Veritas, hergestellt in Deutschland
Veritas était un constructeur allemand de voitures de sport créé en 1947 par Ernst Loof, Georg Dietrich et Lorenz Meier qui au départ prennent pour base une BMW 328 d'avant-guerre. Veritas participe à des épreuves sportives dès 1947. La production de Veritas reste très marginale et l'entreprise cesse ces activités dès 1953. Une renaissance de la marque est évoquée au début des années 2000 mais n'aboutira pas. Les origines Veritas trouve ses origines dans une période trouble, celle de l'occupation de la France par les nazis. Trois militaires allemands, unis par leur passion de l'automobile, se rencontrent par hasard à Paris. Ces ingénieurs sont pour différentes raisons en relation étroite avec les équipes de BMW. Goerg Meier s'est illustré avant-guerre sur circuit au guidon d'une moto de la marque. Ernst Loof a travaillé dans le cadre du programme sportif de BMW, en particulier à la conception des barquettes 328. C'est aussi un pilote de moto reconnu, qui a remporté de nombreux succès avant-guerre pour Imperia et BMW. On s'accorde à dire que le concept de la Veritas lui revient. Enfin, Lorenz Dietrich dans le rôle de directeur a acquis une expérience commerciale avec BMW, mais il a aussi dirigé des équipes motocyclistes.
Georg Meier (1910-1999), Lorenz Dietrich et Ernst Loof (1907-1956) Meier, Loof et Dietrich se retrouvent en Allemagne en 1946. Ils s'installent à une trentaine de kilomètres de Baden-Baden, en Forêt Noire, dans trois modestes baraquements en bois. Ils vont faire face à de nombreuses difficultés pour mener à bien leur projet qui consiste ni plus ni moins à créer une nouvelle marque automobile qu'il ont baptisé Veritas, la vérité en latin. Les matières premières en particulier sont difficiles à trouver. Par ailleurs, les alliés qui occupent le pays interdisent la production de tout moteur excédant 1 000 cm3. La recherche d'une solution alternative s'impose.
A la source du projet - Source : http://www.oldtimer-freunde-messkirch.de Veritas à moteur BMW Elle consiste simplement à emprunter le moteur à une auto déjà existante. Pour acheter une Veritas, il faut d'abord apporter chez les trois compères une BMW 328 d'avant-guerre. Le moteur, la boîte de vitesses, les essieux et le châssis sont prélevés. Ce dernier conserve ses pièces principales, mais il est allégé et renforcé. Le moteur de la 328 est déjà très réputé. Il s'agit d'un 6 cylindres à soupapes en tête et une culasse hémisphérique en aluminium si robuste qu'un certain nombre de constructeurs européens tentent de se l'approprier après la Seconde Guerre mondiale. L'avionneur Bristol y parvient pour lancer sa propre marque automobile. Les voitures sortant des ateliers de Veritas ont des carrosseries plus enveloppantes et plus légères que celles des BMW donneuses, grâce à l'utilisation à des fins civiles cette fois de techniques perfectionnées pendant la guerre. Les premières Veritas de 1948 sont donc des BMW Veritas. Il s'agit alors en Allemagne de la seule marque susceptible de livrer des voitures de course complètes et efficaces au cours de ces premières années d'après-guerre. Les Veritas concourent dans la catégorie des " sport-wagen " sur différents circuits locaux, où elles se constituent un palmarès honorable.
A la demande du constructeur de Munich, le préfixe BMW disparaît du nom de la marque. Veritas déménage à Messkirch, en zone d'occupation française, où les autorités se montrent assez tolérantes envers une activité qui est loin d'être stratégique pour le relèvement de l'Allemagne. Environ 25 ouvriers façonnent les voitures selon les desideratas des clients.
Veritas RS Quelques pilotes avisés qui ont entendu parler de Veritas engagent des voitures dans des épreuves à l'étranger. A défaut de combattre sur le plan mécanique avec une concurrence mieux armée, en particulier celle de Ferrari, les performances du châssis tubulaire conçu chez Veritas permettent de nouveau de tutoyer les podiums à l'issue des courses. A l'époque, la concurrence s'en tient aux châssis en échelle plus simples mais moins performants. Porsche ne domine pas encore la compétition. Constamment améliorées, jusqu'à perdre toute ressemblance avec la base BMW d'origine, les Veritas deviennent de petits bijoux d'efficacité. Le palmarès des Veritas ne cesse de grandir. Les commandes affluent, mais la production est constamment ralentie par des problèmes d'approvisionnement, eux-mêmes liés à des difficultés de trésorerie. Plus inquiétant encore, la fourniture en anciens moteurs BMW 328 devient au fil du temps problématique, en raison de leur raréfaction. Veritas à moteur Heinkel Pour acquérir son indépendance, en 1949, Ernst Loof fait concevoir par Eric Zipprich et produire par l'avionneur Heinkel un nouveau six cylindres de deux litres. Selon l'usage, sa puissance varie de 100 ch (tourisme) à 150 ch (course). Avec Karl Hurth, spécialiste des transmissions, Loof développe une innovante boîte de vitesses moderne à cinq rapports. La 100 PS, une Veritas et non plus une BMW Veritas, adopte différentes désignations suivant le type de carrosserie : coupé Saturn, décapotable Scorpion, voiture de sport Comet. Comme un grand constructeur, Veritas propose désormais une véritable gamme. Baur assure la production des carrosseries.
