Marc Deschamps
Durant les années 60, il est déjà difficile de devenir designer automobile. Après que sa candidature ait été rejetée par les plus grandes maisons de style, après avoir même reçu une lettre de Philippe Charbonneaux lui conseillant d'envisager un autre métier, Marc Deschamps, déterminé à exercer cette profession, frappe à la porte de Peugeot, qui collabore depuis plusieurs années avec Pininfarina. Paul Bouvot, responsable du style à La Garenne, lui offre sa première opportunité et le forme durant six mois. Il rencontre à cette époque Yves Dubernard, avec qui il se lie d'amitié. Après cette expérience chez Peugeot, Marc Deschamps travaille pour Simca pendant deux ans. Mais le bureau de style français est contraint à la fermeture, et toute l'activité est délocalisée en Angleterre. A la recherche d'un nouvel emploi, il fait la rencontre du journaliste automobile Jean Bernardet qui habite dans le même immeuble que lui ... Celui-ci va essayer par son carnet d'adresses de lui ouvrir les portes des grands de la profession en Italie. Après un refus de Nuccio Bertone, il tente sa chance chez Ghia, où il est recruté. Mais sa mésentente avec Alejandro de Tomaso, patron des lieux entre 1967 et 1970, le conduit à quitter l'entreprise après moins de trois mois d'activité. 1972 Fort de cette courte expérience chez Ghia, il reprend contact avec Nuccio Bertone. L'accueil est plus favorable, et il intègre les équipes de design. Le maître à bord est alors Marcello Gandini.
A gauche, Marc Deschamps, en costume gris avec une pochette rouge Chuck Jordan, en costume noir Nuccio Bertone Marc Deschamps signe pour Bertone le prototype de la GS Camargue. C'est lui qui a proposé l'idée de cette voiture à Nuccio Bertone, qui a validé le projet du jeune styliste, en imaginant par ce biais les possibilités de rentrer en contact, voire en affaires, avec Citroën. Gandini est alors très occupé sur d'autres projets, et il laisse carte blanche au designer belge. Sur un châssis de Citroën GS, Marc Deschamps dessine un coupé aux lignes à la fois douces et agressives. Le dessin de ce concept car est dépouillé de tout maniérisme, de toute coquetterie superflue. La voiture est réalisée en seulement cinq semaines, depuis les premières esquisses jusqu'au prototype final.
Bertone Camargue, 1972 Son premier séjour chez Bertone est bref. En 1973, il répond à l'appel de la carrosserie Chapron de Levallois-Perret. Mais il déchante rapidement face aux méthodes de cette vieille maison. Il rebondit chez Guy Ligier dans l'Allier. Dans cette entreprise, tout semble compliqué au quotidien. Il travaille sur deux projets, d'une part le développement de la Formule 1 type JS5, d'autre part l'étude d'un coupé sur base Citroën GS Birotor équipé d'un V4 Maserati. La naissance de cette voiture aurait pu combler le trou laissé par la disparition de la SM, assemblée en fin de carrière chez Ligier. Deux maquettes sont réalisées à échelle réduite.
Ligier JS5
Projet de coupé GS Birotor pour le compte de Ligier Marc Deschamps rencontre en 1976 Robert Opron qui dirige alors le style Renault. Sous sa responsabilité et sous celle de Gaston Juchet, il travaille sur le projet de la mini Renault (dont la presse se fait régulièrement l'écho à l'époque, mais qui ne prendra réellement forme qu'en 1993 avec la Twingo), sur le renouvellement de la gamme Alpine, et sur une voiture qui le fera connaître du grand public, la Renault 5 Turbo. Il en dessine les lignes. Celle-ci est présentée à l'état de maquette au Salon de Paris 1978.
Renault 5 Turbo 1979 Marcello Gandini vient de quitter Bertone. Le carrossier italien contacte Marc Deschamps, et lui propose de reprendre la place vacante. Il va consacrer les douze prochaines années de sa carrière à animer le style de la grande maison italienne. Ses créations sont le plus souvent de complexes édifices où se superposent les volumes et les lumières.
Lamborghini Athon, 1980
Mazda MX 81 Aria, 1981
Alfa Romeo Delfino, 1983
Chevrolet Ramarro, 1984
Citroën BX 4 TC / Bertone Zabrus, 1986
Lamborghini Genesis, 1988
Citroën XM, 1989
Chevrolet Corvette Nivola, 1990
Lotus Emotion, 1991 1991 Courte expérience chez Coggliola 1992 Heuliez qui a des velléités d'expansion ouvre un studio de création à Turin. Marc Deschamps en prend la direction. Les intérêts des deux parties sont partagés. Heuliez bénéficie de la renommée d'un designer doué et reconnu, et d'une présence dans la patrie du style automobile. Marc Deschamps reste à Turin. Il va signer pour l'entreprise de Cerizay plusieurs concept cars, notamment la Raffica en 1992, le Mercedes Intruder en 1996 et la Lamborghini Pregunta en 1998. Il est remplacé chez Bertone par Luciano d'Ambrosio.
Heuliez Raffica
Mercedes Intruder, 1996
Heuliez Pregunta, 1998 2000 Redevenu indépendant, il dessine l'éphémère Edonis.
Edonis, 2000 De nos jours (2017) il travaille encore, notamment pour un bureau d'engineering en Chine.
Marc Deschamps, 2017 (source :
Rétroviseur N° 332, avril 2017) |