Turin 1963
Copyright. Ce site est gratuit et sans publicité. Je n'en retire aucun bénéfice financier. C'est le fruit d'une démarche totalement désintéressée. Si vous êtes détenteur d'un copyright non mentionné, je vous invite à me contacter. Ce fait est involontaire. Le document en question sera immédiatement retiré. Merci donc pour votre indulgence, pour ce qui n'est qu'un travail amateur. Le 45ème Salon de Turin qui a ouvert ses portes le 30 octobre 1963 a de nouveau mis en lumière la créativité des petits constructeurs et des carrossiers indépendants. A l'inverse, les grands groupes italiens, en l'occurrence Fiat, Alfa Romeo et Lancia, ont joué la carte de la continuité, en exposant des versions légèrement évoluées de leurs modèles en cour de production. Le stand Lancia a fait sensation avec des choix de couleurs audacieux, suscitant de vives réactions du public. La marque a exposé les versions sportives des Flavia 1800 et Flaminia 2800, habillées par Zagato, qui bénéficient des moteurs les plus puissants. Chez Alfa Romeo, la Giulia TZ, également signée Zagato, a attiré l'attention des passionnés. Fiat, quant à lui, a présenté des évolutions techniques de ses modèles existants. L'Iso Grifo A3L, du nom d'un rapace planant dans les cimes, complète la gamme Iso Rivolta, aux côtés du coupé Rivolta GT. Signée Bertone et façonnée par le talentueux Giorgetto Giugiaro, cette nouvelle création se distingue par des lignes fluides et ondulantes qui contrastent avec la silhouette plus classique de sa sœur aînée. Basée sur un empattement raccourci, 2,45 mètres au lieu de 2,70 mètres, l'A3L arbore des proportions inhabituelles, avec une longueur de 4,37 mètres, une hauteur de 1,15 mètre et une largeur de 1,77 mètre. Un arceau en tôle embouti fait office de roll-bar. Son revêtement supérieur en acier inoxydable dessine une ceinture de plus bel effet entre le pavillon et la glace de custode. Son habitacle, revêtu de cuir véritable, couleur chamois, et orné d'un tableau de bord en noyer naturel, offre un cadre luxueux et sportif. Sous le capot, le V8 Chevrolet Corvette de 5 354 cm3 et 365 ch n'a pas de peine à mouvoir cette GT qui ne pèse que 1 100 kg.
Iso Grifo A3L. Copyright Malgré la parenté des noms, l'Iso A3C (pour Competizione) n'est qu'une cousine germaine de l'A3L. Si l'une et l'autre sont dues à Giotto Bizzarrini qui oeuvrait il y a peu encore chez Ferrari, l'A3C est née d'une initiative personnelle de l'ingénieur, qui la destine à la compétition. L'A3C se signale par une structure monocoque encore inédite dans la construction de voitures de grand tourisme. Le châssis reste celui de l'A3L. La liaison entre les éléments constituant la voiture est réalisée par le biais de 9 000 rivetages, une technique d'usage courant dans l'aéronautique. La version exposée à Turin laisse apparaître un contraste saisissant entre l'habitacle tendu de rouge, et le reste de la carrosserie, exposée telle que laissée après le passage de la ponceuse électrique sur les tôles nues d'aluminium. La puissance du moteur Chevrolet est portée à 400 ch SAE, soit environ 350 ch Din. L'exploit de cette voiture réside en son poids qui ne dépasse pas les 1000 kg à vide, offrant un rapport poids/puissance exceptionnel.
Iso A3C. Copyright Maserati, jusqu'alors reconnu pour ses GT sportives, surprend les visiteurs en dévoilant une limousine de luxe. Ce choix, initié par Adolfo Orsi en 1961, répond à une demande croissante de berlines haut de gamme sur le marché européen, adaptées au réseau autoroutier en expansion. Son style a été confié à Pietro Frua. La nouvelle Maserati Quattroporte se distingue par un design mêlant les lignes tendues de la 5000 GT de l'Aga Kahn à des proportions plus généreuses. La surface vitrée est importante, le pare-brise et la lunette arrière sont enveloppants, la carrosserie est imposante mais fine. Sous le capot, un puissant V8 de 4 136 cm3 de 260 ch Din, dérivé de la fameuse 450 S de compétition, propulse cette berline. Ce pari risqué, de passer d'un créneau sportif à un segment plus classique, témoigne de l'ambition de Maserati de s'imposer comme une marque incontournable du luxe automobile. Un prix est déjà annoncé, 5 800 000 lires, pour une commercialisation au printemps prochain.
