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contacter. Ce fait est involontaire. Le document en question sera
immédiatement retiré. Merci donc pour votre indulgence, pour ce qui n'est
qu'un travail amateur.
Le 41e Salon de
Turin s'est tenu du 31 octobre au 11 novembre 1959. Pour la deuxième fois
consécutive, il a eu lieu en fin d'année, alors qu'il se tenait
traditionnellement fin avril/début mai. Il y a peu encore, le Salon de Turin était le signe d'une ambiance fleurie,
chaude et heureuse. Cette manifestation en novembre, c'est le risque d'un
ciel gris et l'absence de toute décoration florale. Par chance, les
exposants ont contrebalancé cette atmosphère pesante avec des
carrosseries claires, preuve d'une certaine recherche de gaîté.
Il n'y avait donc plus rien à
attendre en matière de nouveautés majeures, après Genève,
Francfort et Paris. Ce sont encore une fois les carrossiers, dont Turin
est le fief incontesté, qui ont " fait " ce Salon. On aime cette foi
ardente qui anime mécaniciens et stylistes, tous férus de performances et
de belles carrosseries. C'est en effet un Salon où l'on ne se contente
pas, comme dans la plupart des autres, d'exposer principalement des
modèles classiques destinés à la grande série.
Il faut pourtant
admettre que l'inspiration échevelée a laissé la place à un certain
pragmatisme. Tous ceux, qui voici quinze ans, fonçaient
tête baissée vers la gloire et la fortune à grands coups de crayon
inspirés, sont maintenant arrivés à leurs fins. Qu'il s'agisse de Pinin
Farina, Touring, Vignale, Ghia,
Bertone ou même Zagato, ces noms
couvrent aujourd'hui des entreprises vouées plus au moins à la moyenne
série, en collaboration avec la plupart des constructeurs italiens, ou à
des études esthétiques pour le compte de marques allemandes, françaises,
anglaises ou américaines.
Il se peut que
certains grands carrossiers italiens soient aujourd'hui prisonniers de
leur style, et qu'en raison d'une incontestable réussite commerciale, ils
ne peuvent s'évader des silhouettes que les constructeurs du monde entier
recherchent avec avidité. Ces rois de la carrosserie ne doivent pas
oublier la fougue de leur jeunesse. Il leur appartient de ne pas se
laisser étrangler par le carcan doré que symbolise la collaboration
étroite avec les grands constructeurs.
C'est un usage bien ancré dans les
traditions chez Fiat, Lancia et Alfa Romeo. Ceux-ci distribuent avec
méthode des plates-formes aux carrossiers. Et c'est heureux, car cela
permet de faire oublier un peu cette omniprésence de Fiat sur son
territoire, qui sans les carrossiers, dominerait tout. Si à Turin, la
moisson est relativement pauvre en " vraies " nouvelles voitures, elle
est par contre très riche en transformations en tout genre.
La place
primordiale occupée par Fiat à ce Salon correspond à son importance en
Italie, où cette firme compte pour plus de 90 % dans la production
nationale. Son stand, très bien aménagé, occupait au Palais Valentino
toute la partie centrale. Non loin se remarquaient également les stands
Alfa Romeo et Lancia, où Giulietta, 2000 et ... Dauphine d'une part,
et Appia et Flaminia d'autre part, étaient les vedettes.
Le marché italien est encore très
protégé de la concurrence étrangère par des droits de douane élevés. Dans
leur pays, les Fiat 500 et 600 sont imbattables, à respectivement 395
000 et 625 000 lires. Une Citroën 2 CV vaut 795 000 lires, une Renault
Dauphine à toit ouvrant 950 000 lires, une Simca Aronde Etoile P60 1 200
000 lires, une Citroën ID 1 950 000 lires.
Les Fiat 1800 et 2100 ont été
présentées à Genève en mars pour succéder aux vieillissantes 1400 B et
1900 B. Le géant italien expose à Turin la
2100 Speciale, un modèle conçu par la division " Carrozzerie Speciali Fiat
". La carrosserie est allongée de 16 centimètres,
les flancs sont débarrassés du jonc chromé, et la face avant reçoit quatre
phares et une calandre plus cossue. L'habitacle est plus soigné et plus
luxueux. Fiat a des ambitions qui restent modestes avec ce modèle. En
effet, vendre une voiture de luxe quand on s'appelle Fiat n'est pas une
sinécure.

Fiat 2100 Speciale
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Ghia présente une automobile
de tourisme aux formes inédites. La Selene, nom de la lune en grec mythologique, est très grande. Il ne s'agit pas d'une voiture lunaire, mais
pour Ghia d'une nouvelle étude de véhicule expérimental après la Gildas et la Dart.
La Selene ne peut pas rouler en l'état. Ce n'est qu'une maquette porteuse d'idées
pour le futur. Et sous cet angle, elle apporte beaucoup. Le poste de
pilotage, complètement en porte-à-faux, fait penser à un cockpit d'avion.