Extrait du catalogue diffusé lors du Salon de Genève 1950 Des problèmes de fiabilité du nouveau moteur sont à l'origine d'importantes déconvenues. Veritas ne dispose hélas pas des ressources nécessaires pour corriger les défauts de jeunesse de sa voiture et pour financer des développements plus poussés. La spirale qui va conduire à la perte du petit constructeur est enclenchée. L'image écornée sur les circuits a une influence néfaste sur les ventes des versions de tourisme, d'où un manque accru de trésorerie, et donc un défaut de moyens pour remédier à ces problèmes ... Les Veritas en France Les Veritas sont importées en France dès 1949 par André Chardonnet. Il en vend à plusieurs pilotes, dont Roger Loyer et Raymond Sommer. Il assure cette année-là leur présentation au Salon de Paris. C'est le premier salon de sa longue carrière d'importateur à l'enseigne de METEOR - MEcanique et Technique, Etude, Organisation, Réalisation -, société française ayant son siège à Paris, près de la Bourse, et créée pour l'occasion. Mais c'est pour Chardonnet un échec. Construites de manière artisanale, les Veritas coûtent une petite fortune, l'équivalent de trois fois le prix d'une Mercedes 300. Aucune voiture n'est vendue dans l'Hexagone. Chardonnet est devenu un spécialiste de la marque à l'hélice en rachetant après-guerre aux Domaines toutes les BMW qu'il a pu trouver. Sa voiture préférée est la fameuse 328, dont il connaît tous les secrets. Chardonnet, qui s'est lié d'amitié avec les gens de chez Veritas, est fasciné par leurs solutions d'avant-garde. Il apporte aux Allemands toute l'aide possible. C'est lui qui fournit notamment les premiers carburateurs modernes dont le petit constructeur a besoin. Il devient pilote essayeur de la marque, et court même à plusieurs reprises sur Veritas. Veritas qui a jusque-là produit 78 voitures sous son nom est condamné à la faillite une première fois en 1950. André Chardonnet n'est pas impliqué financièrement dans l'aventure. Il n'a donc jamais perdu d'argent, et a au contraire beaucoup appris. C'est aussi grâce à Veritas qu'il rencontre au Salon de Paris les responsables du constructeur britannique Bristol, dont il devient l'importateur. Veritas Nürburgring Une nouvelle entreprise est constituée en 1951 en louant des locaux à Auto Union. Ceux-ci sont situés près du circuit du Nürburgring, tout récemment reconstruit. Ernest Loof est à la manoeuvre. La société ne s'appelle plus Veritas, mais Automobilwerke Ernst Loof Gmbh, même si la désignation commerciale Veritas est encore utilisée pour les voitures. L'ingénieur, aidé par BMW, présente une nouvelle automobile à mécanique six cylindres de deux litres, la bien nommée Veritas Nürburgring. Mais celle-ci n'est pas plus profitable que les modèles précédents, et BMW finit par racheter la marque et les brevets en 1953. Selon les sources, entre six et vingt voitures auraient été assemblées, certaines équipées de mécaniques Ford et Opel.
Veritas Nürburgring Ernst Loof est engagé par BMW. De sa collaboration avec le constructeur de Munich, il va laisser l'étude d'un projet pour un cabriolet sportif. Mais c'est l'oeuvre d'un autre designer, Albrecht Goertz qui est retenu pour donner naissance à la BMW 507. Ernst Loof meurt en 1956.
Le projet sans suite d'Ernst Loof pour une future BMW sportive Dyna Veritas Lorenz Dietrich n'est pas plus heureux en affaire. Il a le temps de produire à Baden-Baden 176 exemplaires de la Dyna Veritas équipées du flat-win Panhard de 744 cm3 et 32 ch, avant de faire faillite à son tour en 1952.
Dyna Veritas
Extrait de l'Auto Journal, numéro 7 du 1er juin 1950 La Dyna Veritas peut aussi prendre des allures de voiture de sport, comme en témoigne le cabriolet Veritas Dyna Sport présenté en 1952, aux faux airs de Jaguar XK 120.
Veritas Dyna Sport, 1952 Revival En 2001, la marque Veritas est relancée par une petite entreprise connue sous le nom de Vermot AG. Elle présente une sportive animée par un V10 BMW de 5 litres et 507 ch. Son constructeur annonce une vitesse maximum de 347 km/h. La RS3 mesure 97 centimètres de haut, pour une longueur de 4,68 mètres et une largeur de 2,02 mètres. Prévue pour être produite à 30 unités, et commercialisée à partir de janvier 2010, son prix est annoncé à 340 000 euros. Aucune production ne semble jamais avoir été lancée. Veritas RS 3, 2001
Texte : André Le Roux / Jean-Michel Prillieux |
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