Jacques Cooper



Jacques Cooper - France - 1931


Naissance d'un père d'origine anglaise (né en France en 1902 après l'arrivée de ses propres parents dans l'Hexagone) et d'une mère sarthoise. Ses parents sont de condition modeste. Il passe ses sept premières années chez sa grand mère maternelle dans la Sarthe, avant de retrouver ses parents à Paris. En mai 1944, les privations de la guerre incitent ceux ci à le renvoyer dans la Sarthe jusqu'à l'automne 1945, où il va poursuivre sa scolarité.

1947

Jacques Cooper se présente au concours d'entrée de l'Ecole Boulle, où il poursuit ses études jusqu'en 1951. Cet établissement dispense à la fois un enseignement général et une formation spécifique au travail du bois. Jacques Cooper se spécialise dans la menuiserie des sièges. 

1951 à 1953

Service national d'octobre 1951 à avril 1953.

1953

Le service de placement de l'Ecole Boulle lui propose son premier emploi au sein de la Compagnie Américaine d'Esthétique Industrielle (CAEI), que Raymond Loewy vient de créer. 

Il y travaille essentiellement sur le design des façades de magasins, sur leur mobilier (rayonnages, têtes de gondoles ... des notions nouvelles à l'époque), sur l'aménagement général de ceux-ci (plan de circulation, implantation des différents étages ...). Les clients de la CAEI ont pour nom Monoprix ou le BHV.

Dans d'autres domaines, Cooper est amené à travailler pour Air France, BP (pompe à essence, mât publicitaire), Valstar, Arthur Martin, SAFT ... et une multitude d'autres marques ayant disparu depuis. Cela permet à Jacques Cooper de toucher à tout, et ainsi de parfaire sa maîtrise de différentes matières, formes, fonctions et clientèles ...

Pour l'instant, sa contribution au domaine automobile se limite à la conception d'accessoires et d'enjoliveurs pour la Peugeot 403, et à l'étude du style extérieur du camion Berliet GAK.

Berliet GAK


Dans le domaine des transports, Cooper dessine en 1956 l'hélicoptère Gouverneur, un projet destiné à se positionner sur le marché de l'aviation d'affaire, que Sud Aviation ne mènera pas jusqu'à l'industrialisation. Avec la présence d'un vrai tableau de bord et d'un carénage, Jacques Cooper donne enfin une allure attrayante à un hélicoptère.

Hélicoptère Gouverneur


Jacques Cooper s'attache à moderniser le tracteur de la Société Française de Vierzon type 201 présenté en 1953. Le résultat de ce travail est le SFV 202, doté d'un vrai habillage d'une certaine élégance, qui sera produit jusqu'en 1960. Cette marque sera reprise par l'américain Case.

SFV 202


Raymond Loewy aime se faire plaisir en créant pour son compte personnel des voitures exclusives. C'est dans le cadre d'une séance photo pour l'une de ces voitures (la Jaguar XK habillée par Mario Boano), alors qu'il accompagne Raymond Loewy, que Jacques Cooper rencontre le journaliste Franck Dominique. Celui ci va publier certains de ses dessins, apportant à Cooper un début de légitimité dans le petit monde du design automobile.

1957

Franck Dominique l'informe que Renault va ouvrir à Reuil le Centre Technique Renault (CTR). Jacques Cooper postule en septembre 1956, mais ne sera embauché qu'un an plus tard, le temps que le CTR se mettre effectivement en route.

Il travaille sous l'autorité de Robert Barthaud à des détails de carrosseries pour différents modèles : 4L, Dauphine, Frégate, Estafette ... Mais ce travail à l'étendue limitée ne lui permet pas d'exprimer la plénitude de ses talents. Frustré par un manque d'autonomie et de considération, il préfère quitter Renault pour rejoindre la General Motors France, non pas la branche automobile, mais la branche électroménager représentée par la marque Frigidaire.

1960

Au programme pour Frigidaire : dessin de tableaux de bord de lave-linges, création de lignes pour des réfrigérateurs, cuisinières, etc ... Il y retrouve un système de management basé sur la liberté et la responsabilité, qui n'existait pas à la Régie.

1963/64

Pour progresser dans sa carrière, il rentre chez Arthur Martin Electroménager. Il y acquiert de nouvelles compétences qu'il saura mettre à profit lors de son retour chez General Motors.

1964/66

Retour à la General Motors, division électroménager, où il crée des appareils fabriqués par Frigidaire, mais vendus sous la marque Singer.

