Genève 1960
Copyright. Ce site est gratuit et sans publicité. Je n'en retire aucun bénéfice financier. C'est le fruit d'une démarche totalement désintéressée. Si vous êtes détenteur d'un copyright non mentionné, je vous invite à me contacter. Ce fait est involontaire. Le document en question sera immédiatement retiré. Merci donc pour votre indulgence, pour ce qui n'est qu'un travail amateur. Le Salon de Genève reste un lieu privilégié pour les constructeurs du monde entier. Sa situation géographique centrale, la neutralité de la Suisse, l'absence de constructeurs nationaux, et la liberté des importations en font un terrain favorable pour accueillir des voitures du monde entier, même si cette année, la manifestation n'a pas été choisie comme tremplin de lancement pour un quelconque modèle promis à une large diffusion. Pourtant, le succès d'une voiture sur le marché suisse est toujours un heureux présage pour ses chances dans les autres pays. Ce salon arrive bien tard dans la saison, car les manifestations de Francfort, Paris, Londres, Turin et Bruxelles ont déjà épuisé l'essentiel des nouveautés. Cette année, Genève semble ramasser les miettes. Les constructeurs allemands se payent encore la part du lion sur le marché suisse, en grande partie grâce à Volkswagen, qui réussit encore à accroître ses positions avec un modèle pourtant conçu avant-guerre. La marque qui était absente à Genève depuis quelques années a dû se satisfaire d'un stand un peu à l'écart. Volkswagen, avec la fameuse Coccinelle, semble vouloir ignorer les progrès de la carrosserie automobile. Les autres constructeurs allemands se contentent de présenter au public helvétique les nouveautés déjà exposées à Francfort en septembre 1959. On remarque notamment la lutte que se livrent les DKW Junior, BMW 700 et Lloyd Arabella. Chez Mercedes, la 220 est à la pointe de l'actualité, tandis que Borgward qui vise la même clientèle propose pour la première fois sa six cylindres équipée de suspensions pneumatiques. Ford fait l'effort de présenter sur un tapis violet toutes les voitures du groupe, peintes de la même couleur crème. Un triple plateau tournant met en valeur la Falcon américaine, la Taunus allemande et l'Anglia britannique. Opel est un peu perdu sur l'immense stand de la General Motors.
Borgward 2300 - Copyright. Parmi les voitures françaises, rien de nouveau chez Peugeot, où les diverses 403 se morfondent, alignées comme pour une cérémonie d'adieux, en attendant la 404 que personne n'espérait voir à Genève. Simca a fait un effort d'aménagement de son stand pour mettre en " vedette " l'Aronde 6 et l'Ariane. Chez Renault, la Dauphine séduit une nouvelle clientèle depuis qu'elle est livrée en série avec quatre vitesses, sans supplément de prix. La Floride, présentée il y a deux ans, est enfin disponible en Suisse. Citroën tente d'attirer le public avec une décoration murale très réussie. La gamme des ID et DS est exposée au grand complet. Facel Vega montre pour la première fois à Genève son cabriolet Facellia déjà vu à Paris. Les marques françaises ont représenté près du quart des immatriculations suisses en 1959.
Renault Floride - Copyright. La marque Autobianchi a été créée en 1955. Elle est le fruit de l'association de Giuseppe Bianchi, le fils d'Edoardo Bianchi, le créateur des automobiles du même nom, de Fiat et du fabricant de pneumatiques Pirelli. L'objectif assigné à cette nouvelle marque est de proposer des versions plus luxueuses et plus performantes sur base Fiat. La première Autobianchi baptisée Bianchina est sortie en septembre 1957. Ses dimensions sont identiques à celles de la Fiat 500, commercialisée deux mois avant, soit 3,02 mètres de long et 1,34 mètre de large. Le cabriolet Autobianchi Bianchina dévoilé à Genève affiche, malgré sa taille réduite, une ligne équilibrée.
Autobianchi Bianchina Cabriolet - Copyright. L'ornementation est discrète et de bon goût. L'agencement intérieur est soigné, avec des sièges en cuir. Avec son bicylindre de 21 ch, ce cabriolet atteint 110 km/h. Ce ne sont pas des performances très élevées, mais cette voiture devrait séduire les femmes élégantes, voire mondaines. Il n’existe pas de modèle analogue dans la gamme Fiat.