Ghia Selene
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De fait, il est traité dans cet
esprit, et même le volant type " manche à balai " peut indifféremment être
poussé à droite ou à gauche selon les nécessités de la circulation, ou si
pour une raison ou une autre, le conducteur veut passer les commandes à
son voisin. Les quatre places arrière sont disposées comme dans un wagon de
chemin de fer, les passagers étant assis en deux rangs de deux, face à
face. Dans cet habitacle, tout est traité comme dans un petit salon.

Ghia Selene
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On peine au premier regard à
différencier l'avant de l'arrière, et on est presque surpris de trouver le
volant là où il est. L'ouverture et la fermeture des quatre portes
bénéficient d'une assistance électrique. Ghia indique qu'il serait possible d'installer le moteur
soit à l'arrière de la voiture, soit en son centre. Quoi qu'il en soit,
le carrossier a réussi à voler la vedette à de nombreuses autres créations, et le
public s'est abondamment bousculé autour de cet étrange véhicule.

Ghia Selene
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On connaît les
liens existant entre Ghia et Chrysler. Il ne faut donc pas s'étonner de
trouver à Turin une première version spéciale de la récente Plymouth
Valiant, sous la désignation Chrysler 250, plutôt destinée à une
clientèle américaine. Elle mesure 5,12 mètres de long, et elle est
relativement basse à 1,32 mètre. La calandre avancée est agressive. La
double pédale et ses dimensions rappellent ses origines. Le
tableau de bord est par contre typiquement italien. Les sièges sont à mi-
chemin entre le baquet et le fauteuil courant. Les garnitures sont
soignées dans les moindres détails. Cette réalisation surchargée
d'ornements ne devrait pas laisser un souvenir impérissable dans la
coopération entre le carrossier italien et le troisième constructeur
mondial.

Chrysler 250, par Ghia
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Quittant
l'entreprise de son frère Giovanni, Battista Farina (surnommé Pinin) fonde
en 1930 sa propre affaire de carrosserie. Avant-guerre, il habille les
voitures les plus prestigieuses. En 1947, il dessine la
Cisitalia, considérée comme une des plus belles
automobiles de tous les
temps. Celle-ci jette les bases de ce qui va devenir le "
style italien ". Pinin Farina collabore de façon régulière avec les plus grands constructeurs
du monde. L'an dernier, au Salon de Turin 1958, il a exposé un
intéressant coupé monté sur le châssis de la Fiat 1200 Spider, équipé pour
l'occasion d'un moteur Osca 1500 cm3 " twin cam ". Il s'agissait
d'un prologue à la production en série du cabriolet Fiat 1500 lancé durant
l'été 1959, toujours équipé de ce moteur.

Fiat 1500 Coupé par Pinin Farina
- Copyright
Fiat
ne s'intéressant pas à une version coupé, il a volontiers laissé Pinin Farina
prendre l'initiative. Celui-ci présente donc à Turin sa propre interprétation
d'un coupé Fiat 1500, qu'il souhaite produire et commercialiser début
1960. Hormis évidemment le toit, la différence la plus marquante
concerne la calandre qui, sur le cabriolet, est divisée en deux parties, comme
sur la précédente 1200 Spider, alors que sur le coupé, elle est d'un seul
tenant.

Fiat 1500 Coupé par Pinin Farina
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Pinin Farina a construit pour
Giovanni Agnelli, dont le grand-père a fondé la société automobile Fiat en
1899, une Ferrari sur mesure. Son aspect agressif
est en parfaite harmonie avec ses performances. Son V12 de 3 947 cm3 et
340 ch doit lui permettre d'approcher les 300 km/h. Dans le cas présent,
Agnelli aurait demandé à Pinin Farina de créer une Ferrari qui ne
ressemble pas à une Ferrari.

Ferrari 400 Superamerica
Passo Corto Coupé Speciale
par Pinin Farina
- Copyright
La mission semble accomplie, avec une vaste calandre
camionnesque, des doubles phares et un pare-brise panoramique.
La voiture est peinte dans une teinte Luna d'Argento avec une sellerie en
cuir rouge. Sergio Pinin Farina a présenté lui-même cette automobile.