1966

Avec le désir de renouer avec le milieu automobile, il est recruté chez Brissonneau & Lotz. Cette entreprise fabrique alors de petites séries de carrosseries automobiles pour de grandes marques européennes, ainsi que du matériel ferroviaire, que cela soit des rames pour passagers ou des carrosseries de locomotives.

Opel est alors un client majeur de Brissonneau & Lotz. Opel appartient à la General Motors, employeur par ailleurs de Cooper dans sa filiale Frigidaire. Il n'est pas question pour le carrossier français de froisser les susceptibilités de son principal client, en lui prenant l'un de ses collaborateurs. Un accord amiable est trouvé entre les deux parties.

Brissonneau & Lotz souhaite créer son propre bureau de style. Jacques Cooper sera l'homme de la situation, avec un autre français qui le rejoint en 1967, et qui a déjà un très beau parcours chez Mercedes, Paul Bracq. Coïncidence, les deux hommes ont été formés à l'Ecole Boulle.

Les deux stylistes travaillent dans de multiples directions, dans l'espoir d'intéresser les grands constructeurs français, pour lesquels Brissonneau & Lotz serait en mesure d'assurer des productions de petites et moyennes séries.

Paul Bracq, Yves Brissonneau et Jacques Cooper

Projet de Coupé Renault à moteur V8 Gordini

Projet de Coupé Simca à moteur arrière, 1968

Yves Brissonneau à gauche, Jacques Cooper à droite, près d'un projet de sportive à moteur de Renault 16 en position transversale arrière.


1968

En 1968, le lancement du projet d'un train à grande vitesse est à l'origine de contacts entre Alsthom, spécialiste des moyens de traction, et la branche matériel ferroviaire de Brissonneau & Lotz, capable de produire des voitures intermédiaires. C'est dans ce cadre que les talents de Jacques Cooper sont remarqués, et qu'il est invité à tracer les premières esquisses du futur TGV.

1970

Paul Bracq fait le choix de quitter Brissonneau & Lotz pour rejoindre BMW. Jacques Cooper, sollicité par de grandes entreprises comme Simca, Pininfarina et même BMW, n'a jamais répondu favorablement à leurs propositions.

Après divers projets sur châssis Opel et BMW non menés à leur terme, il est demandé à Jacques Cooper d'étudier un prototype de coupé sur base Porsche 914.

Heuliez Murène, dessin de Jacques Cooper


Fin 1970, l'avenir est bien incertain chez Brissonneau & Lotz. Renault est en passe de reprendre en main l'usine automobile de Creil, tandis qu'Alsthom deviendrait propriétaire des installations de l'usine ferroviaire de La Rochelle. On imagine mal Renault donner un quelconque avenir à un projet réalisé sur une base Porsche. Il faut trouver une issue. 

L'étude du projet est donc rapidement menée à son terme, et le maître modèle en bois est acheminé jusqu'à chez Heuliez à Cerizay, où la voiture est assemblée. Ce dénouement permet au moins d'assurer les engagements initiaux vis à vis de Porsche. La Murène est présentée au salon de Paris en 1970. Mais le constructeur allemand ne donne pas de suite positive à cette proposition.

Jacques Cooper se trouve désormais dans une situation assez curieuse. Sa principale activité chez le carrossier de Creil est reprise par Renault, son ancien employeur ... Pour couper court à tout embarras d'un côté ou de l'autre, Cooper fait le choix d'intégrer Alsthom, mais avec une particularité, il y est employé à mi-temps.

L'autre moitié de son temps, il va le consacrer à Heuliez jusqu'en 1973. A Cerizay, le style est réalisé en équipe. Aucun prototype de salon ne portera la signature de Jacques Cooper, mais il a collaboré à la réalisation de la SM Espace, du taxi H4, du tout terrain Citroën M7, et de plusieurs autres projets d'automobiles, d'autocars et d'utilitaires.

Le taxi H4 sur page Peugeot 204, l'un des projets auxquels Jacques Cooper a participé chez Heuliez


Sa collaboration avec Heuliez cesse en juin 1973. Désormais, son unique employeur est Alsthom.

De 1973 à 1987

Travaillant uniquement pour Alsthom, Jacques Cooper poursuit ses travaux sur le TGV. C'est lui qui conçoit la ligne extérieure et les aménagements intérieurs du turbotrain TGV 001. Il crée ensuite le style du TGV Sud Est. Jusqu'à la fin de sa carrière chez Alsthom, il signe la presque totalité des matériels ferroviaires exportés par l'industriel, qu'il s'agisse de locomotives, d'autorails ou de métros (Santiago, Caire ...). Ses créations sont présentes dans une multitude de pays à travers le monde.

L'un des multiples projets de Jacques Cooper pour Althsom


1987

Quitte Alsthom


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