Maserati Quattroporte. Copyright Sous l'égide d'Autobianchi, fruit de la fusion de Fiat, Bianchi et Pirelli, Nello Valecci et son ingénieur Fabio Luigi Rapi ont conçu la Stellina, un prototype pour une sportive destinée à séduire une clientèle féminine. Basée sur la plateforme de la Fiat 600 D, cette petite décapotable se distingue par une carrosserie monocoque en fibre de verre stratifié, pesant seulement 50 kg. Cette structure légère, composée de 17 panneaux, est renforcée par une armature interne métallique, assurant une rigidité optimale. Le moteur, placé à l'arrière, est celui de la Fiat 600 D, dont les performances sont volontairement bridées.
Autobianchi Stellina. Copyright Sous les voûtes du palais du Valentino, les regards sont rivés sur la Lamborghini 350 GTV, une berlinette aux lignes audacieuses. Exposée sur un petit stand agrémenté de miroirs, comme pour l'agrandir, cette voiture d'un bleu métallisé intrigue autant qu'elle déconcerte. C'est un prototype qui semble avoir été achevé à la hâte, loin d'être parfait, qui soulève de nombreuses questions sur la capacité industrielle de cette jeune marque. La voiture n'est d'ailleurs pas mise à disposition des journalistes. Un moteur, sur un piédestal, est exposé à ses côtés. Si Lamborghini réussit à attirer l'attention, il lui reste encore beaucoup à prouver pour convaincre le marché.
Lamborghini 350 GTV. Copyright La Pininfarina PF Sigma, fruit d'une étude approfondie menée en collaboration avec la revue automobile italienne Quattroruote, constitue un sérieux pas en avant dans le domaine de la sécurité automobile. Sa carrosserie est conçue pour absorber l'énergie en cas de choc. Son habitacle est protecteur, avec des sièges rembourrés et des appuie-tête intégrés. Le design, à la fois futuriste et intemporel, est caractérisé par des lignes fluides et des solutions techniques nouvelles, comme les portières intégrées aux flancs, qui coulissent sur ce que l'on croit être une baguette décorative. La Sigma est bien plus qu'un simple concept car, elle anticipe de nombreuses technologies qui pourraient être adoptées dans les prochaines années.
Pininfarina PF Sigma. Copyright Le pilote argentin Alessandro De Tomaso, auréolé de ses succès sur les circuits, vient de jeter les bases d'une nouvelle marque automobile. Ambitieux, il entend bien rivaliser avec les plus grands noms italiens du sport automobile que sont Ferrari ou Maserati. Présenté à Turin, son premier modèle, le spider Vallelunga, d'une légèreté stupéfiante de 510 kg, arbore des lignes qui évoquent les courbes de l'ancien spider Porsche, avec lequel il a en commun le moteur placé en avant de l'essieu arrière comme principe constructif. Il est animé par un 4 cylindres Ford Corsair de 1 498 cm3, qui délivre une puissance allant de 100 à 135 chevaux selon les versions. La boîte à quatre rapports est dérivée de celle de la Volkswagen. Un châssis tubulaire, des suspensions indépendantes et une carrosserie signée BBM parachèvent ce bolide.
DeTomaso Vallelunga Spyder. Copyright Pionnier du style de vie balnéaire automobile, Vignale a réinventé la Fiat 600 à plusieurs reprises. Dès 1956, il proposait une première vision de la voiture de plage. En 1957, la Spiagetta, avec son habillage en acajou et son allure marine, faisait sensation à Genève. Vignale pousse plus loin l'expérience cette année à Turin, avec une version encore plus fonctionnelle, incluant deux bancs arrière positionnés dos à dos, dans le sens de la longueur, un plancher en bois perforé pour évacuer l'eau, et un rail métallique de sécurité évoquant un voilier. Ce modèle aurait été construit pour la famille Agnelli.