Ferrari 400 Superamerica
Passo Corto Coupé Speciale
par Pinin Farina
- Copyright
Pinin Farina
est l'auteur des lignes des berlines Fiat 1800 et 2100. Peu de temps après leur
présentation, Fiat aurait fait part de son intérêt pour un
dérivé plus performant, sous forme d'un coupé 4 places. Il
pourrait en confier la production à un des nombreux carrossiers italiens.
Cela a stimulé l'imagination de Pinin
Farina lui-même, qui présente sa propre interprétation à Turin. Ce coupé
est d'un dessin simple et élancé, qui procure une impression de souplesse
et de légèreté.

Fiat 2100 Coupé par Pinin Farina
- Copyright
L'idée a été de maintenir dans une
certaine mesure un air de famille avec la berline de série.
On note les montants minces et arqués, la glace arrière galbée et la
moulure longitudinale qui rompt le flanc. Seule la calandre à longues
lames horizontales apparaît inutilement chargée. Ce coupé rappelle
immanquable la
Cadillac Starlight, présentée il y a quelques semaines à Paris.

Fiat 2100 Coupé par Pinin Farina
- Copyright
La Maserati 3500
est en production régulière depuis près de deux ans. Après Touring et
Frua, Bertone nous propose sa propre interprétation. A la demande de l'importateur Maserati
en Suisse, un châssis de 3500 GT a été livré à Bertone. La commande a porté
sur une voiture qui doit rester unique.
Franco Scaglione
signe ce dessin. Sa
création est une synthèse de thèmes chers au styliste. Ainsi, le pavillon rappelle le coupé NSU
Prinz dévoilé il y a un an, de même que les feux arrière pointus, plus imposants ici.
La ligne effilée de l'arrière est liée au capot avant par une arête
profonde, qui, à partir des portes, crée un capot généreux d'une
longueur imposante. L'avant incisif est
l'une des plus belles perspectives de cette voiture, dont les proportions
peuvent par ailleurs prêter à discussion.


Maserati 3500 GT par Bertone - Copyright
Fondé par les
frères Bindo, Ettore et Ernesto Maserati au lendemain de la guerre,
Osca
s'est surtout consacré à la fabrication de voitures de compétition. En
reprenant le moteur double arbre dessiné par leurs soins pour la Fiat 1500
Cabriolet, les frères Maserati ont développé leur propre coupé, simplement
baptisé Osca 1500 GT. Bertone expose à
Turin le prototype d'avant série, selon un dessin de Franco Scaglione. Celui-ci nous a habitué avec la BAT 7 et l'Alfa Romeo Sprint
Speciale à des lignes profilées et arrondies, plutôt plaisantes, bien
qu'opposées à la tendance actuelle de la majorité des carrossiers italiens.
Avec 110 ch sous le capot, l'Osca 1500 Coupé Bertone peut atteindre près
de
200 km/h.



Osca
1500 Coupé par Bertone - Copyright
Simca
a produit un certain effort en exposant, entre autres, un
cabriolet Aronde carrossé par Bertone. A la demande de l'importateur Simca
en Italie, le styliste Franco Scaglione s'est attelé au dessin de cette
voiture qui devrait être vendue en Italie sous le nom d'Aronde Lido.
L'importation d'une Aronde d'usine reste onéreuse. Ces sont donc des châssis
moins taxés qui seront livrés en Italie, et habillés chez Bertone. Un prix est
déjà
annoncé, 1 870 000 lires.


Simca
Aronde Lido par Bertone - Copyright
Ce coupé sur
châssis Alfa Romeo 2000 à empattement raccourci est aussi l'oeuvre de Franco Scaglione
pour Bertone,
le carrossier qui
multiplie les projets pour Alfa Romeo dans l'espoir de décrocher des
contrats d'industrialisation. Sa silhouette se singularise par des glaces hautes et des contours anguleux. Il en résulte un coupé
dénommé Sole, aux
lignes sages et harmonieuses. Trop peut-être ?


Alfa Romeo 2000 Coupe
Sole par Bertone
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Salvador Ruffino, importateur de
Triumph en Italie, a passé commande de 1 000 châssis motorisés de Triumph TR3
auprès de l'usine en Angleterre, alors que le constructeur britannique était au creux de la vague. Un premier
prototype a été exposé l'an dernier à Turin, doté d'un capot plongeant et
de phares carénés. Pour faire face à des problèmes de refroidissement,
toute la face avant a été redessinée de manière plus classique, avec un capot
moteur plat, des phares verticaux et une large calandre. L'esthétique
générale est gagnante. Vignale habille cette voiture dans ses ateliers. La
Triumph Italia mesure 3,94 mètres de long et pèse 988 kg, contre
3,80 mètres et 935 kg pour la TR3 de série. Elle peut rouler à 190 km/h, contre 170 km/h
pour la voiture britannique.

