Citroën SM
Citroën dévoilait la SM au salon de Genève en mars 1970. Un peu plus d'un an après, au salon de Paris d'octobre 1971, Heuliez présentait la SM Espace. Celle ci se caractérisait par un toit ouvrant en deux parties, qui s'escamotaient latéralement dans le montant central. Ce montant contribuait à la rigidité de l'ensemble, et permettait à la SM de répondre aux normes de sécurité les plus draconiennes, notamment en cas de tonneau. L'ouverture de ce toit était manoeuvrée électriquement. Chaque côté pouvait se déployer indépendamment l'un de l'autre, et ceci de manière graduelle. Les avantages d'un tel système sautaient aux yeux : protection du toit ouvrant contre le vandalisme, parfaite étanchéité à l'eau et aux courants d'air, suppression des bruits aérodynamiques, simplicité de mise en oeuvre lorsqu'il s'agissait de profiter du soleil ... L'habillage de l'habitacle avait été totalement repensé à l'aide de matériaux plus nobles, mais avec un mariage assez choquant des teintes : une peausserie gris vert sur le tableau de bord, le volant, la console, les assises de sièges et les pare-soleil, par opposition à un agréable cuir beige clair dans le reste de l'habitacle. Entre autres détails, on pouvait noter la présence d'enjoliveurs de roues pleins et chromés qui remplaçaient ceux de série, mais aussi les neuf lamelles en plastique noir qui recouvraient la lunette arrière, le logo de custode spécifique et les deux sorties d'échappement rectangulaires en lieu et place des modèles ronds de Citroën.
Le magazine " l'Automobile " décrivait ainsi la voiture dans le numéro 306 de novembre 1971 dans son compte rendu de visite au Salon de Paris : " Poursuivant des travaux et ses recherches dans le domaine automobile, cette société s'est intéressée tout spécialement à la Citroën SM à laquelle elle a apporté un certain nombre de solutions intéressantes. L'essentiel de ces transformations porte sur le toit ouvrant. Celui-ci, constitué en 2 parties et 7 caissons, s'escamote latéralement dans la partie centrale qui avec la partie AR fait office d'arceau de protection. Commandé électriquement, l'ouverture des deux demi toits peut être simultanée ou indépendante, elle peut également actionner l'ouverture de toutes les vitres. Le hayon arrière possède une série de lamelles horizontales sous lesquelles figure une glace qui s'efface, elle aussi, pour éviter les remous d'air dans l'habitacle lorsque l'on roule toit grand ouvert. A noter qu'un système de fermeture du toit entre en action à partir d'une vitesse donnée du véhicule. En ce qui concerne l'équipement intérieur, on note la présence d'une série de commandes type aviation fixée au montant avant de pavillon. L'éclairage intérieur est assuré par une rampe placée sur la partie fixe et centrale du toit. La sellerie a été étudiée spécialement dans sa qualité comme dans ses couleurs. L'ensemble est traité en cuir que ce soit sur le tableau de bord ou sur les sièges qui comportent chacun un appuie-tête réglable incorporé à leur dossier. Les enjoliveurs de roue sont entièrement chromés et les embouts d'échappement sont de forme rectangulaire. Baptisée " Espace ", cette SM pourrait entrer en production si les accords entrepris avec Citroën aboutissent. Les prévisions portent sur 150 modèles par an alors que le supplément de prix serait de l'ordre de 15000 F " (NDLR, prix catalogue de la SM, 50500 F).
La SM Espace, telle qu'elle fut présentée au Salon de Paris 1971, avec son habitacle original. La SM Espace du Salon de Paris 1971 réapparaissait au salon de Bruxelles début 1972, où elle arborait un habillage extérieur et intérieur identique à celui d'une SM de série. La jalousie de lunette arrière avait disparu. Cette première voiture fut ultérieurement détruite par le carrossier.
La SM Espace par Heuliez dans sa version Salon de Bruxelles 1972
Citroën SM de présérie
La SM Espace sur le stand Heuliez, dans sa version originale, Un second exemplaire de la SM Espace fut réalisé en 1972 à destination d'Henri Heuliez, dans une teinte qu'il affectionnait en particulier, le bleu métallisé. C'est cette voiture qui fut conservée jusqu'à nos jours dans les réserves d'Heuliez, et mis en vente le 7 juillet 2012 par Artcurial. Elle était décrite comme étant en bon état de conservation, tournante, avec une nouvelle batterie et de nouvelles sphères avant et arrière. Fait rare dans cette vente, la voiture disposait de sa carte grise d'origine. Estimation : 200 000 à 400 000 euros - Montant de l'enchère : 109 605 euros avec les frais.
Pièce maîtresse du conservatoire Heuliez (juin 2009), la SM Espace n'a rien perdu de sa fraîcheur.
Vente Artcurial, 7 juillet 1972, source : http://www.artcurial.com Les designers de Cerizay imaginèrent une SM dotée d'un arrière équipé d'un réceptacle à bagage, façon pick-up. Sur l'illustration ci-dessous, on observe que la principe d'une lunette arrière descendante fut envisagé. Ce projet demeura lettre morte.
La SM apparue en mars 1970 en version deux portes aurait très bien pu être aménagée en berline quatre portes. La longueur de son empattement le lui permettait. Les dirigeants de Citroën, après mure réflexion, renoncèrent à cette option. Le marché de la berline de prestige paraissait en effet trop étroit aux financiers du groupe pour envisager un tel développement. Cela n'empêcha pas Citroën de lancer une consultation auprès de trois carrossiers : Heuliez, Chapron et Chausson. Ce qui n'était pas rentable pour un grand constructeur pouvait le devenir pour une entreprise de taille moyenne.
Yves Dubernard proposa différentes esquisses pour une berline SM. La voiture illustrée ci-dessus et ci-dessous conservait la poupe de la SM de série. La voiture verte était plus ambitieuse. Elle perdait la fameuse bulle arrière, au profit d'un coffre plus classique.
Sur cet autre illustration du styliste, la SM se voyait dotée d'un avant de Citroën CX, sans que le capot et les ailes soient modifiés. Le résultat était peu concluant, avec un contraste trop important entre l'avant très (trop ?) épuré et l'arrière complexe. A l'analyse des croquis, on se rend bien compte qu'il s'agissait en fait d'une proposition d'Heuliez d'habiller un châssis et une mécanique CX avec une carrosserie de SM.
Chapron eut plus de succès. Peut être bénéficiait il aussi de plus de légitimité que Heuliez dans ce domaine. Sa berline Opéra (photo ci-dessous), présentée au salon de Paris en 1972, reprenait de la version du carrossier de Cerizay le principe d'une carrosserie trois volumes. Huit voitures furent produites par Chapron jusqu'en 1975.
Yves Dubernard travailla à partir de 1972 sur un possible restyling de la SM. Ses projets adoptaient des lignes plus classiques que l'original. Comme pour les deux berlines SM, ces esquisses demeurèrent au stade de l'étude.
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