Vignale Fiat 600 Multipla Spiaggia. Copyright Face à un déficit commercial persistant vers l'Europe, les constructeurs japonais redoublent d'efforts pour gagner du terrain. Leurs ingénieurs sont devenus des habitués des salons automobiles, où ils étudient attentivement les modèles occidentaux. Afin d'approfondir leurs connaissances, ils commandent régulièrement des prototypes, notamment aux carrossiers italiens, réputés pour leur savoir-faire. Cette collaboration est suivie attentivement par une présence japonaise importante tout au long du processus de conception et de fabrication. Le petit constructeur japonais Daihatsu, qui produit des automobiles depuis 1951, est bien décidé à percer sur le marché européen. Pour cela, il a choisi de s'associer avec Vignale. Pendant plusieurs mois, des ingénieurs japonais ont été intégrés aux équipes du carrossier, afin de suivre de près les différentes étapes de développement de quatre projets : un utilitaire léger nommé " Light Van ", une berline compacte baptisée " Compagno ", ainsi qu'un coupé et un spider présentés à Turin sur le stand Daihatsu.
Daihatsu Sport par Vignale. Copyright Sur son propre stand, le prolifique Alfredo Vignale porte cette année haut les couleurs de son entreprise, jusqu'à faire de l'ombre aux plus grands carrossiers. Sa Maserati 3500 GTI est un modèle unique, qui se caractérise notamment par des phares rectangulaires et un empattement raccourci. L'ensemble est particulièrement élégant, avec un profil légèrement sinueux et un postérieur joliment modelé.
Maserati 3500 GTI de Vignale. Copyright Le Vignale New Star Jet, telle une flèche d'argent filant sur l'asphalte, incarne une forme d'apogée du design automobile italien. Son profil de torpille, ses ailes arrière mobiles qui peuvent être orientées pour augmenter l'appui, améliorant ainsi l’adhérence et la stabilité à grande vitesse, et son museau acéré en Perspex, en font un objet à la fois aérodynamique et sculptural. L'habitacle, baigné de lumière naturelle grâce au capot transparent, est conçu pour offrir une position de conduite basse et enveloppante, rappelant le pilotage d'un avion de chasse. Maserati, connu pour son ingénierie de précision, a méticuleusement usiné les pièces de suspension pour assurer une maniabilité et une stabilité supérieures à haute vitesse. La partie arrière de la voiture abrite un moteur 1,5 litre développé par Maserati, monté transversalement.
Vignale New Star Jet. Copyright La nouvelle berlinette deux places Maserati, également signée Pietro Frua, marque une rupture stylistique par rapport à ses prédécesseurs. En s'éloignant des lignes classiques de la 3500 GT et de la Sebring, Frua a imaginé une silhouette plus moderne et dynamique. Le capot plongeant, la calandre discrète et surtout l'arrière fastback, inspiré de la Jaguar E, confèrent à la Mistral une allure originale. Les larges surfaces vitrées, avec la lunette arrière qui fait office de hayon, offrent une extraordinaire luminosité dans l'habitacle, et un accès facilité au coffre. Techniquement, la Mistral emprunte son six cylindres à la Maserati 3500 GT, qui est couplé à une boîte manuelle à 5 rapports.
Maserati Mistral par Frua. Copyright À l'été 1963, Franco Martinengo, directeur du style chez Pininfarina, a lancé un ambitieux projet qu'il a confié à son jeune designer Tom Tjaarda : créer un coupé de luxe sur la base de la Lancia Flaminia. Le carrossier souhaitait non seulement réaliser une voiture de rêve, mais aussi convaincre Lancia de la produire en petite série dans ses ateliers. En effet, même si le dessin de la berline est signé Pininfarina, c'est Lancia qui en assure la production. Battista Pininfarina, le fondateur, est sorti de sa retraite pour superviser personnellement ce projet. Ce coupé deux places de couleur jaune clair est équipé du nouveau moteur Flaminia de 2,8 litres. Incontestablement, les lignes Pininfarina font encore école dans le monde entier. Le carrossier est devenu un des maîtres incontestés du design automobile italien.