Triumph Italia par Vignale
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L’Appia de troisième série a fait son
apparition au Salon de Genève en mars de cette année. Quelques carrossiers s'y sont
immédiatement intéressés, afin de proposer des carrosseries moins banales.
Parmi ces réalisations, Lancia présente à Turin une berline deux portes habillée
par Vignale, selon un dessin de
Giovanni Michelotti. L'Appia Lusso
apparaît mal proportionnée, avec des voies trop étroites pour une
carrosserie aussi large, un pavillon très haut et des lignes
rectilignes. La Lusso partage certains éléments avec la Triumph Italia, comme
le pare-chocs et les blocs optiques arrière. Sous le capot, on découvre le V4
de 1 089 cm3, qui dispose ici de 60 ch. La Lusso complète une gamme Appia composée de la berline,
du break Viotti, du coupé Pinin Farina et du cabriolet déjà signé Vignale. Mais à 1 800 000 lires, la Lusso est deux fois plus chères que
la berline d'usine.

Lancia Appia Lusso par Vignale
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La berline Lancia Flaminia
dessinée chez Pinin Farina a été lancée au Salon de Turin 1956. Deux ans
plus tard, le constructeur a présenté la version définitive du coupé,
modèle conçu par le même Pinin Farina. Parallèlement, Touring a débuté la
production du coupé GT, plus sportif d'aspect, également intégré au catalogue officiel Lancia. Il
reste donc de la place pour une offre de cabriolet. Vignale tente sa
chance à Turin. Il espère par ce biais séduire Lancia, qui
pourrait lui confier l'assemblage en série de cette automobile.

Lancia Flaminia Spider par Vignale
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Lorsque Fiat a
présenté le cabriolet 1500 à moteur à double arbre à cames, de nouvelles
perspectives ont vu le jour chez tous les carrossiers. Pour Turin, Vignale
a chargé
une fois de plus son fidèle styliste Giovanni Michelotti
de concevoir une version coupé d'intonation sportive. Les deux
partenaires nous
proposent une automobile aux lignes anguleuses et très élancées, en
exagérant quelque peu les traits. Les perspectives pour Vignale sont toujours
les mêmes, produire en petite série une version en parallèle à la version
officielle, et si possible la faire inscrire au catalogue Fiat.


Fiat 1500 par Vignale
- Copyright
Vignale est
omniprésent à Turin. Le carrossier y présente ce coach " En Plein " basé
sur un châssis de berline Fiat 2100. Le capot et le coffre sont en
aluminium. Le reste de la carrosserie est en acier. On a vu le styliste
Giovanni Michelotti plus inspiré. D'ailleurs, la présence d'ailerons
trahit une influence américaine.


Fiat 2100 Vignale En Plein
Source :
https://www.ruotevecchie.org
Pour ce modèle qui doit demeurer unique, et qui est présenté sur le stand BMW dans
une teinte rouge-brun métallisé, Giovanni Michelotti est (encore) à la planche à dessin, Scaglietti à la réalisation de la carrosserie, et Vignale à l'assemblage.
Ce prototype a été fabriqué sur un châssis de BMW 507.
Avec ses lignes anguleuses et ses petits ailerons, il ne parvient pas
vraiment à faire oublier la volupté des lignes du coupé 507 d'usine, qui
s'est pourtant avéré être un échec commercial, puisqu'il n'a été fabriqué
qu'à 254 exemplaires depuis son lancement en 1955. Un prix de vente
excessif semble avoir lourdement pénalisé son attractivité.



BMW 3200 par
Vignale - Copyright
La berline Alfa Romeo 2000 est apparue en
novembre 1957 pour remplacer la 1900, le modèle qui a permis à Alfa Romeo de
sortir de sa torpeur en instituant une vraie production en série. Touring
diffuse via le catalogue du constructeur depuis
1958 un cabriolet sur cette base, et propose cette année à Turin un hardtop. Parallèlement, Vignale tente de s'imposer avec ce nouveau
coupé sobrement dessiné par Giovanni Michelotti.

Alfa Romeo 2000 par Vignale
Source :
https://www.mecanicus.com
Le coupé Maserati
3500 GT a été dévoilé au Salon de Genève 1957. Il est
équipé d'un 6 cylindres de 3 485 cm3 et 230 ch. Son châssis tubulaire est
habillé d'une superbe carrosserie signe Touring. Frua et Touring ont déjà présenté leur propre
interprétation d'un cabriolet, respectivement en 1957 et 1958, sans suite
en petite série. Vignale
expose à Turin sa vision pour une telle carrosserie, qui dit-on, pourrait rentrer en
production au printemps 1960. Cette nouvelle version de la 3500 GT permettrait à
Maserati de confirmer son offensive commerciale en Italie. En effet, ces temps
derniers, il a été immatriculé dans la péninsule plus de " Trident " que
de " Cavallino rampante ".

