Ugo, Elio, Gianni et Andrea Zagato

Elio Zagato - Italie - 1921/2009 - Source : https://sportscardigest.com


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Ugo Zagato fonde la carrozzeria Zagato en 1919. Ses deux fils, Elio et Gianni prennent la relève dans les années 1960. Puis c'est Andrea, le fils l'Elio, et sa compagne Marella Rivolta, qui assurent à partir des années 1990 la pérennité de ce nom prestigieux.


1919

Ugo Zagato (1890/1968) quitte sa ville natale de Gavello, dans la province de Rovigo, à l'âge de 15 ans. Pendant quatre ans, il est apprenti dans une entreprise de mécanique en Allemagne. A son retour en Italie, il est embauché par le constructeur automobile Cesare Belli à Varese, où il découvre les techniques de conception et d'assemblage. Quand l'Italie entre en guerre, il est mobilisé, non pas sur le front, mais au sein de l'Officine Aeronautiche Pomilio de Turin, qui fabrique les premiers chasseurs biplans italiens. Il y fait preuve d'un sens de l'organisation qui permet d'augmenter considérablement la productivité de l'usine. C'est là qu'il apprend les secrets du travail de l'aluminium.

Ugo Zagato fonde sa " carrozzeria " le 19 avril 1919, via Francesco Ferrer à Greco, dans la banlieue de Milan, non loin de Monza. Il répare des voitures et des avions. Puis avec une dizaine de compagnons, il fabrique des pièces pour Pomilio, avec qui il conservé d'excellentes relations. Enfin, il se lance dans des créations originales sur des châssis Bianchi, Diatto, Fiat et Itala. Le style reste très traditionnel. En 1920, Ugo Zagato épouse Amelia Bressello. Leur premier enfant, Elio, naît le 27 février 1921.

Ugo Zagato. Copyright

Les années 1920

Le carrossier applique à l'automobile les techniques de pointe issues de l'aéronautique, et habille ses productions de manière légère et résistante à la fois. Il recouvre d'une fine peau d'aluminium une armature en bois. C'est un précurseur. Exit les bibelots, les coussins capitonnés et les intérieurs inutilement chargés issus du monde hippomobile. La fonctionnalité prime sur le décorum. L'alliance avec des mécaniques sportives procure aux Zagato des performances inégalées, à une époque où le mythe de la vitesse a le vent en poupe ! L'entreprise croît si vite qu'elle emploie quatre-vingts personnes en 1923. Les armatures métalliques, plus légères et plus résistantes, remplacent bientôt le bois. Avec l'aide de nouveaux partenaires financiers, Zagato se transforme en société anonyme (SA).

Ugo Zagato entretient des relations privilégiées avec Vittorio Jano, ingénieur en chef recruté par Alfa Romeo en 1923. Cette union avec l'entreprise milanaise fondée en 1920 par Nicola Romeo est bénéfique aux deux parties. Alfa Romeo participe à la première épreuve des Mille Miglia en 1927 avec une voiture carrossée par Zagato. Une Alfa Romeo 1500 Super Sport habillée chez Zagato remporte l'épreuve l'année suivante. En 1929, c'est au tour d'une 6C 1750 SS Zagato de remporter la course.

Sur le plan privé, on retient la naissance le 17 août 1929 de Gianni Zagato, le second fils d'Ugo.

Les années 1930

La course des Mille Miglia est exigeante. Seule des voitures légères avec des carrosseries permettant de tirer le meilleur parti de puissantes mécaniques sophistiquées peuvent y briller. Zagato s'y impose encore en 1930, 1933 et 1934. Conduire une Alfa Romeo habillée par Zagato est une forme de laissez-passer pour prétendre à la victoire. Les meilleurs pilotes du moment le confirment, qu'il s'agisse de Tazio Nuvolari, de Piero Taruffi, de Franco Cortese et de bien d'autres. Le nom de la carrosserie milanaise est désormais auréolé de magie dans le monde de la course.

