Turin 1954
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Alfa Romeo BAT 7 - Copyright La BAT 7 est présentée cette année à Turin. Véritable voiture de rêve, elle emprunte de nouveau ses thèmes au monde de l'aviation, avec des prises d'air suggérant la puissance d'un réacteur et des dérives démesurées. Ces ailerons sont plus développés que sur la BAT 5, afin d'augmenter leur effet stabilisateur. Ils prennent leur envol au niveau du pilier du pare-brise, pour se rejoindre au-dessus de la lunette arrière. La face avant est affinée.
Alfa Romeo BAT 7 - Copyright Fiat a dévoilé il y quelques semaines à Genève le break 1100 Familiare. C'est par contre à Turin qu'il présente les deux nouvelles éditions, revues et améliorées, des berlines 1400 et 1900, sous les désignations 1400 A et 1900 A. Les nouvelles carrosseries affichent un dessin de calandre inédit, des glaces de custode plus grandes et des ailes postérieures de forme plus effilée. Fiat a conservé les mêmes matrices d'emboutissage. Sur la 1400 A, l'insigne de la marque est au milieu de la calandre, entouré d'une moulure, entre deux barres chromées horizontales. Un ornement inédit prend place sur le capot au-dessus de la grille. Ces évolutions allègent et amincissent la physionomie de la voiture. La baguette chromée disposée au-dessous des glaces abaisse la ligne. La taille de la lunette arrière est portée à celle de la 1900. Les ailes arrière ont une forme plus pointue. L'habitacle bénéficie de diverses améliorations de détail. La puissance passe de 44 ch à 50 ch.
Fiat 1400 A - Copyright Le modèle 1900 A subit d'une façon générale les mêmes transformations que la 1400 A. Sa calandre, de forme semblable, contient en outre deux phares anti-brouillard, tandis que les feux de police et les clignotants sont disposés séparément. La baguette latérale chromée de la 1400 A est remplacée par un jonc, positionné plus bas, qui s'étend de l'aile avant jusqu'à l'arrière de la voiture. Une moulure additionnelle borde le bas de caisse. La puissance du moteur atteint 70 ch.
Fiat 1900 A - Copyright La 1900 A Gran Luce est un coupé deux portes particulièrement luxueux, qui s'inspire de certaines réalisations américaines contemporaines. Le dessin de la face avant diffère de celui de la berline. La glace arrière s'arrondit jusque sur les parois latérales. La bande chromée qui orne les panneaux latéraux prend devant la porte la forme d'un zigzag. Elle s'agrémente au niveau de cette brisure d'un petit clignotant bicolore. Ce modèle peut être livré avec une peinture deux tons.
Fiat 1900 A Gran Luce - Copyright La voiture à turbine de Fiat est considérée comme l'un des chef d'oeuvre de ce Salon. Elle résulte de travaux qui ont débutés en 1948 sous la direction de Dante Giacosa, le directeur des études du géant italien. Il aurait été facile et plus rapide pour celui-ci de reprendre les solutions déjà admises en matière de turbine routière. Giacosa a préféré partir d'une page blanche, afin d'acquérir le plus de connaissances possible en la matière. A vrai dire, Fiat Aviation construit déjà sous licence des réacteurs Havilland. Mais ce sont les ingénieurs du service automobile qui ont mis au point cette curieuse voiture expérimentale. Techniquement, le moteur ne révèle rien de très innovant ni de sensationnel. Toutefois, l'ensemble est particulièrement soigné. La Fiat à turbine a permis aux ingénieurs habitués aux moteurs à pistons de découvrir un nouveau domaine qui leur était totalement inconnu.
Fiat à Turbine - Copyright Lancia lance l'Aurelia série II, qui remplace les anciennes Aurelia B10 (1 754 cm3), B21 (1 991 cm3 de 70 ch) et B22 (1 991 cm3 de 90 ch), dont la production a cessé fin 1953. D'une conception générale semblable aux modèles précédents, et d'une ligne pratiquement inchangée, l'Aurelia II s'en distingue par la cylindrée de son moteur, portée à 2 266 cm3 pour 87 ch Cuna. Sans abandonner son caractère sportif, Lancia a mis l'accent sur une plus grande robustesse, pour faire de l'Aurelia II une routière rapide et confortable. La vitesse de 150 km/h est largement suffisante pour les conditions du réseau routier. On remarque un certain relèvement de la ligne arrière, lequel permet de loger verticalement la roue de secours, et d'agrandir le volume du coffre à bagages. L'équipement est en progrès, avec notamment des sièges en tissu de qualité supérieure, des accoudoirs rabattables, des glaces teintées, des volets déflecteurs dans les glaces avant, un dispositif de chauffage et de dégivrage perfectionné, des phares de recul, etc ...