Maserati 3500 Spyder Vignale - Copyright
Maserati présente un
nouveau coupé de grand tourisme particulièrement ambitieux, la 5000 GT. Le
constructeur de Modène semble s'adresser aux
plus fortunés de ce monde, pour qui même la 3500 GT est une voiture trop commune. Le
moteur V8 de 4 975 cm3 est emprunté à la 450 S de compétition qui vient de
prendre sa retraite. Il développe 350 ch, et permet de rouler jusqu'à 275
km/h. La voiture présentée à Turin est le deuxième exemplaire produit. Le
premier a été vendu au Shah d'Iran. La carrosserie est réalisée par Touring.
On peut regretter l'aspect très - trop - décoratif de la grille de
calandre, mais l'ensemble ne manque pas de force.

Maserati 5000 GT par Touring - Copyright

Maserati 5000 GT par Touring - Copyright

Maserati 5000 GT par Touring - Copyright
Ce n'est pas vraiment un inédit,
puisque la Ferrari 250 GT Berlinette a été dévoilée il y a quelques semaines à Paris. Le châssis
est plus court que celui de la précédente Berlinette. Les carrosseries sont fabriquées chez Scaglietti. Le V12 de 280 ch permet d'atteindre 270 km/h.


Ferrari 250 GT Berlinette - Copyright
Un nom qui fut
d'abord celui d'un simple pot d'échappement commence à compter de plus en
plus parmi les constructeurs italiens d'importance : Abarth. Celui-ci expose à Turin les 2200 Coupe et Spyder, établis à partir
de la Fiat 2100 6 cylindres. La cylindrée de 2 160 cm3 est obtenue par
augmentation de l'alésage. Le levier de vitesses est placé au plancher. L'empattement
est réduit. Grâce à
ses 135 ch (batterie de trois carburateurs double corps
Weber), le cabriolet atteint 186 km/h et le coupé 197 km/h. Ces deux
versions coûtent environ 3 000 000 de lires.

Abarth 2200 Coupé
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Les deux voitures exposées à Turin
n'arborent pas le même visage. Le cabriolet possède des phares doubles
disposés en oblique, tandis que le coupé à une physionomie plus
proche de celle du Spyder 1600.

Abarth 2200 Spyder
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Abarth 2200 Spyder
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L'Abarth 1600
Spyder est l'autre nouveauté d'Abarth à Turin. Dessiné par Giovanni Michelotti et
réalisé par Allemano, ce cabriolet est élaboré à partir de la Fiat 1500,
et équipé d'un moteur double arbre préparé par Osca. Le 4 cylindres de 1 587 cm3 fournit
90 ch.

Abarth 1600 Spider
- Copyright
Serafino Allemano crée son atelier de
réparation de tôlerie à
Turin en 1928. En
1935, il propose sa première création originale. L'usine est détruite
pendant la guerre. A la fin des années 40, son entreprise redémarre sous
l'impulsion d'Enzo Ferrari qui lui commande une carrosserie pour la 166, en
collaboration avec Giovanni Michelotti.
Allemano fait désormais partie des nombreuses entreprises, petites ou
moyennes, qui nourrissent le marché parallèle de la " fuoriserie ",
c'est-à-dire des production hors-série, une spécificité bien italienne. Il présente cette année à Turin sa propre interprétation d'une berline Fiat 600.

Fiat
600 Berlina Allemano - Copyright
En 1952, Pasquale Bordiga et Pompeo
Balzardi font l'acquisition d'un petit atelier de façonnage des métaux. Il
donne à l'affaire le nom de Carrozzeria Caprera, du nom de la rue dans
laquelle ils sont installés. Le carrossier passe progressivement de
la sous-traitance pour des confrères plus grands que lui à
des réalisations plus personnelles, vendues sous sa propre marque. Caprera présente à Turin une berline 4 portes sur base Fiat
600. Les lignes modernisées aux faux airs de Fiat 1800 en réduction sont
agréables à l'oeil, même si l'on constate curieusement la présence d'une
prise d'air sur le capot avant pour une voiture dotée d'un moteur en
position arrière. Malgré l'utilisation d'aluminium pour certains ouvrants,
elle pèse 40 kg de plus que la 600 de série. Son prix est de 980 000
lires. Parallèlement, Caprera expose un joli cabriolet, également sur base
Fiat 600, au même prix de 980 000 lires.

