Gordon Keeble


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La présentation initiale


Lors de sa présentation au Salon de Genève en 1960 sur le stand Bertone, la Gordon GT, son nom initial, ne laisse pas indifférent le public. Cette voiture est l'oeuvre de deux ingénieurs, John Gordon et Jim Keeble, qui se sont retrouvés désoeuvrés après la faillite de leur ancien employeur, la Peerless Motor Ltd.

Les lignes de la carrosserie, signées Bertone, sont à la fois plaisantes et fonctionnelles, prévoyant quatre vraies places pour des adultes et un coffre spacieux. Il s'agit de l'un des premiers dessins du jeune Giorgetto Giugiaro, alors âgé de 21 ans. Un V8 Chevrolet de 4,6 litres équipe le prototype. Cette première voiture est testée par les journalistes de la revue britannique Autocar, qui ne manquent pas d'éloges au sujet de la nouvelle GT.

John Gordon ne tarde pas à présenter sa création aux dirigeants US de Chevrolet, Ed Cole et Zora Duntov, bien connus par les amateurs de Corvette. Ceux-ci donnent leur accord pour la fourniture de 1 000 moteurs identiques à ceux équipant la voiture de sport américaine, et se proposent même d'ouvrir leur réseau de distribution Outre-Atlantique à la petite marque britannique.


Les débuts de la commercialisation


On n'entend plus parler de la Gordon GT avant 1964, année de la création de Gordon Keeble Ltd. Cette nouvelle entité a pour mission de développer et de commercialiser la voiture, qui prend alors le nom de Gordon Keeble GK1. Entre-temps, George Wansborough, ancien directeur du constructeur Jowett, a renforcé l'équipe. C'est en 1964 que les premiers exemplaires sont commercialisés, affichés à des tarifs relativement compétitifs. L'usine s'installe dans les dépendances de l'aéroport de Southampton. La GK1 entre ainsi dans le cercle encore restreint à l'époque des " euro-américaines " de grand tourisme, rejoignant les Facel Vega, Bristol, Iso Rivolta, et autres. Cette stratégie permet à son constructeur d'offrir une voiture à un prix raisonnable et de proposer un service après-vente à l'échelle mondiale.

Les panneaux en aluminium du prototype sont remplacés par une carrosserie en fibre de verre, fabriquée par la société William et Pritchard, fournisseur officiel de nombreux petits constructeurs britanniques. L'habitacle bénéficie d'une finition exemplaire, avec une excellente isolation contre le bruit, la chaleur et les vibrations. Équipée de son V8 Chevrolet Corvette de 5,4 litres et 304 ch, la belle GT britannique atteint 225 km/h. Elle fait jeu égal avec les Jaguar Type E et Aston Martin DB5 en matière d'accélération. Paradoxalement, l'emblème de la marque est une tortue !

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Une existence chaotique


Rapidement, la jeune société doit faire face à une grève chez l'un de ses fournisseurs, ce qui l'empêche de finir totalement le montage des voitures, et par conséquent ne lui permet pas de faire rentrer l'argent nécessaire pour faire tourner l'affaire. Après 18 mois d'activité et d'incessants problèmes de financement, la compagnie est liquidée en mars 1965. Dès mai de la même année, Harold Smith, vendeur d'automobiles à Londres (dont des Gordon Keeble), apporte des capitaux dans l'entreprise, et prend la direction de la Keeble Cars Ltd. La production de la Gordon Keeble IT (International Touring) redémarre dans de nouveaux locaux, mais seulement neuf voitures sont fabriquées.

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La société est  vendue à John de Bruyne en 1968. La Gordon Keeble est revue et corrigée, avec une carrosserie légèrement modifiée à l'avant et à l'arrière. Elle porte désormais le nom de De Bruyne. Mais l'affaire tourne court après la fabrication de deux exemplaires ! La vie des Gordon Keeble a été en définitive bien mouvementée, et parsemée de difficultés et de malchance. Durant son existence écourtée, 99 voitures ont été produites, dont 80 avant la première liquidation de l'affaire en mars 1965.

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Epilogue


Les deux compères, John Gordon et Jim Keeble seront ensuite à l'origine de la création d'une nouvelle société, spécialisée dans la production d'équipements et de consommables pour les laboratoires.

Un club très actif, le Gordon Keeble Owners Club, fondé dès 1970, contribue à la sauvegarde et au recensement des voitures. Plus des 3/4 des voitures ont survécu.

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