Lancia Aurelia Serie II - Copyright Etant donné que la préparation de l'outillage et des presses pour l'emboutissage de la carrosserie de la future berline Giulietta exige encore un certain temps, l'usine la fait précéder par sa version sportive, la Giulietta Sprint. Etudiée initialement en collaboration avec Ghia, la voiture a été finalisée par Franco Scaglione pour Bertone. Elle apparaît dans une robe très équilibrée, à la fois ramassée et sportive. La calandre étroite et haute avec des ornements latéraux reste d'actualité. Le panneau arrière regroupe en un seul élément la glace de custode et le couvercle du coffre.
Alfa Romeo Giulietta Sprint - Copyright Les 65 ch du 1 290 cm3 entraînent la Sprint à plus de 160 km/h. La cylindrée est identique à celle d'une Peugeot 203, mais sa puissance est supérieure de 50 %. A l'origine, c'est un moteur de 1 100 cm3 qui avait été prévu, mais la nouvelle répartition des classes dans le règlement sportif international pour voitures de sport de série a déterminé l'adoption d'une cylindrée plus forte. La Giulietta Sprint est annoncée à un tarif inférieur d'un tiers environ à celui du coupé Alfa Romeo 1900. Le public du Salon s'est laissé convaincre, puisque près de 3 000 commandes auraient été enregistrées sur place.
Alfa Romeo Giulietta Sprint - Copyright Parallèlement à la 1900 Ti de 100 ch présentée l'année dernière, Alfa Romeo propose à Turin la 1900 Super en lieu et place de la 1900. Le 1 884 cm3 initial de 80 ch est remplacé par un 1 975 cm3 de 90 ch. Des freins plus performants, un confort en progrès et une insonorisation plus efficace caractérisent la 1900 Super.
Alfa Romeo 1900 Super - Copyright Visuellement, elle se distingue de la précédente génération par la présence d'une baguette chromée supplémentaire à l'avant, en forme de moustache, ainsi que par un encadrement chromé doublant le joint de caoutchouc du pare-brise et de la glace de custode. Le dessin des poignées de portes est nouveau, d'imposants butoirs de pare-chocs apparaissent, et les roues sont perforées. Dans l'habitacle, la planche de bord redessinée comporte désormais un compte-tours, un thermomètre de refroidissement et une manette de gaz à main. L'attrait de la 1900 Super réside dans ses caractéristiques de puissance, de sécurité et de confort. Tout en conservant ses qualités sportives, ce modèle a abandonné son écorce un peu rude des débuts.
Alfa Romeo 1900 Super - Copyright L'Alfa Romeo 1900 C Super Sprint succède à la 1900 C Sprint. L'élégante et sportive voiture de luxe s'est muée en une voiture de sport plus gracieuse encore, très luxueuse et plus puissante. Son 4 cylindres qui passe de 1 884 à 1 975 cm3 fournit grâce à deux carburateurs Solex une puissance de 115 ch, soit 15 ch de plus que précédemment. Alfa Romeo annonce une vitesse de 190 km/h. Les écarts entre les différents rapports de la boîte cinq vitesses sont réduits. Extérieurement, la Super Sprint, toujours habillée par Touring, diffère de la Sprint par ses fenêtres latérales et sa glace de custode de plus grandes dimensions, ainsi que par des clignotants logés dans les orifices horizontaux d'entrée d'air de la calandre.
Alfa Romeo 1900 C Super Sprint - Copyright Le département des véhicules utilitaires d'Alfa Romeo qui fabrique des camions lourds, des autobus, des trolleybus et des véhicules tout-terrain présente l'Autotutto, qui s'inscrit dans la catégorie des petits camions légers. Ainsi, le marché italien s'enrichit pour la première fois d'un fourgon à poste de conduite avancé à usages multiples. La version omnibus léger comporte une double porte sur le côté droit. Les dix places assises sont réparties sur quatre rangées. La carrosserie comprend, à côté d'un vitrage qui l'entoure complètement, de nombreuses lucarnes le long de la courbure du toit, ainsi qu'un toit coulissant. Cette version est équipée du 4 cylindres 1 290 cm3, dont la version plus poussée anime la nouvelle Giulietta Sprint.
