Velam, l'Isetta version française


La société Velam décide en 1955 de produire sous licence sur le territoire français la petite Isetta d’origine italienne. Son prix trop proche de la Citroën 2 CV et très supérieur à celui de la Renault 4 CV d’occasion met rapidement un terme à cette aventure, le lancement de la Vespa 400 en 1957 lui donnant le coup de grâce.


La firme française Velam (VEhicules Légers A Moteur) fabrique sous licence la voiturette Isetta à partir d’octobre 1955. Ce modèle très original est un étrange petit véhicule monovolume de 2,28 mètres de long à deux places et entrée frontale unique, avec un moteur arrière, conçu par l’ingénieur Preti, que la firme italienne Iso fabriquera de 1953 à 1956. Ce modèle sera aussi produit en Allemagne par BMW de 1954 à 1962 à 161 728 exemplaires, ce qui est un chiffre fort honorable.

Contrairement à BMW qui monte l’un de ses propres moteurs de moto dans l’Isetta, Velam conserve le moteur deux temps de 236 cm3 d’origine italienne. Ce choix va s’avérer peu judicieux car ce moteur est si bruyant que le niveau sonore dans l’habitacle devient rapidement intolérable. Pour tout arranger, l’étanchéité de la carrosserie est très perfectible. A cela s’ajoute un prix relativement élevé - 300 000 francs - qui place l’Isetta trop près de la Citroën 2CV - 400 000 francs - qui dispose de quatre places, d’un moteur deux fois plus gros et d’un confort supérieur.

En 1955, seulement 1 000 exemplaires de l’Isetta française trouvent preneur en trois mois de commercialisation, et 5 000 sur les douze mois suivants. La production est effectuée dans les usines Talbot de Suresnes, Anthony Lago ayant loué une partie de ses bâtiments devenus trop vastes pour la fabrication déclinante de ses voitures de luxe.

Publicité Presse 1955 - L’Isetta française produite par Velam entre 1955 et 1957 reprend la carrosserie de la version italienne d’origine (Iso), mais ses phares séparés étaient placés plus haut, comme sur la version allemande (BMW).

En 1957, l’arrivée massive sur le marché français de Renault 4 CV d’occasion, après le lancement de la Renault Dauphine en 1956, provoque un effondrement des ventes d’Isetta, avec 1 000 exemplaires au cours des douze mois de 1957. Les Renault 4CV d’occasion sont en effet proposées à des prix largement inférieurs à ceux de l’Isetta, alors qu’elles disposent de quatre places, d’un petit coffre à l’avant et d’un moteur bien plus gros et plus performant.

Velam décide alors d’interrompre sa production en décembre 1957, deux mois après le lancement de la Vespa 400, qui va tenter à son tour de s’imposer sur le marché des voiturettes, sans beaucoup plus de succès. La Vespa 400 vendue au prix de 350 000 francs a donné le coup de grâce à l’Isetta française. Cette décision n’arrange guère les affaires d’Anthony Lago qui ne retire plus aucun bénéfice de la location de ses bâtiments et doit céder son affaire à Simca un an plus tard. En tout, 7 115 Isetta ont été produites par Velam. La firme française a curieusement échoué là où BMW a plutôt bien réussi.

Texte : Jean-Michel Prillieux
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