Autobianchi Bianchina Cabriolet - Copyright. Le " show car " Alfa Romeo 3500 Coupé Super Sport Spéciale se caractérise par un pavillon transparent soutenu par une traverse longitudinale chromée. Les deux moitiés de toit au-dessus des sièges coulissent séparément en arrière comme des toits découvrables. La ligne se brise au niveau de la porte avant de façon à ménager une sortie d'air. Le même motif est visible à l'opposé au niveau de l'aile arrière après la porte. Le capot moteur présente une généreuse prise d'air. Une version assez similaire a été présentée l'an dernier avec une carrosserie de spider.
Alfa Romeo 3500 Coupé Super Sport Spéciale - Copyright. Le coupé Giulietta Sprint a été dévoilé en avril 1954, et la berline Giulietta en avril 1955. Depuis, Alfa Romeo a développé son offre, avec la berline TI, les coupés Sprint Veloce et Sprint Speciale. Ce dernier, apparu au Salon de Turin 1957, se distingue par son style " goutte d'eau " vraiment effilé, avec une proue rabaissée. Son dessin est signé Franco Scaglione, employé par Bertone depuis 1953, auteur notamment de la trilogie des BAT 5, 7 et 9. La centaine d'exemplaires produits depuis juin 1959, date de son lancement réel, ne satisfait pas les parties concernées. La voiture revient à Genève en ce mois d'avril, avec une proue modifiée, de forme plus horizontale. Elle est aussi désormais dotée de pare-chocs. Son 1 290 cm3 développe 90 ch Din.
Alfa Romeo Giulietta Sprint Speciale - Copyright. Depuis 1956 et la commercialisation du coupé Giulietta Sprint Veloce, un certain nombre de pilotes amateurs ont confié leur voiture à Zagato. Le carrossier a ôté la carrosserie de série par la remplacer par un ensemble maison, bien plus léger. S'agissant de productions unitaires, aucune de ces voitures n'est semblable, mais un style s'est dégagé. Les formes sont tout en rondeur, très lisses, avec un capot plongeant et des porte-à-faux avant et arrière réduits. Les succès sportifs de ces coupés SVZ n'ont pas manqué de susciter l'intérêt des dirigeants d'Alfa Romeo. En effet, les SVZ font inévitablement de l'ombre aux coupés Sprint Veloce d'usine. Plutôt que de combattre Zagato, la marque a donc décidé d'officialiser la création du carrossier milanais en l'intégrant à sa gamme sous la désignation SZ, pour ainsi mieux se l'approprier. Cette attitude comble d'aise Zagato, qui y voit une belle opportunité pour développer ses affaires.
Alfa Romeo Giulietta SZ - Copyright. La SZ telle qu'elle apparaît à Genève, est donc le fruit d'une étroite collaboration entre Zagato et le bureau d'études Alfa Romeo. Zagato n'aura plus besoin de découper des Sprint Veloce pour les reconstruire, puisque les châssis roulants lui sont directement livrés depuis l'usine. La carrosserie est réalisée selon les règles du carrossier milanais. Elle comporte une armature de profils d'acier supportant les tôles d'alliage léger. La SZ est équipée du moteur de la Sprint Speciale, dont la puissance est portée à 100 ch Din. Elle mesure 3,80 mètres de long et 1,22 mètre de haut. Sa compacité ne lui permet pas d'offrir un véritable coffre à bagages. Avec un poids de 750 kg, soit 145 kg de moins que la Sprint Speciale, elle offre de brillantes accélérations et une maniabilité parfaite. Les suspensions ont été adaptées à son poids réduit, afin de conserver une excellente tenue de roue, et d'en faire une auto encore plus maniable et plus rapide.
Alfa Romeo Giulietta SZ - Copyright. Lancia expose pour la première fois en public son cabriolet Flaminia. Cette réalisation est signée du carrossier Touring. Elle présente une grande analogie de forme avec le coupé, surtout quand la capote est fermée. Le coupé a été présenté il y a deux ans au Salon de Turin 1958. La Flaminia Convertible adopte le V6 de 2 458 cm3 et 131 ch. Le carrossier milanais démontre toutes ses compétences. La ligne est nette, sobre, distinguée, dans le plus pur style italien contemporain. Depuis les phares jumelés, le tracé s'étire linéairement jusqu'aux discrets ailerions arrière. Le maniement de la capote s'effectue manuellement. Celle-ci s'insère parfaitement dans la carrosserie de sorte que la ligne ne subit aucune altération.
