Reliant, une stratégie incompréhensible


La marque Reliant est créée par Tom Lawrence Williams en 1935 à Tamworth, dans le Staffordshire au Royaume-Uni. Ce constructeur se spécialise dans la fabrication artisanale de petits véhicules à trois roues, et crée dans les années 60 une voiture de Grand Tourisme à quatre roues, la Scimitar. La marque disparaît en 2002.


Les débuts de Reliant


Reliant commence à produire des véhicules hybrides, c’est-à-dire des motos sur lesquelles sont montées une carrosserie de voiture ou de camionnette. Ces véhicules ont une roue à l’avant et deux roues à l’arrière. Ils sont toutefois différents des véhicules allemands à trois roues, comme les Tempo ou Goliath, dont la roue avant est couverte, ce qui rend leur silhouette plus moderne et plus esthétique, tout en s’éloignant d’une certaine parenté avec les motocyclettes.

Le moteur des Reliant des années 30 est un monocylindre JAP de 600 cm3 refroidi par air, issu du monde de la moto, remplacé dès 1936 par un bicylindre JAP de 600 cm3 refroidi par eau. En même temps, le conducteur n’est plus assis à califourchon sur le moteur, car le véhicule est désormais équipé de deux sièges avant. En 1938, Reliant adopte le moteur de l’Austin Seven, un quatre cylindres de 747 cm3. Mais Austin abandonne la Seven en 1939, et Reliant doit trouver un autre fournisseur pour ses véhicules utilitaires à trois roues.

Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale met un terme à cette recherche, d’autant plus que Reliant est en train de mettre au point son propre moteur, largement inspiré de celui de l’Austin Seven défunte. Durant le conflit, Reliant participe à l’effort de guerre en usinant des pièces mécaniques pour l’armée. Après la fin des hostilités, le constructeur reprend la fabrication de ses véhicules utilitaires à trois roues. Un nouveau modèle est lancé en mars 1946, dix ans exactement après la commercialisation du premier van bicylindre de la marque. Il s’agit de la Regent, qui reprend les recettes des Reliant des années 30, et dont un millier d’exemplaires environ sont fabriqués.

La Reliant Regent lancée en 1946 est une sorte de moto recevant une carrosserie de camionnette derrière la roue avant, ce qui en fait un véritable véhicule " hybride ".


 1953 : Reliant Regal


L’année 1953 marque le début de la fabrication de voitures de tourisme à trois roues de marque Reliant, sur le modèle de Bond qui a investi ce micro-marché en 1949 avec sa Minicar. La première Reliant Regal dévoilée fin 1952 est d’ailleurs très semblable à sa concurrente, avec une carrosserie découvrable en forme de baignoire. Ce type de voiturette bénéficie en Grande-Bretagne d’une exonération de 50 % des taxes, et d’un permis allégé, ce qui permet à quelques constructeurs de s’accaparer ce marché, toutefois modeste en volume.

Reliant réussit à devenir le leader sur ce segment en très peu de temps. Le marché des voiturettes à trois roues est encadré par des règles très strictes, à l’instar des cyclecars en France entre 1920 et 1925, ou des " midgets " au Japon à partir des années 50. La Reliant Regal est basée sur la camionnette Regent, mais sa transformation en voiture de tourisme pouvant transporter quatre passagers, sur un châssis de 3,43 mètres de long et des sièges d’une très mince épaisseur, permet de toucher une nouvelle clientèle familiale, notamment de jeunes couples avec des enfants en bas âge. La Reliant Regal va évoluer jusqu’en 1962 au travers de six générations.

La Regal Mk I s’écoule à un environ un millier d’exemplaires entre 1953 et 1954. La Mk II apparaît en 1954 sous trois carrosseries différentes : un cabriolet comme la Mk I, plus un coupé hard-top en fibre de verre et un break tôlé qui succède à la Regent. Un dispositif de flèches de direction montées sur les ailes avant évite enfin au conducteur de signaler manuellement ses changements de direction, ce qui est bien la moindre des choses … 2 013 Mk II sont fabriquées entre 1954 et 1956.

En 1956, apparaît la Mk III qui reçoit une toute nouvelle carrosserie de style ponton, moins fragile. Le modèle fait un peu penser à une auto-tamponneuse des fêtes foraines. Elle est toujours disponible en trois versions, comme précédemment. Cette nouvelle Reliant, plus longue et plus large, est dotée pour la première fois d'une carrosserie entièrement construite en fibre de verre, qui se substitue à la carrosserie alu, matière dont le prix a beaucoup augmenté. Panhard en sait aussi quelque chose à cette époque. Cette Mk III est un succès, avec 2 798 exemplaires vendus entre 1956 et 1958.

