Citroën M7

Au début des années 70, l'armée française songeait à rajeunir son parc de véhicules 4 x 4, principalement constitué de Jeep Hotchkiss.

Le cahier des charges prévoyait que le futur engin puisse transporter quatre militaires avec leur paquetage, qu'il dispose d'une radio, et surtout qu'il puisse être héliporté et parachuté. Renault, Peugeot et Citroën furent consultés par le Ministère de la Défense, tandis que Simca, sous le contrôle du groupe américain Chrysler, fut écarté de l'appel d'offre.

Citroën confia à Heuliez cette étude. Celui ci décida de partir des trains roulants et de la mécanique de la GS. L'utilisation de la suspension hydropneumatique ne pouvait selon les ingénieurs que favoriser les capacités de franchissement du 4 x 4. Plusieurs esquisses furent réalisées par Jacques Cooper, auteur de la VW Porsche Murène en 1970. Le styliste étudia même quelques versions civiles.

Projet d'une version militaire sans porte avec une bâche

Autre projet d'une version militaire avec quatre portes et une face avant assagie

Projet d'une version civile fermée à deux portes

Projet d'un pick-up civil

Le prototype statique utilisait le volant recouvert de mousse de la GS, et le compteur kilométrique de l'Ami 8. Il fut présenté à la direction de Citroën dans une teinte beige sur un décor de sable et de roche, à côté d'une berline GS de série.

Maquette en plâtre de 1973

Après validation par l'état major de l'armée, un prototype roulant fut fabriqué en 1974 afin de tester les capacités de la M7. Les essais réalisés en tout terrain furent concluant, mettant en évidence l'intérêt des suspensions hydrauliques pour ce type de véhicule.

Cette même année 1974, Peugeot venait au secours de Citroën, en pleine déroute financière. Le constructeur sochalien n'était pas vraiment un adepte des solutions originales, et le principe même de la suspension hydropneumatique l'effrayait quelque peu.  Par ailleurs, l'armée française préféra se limiter à une mécanique plus rustique et plus simple à entretenir. Finalement, le projet ne fut pas retenu par les militaires. Cela n'était pas trop pour déplaire à Peugeot, qui était alors contraint de tailler dans les coûts de fonctionnement de Citroën, et de faire l'impasse sur des objectifs non prioritaires ou trop coûteux à réaliser.

La carte grise de la GS qui servit de base

Prototype roulant

Le prototype roulant de la M7 fut restitué à Heuliez. Comme ce fut déjà le cas avec la SM Espace, Henri Heuliez le fit repeindre en bleu métallisé, sa couleur préférée, pour son usage personnel. 

La M7 sur plate forme Citroën au sein du conservatoire Heuliez (juin 2009)

Photo Jacky Wirtgen - Notez le volant typiquement Citroën

Certaines esquisses permirent d'imaginer ce 4 x 4 arborant le logo de la marque Panhard. C'était d'autant plus logique que Panhard, propriété de Citroën depuis 1965, était (et est toujours) un fabricant de matériel militaire.

Le 4 x 4 de Heuliez sous le logo Panhard


Heuliez n'abandonna pas pour autant toute idée de développement d'un 4 x 4 à usage militaire. La base du véhicule présenté ici, de type Heuliez-O (pour Original), est celle d'un Daihatsu F20 (plus connu sous le nom commercial de Taft) de la fin des années 70. Curieusement, on distingue sur la calandre le logo Ligier. Cela peut-il laisser présager d'une collaboration entre Heuliez et Ligier sur ce projet ? Le moteur, un 4 cylindres diesel de 2498 cm3, était de fabrication Peugeot, type XD3 (155).

Ce prototype fut homologué à titre isolé en septembre 1983. Dans sa demande, Heuliez précisait que ce 4x 4 avait été réalisé " avec des éléments de fabrication française sur la base d'un véhicule importé ". Il devait " surtout servir de véhicule de démonstration en vue d'une éventuelle production française, et n'être utilisé que très rarement dans des conditions classiques (?) ". 

Heuliez-O, sur base Daihatsu F20


Tout ne fut pas perdu pour Peugeot, puisque qu'à partir de 1981, celui ci parvint à placer le P4, une triste adaptation du Mercedes G équipé d'un moteur 4 cylindres Peugeot essence ou diesel. L'armée française fit l'acquisition de 13 500 unités du P4 produit à Sochaux, puis à partir de 1985 de 6000 autres exemplaires fabriqués dans l'usine Panhard de Marolles-en-Hurepoix.

Le Peugeot P4


Le prototype de la M7 du Conservatoire Heuliez a été mis en vente le 7 juillet 2012 par Artcurial. En bel état de présentation, il affichait 358 kilomètres au compteur. La mécanique était tournante et la suspension hydraulique fonctionnait. Le véhicule disposait de sa carte grise et du numéro de série de la base GS d'origine datée de novembre 1971. Estimation : 8 000 à 16 000 euros - Montant de l'enchère : 8 120 euros avec les frais.

Source : http://www.artcurial.com

Source : http://www.artcurial.com

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