Lancia Flaminia Convertible - Copyright. La Fiat 1200 Cabriolet a été lancée à Genève l'an dernier. Depuis l'été 1959, elle est secondée par une version 1500, dotée d'une mécanique de 90 ch mise au point par Osca. A Genève, Fiat y adjoint une version 1500 avec un toit amovible conçu chez Pininfarina. L'ensemble ne manque pas d'élégance.
Fiat 1500 Hardtop - © Archiv Automobil Revue Le public suisse découvre la fameuse Cadillac Starlight du même Pininfarina, un prototype qui a déjà fait le tour des grands salons en 1959. A Genève, cette " voiture idées " réapparaît dans une nouvelle robe bleu foncé, avec un pavillon noir et des parements chromés. Si dans cette nuance foncée la Starlight paraît plus attrayante, elle n'offre pas la même impression d'harmonie totale que l'ivoire, teinte dont elle était revêtue l'an passé. Ce genre de " show car " permet de révéler de nouvelles formes, et de tester les réactions du public. Il permet aussi à Pininfarina de démontrer son savoir-faire, tant auprès des visiteurs du Salon que des grands constructeurs. Enfin, il contribue au développement de l'image de prestige du carrossier.
Cadillac Starlight - © Archiv Automobil Revue La marque Cisitalia, créée par Piero Dusio au lendemain de la guerre, connue jadis pour ses victoires en course, réapparaît après une pause de plusieurs années avec une petite voiture de sport de 735 cm3, sur base de Fiat 600. Elle est présentée en deux variantes : coupé et spider. Le couvercle de coffre arrière laisse apparaître de nombreuses fentes de refroidissement, auxquelles s'ajoute une grille verticale amplement perforée. La ligne de caisse subit un épaulement après la portière, selon un artifice de style très en vogue, qui rappelle notamment la Renault Floride. Le spider à deux places et le coupé à deux ou quatre places peuvent être équipés de deux moteurs identiques quant à leur cylindrée, mais développant des puissances différentes, 30 ou 40 ch.
Cisitalia - © Archiv Automobil Revue Triumph lance au Salon de Genève le cabriolet Herald quatre places. L'Herald a été mise sur le marché en avril 1959 et n'était livrable jusqu'ici que sous la forme d'un coach deux portes quatre places (39 ch SAE ou 51 ch SAE depuis octobre 1959), et d'un coupé deux places (51 ch SAE). Le cabriolet qui fait ses débuts aujourd'hui constitue donc une troisième variante, équipée du quatre cylindres 948 cm3 de 51 ch SAE.
Triumph Herald Convertible - Copyright. La capote s'escamote complètement et s'abrite sous un couvercle de protection en tôle. Elle possède une charpente équilibrée par ressorts qui permet de la déployer sans difficulté. Pour découvrir la voiture, ni le conducteur ni les passagers n'ont besoin d'en descendre. Toute la partie avant, les ailes étant solidaires du capot, s'ouvre d'un seul tenant pour donner un libre accès à la mécanique. L'Herald Cabriolet devrait combler d'aise les amateurs de plein air qui ne souhaitent pas se ruiner.
Triumph Herald Convertible - Copyright. La nouvelle Gordon GT est une voiture anglaise dessinée par Giorgetto Giugiaro pour Bertone. Elle est dotée d'un moteur de Chevrolet Corvette, avec trois niveaux de puissance possibles, 223 ch, 294 ch ou 365 ch SAE. C'est le carrossier italien qui a assemblé ce premier prototype. L'instigateur de ce projet très international est John Gordon, cofondateur de Peerless. Bertone, qui expose la voiture sur son stand, a réalisé la carrosserie en acier. Ses lignes élégantes, sa calandre allongée, ses montants minces et ses grandes surfaces vitrées en font une voiture d'aspect sportif, malgré des dimensions extérieures respectables. Grâce à son toit qui se prolonge assez en arrière selon une ligne horizontale, la place disponible pour la tête des passagers est suffisante pour offrir un réel confort à quatre personnes. Le coffre à bagages, enfin, est l'un des plus vastes de la catégorie. Avec la Gordon GT, nous sommes loin des bricolages improvisés par nombre d'artisans britanniques. Le constructeur semble avoir les moyens de ses ambitions pour rivaliser avec les plus belles voitures de grand tourisme de son pays, que ce soit AC, Alvis, Aston Martin, Bristol ou Jaguar.