Lancia Flaminia 3C 2.8 Speciale Coupe. Copyright En 1960, la General Motors a fait livrer une Chevrolet Corvair à Pininfarina, en lui demandant de formuler une proposition de style. C'est ainsi que la Chevrolet Corvair Special Coupe a été exposée à Paris en 1960. Mais au grand dam de la GM, elle a été bien loin de faire la une de la presse, et n'a suscité que peu d'enthousiasme de la part du public. En 1962, Pininfarina a présenté la même voiture largement revisitée au Salon de New York, puis à Paris. La face avant façon Porsche était remplacée par un bloc plus volumineux, agrémenté de doubles phares incorporés. L'arrière affaissé avait cédé sa place à des formes plus rectilignes. L'habitacle était plus vaste, et au final le public et les médias semblaient préférer cette nouvelle interprétation. Néanmoins, quelques critiques subsistaient concernant le dessin courbé du montant de pare-brise, une réminiscence des années cinquante. La troisième Corvair Special Coupé est exposée à Turin, avec un pare-brise classique.
Chevrolet Corvair Special Pininfarina. Copyright En signe de respect pour ses voisins suisses, Pininfarina a créé une voiture d'exception baptisée Lausanne 1964. Cette voiture unique, qui présente quelques similitudes avec la Corvair Special, repose sur un châssis de Fiat 2300, propulsé par un 6 cylindres en ligne. Son design est un bel hommage à l'esthétique italienne, caractérisé par des lignes fluides et harmonieuses. Les finitions soignées et le souci du détail témoignent du savoir-faire du carrossier turinois. Une mission d'importance est déjà planifiée pour cette voiture. Elle sera la première à traverser le tunnel du Grand Saint-Bernard lors de son inauguration officielle, prévue pour la fin du mois de mai 1964, un geste symbolique qui souligne les liens étroits entre l'Italie et la Suisse.
Fiat 2300 Lausanne Pininfarina. Copyright Née en 1960, OSI (Officine Stampaggi Industriali) s'est rapidement imposé comme un sous-traitant majeur de Fiat, notamment pour le coupé 2300 et les breaks 1300/1500. Il a produit plus de 20 000 carrosseries depuis ses débuts. Fort de son expertise, OSI présente à Turin sous sa propre raison sociale un élégant cabriolet sur base Fiat 1100, le 1200 S. Le dessin est signé Giovanni Michelotti. Vendu au prix attractif de 1 200 000 lires, ce roadster devrait séduire les amateurs de conduite à ciel ouvert.
Osi Fiat 1100. Copyright Ces dernières années, Touring a connu une croissance exponentielle de ses activités, grâce à des contrats importants avec des constructeurs comme Lancia, Alfa Romeo et Rootes. Cette expansion a nécessité des investissements massifs dans de nouveaux outils de production, et des locaux plus spacieux. Le transfert des activités dans une nouvelle usine au nord de Milan a été complexe et coûteux, entraînant des perturbations dans la production et des tensions sociales. C'est dans ce contexte de profond changement que le carrossier présente à Turin le prototype d'un coupé Maserati 3500 GT à quatre places, qui se caractérise notamment par des feux globuleux et une découpe trapézoïdale du pavillon. Le stand du carrossier est un véritable musée automobile éphémère. On y trouve une Sunbeam Alpine aux lignes légèrement retravaillées, une Hillman Super Minx plus classique, la sensuelle Alfa Romeo 2600 Spider, le distingué coupé Lancia Flaminia et la toute nouvelle Sunbeam Alpine Venezia.
