Gaston Juchet
Gaston Juchet - France - 1930/2007 Formation
Lycée Louis-le-Grand à Paris Alors qu'il n'est encore que pensionnaire au Lycée Louis-le-Grand à Paris, Gaston Juchet aime à noircir les pages de ses cahiers de dessins d'avions, sa première passion. Mais c'est dans l'automobile qu'il fera carrière. Gaston Juchet était un homme discret. Sa renommée n'a jamais égalé celle d'autres designers ayant oeuvré pour Renault, comme Philippe Charbonneaux, Robert Opron ou Patrick Le Quément. Pourtant, durant près de trois décennies, il a marqué de son empreinte le style des voitures de la Régie.
Gaston Juchet, 1952 1958 Après un court séjour à Nord Aviation, il rentre chez Renault à 28 ans, en tant qu'ingénieur en aérodynamique. Il y met notamment au point le capot de la Caravelle ! 1960 Intègre la direction Recherche et Développement. Bien que de formation technique, il se fait remarquer pour ses talents d'illustrateur et son aptitude à exprimer ses idées à travers des gouaches réalistes. Il travaille avec Philippe Charbonneaux, styliste indépendant et plutôt pittoresque, sollicité par la Régie pour sortir le projet de la Renault 8 de l'enlisement dans lequel il s'est enfoncé. Il définit avec lui les lignes simples et cubiques de celle qui va succéder à la Dauphine.
Renault 8, 1962 1962 Prend la direction de la Recherche et Développement de Renault.
Esquisses de Gaston Juchet, à découvrir en plus grand format sur http://www.juchet.fr 1965 Responsable du style automobile pour Renault. Après le départ de Philippe Charbonneaux en 1963 qui a terminé sa mission pour la Régie, Gaston Juchet met en place un véritable studio consacré au style, dissocié du bureau d'études carrosserie. En 1965, il en prend la direction. Il s'entoure progressivement d'une équipe de stylistes de talent. Il supervise le style des Renault 16 (1965), Renault 6 (1968), Renault 12 (1969), Renault 15 et 17 (1971), Renault 5 (1972), Renault 30 et 20 (1975), Renault 14 (1976) et Renault 18 (1978). La paternité de la ligne d'une automobile est comme le reconnaissait Gaston Juchet lui-même difficile à établir, car il s'agit toujours d'un travail d'équipe. C'est sous sa direction que voient le jour plusieurs innovations majeures, comme la carrosserie deux volumes et le développement de la modularité intérieure sur une berline haut de gamme (Renault 16), ou l'adoption des boucliers en plastique (Renault 15/17 et Renault 5).
Dessin de Gaston Juchet où l'on devine déjà l'esprit de la Renault 16 avec sa moulure le long du flanc, les six glaces latérales, et le hayon avec une lunette arrière concave. L'idée de la porte papillon suggérée sur ce projet sera toutefois abandonnée.
La Renault 16 de 1965 combine pour la première fois les avantages d'un break et d'une berline
Après l'échec de la Frégate durant les années 50, la Renault 16 apporte à la Régie son premier succès sur le créneau des grandes routières, et démode d'un seul coup nombre de ses concurrentes.
La Renault 6 de 1968 évoque une Renault 16 en réduction
Bien que la Renault 5 ait été dessinée par Michel Boué, Gaston Juchet pilote la finalisation du projet, et contribue personnellement à parfaire la modularité de l'habitacle. C'est aussi lui qui introduit le principe de la planche de bord en plastique et les fameux boucliers en lieu et place des traditionnels pare-chocs.
Projet d'un coupé Renault signé Gaston Juchet datant de décembre 1966
On s'approche de la définition finale de la Renault 17
Parmi d'autres propositions au sein de la Régie pour un coupé de grande série, c'est le projet de Gaston Juchet qui est définitivement retenu
Renault 17
Ce dessin de Gaston Juchet daté de 1972 préfigure les lignes des Renault 20/30. Il s'agit pour Renault de monter en gamme, tout en veillant à ce que la clientèle de la Renault 16 suive le mouvement.
Le dessin final signé Gaston Juchet
Malgré leurs lignes sobres et sans faute de goût, les Renault 20 et 30 présentées en 1975 ne parviendront jamais à égaler et à faire oublier leur devancière, la Renault 16.
