérations de refroidissement du moteur, qui dissimulent également les loquets du bouchon de remplissage de carburant et du capot moteur. Le tableau de bord est en forme de V pour faciliter la lecture des instruments. L'aspect très sobre de cette automobile ne semble pas avoir marqué outre mesure le public de Turin.

De Tomaso Pampero

Après dix années passées à produire des GT de haut niveau, Maserati offre désormais une gamme structurée et complète. Elle va de la Mistral six cylindres deux places au coupé Mexico V8 quatre places, en passant par la berline Quattroporte. Il est temps pour Maserati d'exploiter ce succès, et de rajeunir un style qui commence à accuser son âge. Lamborghini vient de frapper un grand coup avec sa Miura à l'impact visuel majeur. C'est dans ce cadre qu'est présentée à Turin la Maserati Ghibli, un coupé deux portes et deux places, réalisé par Ghia. Elle utilise le V8 maison de 4 719 cm3, qui développe 300 ch. Ce nouveau modèle tire son nom d'un vent soufflant d'Afrique du Nord vers la Méditerranée.

Maserati Ghibli

Giorgetto Giugiaro a dessiné la voiture en moins de trois mois. Alors que les Maserati précédentes jouaient sur une allure discrète, la Ghibli affiche sans complexe une silhouette spectaculaire. Il n'y a plus de distinction entre la carrosserie et l'habitacle, qui au lieu d'être superposé, est parfaitement intégré. Les surfaces sont tendues, clairement définies par des lignes géométriques et nettement tracées. La hauteur réduite du capot est utilisée pour créer un avant complètement nouveau, avec des phares escamotables et une discrète calandre sur toute la largeur, qui joue un rôle de protection avec un entourage de chrome légèrement proéminent. Le trident sur la face avant est le seul lien de la voiture avec les traditions. Le côté est structuré par un dièdre qui court sur toute la longueur de la Ghibli. La pavillon présente une ligne continue jusqu'à l'arrière en pan coupé, qui est doté d'un pare-chocs enveloppant, seul élément ajouté à cette forme intégrale très pure.

Maserati Ghibli

Depuis sa séparation avec Enzo Rivolta en 1964, Giotto Bizzarrini affûte ses ambitions. A Turin, sous le capot d'une voiture de Grand Tourisme à empattement réduit qui reprend le dessin de la GT Strada 5300, le public a découvert un 4 cylindres de 1 900 cm3 d'origine Opel. D'une puissance de 103 ch SAE, il permet à cette GT économique d'atteindre 210 km/h. Un accord de fourniture a été signé avec la General Motors. Le poids de la voiture est contenu à 630 kg. La glace de custode, relevable, assure une bonne visibilité, et permet l'accès à un coffre de dimension raisonnable. Dans l'habitable garni de cuir clair, des sièges baquet bien dessinés procurent une agréable impression de confort. Le levier de changement de vitesse, situé sur le tunnel de transmission, commande une boite à quatre rapports. Bizzarrini, secondé par le pilote Edgar Berney, a l'ambition pour sa gamme automobile de mettre au point une organisation commerciale de vente sur le plan européen.

Bizzarini Europa 1900 (© Jack Koobs de Hartog)

OSI (Officine Stampaggi Industriali) est une petite entreprise italienne spécialisée dans l'emboutissage de pièces de carrosserie automobile et l'assemblage de voitures. Créée à Turin en 1960 par Luigi Segre (1919-1963), dirigeant de la Carrosserie Ghia, et Arrigo Olivetti (1889), OSI se donne pour mission de sous-traiter la fabrication d'automobiles pour le compte de grands constructeurs. Reprenant une idée du magazine Quattroruote, Osi présente la Daf City, à usage - comme son nom l'indique - essentiellement urbain. L'utilisation d'un châssis raccourci de Daffodil a permis de réduire l'empattement de 7,5 cm. La voiture néerlandaise avec sa fameuse transmission Variomatic est une base technique tout indiquée pour cet exercice.