Alfa Romeo 6C 1500 Super Sport par Zagato. Copyright

Ugo Zagato (né en 1890) et Enzo Ferrari (1898/1988) se connaissent depuis le début des années 1920. Une estime réciproque s'est installée entre les deux hommes. Ferrari est à l'origine en novembre 1929 d'une écurie de préparation et d'assistance en course pour les pilotes privés courant sur Alfa Romeo. Cette écurie devient en peu de temps le département officiel de compétition d'Alfa Romeo. Le premier engagement d'Alfa Romeo sous les couleurs de la Scuderia Ferrari a lieu sur les Mille Miglia de 1930, avec des voitures habillées par Zagato. Ce partenariat va s'étendre jusqu'en 1937. A la fin de la décennie, Alfa Romeo est restructuré et militarisé. Les liens qui unissent Alfa Romeo, Ferrari et Zagato se distendent. Vittorio Jano, soutien inconditionnel de Zagato, quitte Alfa Romeo.

Ugo Zagato est un passionné. Non seulement, il imagine sans cesse de nouvelles carrosseries, mais il accompagne aussi au quotidien ses ouvriers, pour s'assurer de la qualité de leur travail. Si de son atelier sortent surtout des voitures de sport, il répond aussi à quelques commandes pour des réalisations plus luxueuses, sur des châssis de prestige. Ces créations originales exigent un important travail d'étude. Ugo Zagato habille aussi volontiers de carrosseries aérodynamiques des Fiat Topolino, 1100 et 1500. Ce sont une à deux voitures qui sortent quotidiennement de son atelier.

Bugatti type 43 par Zagato. Copyright

Ugo Zagato développe des carrosseries aux lignes de plus en plus élancées, en appliquant les principes de l'aérodynamique. Il est l'un des premiers à proposer des pare-brise inclinés, des coffres arrière arrondis, et à habiller les phares en les couvrant d'une demi sphère en aluminium, avant plus tard de les intégrer dans la carrosserie. En 1938, au sommet de sa gloire, Ugo Zagato peut de vanter de constater que 40 des voitures inscrites aux Mille Miglia sont issues de la carrozzeria Zagato.

Alfa Romeo 8C 2300 Spider Monza, 1937. Copyright

Si Ugo Zagato est un excellent technicien, et s'il dispose des meilleurs ouvriers, il délaisse la gestion financière et administrative de son entreprise à ses associés, qui ne font hélas pas preuve d'un talent extraordinaire.

Pendant la guerre

Zagato comme d'autres consacre ses moyens à la production de véhicules militaires. En octobre 1942, l'entreprise est transformée en Srl (société à responsabilité limitée). Sur les 50 parts de 1 000 lires, Ugo Zagato en possède quarante-quatre, sa femme Amelia Bressello trois, et son fils Elio trois autres.

Le 13 août 1943, l'atelier Zagato est complètement détruit par un bombardement de la Royal Air Force. Une usine provisoire est reconstruite, où sont assemblés des véhicules militaires et des cabines de camion.

1946

A l'issue de la guerre, Ugo et Elio Zagato entreprennent la construction d'un nouvel établissement aux limites de la ville, près du Portello, non loin du siège historique d'Alfa Romeo. La carrozzeria relance ses productions civiles. La reprise des courses automobile est source de multiples commandes. Zagato devient l'un des spécialistes des barquettes légères pour la compétition.

1947

Elio Zagato, passionné par la course, reçoit de son père en récompense du succès à ses examens (doctorat d'économie et de commerce) un spider sportif sur base Fiat B habillé par la carrozzeria. Jusqu'alors, toute forme de pilotage lui avait été interdite. Il entame une riche carrière de pilote à bord de cette auto le 11 mai 1947, sur le circuit de Piacenza. Cette participation marque le début d'une success story : 83 podiums sur 160 courses. Ce même jour de juillet 1947, à Piacenza, pour la première fois, une Ferrari, la 125 S, prend le départ d'une course, avec à son bord le pilote Franco Cortese.