Fiat 600 Spider par Caprera
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La Carrozzeria Colli est fondée en 1932 par Giuseppe
Colli dans un modeste atelier. Il travaille avec son fils Mario, qui prend
sa succession à son décès en 1936. Mario Colli, aidé par trois de ses frères, se
spécialise dans la réalisation de carrosseries sportives en alliage sur
base Alfa Romeo, Fiat et Lancia. Les préparateurs et pilotes sont
demandeur de ce type de production, qui privilégie la recherche de
solutions innovantes et une approche aérodynamique, plus qu'une qualité de
finition absolue. Après la guerre, Colli entame une relation exclusive avec Alfa
Romeo, pour qui il élabore plusieurs dérivés de type giardiniera,
limousine, voiture blindée, utilitaire ... Le carrossier propose
cette année à Turin ce break Giulietta. Les
suspensions et les pneumatiques sont renforcés. Il peut supporter une
charge utile de 500 kg, et atteindre 140 km/h. Son prix est fixé à 1
800 000 lites. Le siège arrière une fois rabattu offre une grande surface de
chargement. Une galerie est fixée sur le toit.

Alfa Romeo Giardiniera
par Colli
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Après le succès des Cisitalia 202, toutes
carrossées par les plus grandes maisons, de Farina à Pinin Farina en
passant par Vignale, l'entreprise de Piero Dusio est entrée dans une phase
de redressement judiciaire en 1949. En 1950 est créée la Società di Exercise
Cisitalia, dirigée par Carlo Dusio, le fils de Piero. Il tente une
relance de l'affaire dans une nouvelle usine, et introduit la Cisitalia 300 DF, un
modèle plus accessible que la 202. Mais la société peine à s'imposer. Carlo Dusio
adopte une nouvelle stratégie en devenant uniquement carrossier, et développe les
modèles de la série 750 DF, pour Derivata Fiat. C'est dans ce
cadre que Cisitalia présente à Turin les 750 DF Spyder et
Coupé. Les prix sont respectivement de 1 450 000 et 1 490 000 lires. Le
petit moteur 735 cm3 développe 45 ch, et permet au coupé d'atteindre 135 km/h. Parallèlement, Cisitalia propose toujours une berline
750 D Berlina Lusso.

Cisitalia 750 DF Spyder et Coupé
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Cisitalia 750 DF Spyder et Coupé
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Bernardo Fissore est à l'origine en 1921
de la Carrozzeria Fissore. Il est
accompagné dans cette aventure par ses jeunes frères Antonio, Giovanni et
Costanzo. Au début, les activités se limitent à la fabrication de
véhicules hippomobiles. A la fin des années 20,
ils entreprennent des travaux de réparations. Le déclic de la création
arrive quand un important concessionnaire Ford leur demande de monter des
carrosseries de camionnettes sur un lot de Ford T. Parallèlement, ils se
mettent à confectionner quelques voitures de tourisme sur mesure. En 1935, Mario, le fils de Bernardo,
rejoint l'affaire familiale. A partir de 1945, faute de travail sur
les voitures particulières, Fissore fabrique des cuisinières à gaz et des
fours. Mais très vite, l'activité de carrosserie automobile reprend le
dessus. Fissore comme d'autres fabrique de petit breaks à carrosserie en bois, sur des châssis
recyclés de Fiat 1100. Puis il s'oriente vers des travaux plus
valorisants, en créant notamment des véhicules publicitaires sur commande.
Dans la seconde moitié des années 1950, Fissore consolide sa présence dans le domaine des giardiniera
avec de nouveaux modèles sur base Fiat 600 Multipla et Fiat 1100. Cette
année, un accord de coopération avec la firme allemande DKW l'a conduit à
concevoir pour le marché argentin un coupé sur base DKW 1000.

Auto Union 1000 Fissore
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Carlo Francesco Lombardi, dit Francis Lombardi,
né en 1897, fut l'un des as de l'aviation italienne pendant la Première
Guerre mondiale. Dans les années 30, il accède à la célébrité par ses défis
aéronautiques. En 1938, il devient construction d'avions d'entraînement en
créant l'AVIA (Azionari
Vercellesi Industrie Aeronautiche). Après-guerre, Lombardi comprend que l'activité aéronautique n'est pas la voie à suivre, et
il se dirige naturellement vers l'Automobile. A partir de
1947, il produit des carrosseries. Il
s'installe à Vercelli. Dans les années 50, il se spécialise dans les
versions allongées. Comme il l'a déjà fait sur la Fiat 1400, Francis Lombardi
étire l'empattement de la Fiat 1800 d'une cinquantaine de
centimètres, et renforce la monte pneumatique et les suspensions
arrière. Ainsi, la familiale Fiat offre sept vraies places. Cette transformation est facturée 470 000 lires.