Alfa Romeo Autotutto - Copyright Sous sa forme de fourgon, on ne trouve qu'une simple porte d'accès pour le conducteur et son passager, de chaque côté de la cabine, plus une porte à l'arrière. L'Autobottega est la version magasin ambulant aux parois latérales rabattables. L'Autocarro est livrée avec un pont découvert. Ces versions utilitaires sont dotées d'un diesel deux cylindres deux temps, de 1 158 cm3 et 30 ch, fabriqué sous licence autrichienne Jenbacher. L'Autotutto est le premier véhicule à traction avant de la marque. Ce type d'utilitaire fait un carton en Allemagne, ou DKW et Volkswagen dominent ce marché.
Alfa Romeo Autotutto - Copyright Les exigences d'un client ont fait perdre à cette Alfa Romeo habillée par Pinin Farina sa légendaire calandre. Seul le logo de la marque est encore visible. De simples butoirs protègent la face avant. L'habitacle est suffisamment vaste et confortable, avec des côtes extérieures pourtant inférieures à celles de la 1900 Ti Super d'origine.
Alfa Romeo 1900 Pinin Farina - Copyright Au Salon de Paris 1953, Ferrari a présenté sur le stand de l'importateur Autoval deux voitures quasiment jumelles : la 375 America dotée d'un 4,5 litres, destinée au marché américain, et la 250 Europa avec un V8 de 2 963 cm3, qui vise le vieux continent, et remplace la 212 Inter. Dans le but de simplifier la production, à part le moteur de cylindrée différente, l'architecture de celui-ci, le châssis et la boîte de vitesses sont identiques sur les deux voitures. Ces derniers mois, plusieurs châssis ont été habillés chez Pinin Farina. L'un d'entre eux est exposé à Turin. On observe sa lunette arrière enveloppante, divisée en trois parties, avec un large montant qui se replie quelque peu vers l'avant.
Ferrari 250 GT Europa - Copyright Ferrari ne possède pas d'atelier de carrosserie. Ce sont donc les clients ou les agents qui confient les châssis à des carrossiers. Grand par sa renommée, Ferrari reste un petit constructeur à l'échelle de l'Italie. Voitures de course et de route confondues, il n'a produit que 33 véhicules en 1951, 44 en 1952 et 57 en 1953. Parmi les différents carrossiers sollicités, Vignale est certainement le plus prolifique. Le tandem qu'il forme avec Giovanni Michelotti n'hésite pas à transgresser les usages pour livrer des automobiles parfois flamboyantes, pour une clientèle extravertie, essentiellement américaine d'ailleurs. Cette Ferrari 375 America d'un jaune canari peu commun atteint 240 km/h.
Ferrari 375 America - Copyright Hudson a présenté à la presse en août 1953 un modèle tout à fait particulier, la Super Jet, bientôt rebaptisée Italia, une désignation certainement plus vendeuse. La voiture est en effet assemblée dans les ateliers milanais de la Carrozzeria Touring. Le châssis et la mécanique arrivent en CKD des Etats-Unis, puis Touring procède au montage et aux essais sur route. La voiture est présentée pour la première fois en Italie. C'est un coupé de Grand Tourisme aux lignes sportives et surbaissées. Son style assez extravagant est signé Frank S. Spring, designer de la maison Hudson. Les formes sont à la fois hardies et quelque peu maladroites. Spring semble avoir abusé des gimmicks esthétiques chers aux voitures de rêve.
Hudson Italia - Copyright Habillée en aluminium, l’Italia est dotée d’un pare-brise panoramique et de phares surmontés de curieuses prises d’air. Les portes sont autoclaves, c’est-à-dire qu’elles empiètent sur le toit, et les feux arrière sont en forme de flèches. Les roues à rayons Borrani fixées par un écrou central sont partiellement cachées, et évoquent plutôt l’univers Nash. La fonction première de l'Italia est de redorer l'image un peu vieillissante d'Hudson, qui n'envisage pas de retirer le moindre profit de sa fabrication. Elle mesure 4,65 mètres de long, 1,78 mètre de large, et 1,37 mètre de haut. Dotée d'un six cylindres de 3,3 litres et 114 ch, l’Italia n'a aucune prétention sportive, contrairement à ce que sa silhouette pourrait laisser croire. Elle atteint à peine les 150 km/h, ce qui est suffisant pour cruiser sur les longs boulevards.
Hudson Italia - Copyright Le pilote et constructeur Bernardo Tarashi, pour qui Motto a déjà assemblé des barquettes de course en 1952, vient de passer au carrossier une nouvelle commande. La Giaur 750 San Remo, un coupé compact, est équipée d'un moteur Giannini à double arbre à cames. Elle confirme le savoir faire de Motto, qui outre la confection de carrosseries, est capable de prendre en charge l'aménagement des habitacles. Avec ce type d'automobile, Motto espère atteindre un public plus large, et faire progresser son chiffre d'affaires, en ne se cantonnant plus exclusivement à la construction de prototypes et de pièces uniques.