En 1958, la Mk IV lui succède, avec des modifications de détail. Ce modèle de transition est vendu à 1 298 exemplaires entre 1958 et 1959. Durant les années 50, la Regal voit son moteur de conception Reliant passer de 600 cm3 et 25 ch à 700 cm3 et 30 ch, puis 747 cm3 et 35 ch.

La Reliant Regal lancée en 1953 (ici une Mk VI de 1959) est à l’origine du succès de la marque dans la catégorie peu prisée des voiturettes à trois roues.

En 1959, la Mk V adopte une nouvelle carrosserie qui la fait ressembler à une vraie voiture en réduction. Cette fois, la Regal est dotée d’un vrai coffre et de vrais pare-chocs. Mais les vitres descendantes apparues en 1958 sont remplacées par des vitres coulissantes, comme sur les futures Renault 4 et Citroën Ami 6 lancées en 1961. Un retour en arrière surprenant. 4 772 exemplaires sont vendus entre 1959 et 1961, ce qui est une bonne performance, surtout comparée à celle du concurrent Bond.

En 1961, la Mk VI succède à la Mk V sans grand changement. Tout juste remarque-t-on un nouveau becquet au-dessus de la lunette arrière, pour mieux protéger la vitre des intempéries. Ce modèle s’écoule à 8 478 exemplaires entre 1961 et 1962, auxquels il faut ajouter 3 753 versions utilitaires destinées aux petits commerçants et artisans. Plus de 10 000 voiturettes vendues en une seule année, c’est un nouveau record pour la firme de Tamworth qui a déjà produit 30 000 véhicules à trois roues depuis sa création en 1935. Cette quantité est alors largement supérieure à celle enregistrée par son concurrent Bond.


1962 : Reliant Regal 3/25


En octobre 1962, celle qui devait s’appeler Regal Mk VII prend la dénomination Regal 3/25, ce qui signifie " 3 roues et 25 ch SAE ". En effet, pour la première fois depuis 1952, la voiturette Reliant adopte une nouvelle motorisation. Il s’agit d’un quatre cylindres de 598 cm3 en alliage léger et soupapes en tête, qui remplace avantageusement l’ancienne mécanique dont les origines remontent à 1939. Ce nouveau moteur permet d’atteindre 120 km/h, marquant un net progrès par rapport aux modèles précédents qui ne dépassaient pas les 100 km/h.

La carrosserie est également totalement nouvelle, avec des formes plus tendues, une partie avant rappelant un peu la Simca 1000, et une lunette arrière inversée dans le même esprit que les Citroën Ami 6, Ford Anglia ou Ford Consul 315, ce qui permet une optimisation de l’habitabilité à l’arrière. Deux versions sont disponibles : la berline et la camionnette (Van), dont le poids n’excède pas 365 kilos. Le Van attire de nombreuses entreprises, publiques et privées.

Le Reliant Regal à trois roues reçoit une toute nouvelle carrosserie en 1962, adoptant par la même occasion la lunette arrière inversée.

C’est à cette époque que Reliant ouvre une nouvelle usine à Shenstone, près de Tamworth, encouragé par le succès de ses voiturettes. Le succès commercial croissant de Reliant intéresse les investisseurs. Ainsi, le financier Julian Hodge fait l'acquisition de 76 % du capital de l'entreprise en 1962. Son intérêt ne peut être que renforcé par la multitude de projets étudiés à Tamworth pour des constructeurs étrangers, notamment en Israël (Autocars), en Turquie (Otosan) ou en Grèce. A la même époque, Reliant débute le développement de sa première voiture de tourisme à quatre roues, la Scimitar. Seule ombre au tableau, le fondateur de Reliant, Tom Lawrence Williams, décède en 1964. Ray Wiggin prend la direction de l'entreprise, et travaille à de nombreux nouveaux projets.