Gordon GT - Copyright. Le premier break Hillman Husky a été présenté en 1954. Basé sur la Hillman Minx et se positionnant parallèlement à un classique break Minx, il se différencie par la présence d'une porte arrière à ouverture latérale (charnières à droite), en lieu et place du hayon classique. A Genève, le Husky dit de série II bénéficie de plusieurs évolutions. Une boîte quatre vitesses est livrée en série. Le pare-brise est plus incliné et le toit légèrement abaissé. Lorsque la banquette arrière est rabattue, le plancher forme un plan plat et régulier, flanqué de deux coffrages de roues, et limité à l'avant par le siège AR basculé, qui protège les occupants des marchandises ou des bagages en cas de coup de frein intempestif.
Hillman Husky - Copyright. La hauteur des sièges AR est plus basse que précédemment lorsqu'ils sont déployés, ce qui permet de bénéficier d'un volume utile plus important. Les autres dimensions sont inchangées, avec une longueur de 3,30 mètres et une largeur de 1,53 mètre, c'est-à-dire un encombrement extrêmement modeste. Les piliers d'encadrement des glaces sont plus minces, et la porte arrière plus large. La charge utile avec deux passagers est de 270 kg. L'aménagement intérieur du Husky série II a fait l'objet de retouches qui lui confèrent un caractère moins utilitaire.
Hillman Husky - Copyright. Steyr, constructeur autrichien, a produit des automobiles de sa conception jusqu'en 1941. En 1934, il a fusionné avec le groupe Austro-Daimler-Puch, lui-même créé en 1928. Ce nouvel ensemble a alors été baptisé Steyr-Daimler-Puch AG. Après-guerre, les Steyr devenaient des Steyr-Fiat, grâce à un accord de licence conclu avec le géant italien. A la demande des armées autrichienne et suisse, Steyr-Puch a mis au point un véhicule léger aux capacités de franchissement extrêmes, destiné au transport des troupes et de matériel. Le cahier des charges de ce 4 x 4 exigeait simplicité et homogénéité. Il n'était pas question de proposer un engin hybride, plus ou moins bien adapté, dérivé d'un camion ou d'une automobile existante.
Steyr Puch Haflinger - Copyright. Stey-Puch présente à Genève une version civile de cet engin. Sa conception est signée Erich Ledwinka, le fils de Hans Ledwinka. Son nom, Haflinger, fait référence à une race de petits chevaux autrichiens particulièrement résistants. Le bicylindre Fiat 500 cm3 est en position arrière. Le Haflinger ne possède pas de châssis à proprement parler, mais d'une poutre centrale longitudinale, qui renferme l'arbre de transmission et qui supporte les trains roulants. Ce Haflinger paraît bien adapté à de nombreuses applications rurales. Sa charge utile est de 400 kg.
Steyr Puch Haflinger - Copyright. L'échec coûteux de la P1900 produite à 68 exemplaires en 1956 et 1957 n'empêche pas Volvo de vouloir s'attaquer de nouveau au marché des voitures de sport. La Volvo P 1800 a été présentée en janvier au Salon de Bruxelles. On la retrouve à Genève. Elle est équipée d'un quatre cylindres de 1 780 cm3 de 90 ch Din. L'usine Volvo est en sous-capacité, car elle tourne à plein pour produire les PV 544 et l'Amazon. La recherche d'un sous-traitant s'étant révélée infructueuse en Italie, en France et en Allemagne. Volvo s'est au final orienté vers la Grande-Bretagne. C'est ainsi que Pressed Steel se charge de l'emboutissage, et Jensen installé à Bromwich West près de Birmingham de la peinture, de l'assemblage et de l'aménagement intérieur. Jensen produit déjà son propre modèle à tendance sportive, la 541. La P 1800 n'est pas encore en vente, et les livraisons ne se feront qu'à partir de janvier 1961. Volvo prévoit une cadence quotidienne de 100 voitures.
Volvo P1800 - Copyright.
Beutler
Beutler Porsche - Copyright. Le coupé quatre places exposé cette année à Genève est basé sur une plateforme de Porsche 356, dont l'empattement est porté de 2,10 à 2,40 mètres. Beutler a beaucoup travaillé la question de la visibilité, et insiste sur la minceur des montants. Le cachet d'origine de la 356 n'est pas totalement perdu. La bande chromée longeant le bas de la portière contribue à accentuer l'impression de longueur. Cette voiture, construite en petite série, est destinée aux clients pour lesquels l'espace intérieur et le confort importent plus que les performances sportives.