Fiat 1800 Taxi
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Outre la limousine Fiat 1800, Francis Lombardi propose une multitude de carrosseries spéciales,
que cela soit des cabriolets, des monospaces sur Fiat 500 et Fiat 600, ou
une version quatre portes de la Fiat 600. Il expose
cette année à Turin cet élégant cabriolet bardé d'accessoires
clinquants, dénommé Rocket.

Fiat 2100 Rocket par Françis Lombardi
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En 1950, Andrea Mantelli, fils de Pietro Mantelli, de
la Carrozzeria Italiana qui a été détruite en 1943, revient en Italie
après avoir été prisonnier en Afrique, pour relancer l'affaire
familiale. Il se consacre à l'aménagement
d'ambulances, de véhicules funéraires et publicitaires, et de
camions légers. La Carrozzeria Mantelli fabrique par ailleurs des berlines
Fiat revues par ses soins, sur base 500, 600
et 1100, qu'il commercialise à des prix compétitifs. La recherche esthétique n'est
pas une priorité. Il souhaite surtout offrir à ses clients de
l'espace et du confort. On retrouve cette année Mantelli à Turin avec
un modèle déjà présenté en 1957, mais réactualisé. La
nouvelle face avant fait en effet écho au dessin des grandes berlines Fiat 1800 et
2100.

Fiat 600 Berlina Mantelli
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En 1946, Giorgio Sargiotto, ancien styliste pour
Bertone, fonde avec Edgardo Barbero la Carrozzeria Monterosa à Turin.
L'entreprise
se spécialise dans la production de petits breaks sur
base Fiat 1100 ou Lancia Aprilia, voire sur des voitures d'occasion. La
demande est forte pour ce type de véhicule au sortir de la guerre. Occasionnellement,
Monterosa produit des corbillards et
des ambulances. Plus tard, le carrossier transforme en break des berlines Fiat 1400 et Lancia Aurelia, puis étend
son activité en proposant des berlines et des
coupés sur la plupart des modèles de la gamme Fiat. Monterosa expose à
Turin un cabriolet réalisé sur un châssis de Fiat 1800, à partir d'un
dessin de Giovanni Michelotti. Les lignes sont caractérisées par un
positionnement original des feux de position sur les phares, et par le
dessin de la baguette latérale qui paraît comme montée à l'envers, en
mettant l'accent sur les ailes avant plutôt que sur l'arrière, comme c'est
l'usage.



Fiat 1800 Cabriolet par Monterosa
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Pilote et constructeur de
motocyclettes à ses débuts, Giovanni Moretti produit également des camions
et, à la fin des années 40, des automobiles comme la deux cylindres Cita qui remporte un succès appréciable.
Depuis quelques années, il concentre ses efforts sur la production de
carrosseries sur base Fiat, qu'il s'agisse de breaks, cabriolets ou coupés
... Moretti expose à Turin un prototype de giardiniera sur base Fiat 500. Sur le châssis
Fiat bien connu, il a installé un moteur boxer
de sa propre conception. En plus de disposer d'une bonne capacité
volumétrique, l'habitacle présente un plancher bas, car la traction
avant permet de supprimer les organes de transmission. Connaissant les capacités
industrielles du carrossier turinois qui n'a
assemblé que 116 voitures en 1958, on s'étonne d'une telle diversité de
son offre.


Fiat 500 Giardiniera par Moretti
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La Moretti Golden Arrow dessinée par Michelotti
emprunte son moteur à la Fiat 1500. Retravaillé, sa puissance atteint
110 ch. Ses suspensions sont inspirées de celles de la
Fiat 8V.

Moretti Golden Arrow
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La Carrozzeria Moretti expose par ailleurs un coupé
et un cabriolet Fiat 2100 à quatre places, des automobiles qui doivent
faire face à une concurrence sévère sur un créneau convoité par de
nombreux acteurs.

Fiat 2100 Coupé et
Cabriolet par Moretti
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Fiat 2100 Coupé et
Cabriolet par Moretti
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Après avoir fait son apprentissage à la Carrozzeria
Vittoria, puis Fissore.
Antonio Scioneri fonde en 1943 sa propre
entreprise, un petit atelier de menuiserie et de métallurgie. Après la
guerre, il prend en charge la réparation de véhicules usagés, et s'engage
par ailleurs dans la conversion de camions militaires vers un usage civil. Un défaut de
paiement de l'un de ses clients entraîne sa faillite en 1950. Mais il se
relance en se spécialisant dans l'habillage d'utilitaires et la
fabrication de corbillards. Puis il s'intéresse à la nouvelle Fiat 1100,
en créant de petit breaks, et en 1953, un coupé. L'arrivée
de la Fiat 600 en 1955 lui permet de véritablement prendre son envol. Les
délais de livraison du modèle de série sont très longs. Il personnalise la
Fiat 600 et en améliore la finition, puis les écoule via son propre réseau de
concessionnaires, à des prix certes plus élevés, mais avec des délais imbattables. Son fils
le rejoint en 1956, et les affaires se développent avec la
personnalisation des Fiat 500 et 600 Multipla, Lancia
Appia, Alfa Romeo Giulietta ... Cette année, il présente à Turin un
charmant petit coupé sur base Fiat 600.