A l'aspect technique bien maîtrisé par Ugo, le jeune Elio apporte sa touche personnelle au travail de la carrosserie. En 1947, à partir d'une idée de l'ingénieur Luigi Fabio Rapi qui travaille pour Isotta Fraschini, il participe au développement de la ligne Panoramica. Les surfaces vitrées sont agrandies vers le haut, en bombant les vitres latérales et en prolongeant le pare-brise. Un nouveau matériau, le plexiglas, autorise ces formes nouvelles, tout en réduisant le poids total de l'auto. L'habitabilité et le confort intérieur y gagnent. Un nombre important de châssis de marque Alfa Romeo, Ferrari, Lancia, Maserati, MG ou Fiat sont habillés avec ce type de carrosserie. Ces coupés biplace ou 2 + 2 sont destinés aussi bien à l'usage routier qu'à la compétition.

Elio Zagato / Fiat 1100 Panoramica. Copyright

1951

Elio Zagato est en 1951 l'un des promoteurs de la Scuderia Sant'Ambroeus (Saint Ambroise) à Milan, avec quelques amis, qui deviennent bientôt des clients de la maison. Ces pilotes achètent des châssis chez Ferrari, puis les font habiller chez Zagato. Elio entretient des relations amicales avec Enzo Ferrari, qui le surnomme très affectueusement " Zagatino ", ce qui signifie, on s'en doute, le petit Zagato. Zagato est devenu en quelques décennies le carrossier de l'élite. Il est l'un des plus qualifiés pour habiller des mécaniques sophistiquées de formes efficaces et élégantes à la fois.

1953

C'est véritablement avec la Fiat 8V Zagato que se concrétise l'intégration d'Elio dans l'affaire familiale. C'est la première voiture réalisée sous sa responsabilité. Il la pilote sur circuit, réalisant en même temps à moindres frais une publicité pour Zagato. Ceux qui pilotent une Fiat 8V ordinaire sont impressionnés par les résultats d'Elio. A leur tour, ils font habiller leur châssis chez le carrossier. Elio Zagato imagine le double bossage de toit, nouvelle signature de l'entreprise, qui perdure encore de nos jours. Celui-ci est supposé améliorer l'aérodynamique, tout en facilitant le port du casque.

Elio Zagato au côté de sa Fiat 8V, la première voiture dont il a dirigé la conception, et qui va lui valoir un joli palmarès. Source : https://sportscardigest.com

Contrairement à Pininfarina et Bertone qui implantent progressivement un véritable outil industriel, Zagato demeure en marge, refusant de produire en grande série. Il réserve sa production à des connaisseurs.

1955

Agé de 65 ans, Ugo Zagato décide de lever le pied. Il poursuit la transmission de l'entreprise à ses deux fils, Elio et Gianni. Ce dernier a une formation d'ingénieur. C'est un concepteur doué de voitures de course.

Ugo Zagato estime que la course automobile est devenue trop dangereuse. Il demande à Elio d'y mettre un terme, pour mieux se consacrer au développement de l'affaire familiale.

Elio consent enfin à entreprendre une production en petite série. Cette activité s'avère plus rémunératrice que celle des voitures assemblées à l'unité. Grâce à l'intervention du pilote Alberto Ascari (1918/1955), Gianni Lancia (1924/2014) confie à Zagato l'étude d'une version Sport de l'Appia, qui est présentée au Salon de Turin 1956. C'est la première Zagato à atteindre le stade de la petite série, mais pas la dernière. Elle est suivie par un modèle encore plus ambitieux, la Flaminia Sport Zagato.

Gianni et Elio Zagato / Lancia Appia Sport. Copyright

1956

Alfa Romeo commercialise en 1954 la Giulietta Sprint. Zagato en dérive une version SVZ qui accumule les victoires sur les circuits. Cette voiture que ne sort pas de chez Alfa Romeo finit par agacer le constructeur milanais. Elle domine en course des voitures plus puissantes, et concurrence même directement la Giulietta. Alfa Romeo décide de ne plus fournir de châssis à Zagato. Finalement, fin 1959, un accord est trouvé entre les deux parties, et Alfa Romeo consent à livrer Zagato en châssis court.

Autre produit phare, la berlinette Abarth 750 GT Zagato contribue à la notoriété du préparateur et du carrossier à travers le monde. Dévoilée au Salon de Turin 1956, elle s'inscrit de manière ambitieuse dans une vraie gamme Abarth, qui profite de l'image de Zagato ... et inversement. Le carrossier a transposé dans un format compact toutes les caractéristiques du style maison : des formes arrondies mais pas molle, une gracile agressivité, le fameux pavillon à double bulle ... Devenue Abarth 1000 en 1960, avec des phares protubérants et non plus sous globe, la voiture est récompensée par le prestigieux prix du Compasso d'Oro pour l'excellence de son design.