Beutler Porsche - © Archiv Automobil Revue Garagiste et hôtelier à Lucerne, Emile Enzmann accueillait déjà avant-guerre des célébrités du monde de l'automobile, comme Ferdinand Porsche ou le pilote Hans Stuck. L'un des fils Enzmann a depuis intégré l'usine Volkswagen de Wolfsburg, en tant qu'ingénieur. Cela lui a apporté une excellente connaissance de la Volkswagen, un savoir qu'il peut désormais partager en famille, et qui a été précieux pour la création de l'Enzman 506. VW ne livrant pas de châssis séparés, le carrossier achète des voitures complètes. Il les sépare de leur carrosserie, qu'il revend sans peine à des garagistes locaux, tant le modèle est diffusé en Suisse. Toute la famille s'est associée au projet, mais c'est surtout le fils aîné, médecin pratiquant de son état, qui a eu le mérite de tout mettre en oeuvre pour le réaliser. Il a dessiné la carrosserie en fibre de verre particulièrement aérodynamique. Ce matériau est d'un emploi avantageux pour les petites séries. La 506 se caractérise par l'absence de portières. Toute la carrosserie est ainsi faite d'une seule pièce, à l'exception bien sûr du capot moteur arrière et du couvercle de coffre à bagages à l'avant.
Enzmann 506 - Copyright. Cette construction monolithique confère à l'ensemble une extrême robustesse, et du fait de la suppression des portières, une grande résistance à la flexion. La voiture a été présentée pour la première fois au Salon de Francfort en 1957, sur le stand numéro 506 (d'où son nom). Un marchepied aménagé dans le flanc de la carrosserie permet d'enjamber la paroi pour s'installer à bord. A l'intérieur, ce même marchepied inversé joue le rôle d'accoudoir. Les sièges sont de type baquet, conçus par le docteur Enzmann. La 506 pèse entre 520 et 550 kg selon le niveau d'équipement. Le moteur standard de la VW, le 1 192 cm3 de 30 ch Din, est bien sûr disponible. Dans ce cas, les performances dépassent déjà de manière appréciable celles de la voiture d'origine.
Enzmann 506 - Copyright. L'acheteur peut aussi opter pour l'une des deux autres variantes : 42 ch avec compresseur MAG, ou 45 ch avec un équipement Okrasa, une cylindrée portée à 1295 cm3 et deux carburateurs Solex. Si le compresseur MAG peut être monté après coup, ce n'est pas le cas de l'équipement Okrasa, qui est obligatoirement intégré d'origine. Outre sa version ouverte, Enzmann présente cette année une 506 dotée d'un hard-top basculant. Cette première présence du petit artisan suisse au Salon de Genève est rendue possible par le fait que Volkswagen expose également ses automobiles. Une disposition réglementaire du Salon permet en effet à un carrossier d'exposer ses produits que si la marque fournissant la base mécanique le fait aussi.
Enzmann 506,
hard-top basculant
Enzmann 506, avec hard-top basculant - Copyright Ital Suisse, nouvelle marque choisie par une firme genevoise, a construit selon les plans de Pietro Frua un coach Volkswagen plus élégant que la voiture de Wolfsburg, baptisé Sun Valley. Par une faveur spéciale, sans doute intentionnelle, ce prototype est placé à Genève exactement en face du stand Volkswagen. Dès lors, la comparaison avec la vieillissante VW 1200 est encore plus frappante. Mais Heinrich Nordhoff, directeur général de Volkswagen, est reparti de Salon après son habituelle conférence de presse, sans avoir daigné jeter un oeil sur la proposition de Frua.
Ital Suisse Sun Valley par Frua - Copyright. Frua, après avoir dessiné la Floride, l'Arabella et quelques autres, prouve qu'il est possible d'habiller convenablement le châssis Volkswagen. Pour le même poids et le même encombrement, avec un design moderne, son prototype offre une excellente visibilité, une habitabilité intéressante et un vrai coffre à bagages. La face avant rappelle quelque peu la Chevrolet Corvair. Il serait prévu une production en petite série à destination des Etats-Unis.