Maserati 3500 Touring. Copyright Depuis les années 50, le carrossier Ghia est étroitement lié à Chrysler. De nombreux prototypes et petites séries ont vu le jour de cette collaboration fructueuse. À l'aube des années 60, un nouveau partenariat se dessine, plus timidement cette fois, avec Ford. La Ford Falcon Clan, présentée dans le prolongement du break de chasse Fiat 2300 exposé ici même il y a un an, marque ce début de relation. Bien que l'ensemble manque objectivement de finesse par rapport aux réalisations habituelles de Ghia, cette voiture pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour le carrossier turinois.
Ford Falcon Clan par Ghia. Copyright Ghia a métamorphosé la Fiat 2300 S en lui offrant une ligne résolument sportive. À l'arrière, un hayon facilite l'accès à un vaste coffre, conférant à la G 230 S une polyvalence inattendue. Son châssis tubulaire, plus léger et plus rigide que celui de la 2300 S de série, améliore sensiblement son comportement routier. Avec un empattement raccourci de 21 cm, la G 230 S gagne en agilité tout en conservant un habitacle spacieux. Les roues à rayons soulignent son caractère sportif, tandis que son moteur et son profil aérodynamique lui permettent d'atteindre des vitesses supérieures à 200 km/h.
Ghia G 230 S. Copyright Sibona-Basano, connu pour ses travaux pour d'autres entreprises, dévoile au public deux créations originales, les spiders Cerbiatto et Mistral, qui sont basés respectivement sur des plateformes de Simca 1000 et 1500. Ces deux modèles se distinguent par leur design élégant et leur finition soignée. La Cerbiatto, plus compacte et légère, est conçue pour les amateurs de conduite sportive, tandis que le Mistral a l'ambition d'offrir un compromis optimum entre sportivité et confort.
Sibona-Basano Mistral. Copyright
Sibona-Basano Cerbiatto. Copyright Créée en 1962 pour s'attaquer aux compétitions de Formule 1 et au marché des GT, ATS (Automobili Turismo Sport) a présenté sa première réalisation, la 2500 GT, au Salon de Genève en mars de cette année. Conçue par Carlo Chiti, ancien ingénieur de chez Ferrari, cette sportive italienne est propulsée par un V8 de 2 467 cm3 développant 220 ch SAE, placé en position centrale arrière. A Turin, ATS dévoile une évolution de la 2500 GT, dans un style épuré. Le capot avant est désormais lisse et simplement souligné par deux élégants joncs chromés. Les deux grosses arêtes sont supprimées. De nouveaux pare-chocs, des feux arrière redessinés et une planche de bord simplifiée complètent cette mise à jour. Parallèlement, ATS annonce une version GTS, encore plus légère avec sa carrosserie en aluminium, au prix de 5 050 000 lires, contre 4 700 000 lires pour la GT.
ATS 2500 GT. Copyright Les contraintes économiques ont conduit les frères Maserati à céder une nouvelle fois leur affaire, Osca. Après avoir déjà vécu une expérience similaire en 1937, ils ont décidé, cette fois, de passer le flambeau au comte Domenico Agusta, propriétaire de la célèbre marque de motos MV. Présente au Salon de Turin 1963 sous sa nouvelle bannière, Osca ne dévoile pas de nouveautés majeures, mais confirme son savoir-faire en matière de sportives de haut de gamme. Les carrosseries, toujours aussi élégantes, sont signées Zagato et Fissore, et les mécaniques, toujours aussi performantes, développent 105, 125 ou 140 chevaux. Osca semble fin prêt à entamer un nouveau chapitre de son histoire.
Osca 1600 coupé par Fissore. Copyright Sur le stand Moretti, l'attention se porte sur la 2500 SS, qui a encore été améliorée. Elle atteint désormais 217 km/h. Son prix se rapproche de celui d'une Alfa Romeo 2600 Sprint. La carrosserie évolue vers des lignes plus tendues, renonçant partiellement aux formes douces des premières 2500 SS. Le coupé 2 + 2 s'est transformé en un vrai coupé quatre places.
