Iso Rivolta S4 et Fidia

La création de la firme Isothermos par Renzo Rivolta remonte à 1939. Son activité de production d'appareils électroménagers est interrompue par la guerre. En 1948, les affaires reprennent avec la fabrication de motocyclettes et de triporteurs. L'entreprise est installée à Varedo, près de Milan. Jusqu'à la présentation de la Rivolta au Salon de Turin en 1962, Iso est surtout connu dans le milieu automobile pour sa petite Isetta, en forme d'oeuf, à ouverture frontale, commercialisée à partir de 1953. Sa production cesse en Italie en 1955, mais se poursuit sous licence notamment par Velam en France et BMW en Allemagne. Iso assure la production de deux-roues jusqu'à l'aube des années 60.

La marque réapparaît en 1962 dans le milieu automobile, avec le luxueux coupé à quatre places Iso Rivolta GT 300. Celui-ci a été conçu pour concurrencer les Ferrari et autres Maserati sur le marché des GT familiales. Renzo Rivolta rêve de devenir l'égal d'un Enzo Ferrari, de faire la une des magazines, de recevoir les célébrités du monde entier dans son usine, bref de sortir d'un certain anonymat, ce que ne lui a pas vraiment permis la petite Isetta. Pour son projet de GT, il n'est pas question d'un somptueux V12 coûteux à étudier et à industrialiser. Un V8 Chevrolet Corvette fera l'affaire.

Iso n'est pas le premier à faire ses emplettes aux Etats Unis pour motoriser ses automobiles. Des constructeurs aussi prestigieux que Facel Vega, AC, Bristol, Jensen, De Tomaso ou Monteverdi ont fait de même. Ces V8 Ford, Chrysler ou Chevrolet qui ne manquent pas de chevaux présentent l'avantage d'un prix de revient moindre qu'une mécanique européenne sophistiquée. Ils rassurent aussi les nombreux clients américains. Les constructeurs avancent d'autres motivations immuables que sont le coût d'entretien réduit, la disponibilité d'un service après-vente, la fiabilité éprouvée des mécaniques ... des arguments qui cachent bien souvent un manque de moyens pour développer en interne un moteur digne de ce nom.

Renzo Rivolta meurt en 1966 à seulement 57 ans. L'affaire est reprise par son fils Piero, alors âgé de 26 ans. Celui-ci, soucieux d'étendre sa clientèle au-delà des GT, présente au Salon de Francfort en septembre 1967 la berline de prestige Iso Rivolta S4. Giorgetto Giugiaro, qui a déjà dessiné les Iso Rivolta GT 300 et Grifo, s'attelle de nouveau à la tâche. A cette époque, le talentueux designer travaille pour Ghia, après un début de carrière chez Bertone entre 1959 et 1965. On retrouve sur la Rivolta S4 quelques traits caractéristiques d'une autre de ses créations, la De Tomaso Mangusta.

A partir de 1969, après qu'une quarantaine de voitures aient été produites, Iso décide de relever le niveau de qualité de la Rivolta S4. Piero Rivolta qui estime que les carrosseries fournies par Ghia souffrent de malfaçons fait le choix de rapatrier cette production dans ses ateliers. Pour bien signifier qu'une étape est franchie, la Rivolta S4 devient Fidia, en référence à Phidias, sculpteur athénien, auteur notamment des frises du Parthénon. Cette nouvelle version est présentée en février 1969 ... à Athènes. Une Fidia est facturée 76 000 francs en 1969. A titre de comparaison, une DS 21 Prestige vaut 22 800 francs, une Jaguar XJ6 33 800 francs et une Mercedes 300 SEL 6.3 69 200 francs.

L'imposante carrosserie de 4,98 mètres de la Fidia semble mal à l'aise sur le châssis étriqué du coupé Rivolta, même si l'empattement est allongé de quinze centimètres. Jusqu'en 1972, la Fidia est équipée du V8 5,4 litres (304 ch SAE) puis 5,7 litres (335 ch SAE) de la Corvette. Ensuite, c'est un V8 Ford de 335 ch SAE qui prend la relève. La General Motors exige en effet des commandes groupées et le paiement des moteurs avant toute expédition, autant de conditions que ne peut supporter la fragile entreprise. La vitesse maximale de la Fidia se situe selon les motorisations entre 220 et 240 km/h. Ce n'est pas une mince performance pour une voiture de 1620 kg. Iso ne survit pas à la crise de 1973, et cesse toute production en 1974. Il a été assemblé 192 exemplaires des types S4 et Fidia.

Iso Fidia - Source : Marc Vorgers

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