Ital Suisse Sun Valley par Frua - © Archiv Automobil Revue L’année 1955 a marqué une rupture majeure dans le style des Alvis. En effet, ses fournisseurs officiels Mulliner et Tickford ont été rachetés respectivement par Standard Triumph et David Brown, propriétaire d’Aston Martin et Lagonda. Ainsi, Alvis s'est retrouvé privé de carrossier. C’est alors que le suisse Graber, qui habille de manière confidentielle des châssis Alvis depuis 1948, a proposé à la marque de Coventry de carrosser ses voitures. Graber est déjà connu pour ses élégantes réalisations, correspondant bien aux goûts des dirigeants d’Alvis et de la clientèle de la marque. Alvis n'a pas de bureau interne de style, et il n'était pas question de s’adresser aux stylistes italiens, jugés par trop extravagants … Graber a donc été reconnu digne de succéder à Mulliner et Tickford, en apportant une touche de modernité aux voitures britanniques. Depuis, on retrouve régulièrement les Alvis Graber au Salon de Genève. En dehors de ses classiques TD 21 (illustration), le carrossier suisse innove cette année avec une surprenante version coach habillée d'un pavillon se terminant par une lunette arrière inversée.
Alvis Graber TD 21 - Copyright. L'arrive en force des constructeurs russes a surpris le public, et confirme l'importance internationale du Salon de Genève. On peut penser que la priorité de l'URSS avec cette présence en Suisse a plus des visées politiques que strictement commerciales, vu l'aspect déjà démodé et le manque d'originalité des véhicules exposées. Le public a découvert la désuète Moskvitch 407 en version berline et break, et la Volga M21, une berline plus puissante. A l'évidence, les constructeurs russes n'ont pas encore intégré les changements de style en cours en Europe de l'Ouest. L'URSS qui a payé un lourd tribut durant la Seconde Guerre mondiale a fait partie des vainqueurs à la fin du conflit. A titre de réparation des dommages de guerre, elle s’est accaparée entre autres des plans et de tout l’outillage destiné à produire l’Opel Kadett, modèle né en Allemagne en 1937, et produit à Rüsselsheim jusqu’en 1940. Les équipements pour fabriquer la Kadett ont été installés au second semestre 1945 dans une usine reconstruite à Moscou. La production a démarré en 1946, sous le nom de Moskvitch.
Le stand Moskvitch - Copyright. La Moskvitch, 402 au style ponton plus moderne que celui de la 400, lui a succédé en 1956. Elle a mené une carrière honorable mais très courte, avec 98 513 exemplaires fabriqués à Moscou jusqu'en 1956. En 1958, la Moskvitch 407 a remplacé la Moskvitch 402, dont elle reprend l'essentiel de la carrosserie. Elle s’en différencie par une nouvelle calandre et une découpe différente des couleurs, et surtout par son moteur inédit, un quatre cylindres de 1 357 cm3 de 45 ch, qui lui permet de rouler jusqu'à 117 km/h.
Moskvitch 407 - Copyright. L’usine GAZ a été inaugurée en 1932 à Gorki, en Russie, sur les rives de la Volga. Elle était chargée par le pouvoir communiste de produire des voitures moyennes et des camions de moyen tonnage. La première GAZ de type A lancée en 1932 ressemblait comme une sœur à la Ford A produite aux Etats-Unis de 1928 à 1932, et pour cause, elle était produite sous licence Ford. En 1936, GAZ abandonnait la Type A pour la remplacer par la berline M1. Ce nouveau modèle était dérivé de la Ford B produite aux Etats-Unis de 1932 à 1934. En 1946, la GAZ M1 était remplacée par la Pobieda, première voiture de la marque conçue en interne. Son style rappelait celui de la Volvo PV444 lancée en Suède fin 1944. La Pobieda est devenue le modèle le plus répandu en Russie dans les années 50, où sa production a cessé en 1957.
Volga M21 - Copyright. Celle qui lui a succédé a été présentée en 1955. Elle se nomme Volga, du nom du célèbre fleuve. La Volga M21 s'inspire des dernières réalisations américaines, notamment la Ford Customline 1952. C'est une grande berline de 4,83 mètres de long, une vraie trois volumes de style ponton. Fin 1958, elle a bénéficié d'une nouvelle grille de calandre, à barres verticales. Saura t'elle séduire au coeur du système capitaliste quelques sympathisants de l'économie planifiée russe ? |