L'Abarth 750 GT Zagato lors de sa présentation en 1956 (phares carénés)

1959

Chez Zagato, on peut s'enorgueillir d'un nombre incroyable de partenariats, avec des marques aussi réputées ou prestigieuses que AC, Aston Martin, Jaguar, Abarth, Alfa Romeo, Ferrari, Fiat, Lancia, Maserati, Moretti, Osca, Siata, DB, Renault, Porsche et Frazer Nash ... Le carrossier en respectant l'identité des marques créé des formes simples, élégantes et efficaces sur le plan aérodynamique. Les Zagato brillent autant dans les concours d'élégance que sur les circuits

1960

Andrea Zagato, le fils d'Elio, naît le 26 avril 1960. Son avenir semble tout tracé. Il prendra effectivement la succession dans quelques décennies ...

En 1960, l'arrivé d'Ercole Spada à la tête du style permet d'assurer la continuité de l'esprit maison. Sa première mission est d'adapter les modèles en cours de production aux nouvelles règles d'homologation routière, qui proscrivent les carénages de phare en plexiglas.

Zagato présente au Salon de Londres en octobre 1960 l'AC Bristol 407 GTZ, et surtout l'Aston Martin DB4 GT Zagato, plus légère et plus aérodynamique que le modèle de série. La GT Zagato répond à une commande du concessionnaire Aston Martin de Milan. Elle sera au final officiellement inscrite au catalogue Aston Martin, et produite en 19 exemplaires sur deux ans. Bertone et Touring s'intéressent aussi aux Aston Martin en ce début des années 60, mais leurs propositions n'ont pas eu le retentissement de celle de Zagato.

Aston Martin DB4 GT Zagato. Copyright

1962

La Srl (société à responsabilité limitée) devient une Spa. Dans une Srl, les participations sont représentées par des parts. Dans une Spa, les parts sont remplacées par des actions. Parallèlement, Zagato obtient le statut d'assembleur pour le compte de grands constructeurs. Cela n'empêche pas la carrozzeria de poursuivre la création de modèles uniques, soit pour des particuliers, soit pour être exposés dans les Salons avec l'accord des marques concernées.

L'activité florissante incite Elio Zagato à investir dans de nouvelles installations pour mieux assurer l'avenir de l'entreprise. Cela doit lui permettre d'être plus réactif face aux demandes des grands constructeurs, qui apprécient la signature Zagato. A partir de plans établis par Ugo Zagato, une nouvelle usine est édifiée à Terrazzano di Rho, dans la banlieue de Milan. Elle est mise en service en novembre 1962.

Le carrossier suit un mouvement de fond qui voit les Pininfarina, Bertone et Touring construirent des installations plus modernes, plus spacieuses.

Gianni, Ugo et Elio Zagato, derrière l'Alfa Romeo 1750 GS 4R, l'une des premières " répliques ". Copyright

1965

La Lancia Fulvia Sport Zagato, une voiture à la personnalité affirmée, est présentée au Salon de Turin, en février 1965. Dessinée par Ercole Spada, elle dispose d'une lunette arrière à ouverture électrique, que son profil particulièrement fuyant met presque à l'horizontale. Sur les premières séries, le capot moteur est articulé sur le côté. Ses formes aérodynamiques et son poids contenu lui offrent des performances alléchantes. L'aspect exclusif de ce coupé est en phase avec l'image élitiste des Lancia. La Fulvia Sport Zagato sera produite à 7 412 exemplaires.

Lancia Fulvia Sport Zagato. Copyright

1966

Une nouvelle répartition des rôles confie la présidence de la compagnie à Ugo Zagato, la direction générale à Elio Zagato, et la direction technique à Gianni Zagato.

1968

Mort d'Ugo Zagato le 31 octobre 1968, à l'âge de 78 ans.