Moretti 2500 SS. Copyright Depuis 1959, Ferenc Alfred Reisner, plus connu sous le nom de Franck Reisner, a établi à Turin son entreprise Intermeccanica. Après avoir proposé des kits de performance et des systèmes d'échappement pour diverses marques européennes, il s'est lancé dans la construction d'une Formule Junior. En 1960, il a rencontré Milton Brown, un entrepreneur américain désireux de créer une GT associant la puissance d'un V8 américain et l'élégance d'une carrosserie italienne. C'est ainsi qu'est née l'Apollo GT à moteur Buick. Franco Scaglione a donné à l'Apollo GT ses lignes définitives. En janvier 1963, l'Apollo GT a fait sensation dans le showroom d'un distributeur Buick sur Sunset Boulevard. On la retrouve à Turin, où elle offre au choix un V6 de 3,6 litres ou un V8 de 5 litres. Un prix est annoncé, 3 500 000 lires. Les châssis et les carrosseries sont construits par Intermeccanica.
Intermeccanica Apollo GT. Copyright Après le coach Austin A40 et la sportive 950 Spider, Innocenti lance l'IM3, une berline compacte basée sur la plateforme ADO16. Son nom indique qu’il s’agit du troisième modèle produit par Innocenti. Si la technique est britannique, le style est italien, grâce au travail de Pininfarina, qui a conféré à l'IM3 une allure plus élégante et dynamique. L’intérieur bénéficie d’une finition haut de gamme : tableau de bord en aluminium satiné, instrumentation plus complète, moquette épaisse, sièges plus profonds, accoudoir central à l’arrière. Sous le capot, un moteur 1 098 cm3, plus puissant que celui des versions anglaises, 55 ch au lieu de 48, anime cette berline. Son positionnement tarifaire, supérieur à celui de la Fiat 1500, pourrait cependant freiner son succès.
Innocenti IM3. Copyright La Fiat 1600 S de Savio se distingue par une face très fine, inspirée des prototypes de course. Dépouillé de tout superflu, ce coupé arbore un bouclier avant totalement nu, sans la moindre trace de pare-chocs. Deux imposantes grilles d'aération sont positionnées au-dessous et au-dessus du bouclier, soulignant ainsi l'agressivité et la sportivité du dessin.
Savio Fiat 1600 S. Copyright Boneshi, fidèle à son style inimitable, a conçu un cabriolet Alfa Romeo 2600 aux lignes anguleuses qui ne laisse personne indifférent. Les arêtes vives, quasi agressives, de la carrosserie, et la calandre généreusement chromée confèrent à ce modèle un aspect unique, voire provocateur. Si certains apprécient cette esthétique avant-gardiste, d'autres la jugent trop excentrique. Cette création presque caricaturale témoigne de la volonté du carrossier de repousser les limites du design automobile, quitte à diviser les amateurs.
Boneshi Alfa Romeo 2600. Copyright Scioneri, un nom moins célèbre que ceux de Pininfarina, Bertone ou Zagato, est une entreprise fondée en 1943 par Antonio Scioneri à Savigliano, près de Turin. À l'origine, l'atelier Scioneri se consacrait à la réparation automobile et à la fabrication d'appareils électriques. Ce n'est qu'à partir des années 1950 qu'il s'est orienté vers la carrosserie, en réalisant des transformations sur mesure pour des clients particuliers. Un tournant majeur est intervenu en 1957, quand Scioneri a présenté à Turin une Fiat 1100 profondément modifiée. Le carrossier s'est fait un nom en transformant d'autres modèles Fiat. Le style Scioneri se caractérise par une élégance discrète et une harmonie des formes. Sa production limitée s'adresse à une clientèle de niche. Scioneri présente cette année une berline deux portes classique, mais très soignée, réalisée sur un châssis de Fiat 600 D.
Scioneri Fiat 600 D. Copyright Ce Salon de Turin 1963 qui s'est tenu dans un contexte de forte croissance économique en Italie a démontré une fois de plus la vitalité du secteur automobile national, et son aptitude à rivaliser avec les plus grandes marques internationales. Il a confirmé la place de l'Italie comme l'un des berceaux du design automobile. |