En 1965, la 3/25 Super succède à la 3/25. Extérieurement, la différence la plus notable est la nouvelle face avant plus moderne. La société Ogle est à l'origine de ce restyling assez heureux. Outre la berline et la camionnette, Reliant propose également une version pick-up, qui peut intéresser les artisans et les agriculteurs. La 50 000 ème Reliant Regal 3/25 sort d’usine en juin 1968. Il s’agit de la voiture à trois roues la plus vendue en Grande-Bretagne. Au même moment, le groupe BLMC célèbre sa 2 000 000 ème Mini. Ce succès relativise celui de Reliant … La BLMC et Reliant ne se battent pas dans la même catégorie. En 1969, la Regal 3/25 est remplacée par la 3/30, dont la carrosserie est identique, mais dont le moteur est un 700 cm3 de 30 ch qui permet d’atteindre 125 km/h.


Reliant au sommet


Dans les années 60, le marché des voiturettes à trois roues est en déclin en Europe, mais Reliant parvient à surnager grâce à la diversité de ses produits et à la réputation enviable dont bénéficie la marque en Grande-Bretagne, surtout auprès d’une clientèle extrêmement fidèle. Le constructeur de Tamworth se paye même le luxe d'être à l’époque le second constructeur automobile 100 % britannique derrière la BLMC. Le cap des 100 000 Regal produites est franchi en 1972. Le modèle est supprimé en 1973, après 105 824 unités fabriquées depuis 1962. Il est remplacé par la Reliant Robin. Ce nombre est à comparer aux 33 027 Regent et Regal assemblées entre 1935 et 1962. Cela correspond à trois fois plus de voitures en deux fois moins de temps. Sous le contrôle de Ray Wiggin, la progression de Reliant a été continue durant les années 60, mais la tendance va bientôt s’inverser.


1961 : Reliant Sabre 


La Reliant Sabre est la première tentative de la marque d’investir le marché des voitures de tourisme à quatre roues. Ce coupé en fibre de verre baptisé initialement Sabra est développé en collaboration avec la firme israélienne Autocars. Il s’appelle Reliant Sabre en Europe. Son moteur est un Ford quatre cylindres de 1 703 cm3 de 73 ch, qui permet à la voiture d’atteindre 140 km/h, ce qui n’est pas une vitesse très élevée pour un modèle à tendance sportive. D’abord lancée en cabriolet, la Sabre est disponible en coupé à partir de 1962. Ce modèle s’écoule à 208 exemplaires. La clientèle ayant réclamé une version plus performante, une version six cylindres est lancée en 1962, dotée d’un moteur Ford de 2 553 cm3 emprunté aux Zephyr et Zodiac.

La Reliant Sabre cabriolet lancée en 1961 est la première voiture à quatre roues de la marque. Elle a été à l’origine conçu pour le marché israélien.

La Sabre Six atteint 180 km/h, ce qui la rapproche des performances d’une Triumph TR4. Seulement 77 exemplaires sont produits entre 1962 et 1964, dont 75 coupés et 2 cabriolets. Certains participent à des rallyes comme celui de Monte-Carlo, sans grand succès. Au total, la Reliant Sabre est produite à 285 exemplaires, en quatre et six cylindres. Par rapport à ses voiturettes à trois roues, la production de la Sabre est donc franchement anecdotique. Le constructeur ne se décourage pas, et récidive avec la Scimitar.


1964 : Reliant Scimitar GT 


Après l’insuccès de la Sabre (une appellation utilisée par Buick entre 1959 et 2005, qui utilisera également le nom Regal entre 1973 et 2020), Reliant remettre le couvert en 1964 en lançant le coupé Scimitar, une évolution de la Sabre, toujours avec une carrosserie en fibre de verre. Dessinée par Tom Karen du studio Ogle Design, la Scimitar GT de 1964 présente un aspect agréable, ce qui n’est pas toujours le cas chez les artisans britanniques aux moyens limités. Elle mesure 4,25 mètres de long. Reliant ne retient que la motorisation six cylindres sur ce modèle. 

La Reliant Scimitar GT lancée en 1964 succède à la Reliant Sabre. Le design dû aux studios Ogle est agréable mais les ventes du modèle resteront anecdotiques.

La Scimitar GT reprend le 2 553 cm3 Ford déjà vu sur la Sabre Six. Ce moteur abandonné par le constructeur américain est remplacé en 1966 par un V6 Ford de 2 994 cm3, puis par un autre de 2 495 cm3. La voiture peut alors atteindre 177 km/h avec le 2,5 litres et même 188 km/h avec le 3,0 litres, soit des allures franchement sportives. Ces modèles sont produits au total à 1 005 exemplaires entre 1964 à 1970, dont 296 unités avec le 2 553 cm3, 591 unités avec le 2 994 cm3, et 118 unités avec le 2 495 cm3. C’est évidemment mieux que la Sabre, mais cette réussite reste mesurée.