Giaur 750 San Remo - Copyright La plus originale contribution de ce Salon au problème de la voiturette populaire est fournie par la marque Panther de Milan, dont le petit coupé deux places est équipé d'un moteur 2 cylindres diesel de 480 cm3 et 12 ch, à refroidissement par air, entraînant les roues avant. Cette microcar apparaît un peu perdue parmi les stands des carrossiers.
Panther - Copyright Parallèlement à la Continental R " de série " ", Pininfarina présente à Turin un modèle unique, de facture un peu plus contemporaine, qui marie la calandre Bentley traditionnelle à un pavillon sportif d'inspiration très italienne. Comme d'habitude, tout ce qui sort de chez Pinin Farina est irréprochable. On peut juste craindre que la fougue des maisons concurrentes laisse un peu en retrait sur le chapitre des lignes ce carrossier trop scrupuleux.
Bentley Continental R par Pinin Farina - Copyright Le stand Ghia attire les foules parce que l'on peut y découvrir ce qu'on aimerait voir sur tous les stands : des automobiles aux formes osées, exécutées avec tout le soin que l'on attribue aux artisans tôliers italiens. Ces artisans, les ouvriers de Ghia en particulier, ont été mis à l'honneur le jour de l'inauguration. Luigi Segre, le dirigeant de la carrosserie, les a réuni autour de lui, et les officiels ont pu saluer ceux qui œuvrent dans l'ombre au renom de la carrosserie italienne. Ghia expose cette année la De Soto Adventurer II, dont la longueur est proche de six mètres, et un coupé bleu et blanc sur châssis Alfa Romeo.
De Soto Adventurer II - Copyright Le coupé Alfa Romeo est équipé du 4 cylindres de la 1900 Sprint, optimisé par Carlo Abarth, grâce notamment à une augmentation de la cylindrée. La carrosserie basse, peinte en deux tons blanc et gris bleuté, est signée Mario Boano, qui a depuis peu pris son indépendance, après sa brouille avec Luigi Segre.
Alfa Romeo 1900 Sprint par Ghia - Copyright Au début des années 1950, Fred Monroe Zeder, fils de Frederic Zeder, personnage clef dans la naissance de la marque Chrysler, est, en dehors de ses activités dans la publicité, pilote d'une Allard à moteur Chrysler. Lors d’une course à Watkins Glen, il est battu par Briggs Cunningham qui conduit une voiture de sa conception. Zeder estime qu’il est tout aussi capable que son adversaire, et se lance dans la fabrication de sa propre machine. Du fait de ses relations, il obtient un châssis spécifique sur lequel il adapte un V8 Dodge de 260 chevaux. La carrosserie est produite chez Bertone en Italie, à partir d'un dessin de Michelotti. La Dodge Zeder dévoilée courant 1953 et exposée cette année à Turin possède une carrosserie interchangeable, et peut se vêtir soit de sa carrosserie tourisme en aluminium, soit de son habillage compétition plus léger en fibre de verre. Le retrait de quatre écrous permet de passer d'une carrosserie à l'autre.
Dodge Zeder - Copyright Pasquale Ermini et né en Toscane. Il débute sa carrière professionnelle en 1927 au sein de l'écurie d'Emilio Materassi. Celui-ci se tue au volant d'une Talbot en 1928. Les activités de l'écurie perdurent jusqu'en 1931. Ermini travaille sur les 8 cylindres Talbot, et côtoie les meilleurs pilotes régionaux. Puis il ouvre son propre atelier, sans abandonner la compétition. Après la guerre, il transforme quelques voitures ordinaires en de petites bombes, avant de créer sa propre écurie de courses. Sur les circuits, il se retrouve côte à côte avec les premières Ferrari. A la suite d'une dramatique sortie de route en course, Ermini met fin à sa carrière de pilote, mais pas à ses ambitions de constructeur et de préparateur. Au début des années 1950, il fait face à une concurrence renouvelée. Ses rivaux ont notamment pour nom Stanguellini et Osca. Pour habiller ses voitures de course, Ermini fait appel à Motto. Cette année, Ermini a conçu lui-même son châssis, et a confié l'habillage à Pietro Frua. C'est cette berlinette que le public découvre à Turin, dotée d'un 4 cylindres de 1 380 cm3.