1969

Alfa Romeo veut proposer un coupé susceptible de séduire une clientèle essentiellement féminine, plus sensible à l'aspect esthétique qu'aux performances pures d'une automobile. C'est dans ce contexte qu'est présentée la Giulia GT Junior Z au Salon de Turin en 1969. Ercole Spada propose un coupé au style avant-gardiste. Pourtant, l'arrière raccourci, le capot plongeant et les lignes en coin ne font pas l'unanimité. Rarement un coupé a affiché d'aussi vastes surfaces vitrées, surtout à l'arrière. Cette silhouette résulte des travaux menés chez Zagato, qui ont conduit à l'adoption de ce ce fameux arrière Kamm, en application des théories de l'ingénieur et aérodynamicien allemand Wunibald Kamm (1893/1966). Giugiaro s'en inspirera d'ailleurs pour dessiner son Alfetta GT.

Alfa Romeo Giulia GT Junior Z. Copyright

1970

Départ d'Ercole Spada. Giuseppe Mittino assure la relève.

Le magazine " l'Auto Journal " propose en couverture de son numéro 23 du 19 novembre 1970 un document exceptionnel, qui réunit (de gauche à droite) Sergio Pininfarina (1926/2012), Nuccio Bertone (1914/1997), Renzo Carli (beau frère de Sergio Pininfarina, co-directeur, né en 1916), Alessandro de Tomaso (1928/2003, pour Ghia et Vignale), et Elio Zagato (1921/2009, assis).

1971

Elio Zagato, qui sent le vent tourner, ouvre deux nouveaux départements. L'un se consacre à la production de carrosseries blindées, dans une Italie où sévit l'organisation terroriste des Brigades Rouges (1970/1988), tandis que l'autre s'intéresse à des solutions alternatives de mobilité.

La production de voitures blindées n'est en rien une suite logique aux productions antérieures. Mais c'est une activité rentable qui assure l'emploi d'un certain nombre de salariés, en attendant des jours meilleurs. Cela conduit aussi le carrossier à développer de nouveaux matériaux plus légers. Il sort de chez Zagato une moyenne d'environ une voiture par jour.

Deux petites voitures électriques sont étudiées, la Milanina en 1971, revue l'année suivante pour donner naissance à la Zele. La Milanina est basée sur un châssis en acier, tandis que la carrosserie est en fibre de verre. Elle atteint 50 km/h et dispose d'une autonomie de 90 km. Plusieurs exemplaires sont commandés par les organisateurs de la Foire de Milan, pour servir de véhicule de service sur le parc des expositions. La Zele est présentée au Salon de Tokyo de 1972. Elle ne mesure que 1,95 mètre de long. Le Minivan Zele lancé en 1976 mesure 50 cm de plus, et peut accueillir deux passagers à l'arrière.

Zagato Zele. Copyright

1974

Le carrossier a assemblé la dernière Lancia Fulvia Sport Zagato en 1972, et la dernière Alfa Romeo Giulia GT Junior Z en 1974. Elio Zagato doit trouver des expédients pour faire tourner son entreprise. C'est ainsi que Lancia lui confie l'assemblage de la Lancia Beta Spider, dessinée chez ... Pininfarina. Ce sont environ une quinzaine de voitures qui sortent quotidiennement du site de Terrazzano di Rho. 8 594 exemplaires seront produits jusqu'en 1983.

Lancia Beta Spider, 1974. Copyright

1975

Le constructeur britannique Bristol commande à Zagato la réalisation d'une carrosserie convertible. L'inspiration a quitté l'atelier italien si l'on juge l'aspect de la Bristol 412. La carrosserie est montée sur un châssis construit en Angleterre. Elle se caractérise par une ligne taillée à la serpe, très différente des courbes des précédents coupés Bristol. La partie avant est on ne peut plus simple, avec une calandre et des phares rectangulaires. L'imposant arceau de sécurité - le terme poutre centrale serait sans doute plus approprié - sert à protéger les occupants, mais aussi à assurer une certaine rigidité à l'ensemble. Il faut bien survivre en attendant des jours meilleurs ...