Osi Daf City

Côté conducteur, la porte est à glissière. Ce système d'accès est très appréciable lorsque la voiture est trop serrée contre un mur ou un autre véhicule, ce qui se produit très souvent dans les parkings. Sur le côté droit, l'accès se fait par deux portes à ouverture antagoniste. L'absence de montant dégage alors une ouverture qui permet un chargement plus facile. Pour des raisons de sécurité, la commande d'ouverture de la porte arrière n'est accessible que si la porte avant est ouverte. Le dossier de la banquette arrière rabattable et le hayon relevable peuvent donner à ce véhicule les avantages du break.

Osi Daf City

Basée sur la Fiat 124, cette autre réalisation d'Osi porte le nom de Cross-Country, ce qui donne une idée assez claire de sa destination. II reste bien peu d'éléments permettant de remonter à l'origine de ce tout-terrain. Décapotable, on peut en abaisser le pare-brise. Le levier que l'on aperçoit à côté du changement de vitesse commande un réducteur. D'autre part, le pont arrière est autobloquant, ce qui, en terrain très glissant, évite l'affolement d'une roue arrière et le blocage de l'autre.

Osi Cross-Country

Sur un châssis Jaguar équipé d'un 6 cylindres de 4 235 cm3, Bertone a répondu à la commande de la Firme Tarchini Svaj, importatrice de la marque de Coventry pour l'Italie du Nord, en assemblant ce prototype de luxueux coupé quatre places. Les protagonistes de l'affaire on l'ambition de parvenir à une commercialisation régulière, tant en Italie qu'à l'étranger, par l'intermédiaire du réseau Jaguar. La voiture a déjà été vue à Genève en mars. 

La carrosserie dessinée chez Bertone est fort logiquement d'inspiration italienne. La calandre typique de la marque est conservée. La partie latérale est étendue jusqu'à la hauteur du montant arrière du toit. De là, un relief à peine marqué donne un nouvel élan à la ligne, déterminant le dessin de l'ample coffre à bagages. La voiture est lumineuse, et offre une excellente visibilité. La FT ne remet pas en cause l'aspect classique des Jaguar, en cuir naturel, avec un tableau de bord en bois massif. Elle mesure 4,85 mètres de long, pour une largeur de 1,76 mètre et une hauteur de 1,37 mètre. Son poids est de 1500 kg environ. Le possible avenir radieux de ce mariage anglo-italien ne saute pas aux yeux.

Jaguar FT par Bertone

Le métier de la carrosserie spéciale évolue. Si le niveau de vie s'accroît, en corollaire le coût de la main d'oeuvre aussi. Pour ne pas faire exploser leurs prix de revient, les petits carrossiers indépendants tendent à tracer des lignes plus rectilignes, et des surfaces plus planes, moins coûteuses à mettre en oeuvre. Accessoirement, cela conduit à dessiner des voitures plus habitables. Le coupé quatre places Scioneri, de lignes effectivement plutôt simples, ne conserve que la partie mécanique de la berline Fiat 124. A l'intérieur, les sièges et le tableau de bord sont revus. Ce dernier, très complet, comporte, entre autres, un compte-tours. Les classiques touches commandant les essuie-glaces et l'éclairage sont remplacées par des commutateurs plus pratiques. Une poignée de maintien est prévue pour le passager avant.

Fiat 124 Coupé Scioneri

Outre le coupé, ce carrossier embellit la berline Fiat 124. Ce modèle se différencie extérieurement de l'original par une calandre nouvelle, et la présence d'une baguette chromée qui court sur toute la longueur de la carrosserie.