L'accueil réservé à la Renault 14 de 1976 sera on ne peut plus mitigé. En 1981, Robert Opron prendra moins de risque en présentant ses Renault 9 et 11 bien plus conventionnelles. 1975/84 La gamme Renault est constituée d'un véritable patch-work stylistique, lié à la création d'une gamme voulue pour " offrir une voiture à chaque marche de l'escalier ". L'ensemble finit par manquer de cohérence et le style intérieur reste le parent pauvre. C'est dans ce contexte que la Régie décide de créer un véritable service de style intégré. La direction de celui-ci est confiée à Robert Opron, ex-Citroën. Il a pour mission de développer la créativité chez le constructeur de Billancourt, en travaillant bien évidemment avec les ingénieurs, mais sans se soumettre coûte que coûte à leurs dictats. Gaston Juchet reste à la Régie, même si dans les faits il perd de son influence, n'étant plus le numéro un du style. Même s'il n'est plus sous le feu des projecteurs (mais l'a t'il vraiment été un jour), il continue ses travaux avec discrétion et efficacité. A la Renault 12 succède en 1978 la très classique Renault 18, dont le style doit beaucoup aux travaux de Gaston Juchet.
La future Renault 18, vue par Gaston Juchet
Renault 18, 1978 Gaston Juchet collabore donc avec Robert Opron. Ce dernier apporte des idées nouvelles. On lui doit notamment le principe de la bulle arrière, déjà utilisée sur la Citroën SM, et qui sera aussi adoptée sur les Renault 11, Renault Fuego et Renault 25.
Dessin de Gaston Juchet - Source : http://www.juchet.fr
Renault 25, 1984 Les années 80 voient éclore chez plusieurs grands constructeurs des études de voitures au coefficient de pénétration dans l'air record. Gaston Juchet, ingénieur en aérodynamique, pilote les projets qui donnent naissance aux prototypes Eve et Vesta, véhicules de recherche sur les économies d'énergie.
La Vesta II de 1987 qui succède aux études Eve, Eve + et Vesta est l'aboutissement des recherches de Renault en matière de réduction de la consommation de carburant entamées en 1980. Ces recherches ont été menées par le styliste et ingénieur aérodynamicien Gaston Juchet. 1984 Gaston Juchet est fait Chevalier des arts et des lettres.
Marcello Gandini, Gaston Juchet et Robert Opron en 1982 1984/87 Après le départ de Robert Opron, il reprend la direction du style. On peut y voir une forme de reconnaissance pour la fidélité qu'il a toujours eue pour son employeur. Le Centre Style Renault compte alors plus de cent personnes, dont une cinquantaine de maquettistes et environ vingt cinq stylistes. Gaston Juchet s'ouvre vers l'extérieur. Il entretient notamment des collaborations avec les grands studios de design italiens qui sont désormais régulièrement consultés, qu'il s'agisse de Marcello Gandini pour la Super 5 de 1984 ou de Giorgetto Giugiaro pour les Renault 21 de 1986 et Renault 19 de 1988. Gaston Juchet souhaite apporter une succession à la mythique Renault 4. Il s'est déjà investi depuis le début des années 70 dans plusieurs projets de véhicules bas de gamme, mais ceux-ci n'ont jamais abouti. Le dernier projet sur lequel il travaille a pour nom de code interne W60, pour lequel une maquette est réalisée. Son successeur Patrick le Quément la découvre à son arrivée chez Renault. Il confie au designer Jean Pierre Ploué le soin de finaliser le travail de Gaston Juchet. C'est ainsi que la Twingo voit le jour en 1992. 1987 Départ en retraite. Raymond Lévy arrive à la Régie en décembre 1986. Quelques mois plus tard, il nomme Patrick Le Quément, designer de réputation internationale, ex Simca, Ford et Volkswagen, au poste de directeur du design industriel. L'automobile n'était pas le seul centre d'intérêt de Gaston Juchet. Il se consacrait durant ses temps libres au dessin, à la peinture, à la photographie. Un site est consacré à l'immensité de ses oeuvres. 2007 Décès en novembre 2007
Quelques unes des oeuvres de Gaston Juchet que vous êtes invité à découvrir sur le site qui lui est consacré : http://www.juchet.fr |