Bristol 412, 1975. Copyright

1983

Dans les années 80, de plus en plus de " collectionneurs " s'intéressent à l'automobile. Cet intérêt peut être sincère. Mais ce créneau attire aussi de nombreux spéculateurs incultes en matière d'histoire automobile. Dans tous les cas, le contexte favorise l'émergence d'automobiles neuves " de collection ". La valeur d'une voiture doit évidemment beaucoup au pedigree de la marque. Et malgré le passage à vide des années 1970, la réputation de Zagato est demeurée intacte.

Chez Zagato, on se définit volontiers comme étant le plus petit des grands carrossiers. Les trois grands du moment sont Bertone, Pininfarina et Ital Design. Touring à sombré en 1967, et Ghia n'est plus qu'une finition de luxe chez Ford. Elio Zagato veille avec son frère Gianni à cultiver l'image de la maison qu'ils animent, et qui est riche de six décennies d'expérience.

Le premier modèle qui permet à Zagato de sortir de sa léthargie est l'Alfa Romeo Zeta 6 construite sur base Alfetta GTV 6, qui est présentée au Salon de Genève en 1983. Une production en petite série de ce coupé au faux air de Porsche 928 est envisagée, mais le constructeur italien qui traverse une mauvaise passe préfère concentrer ses investissements sur des modèles plus abordables pour le grand public, et donc plus rentables à court terme.

Alfa Romeo Zeta 6. Copyright

1984

Au Salon de Turin 1982, le carrossier Embo, sous-traitant de De Tomaso (Pantera, Deauville et Longchamp) et Maserati (Kyalami), fabrique de sa propre initiative un prototype de cabriolet sur base Biturbo. Maserati n'a plus produit de voiture de ce type depuis la Ghibli. La décision est prise de proposer le Spyder au catalogue. Mais quand il s'agit d'industrialiser le modèle, le constructeur de Modène préfère s'adresser aux frères Zagato. La Maserati Biturbo Spyder est présentée au Salon de Turin en 1984. Ce cabriolet apparaît plus élégant que le coupé dont il dérive, avec son profil ramassé, et ses aménagements intérieurs délicieusement baroques.

Le contrat prévoit l'assemblage chez Zagato de quatre à cinq voitures par jour, de quoi faire travailler une centaine d'employés et ouvriers. La cataphorèse des éléments de carrosserie est effectuée chez Innocenti. La voiture est ensuite peinte chez Zagato. Tous les soirs, les Spyder sont transportés à Modène pour y recevoir leur mécanique. 3 076 exemplaires seront produits jusqu'en 1994.

Maserati Spyder. Copyright

1985

Pininfarina et Zagato sont consultés pour créer un break Lancia Thema. Zagato sait pertinemment qu'il est en concurrence avec son illustre concurrent. Zagato innove avec des montants arrière teints en noir, couleur qui diminue leur visibilité, et qui sont recouverts par les vitrages, allégeant ainsi la forme d'ensemble. C'est le projet de Pininfarina qui est retenu.

1986

L'Alfa Romeo Zeta 6 présentée à Genève en 1983 a attiré l'attention chez Aston Martin. On se souvient que le constructeur britannique et Zagato ont travaillé de concert au début des années 1960. Des discussions sont relancées entre les deux entreprises. Un accord est signé quatre jours avant le Salon de Genève 1984. Si le nom de Zagato est respecté, voir vénéré par certains, il manque à ce carrossier un produit vraiment nouveau, histoire de rétablir une connexion entre le rêve et la réalité.

La maquette de l'Aston Martin V8 Vantage Zagato est présentée un an plus tard au Salon de Genève 1985. Après un long silence, le nom de Zagato refait soudainement la une des magazines. Une production limitée à cinquante exemplaires est engagée. Celle-ci est très artisanale, et il faut une semaine entière pour fabriquer une seule voiture. Les châssis motorisés arrivent d'Angleterre. A partir de feuilles d'aluminium, les éléments de carrosserie sont modelés à la main et au maillet sur des formes en bois. Puis on procède aux opérations de montage et de peinture. La sellerie et tout l'habillage intérieur sont réalisés sur place. Le coupé est suivi par une version cabriolet Volante produite à trente-trois exemplaires.