Fiat 124 Berline Scioneri

La Societa Generale per l'Industria Mettalurgica e Meccanica, groupe industriel qui produit les scooters Lambretta, a décidé de se lancer dans l'industrie automobile en 1960. Pour ce faire, elle a signé des accords de licence avec la British Corporation. Depuis, sous la marque Innocenti, elle produit l'Austin A40 Farina. Un deuxième modèle a été présenté au Salon de Turin 1960. Il s'agit d'un cabriolet habillé d'une carrosserie italienne, dénommé 950 C, réalisé sur la base de l'Austin-Healey Sprite. Le dessin de la 950 C, plus élégant et plus moderne que celui de la Sprite, est signé Tom Tjaarda pour Ghia. Sa fabrication est assurée par Osi. En mai 1963, en recevant le nouveau 1 098 cm3 de l'Austin Sprite, l'Innocenti 950 C a pris l'appellation Spider S.

Au Salon de Turin, le Spider S dont les ventes sont en perte de vitesse, est remplacé par une version fermée, obtenue en soudant un toit rigide à la caisse. Dénommé Coupé C, ce modèle deux places reste motorisé par le 1 098 cm3 de 58 ch. En adoptant le châssis de la Morris Minor, la base gagne en longueur, offrant un nouvel espace qui profite aux bagages. Le pavillon, implanté à seulement 1,15 mètre du sol, contribue à allonger visuellement la voiture. La calandre est restylée. A l'arrière, les optiques ne sont plus verticaux, mais horizontaux. La Coupé C est 44 kg plus lourd que le Spider S, mais c'est sans incidence sur les performances (145 km/h), grâce à un meilleur aérodynamisme. Le lancement commercial s'opère fort discrètement, sans publicité, sans essais proposés aux journalistes. Innocenti préfère concentrer ses efforts sur les ventes de la Mini.

Innocenti Coupé

En octobre 1965, Innocenti a dévoilé la déclinaison italienne de la Mini, prête à affronter la Fiat 850 apparue en 1964. Cette année, la Mini représente près de 70 % des ventes d'Innocenti, ce qui permet au jeune constructeur de devancer Lancia et Autobianchi, en accédant à la troisième marche du podium, derrière Fiat et Alfa Romeo. Depuis mars, Innocenti commercialise la Mini Cooper, et maintenant la Mini T, calquée sur la version anglaise " Traveller " à décoration bois. Ce break a les mêmes dimensions que la Fiat 500 Giardiniera, mais il coûte près du double !

Innocenti Mini T

La Dino Berlinetta GT dessinée par Aldo Brovarone chez Pininfarina ne constitue pas une véritable nouveauté, puisqu'elle a été présentée en tant que prototype au Salon de Paris 1965, sous la désignation de Dino 206 GT Spéciale. La Dino Berlinetta GT deux places n'a subi que quelques modifications de carrosserie, en particulier sur l'avant. Les ailes sont moins proéminentes et servent désormais de logement aux projecteurs. On découvre un coffre avant où prend place la roue de secours. Le pavillon a été légèrement surélevé et le pare-brise est d'une surface plus importante. A l'arrière, la lunette conserve sa forme concave. Le bossage masquant les carburateurs a disparu. En traitant l'habitacle, Pininfarina a pensé sécurité. Le tableau de bord, garni de cuir sur toute sa surface, est dépourvu de tout instrument proéminent. Les différents cadrans sont encastrés, les tirettes de commande sont placées sur l'accoudoir séparant les deux sièges. Le V6 2 litres développe 180 ch Din. La Dino pourrait être une concurrente redoutable pour la Porsche 911.

Ferrari Berlinetta GT

Alfredo Vignale a fondé la carrosserie qui porte son nom en 1946. Il a travaillé comme tôlier formeur aux Stabilimenti Farina avant la guerre. C'est Ferrari qui lui a permis de réellement s'affirmer et d'acquérir une notoriété internationale, en lui confiant la réalisation de nombre de ses automobiles, qui se sont illustrées dans de nombreuses compétitions, notamment aux Mille Miglia et à la Carrera Panamericana. La coopération avec le talentueux Giovanni Michelotti jusqu'en 1963 a été particulièrement fructueuse pour les deux parties. Ce coupé Vignale exposé à Turin, réalisé sur la base de la Fiat 124, conserve les quatre places de la berline. A l'avant, les phares doubles accentuent l'aspect sportif de cette version, qui devrait être exportée vers la France dans quelques mois.