Ermini 1380 Coupé - Copyright Pinin Farina a depuis toujours habitué son public à l'extrême pureté de ses créations. N'aurait-il pas trop sacrifié à l'aspect sport sur ce coupé Maserati A6 GCS ? L'habitacle est repoussé vers l'arrière, et le pare-brise panoramique affiche un montant qui se retrouve derrière le milieu de l'empattement. Un décrochement amorce le dessin de l'aile arrière. Un double échappement on ne peut plus apparent attire l'attention côté gauche. L'avant présente un capot bas entre les ailes, ainsi qu'un dessin très dynamique de la calandre et des phares, qui sont complètement séparés. Cette voiture étonne. On peut même la trouver belle, mais elle n'est ni confortable, ni très aérodynamique, et il règne dans l'habitacle une chaleur insupportable. En raison d'une implication de plus en plus importante de Pinin Farina chez Ferrari, il ne s'agit pas d'une commande officielle de l'usine. Elle émane en effet de l'agent Maserati de Rome. Cette voiture de course peut être occasionnellement utilisée sur route ouverte.
Maserati A6 GCS Pinin Farina - Copyright Sebastiano Canta s'installe juste après la guerre dans les locaux de l'éphémère Carrozzeria Automobili Torino (CAT). Après avoir produit des pièces pour ses confrères, il propose à partir de 1949 ses premières voitures, sous son propre nom. Pour le dessin, comme d'autres, il fait confiance à l'incontournable Giovanni Michelotti. Sebastiano Canta décède en 1951. Le contrôle de l'affaire est repris par son fils Franco. Le carrossier travaille essentiellement sur base Fiat 1100 et Fiat 1400. Il expose cette année à Turin un coupé 1100, qui ressemble étrangement à la Studebaker Commander. Le constructeur de South Bend s'en serait ému.
Fiat 1100 TV par Canta - Copyright Après s'être essayé à la production de véhicules électriques pendant la guerre, Giovanni Moretti fonde la Moretti Fabbrica Automobili à Turin. Sa première création en 1948 est la Cita, une voiturette à deux places de trois mètres de long, carrossée comme un coupé de grand standing. Depuis la petite entreprise a grandi. Moretti est devenu un habitué du Salon de Turin. Il y présente cette année-là 1200 Gran Sport, un coupé sportif habillé par Motto, équipé d'un moteur Moretti de 80 ch. Le résultat esthétique est étonnant, avec un équilibre des volumes et des proportions qui en fait l'une des plus belles Moretti jamais construite. La 1200 Gran Sport est assemblée à la main. Ainsi, l'habillage peut être différent d'une voiture à l'autre.
Moretti 1200 Gran Sport - Copyright La carrosserie Monviso est fondée en 1944 par Alessandro Casalis, avec l'intention de construire des voitures de sport économiques, dérivées de modèles de grande série. En 1949, sur une idée originale de Giovanni Michelotti, Monviso propose la 1100 Stella Alpina. Elle reprend la calandre de la Fiat 1100 de série, mais les ailes de formes plus carrées sont mieux intégrées à la carrosserie, tandis que l'arrière est allongé. En 1950, l'introduction de la Fiat 1400 permet au carrossier d'élargir sa gamme avec le cabriolet 1400 Royal et le coupé Rondine. Avec le lancement de la Fiat 1900 en 1952, Monviso présente sa propre version sous la forme d'un coupé 2 + 2 dérivé de la Rondine. La même carrosserie est disponible en version 1400. Mais l'entreprise peine toujours à se faire une place au soleil.
Monviso Stella Filante - Copyright Pour se donner un peu d'air, Monviso réalise pour des tiers des travaux de mécanique de précision, construit quelques ambulances et corbillards, en sous-traitance pour Mario Boano, de la carrosserie Ghia. Celui-ci lui confie en effet toutes les commandes concernant ce type d'automobile. Casalis n'abandonne pas le rêve de produire des voitures de sport. Il présente au Salon de Turin 1953 un coupé Fiat 1100, dont quelques exemplaires sont assemblés. Toujours dessiné par Giovanni Michelotti, ce coupé est doté d'une grande calandre ovale dotée d'antibrouillards des deux côtés, dans une composition assez proche de celle de la Fiat 8V de série. Cette année, il présente la Stella Filante, un dérivé spider équipé d'un toit rigide en plexiglas.
Monviso Stella Filante - Copyright La Fiat 1100 TV Antibes est une pièce unique conçue par l'omniprésent Giovanni Michelotti, et construite par Vignale. Le style est élancé. Il se démarque notamment par une bande en bois naturel fixée sous la ligne de ceinture. La voiture est destinée à un client particulier, le Dr Aldo Luino, propriétaire d'une villa à ... Antibes.
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