1968 : Reliant Scimitar GTE 


La version la plus emblématique de la Reliant Scimitar est la version GTE, avec sa carrosserie de type shooting brake (break de chasse), lancée en 1968. Elle est à l'origine d'un important succès commercial pour le constructeur de Tamworth. Dotée initialement du V6 Ford de 3 litres, la Scimitar GTE gagne 9 centimètres en longueur. Elle atteint 193 km/h grâce à un aérodynamisme plus poussé. Au total, 14 273 Scimitar GTE seront produites par Reliant de 1968 à 1986, dont 13 836 unités avec le V6 Ford 3 litres, et 437 unités avec le V6 Ford Cologne 2,8 litres monté entre 1980 et 1986. Les deux moteurs développent la même puissance : 135 ch.

La Reliant Scimitar GTE lancée en 1968 est une évolution de la Scimitar GT proposée quatre ans plus tôt. Le coup de génie est d’avoir créé un break de chasse à partir d’un coupé classique. Ce modèle reste le plus emblématique de la marque.

La Scimitar GTE est tellement iconique qu’une entreprise appelée Middlebridge Scimitar Ltd rachète ses droits de fabrication en 1986, et se charge d’en produire elle-même 78 exemplaires supplémentaires. Le moteur est alors emprunté à la Ford Scorpio. Il s’agit d’un V6 de 2,9 litres développant 145 ch, qui permet à l'auto de frôler les 200 km/h. Le cinquième exemplaire de Scimitar Middlebridge assemblé est livré à la princesse Anne, unique fille de la Reine Elisabeth II. La compagnie Scimitar Middlebridge est malheureusement mise en redressement judiciaire en 1990 et la production des GTE s’arrête.

La Reliant Scimitar GTC lancée en 1980 est une version Targa de la Scimitar GTE. Du coup, elle perd son principal attrait et évoque une simple Triumph Stag disparue depuis 1977.


1966 : L’aventure turque Anadol 


Dans les années 60, Reliant se diversifie en développant de nouveaux modèles à trois et quatre roues pour les marchés émergents. Les pièces de ces véhicules adaptés aux besoins locaux sont expédiés en kit vers ces pays, et assemblées sur place. Le premier modèle est l’Anadol (Code FW5), conçu pour la Turquie et basé sur un ensemble de pièces d’origine Ford, prenant place sur un châssis spécifique conçu par Reliant. L’Anadol dessinée par Tom Karen du studio Ogle Design est produite à plus de 100 000 exemplaires de 1966 à 1975 en berline deux portes, berline quatre portes, camionnette et pick-up. Ce modèle est en quelque sorte le pendant turc de la Paykan iranienne d’origine Hillman dont les origines remontent également à 1966.

L’Anadol produite par le turc Otosan pour le marché local entre 1966 et 1975 est issue d’un projet Reliant à destination des marchés émergents.

Le projet de remplacement de l’Anadol connu sous le code FW11 est dévoilé en 1977, d’après un design de Marcello Gandini. Il est toutefois refusé par la compagnie turque qui a produit l’Anadol pendant près de dix ans. Il est par contre accepté par Citroën après certaines modifications, et contribue à la naissance de la BX en 1982. Robert Opron, responsable du style des GS, SM et CX, a quitté Citroën au milieu des années 70 pour rejoindre Renault. Citroën est à ce moment là en quête d’un nouveau designer pour le remplacer. Le constructeur fait appel à Bertone et son designer maison Marcello Gandini, qui réalise non seulement la BX en 1982, mais aussi la XM en 1989. L’usine Otosan qui fabrique l’Anadol sera reprise par Ford pour produire des camionnettes Transit pour l’ensemble du marché européen.


1969 : Rachat de Bond 


En 1969, Reliant rachète son concurrent Bond qui est alors au bord de la faillite. Ce dernier a un accord avec Triumph depuis le lancement du coupé Equipe en 1961, mais cette marque étant rentrée avec Rover dans le groupe BLMC en 1968, il n’est plus question pour les nouveaux dirigeants d’aider Bond. Le petit constructeur est laissé à son triste sort. Reliant décide de s’en emparer pour en faire une marque " premium " au sein du nouveau groupe Reliant Bond ainsi constitué. Le modèle Bug lancé en 1970 sous la marque Bond est en fait issu d’un prototype Reliant codifié " Rogue ". Son dessin est dû à Tom Karen, fidèle designer oeuvrant pour Reliant. Parallèlement, la Bond Equipe qui devait sa survie à l'accord avec Triumph est abandonnée. La Bond Bug  ne trouve pas son public, en raison d’un prix trop élevé principalement, et est abandonnée à son tour en 1974, officialisant la disparition de la marque Bond. 