Vignale 124 Coupé

Ce coupé réalisé par le carrossier Lombardi sur base Fiat 124 porte le nom de " Smart " . On retrouve dans la caisse rectiligne les formes simples de la berline, mais en plus élancées. Une calandre à double phares ajoute à l'élégance de cette version. Deux modèles sont proposés, quatre ou cinq places. Les sièges et les glaces sont réglables électriquement. Le tableau de bord, entièrement redessiné, regroupe en son centre les instruments de contrôle, dont un compte-tours. Les cadrans sont convergents, de façon à se trouver face au conducteur et à lui éviter d'être gêné par d'éventuels reflets.

Lombardi Smart

En 1952, Pasquale Bordiga et Pompeo Balzardi font l'acquisition d'un petit atelier de façonnage des métaux. Il donne à l'affaire le nom de Carrozzeria Caprera, du nom de la rue dans laquelle ils sont installés. Le carrossier passe progressivement de la sous-traitance pour des confrères plus grands que lui à des réalisations plus personnelles, vendues sous sa propre marque. Actuellement à l'état de prototype, ce coupé Fiat 850 Caprera devrait être commercialisé en 1967. A vide, il pèse 700 kg.

Fiat 850 Caprera

La Titania Veltro dessinée par Franco Scaglione, redevenu indépendant depuis 1959, se caractérise par des formes galbées très allongées, une calandre étroite et d'imposantes fentes longitudinales sur les ailes avant. Son confrère Luigi Colani pourrait lui envier ce dessin. Avec son moteur de 95 ch Din emprunté à la Ford Cortina GT, et son poids plume de 730 kg, la Titania Veltro tutoie les 200 km/h. Actuellement, une autre version à carrosserie plus légère, en alliage aluminium manganèse, est à l'étude. Elle serait dotée du même moteur poussé à 100 ch. Ce modèle, destiné à la compétition, ne pèserait que 600 kg.

Titania Veltro

Martin Lilley, repreneur du constructeur britannique TVR en 1965, étudie différentes solutions pour moderniser l'image de la marque, mais aussi élargir ses débouchés et apporter de la stabilité en démocratisant l'offre produit. Avec Trevor Fiore qui travaille avec Fissore depuis 1964, ils se sont mis à la recherche d'une voiture qui pourrait servir de base à l'étude d'un cabriolet 2 + 2 économique. L'Hillman Imp a retenu leur attention avec son modeste 4 cylindres de 850 cm3. Leur prototype Tina est présenté sur le stand Fissore. Il s'agit d'un cabriolet doté de phares avant placés au fond de renfoncements fermés par une paroi transparente en plexiglas. Cette dénomination Tina constitue un clin d'oeil à la clientèle féminine, mais ce serait aussi une façon de remercier l'un des principaux distributeurs TVR aux Etats-Unis, Gerry Sagerman, dont la fille se prénomme ... Tina. Le badge apposé sur l'auto a été emprunté à une Ford Cortina. Les trois premières lettres ont simplement été amputées. Hélas, ce prototype ressemble plus à un grand jouet qu'à une automobile vraiment sérieuse.

TVR Tina sur base Hillman Chamois

Le styliste Dany Brawand, né à Vevey en Suisse en 1934, a débuté sa carrière chez Ghia Aigle en Suisse. C'est là qu'il a attiré par son talent l'attention de Giovanni Michelotti qui fréquentait régulièrement les lieux. Prenant conscience de la potentialité du jeune homme, il lui a proposé de le suivre à Turin. A partir de 1952, il a collaboré à plusieurs projets de son patron, notamment pour le carrossier Moretti. A partir de 1964, Dany Brawand s'est installé à son compte en tant que styliste indépendant. Resté en contact avec Giovanni Moretti, il a été sollicité par celui-ci pour dessiner les plus récentes voitures de ce carrossier constructeur. Après avoir oeuvré sur les Fiat 1500/1600 S, puis sur la Fiat 500, on découvre à Turin sa dernière création, un coupé Fiat 850. Le styliste a encore une fois choisi des lignes épurées et simples, dans la droite ligne de ses précédentes créations. Vu le niveau de la collaboration, Giovanni Moretti a fini par recruter Dany Brawand en tant que directeur du style de Moretti.