Fiat 600 Coupé Scioneri - Copyright

Fiat 600 Coupé Scioneri - Copyright
Alfa Romeo a dévoilé au Salon de
Turin 1957 la berline 2000. Quelques
mois plus tard est apparu le Spider 2000, dessiné et construit par Touring. Sa robe est classique et d'une réelle élégance. L'aménagement
intérieur est plus sportif que celui de la berline, avec un volant à trois branches, des
cadrans ronds et un levier de vitesses au plancher. Au Salon de Turin, un
élégant hard-top est proposé en option.

Alfa Romeo 2000 Spider Touring hardtop - Copyright
Pratiquement
coincé entre Fiat et Alfa Romeo, Lancia mène une existence assez fragile.
Les différentes versions de la Flaminia (Berlina, Coupé, GT) sont
techniquement intéressantes, mais elles présentent un fâcheux point
commun, un prix élevé qui en restreint la diffusion. Quant à l'Appia
qui semble jouir d'une faveur croissante sur le marché italien, elle ne
peut suffire à assurer à elle seule la prospérité de la marque. On évoque
déjà la présentation d'ici un an de la Flavia, une berline de type traction avant
dotée d'un 4
cylindres de 1 500 cm3, qui pourrait relancer la marque, autant en Italie
qu'à l'étranger.
Parallèlement à la
berline de série, Lancia comme ses confrères Fiat et Alfa Romeo produit des châssis nus destinés
aux carrossiers. Certains d'entre eux produisent de véritables séries régulières. C'est le cas de Viotti qui propose ce break
familial Appia Giardinietta intégré au catalogue officiel Lancia. Il dispose d'une longueur
utile de 1,52 mètre une fois le siège arrière abaissé, d'une largeur de 1,28
mètre et d'une hauteur de 0,90 mètre.
La Giardinetta, qui adopte la mécanique de la berline de troisième série,
conserve également sa face avant, tandis que l'arrière se caractérise par un
hayon classique. Le pare-brise est plus
haut que sur la berline. Les sièges avant sont séparés et rabattables pour faciliter l'accès à l'arrière.

Lancia Appia Giardinetta
par Viotti - Copyright
Viotti expose cet
autre utilitaire réalisé sur la base de la Fiat 600. La face avant
quelque peu prétentieuse s'inspire de la Fiat 1800. Le profil chromé qui
l'entoure apparaît excessif. Les premières livraisons sont prévues pour
février 1960 au prix de 900 000 lires. Le dessin de la carrosserie est
signé par Pietro Frua. Le styliste semble s'être inspiré de la Fiat 1800 Familiare,
mais en réduisant le format et en ne conservant que trois portes.

Fiat 600 Giardinetta par
Viotti - Copyright

Fiat 600 Giardinetta par
Viotti - Copyright

Fiat 600 Giardinetta par
Viotti - Copyright

Fiat 600 Giardinetta par
Viotti - Copyright
Zagato, qui est bien connu pour
ses dérivés sportifs à succès, s'intéresse cette année à la Fiat 1500,
mais avec beaucoup de prudence. En effet, il a préparé pour le Salon
de Turin un coupé sobre et élégant. Sa carrosserie est très
éloignée des raffinements aérodynamiques qui caractérisent habituellement
ses créations.

Fiat 1500 par Zagato
- Copyright
Habituellement, le
constructeur français n'accorde qu'une importance secondaire au Salon
de Turin. Cette année, la Régie a accompli un effort particulier
quant à la surface et à la décoration de son stand. On a pu y voir une
jolie Floride blanche d'inspiration très italienne, dont le toit, mû par un mécanisme,
révèle tour à
tour la version coupé et la version cabriolet. Par ailleurs,
presque face à face, une Dauphine Renault et une Dauphine Alfa Romeo ont
permis aux visiteurs de comparer les deux modèles presque
semblables.

Renault Flordie - Copyright
Ce Salon de Turin nous a montré
une automobile italienne dotée d'un visage plus sévère qu'à l'accoutumée,
celui d'une industrie consciente des efforts à réaliser pour tenir son
rang au sein du Marché commun. Elle semble décidée à faire taire quelques-uns de ses élans pour y parvenir. Mais il ne faudrait pas que ces
préoccupations tuent la sorte de joie de vivre qui a toujours été
l'apanage de la voiture italienne.
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