1964 : Reliant Rebel 


C’est en 1964 que Reliant décide d’investir le marché des voitures à quatre roues. Longue de 3,50 mètres et dotée de différents moteurs quatre cylindres (600 cm3, 700 cm3, 750 cm3), la Rebel entre en concurrence avec des modèles de grande série, comme les Austin/Morris Mini et l’Hillman Imp. C’est toujours Tom Karen du studio Ogle Design qui signe le dessin de la Rebel. Il est très différent de celui de la Regal, selon le vœu du constructeur qui ne veut pas que la Rebel soit la version à quatre roues de la Regal. Malheureusement, ce nouveau dessin plutôt agréable n'aide pas la carrière de la Rebel qui ne totalise en tout et pour tout que 2 600 ventes entre 1964 et 1974. C'est un échec pour Reliant, surtout face aux Mini et Imp. La Rebel est la première Reliant a avoir été conçue après la mort du fondateur de la marque, Tom Lawrence Williams. 

La Reliant Rebel lancée en 1964 est la première voiture à quatre roues de la marque. Elle ne remplace pas la Regal mais s’ajoute à la gamme. Malheureusement, ses ventes restent anecdotiques.


1975 : Reliant Kitten 


La Rebel est remplacée par la Kitten en 1975. Il s’agit d’une évolution esthétique de la Rebel. Sa carrosserie est plus courte avec 3,35 mètres, mais son moteur est un 848 cm3 de 40 ch de conception Reliant, plus puissant que celui de la Rebel. Le lancement de la Kitten a lieu en plein marasme économique dû au premier choc pétrolier intervenu fin 1973. Malgré tout, la Kitten réalise des performances commerciales moins décevantes que la Rebel, puisqu’il s’en vend 4 074 unités entre 1975 et 1982. Comme la Rebel, la Kitten est disponible en berline et en break.

La Reliant Kitten (ici une version Estate) lancée en 1975 est une évolution plus moderne de la Rebel qu’elle remplace. Son succès sera très modeste. Ce sera la dernière voiture compacte à quatre roues de la marque.

La Kitten a peut-être bénéficié de la disparition de l’Hillman Imp en 1976 qui était une dangereuse concurrente. Malgré tout, le succès des voitures compactes à quatre roues de Reliant demeure très relatif, surtout comparé à celui de la Scimitar GTE. A l'issue de sa carrière britannique, les droits et les outillages de la Kitten sont cédés à la compagnie indienne Sipani pour son marché local. Elle est produite en Inde sous le nom Sipani Montana jusqu’en 1990. 


1982 : Reliant Fox 


En 1982, la Reliant Fox ne succède pas à proprement parler à la Kitten, car il s’agit d’un petit pick-up de 3,38 mètres de long, qui est en fait l’héritier du petit pick-up Reliant TW9 à trois roues commercialisé depuis 1967 sur le marché grec. Dotée d’une carrosserie entièrement nouvelle mais inspirée étroitement de la Fiore 127 Gypsy sur base Fiat 127, la Reliant Fox s’écoule à 600 exemplaires entre 1982 et 1990, ce qui n’en fait pas non plus le plus gros succès de la marque …  

En 1979, Mabea qui a déjà collaboré avec Reliant par la passé présente la Fox, un petit utilitaire conçu avec l'aide du britannique. Sa production s'échelonne en Grèce jusqu'en 1983, année durant laquelle la fiscalité jusqu'alors favorable aux utilitaires légers est remise en question, ce qui entraîne une chute des ventes de la Fox sur son marché d'origine.


1973 : Reliant Robin 


Revenons quelques années en arrière. En 1973, le Reliant Regal est le plus gros succès des voitures à trois roues en Grande-Bretagne, avec une production moyenne annuelle de 10 000 unités environ. Ce modèle connaît un certain succès en raison de l’exonération de taxes et d’un permis " allégé ", qui permet à des personnes recalées lors du vrai permis de se rabattre sur ces petits véhicules lents et peu stables.