Fiat 850 Coupé Moretti

La Ford Mustang Shelby 350 GT exposée par Zagato reprend la ligne générale du modèle dont elle est issue. Elle en conserve aussi le moteur 4,7 litres. Les phares ronds ont disparu, remplacés par des blocs rectangulaires de marque Carello. La face avant est redessinée pour les accueillir. Une large prise d'air est percée dans le capot moteur. Celui-ci est rabaissé entre les ailes, et sa partie supérieure est recouverte par une lèvre. Cet apparent bricolage n'apporte rien au prestige de Zagato, bien au contraire.

Ford Mustang Shelby, par Zagato

Antonio et Giuseppe sont à l'origine de la maison Savio en 1919. La carrosserie Savio produit essentiellement des ambulances ou des véhicules adaptés aux besoins de la RAI, sans renoncer au métier de carrossier sur mesure, le plus souvent sur base Fiat. La nouvelle Savana affiche une vocation coloniale. Ce prototype doit encore recevoir des améliorations sur le plan mécanique, entre autres un pont arrière autobloquant. Le plateau supérieur de la malle arrière est renforcé et peut supporter une charge. De chaque côté de cette malle, sont prévus des logements pour deux roues de secours, précaution utile vu l'usage prévu pour ce véhicule.

Savio Savanna

En 1963, l'industriel Renzo Rivolta s'est lancé dans la construction d'une voiture de grand tourisme animée par un V8 américain. Il a alors déjà une première expérience en automobile, puisqu'il a assemblé de 1953 à 1956 la fameuse Iso Isetta sous licence BMW. La production a pris depuis 1963 son rythme de croisière : 25 voitures cette années-là, puis 100 en 1964 et 135 en 1965. La progression se poursuit sur 1966. Au programme figure toujours le coupé Rivolta apparu en novembre 1962, et la plus moderne Grifo présentée au Salon de Turin 1963, l'une est l'autre ayant été dessinées par Giugiaro pour Bertone. Cette dernière se voit adjoindre cette année en option un toit escamotable en deux parties. Renzo Rivolta est décédé le 20 août 1966 à l'âge de 57 ans. Son fils Piero, ingénieur mécanicien, âgé de seulement 25 ans, a décidé de relever le défi, et de poursuivre l'oeuvre de son père.

Iso Rivolta Grifo GL (© Archiv Automobil Revue)

L'ingénieur Carlo Ferrari qui dirige la société Fabbrica Autoveicoli e Rimorchi Torino (FART) a exposé l'an dernier, sur ce même Salon, une sorte de tout-terrain compact doté d'un pare-brise, mais dépourvu de portes et de pavillon, basé sur la Fiat 500 Giardiniera. Cet engin fait son retour cette année, mais sous le nom de Ferves Ranger, avec un aspect modifié, qui n'a rien perdu de sa rusticité. Les éléments de caisse apparaissent mieux alignés. C'est désormais une quatre places. Le moteur de la Fiat Giardiniera est remplacé par celui de la 500 F, qui prend place en porte-à-faux arrière. Le Ranger est vraisemblablement le tout-terrain le plus compact jamais produit. Sa longueur n'est en effet que de 2,63 mètres. La garde au sol de 27,5 cm lui permet de passer à peu près partout. Sa vitesse maximale ne dépasse pas 70 Km/h, les 17,5 ch du moteur ayant fort à faire pour mouvoir les 520 kg de l'engin.

Ferves Ranger - Source : https://drouot.com/fr

Sommaire Salon - Sommaire site