Aston Martin V8 Vantage Zagato. Copyright

C'est véritablement l'Aston Martin V8 Vantage Zagato qui marque la renaissance du carrossier. Elio Zagato est méritant. Il a assuré la survie de l'entreprise durant les années 1970 et au début des années 1980. Fier de l'héritage laissé par son père, il n'a pas baissé les bras, et il n'a jamais opté pour des solutions qui auraient pu compromettre l'esprit et le prestige de ce nom.

Ce n'est plus Zagato qui tente de séduire les constructeurs. Ce sont désormais eux qui consultent le carrossier, et qui lui passent commande de prototypes. D'autres modèles originaux suivent. Le premier d'entre eux est l'Alfa Romeo ES 30, rebaptisé SZ pour sa commercialisation en petite série. C'est un coupé voulu par Vittorio Ghidella, alors directeur général de Fiat. Les premières esquisses ont été réalisées par Robert Opron, alors employé par le groupe Fiat.

Petit à petit, Andrea Zagato assure la relève de son père, comme Elio avait assuré celle d'Ugo. Il réussit en 1993 à convaincre Ercole Spada de reprendre la direction du design. Mais il n'est plus question pour le carrossier de produire en moyenne série des automobiles pour Lancia ou Alfa Romeo. Zagato est devenu synonyme de haute couture automobile.

Andrea Zagato. Source : https://www.magzter.com

Pour le compte d'Auto Hebdo, Christophe Bonnaud visite en 1986 Zagato : " Extérieurement, juché sur le toit, le sigle Zagato commence à se couvrir d'une bonne dose de rouille et la céramique vert pastel de l'entrée est d'époque ... Lorsque vous poussez la porte vitrée, une large vitrine sépare le hall d'une petite salle d'attente. Cette vitrine renferme tant et tant de coupes, seules matérialisations de victoires, que ce soit en course ou dans les divers concours d'élégance. Si vous allez plus loin dans le couloir, vous tombez sur quelques bureaux, dont celui des frères Zagato. La dernière porte débouche directement sur l'atelier de montage où se côtoient Aston Martin Vantage Zagato et Maserati Biturbo Cabriolet. "

1992

Andrea Zagato prend la présidence de l'entreprise. Son ambition va au-delà de l'automobile. Zagato va désormais s'intéresser à tous les secteurs du transport.

1994

L'Alfa Romeo RZ et la Lancia Hyena sont les dernières voitures assemblées au sein de l'usine familiale, dont l'activité cesse en 1994. C'est aussi cette année-là qu'Elio et Gianni Zagato partent à la retraite. Ercole Spada quitte aussi Zagato, laissant sa place au talentueux Norihiko Harada. Alors que la plupart des constructeurs améliorent la flexibilité de leurs chaînes de montage, élimant le recours à des sous-traitants pour l'assemblage de leurs modèles marginaux, surtout des coupés et des roadsters, Andrea Zagato adapte l'affaire familiale au nouveau contexte.

C'est à cette époque qu'il rencontre Marella Rivolta, la petite-fille de Renzo Rivolta, fondateur d'ISO Rivolta. Partenaires dans la vie et dans l'entreprise, ils concentrent tous leurs efforts vers l'atelier de création. Il s'agit de concilier au mieux le savoir-faire ancestral de la maison, et les technologies de pointe. Ils fondent SZ Design, qui deviendra ZED Milano. Outre l'automobile, cette structure se lance notamment dans la conception de locomotives ou de tramway.

Zagato se spécialise dans les voitures de très grand luxe, allant du modèle unique à quelques dizaines d'unités produites. L'usine collabore avec des firmes comme Audi, Mercedes, Ferrari, Fiat, Iso, Lamborghini, Nissan et Toyota. Sur une idée d'Andrea Zagato validée par le président de Lamborghini, la Lamborghini Raptor est présentée au Salon de Genève de 1996. Il a suffi à Zagato de quatre mois pour réaliser cette carrosserie spéciale sur une base de Diablo.

Lamborghini Raptor

2009

Elio Zagato décède le 14 septembre 2009 à l'âge de 88 ans.

Spyker C12 par Zagato de 2007, l'une des dernières créations qu'Elio a vu de son vivant. Copyright

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