Le défaut le plus décrié par les inconditionnels des voitures à quatre roues est le renversement. Les sketches de Mr Bean à la télévision moquant la tenue de route aléatoire de ces petits véhicules font rire toute l’Angleterre, sauf peut-être le constructeur Reliant lui-même qui s’est toujours efforcé de démontrer l’inexactitude de cette mauvaise réputation. Pourtant, il est évident que techniquement un véhicule est plus stable sur quatre roues que sur trois ou deux … En outre, Reliant a proposé au cours de son histoire des véhicules à quatre roues, et si ces véhicules étaient si mauvais, il n’en aurait pas construit du tout. C’est pour suivre sa logique un peu nébuleuse que Reliant souhaite donner une descendance à la Regal, même si le marché dans son ensemble semble moins demandeur pour les trois roues. La nouvelle Robin lancée en 1973 est un petit break très différent visuellement des dernières Regal.

La Reliant Robin succède à la Regal en 1973. La mode est désormais moins aux voitures à trois roues, mais la demande qui reste suffisamment significative incite Reliant à poursuivre l'expérience.

La Robin a été dessinée par les studios Ogle. Elle pèse 450 kilos grâce à sa carrosserie en fibre de verre et mesure 3,35 mètres de long. Elle est dotée d’un 748 cm3 de 32 ch, puis d’un 848 cm3 de 40 ch durant la seconde partie de sa carrière. Celle-ci s’étend de 1973 à 2002, ce qui en fait le modèle Reliant ayant duré le plus longtemps. Pourtant, le modèle est resté dans les mémoires comme la pire voiture britannique de tous les temps …

Malgré cette fâcheuse réputation, le constructeur indique que la production de la Robin s’est approchée du million d’exemplaires, soit plus de 30 000 unités par an pendant trente ans, ce qui semble totalement irréaliste, même si la Grèce en a fabriqué un certain nombre entre 1974 et 1978. D'autres sources font état de 7 000 ventes en 1978, de 2 800 ventes en 1981, de moins de 2 000 ventes par an au début des années 90 et de 750 ventes en 1994. De 1982 à 1997, la Robin a été rebaptisée Rialto, avec quelques modifications esthétiques. Les chiffres de production de la Rialto sont donc intégrés dans ceux de la Robin.  


1984 : Reliant Scimitar SS1 /SST 


Alors que la Reliant Scimitar GTE est arrivée au terme de sa longue carrière de seize années, le constructeur décide de la remplacer sur ses chaînes par un roadster genre MG, dessiné par l’italien Michelotti dont c’est la dernière réalisation avant sa disparition. Ce modèle à quatre roues de 3,89 mètres de long doté de moteurs Ford 1,3 litre, 1,4 litre et 1,6 litre ne peut pas faire oublier l'élégant break de chasse Scimitar GTE. Rebaptisée Scimitar SST, puis Scimitar Sabre en 1992 comme l'ancienne Reliant de 1961, cette voiture ne rencontre pas le succès, avec seulement 1 507 ventes au total, réalisées entre 1984 et 1995.

La Reliant Scimitar Sabre lancée en 1992 a beau reprendre le nom des deux voitures de Grand Tourisme emblématiques de la marque lancées dans les années 60, rien n’y fait, la clientèle est partie depuis longtemps vers d’autres marques plus valorisantes.


Epilogue 


Après un premier dépôt de bilan en 1990, l'équipementier Beans devient le nouveau propriétaire de Reliant en 1991. Ce groupe est porteur d'espoirs et de nouveaux projets pour l'entreprise, mais il dépose à son tour le bilan en 1994. Reliant est racheté par le groupe Avonex en 1995, qui lui aussi dépose le bilan à la fin de la même année. Après l'équipementier Beans et le groupe Avonex, l'entreprise est reprise en main en 1996 par Jonathan Heynes, un ancien de chez Jaguar. Nouvel échec. En 1998, un quatrième investisseur, Kevin Leech, tente de sauver encore une fois l'affaire. Sans succès. Enfin, en 2001, la société B&N Plastics annonce qu'elle va reprendre la production des Robin sous licence. Les premiers concessionnaires sont livrés début 2002. Mais la production est définitivement arrêtée à la fin de la même année.

Texte : Jean-Michel Prillieux / André Le Roux
Reproduction interdite, merci.

Voir aussi :
http://leroux.andre.free.fr/ukreliant.htm

http://leroux.andre.free.fr/ukreliant2.htm
http://leroux.andre.free.fr/sw3u.htm

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