Imperia, la voiture belge de qualité
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L’Imperia 18/24 CV lancée en 1912 est déjà une vraie voiture de luxe. En 1914, à la veille de la Première Guerre mondiale, Imperia commercialise une gamme de voitures de construction soignée, toutes dotées de 4 cylindres à soupapes latérales de 1,8 litre, 2,6 litres, 3,6 litres et 5 litres. Copyright Les Imperia-Abadal En 1913, la société construit parallèlement une voiture sportive. Francesco Abadal, représentant général d'Imperia en Espagne, a demandé à la firme belge de produire une automobile sportive de même conception que la célèbre Alphonse XIII d'Hispano Suiza. Imperia lance alors un modèle qui, son radiateur en coupe-vent excepté, est la copie exacte de l'Hispano Suiza. Ces voitures font non seulement sensation lors des derniers salons automobiles de l’avant-guerre, mais elles participent également à des compétitions sportives où elles se classent souvent dans les premières places. La guerre de 1914/1918 met un frein au développement d'Imperia, mais aussi à celui de toutes les marques automobiles belges. Le territoire est en effet occupé par les Allemands et le pillage des machines par les occupants met à mal la reprise après la fin des hostilités. Cette situation permet à l’industrie automobile américaine de s’imposer assez rapidement sur le marché belge et européen, dans la catégorie des voitures de luxe, ce qui a pour conséquence une difficulté pour les constructeurs de petite taille de survivre. La production automobile belge qui était importante avant 1914, malgré son caractère artisanal, disparaît presque complètement. Seules quelques marques résistent à l’arrivée des voitures d'outre-Atlantique, mais cette survie n'est que provisoire. Imperia change de main En 1919, Imperia achète le brevet de fabrication de l’Abadal espagnole, et propose un Type E de 3 litres et un Type T de 3,6 litres qui ressemblent à une Hispano Suiza agrémentée d’un élégant radiateur en coupe-vent qui va équiper toutes les Imperia. Ces voitures sont vendues sous l’appellation Imperia-Abadal. En 1920, Springuel revend son entreprise à un jeune et dynamique chef d’entreprise, Mathieu van Roggen, qui entend lancer une gamme de voitures moins coûteuses pour augmenter le volume de production de l’usine de Nessonvaux. Le nouveau patron redonne vie et vigueur à la marque Imperia. Celle-ci redevient une entreprise prospère par son succès commercial et surtout par la qualité de ses automobiles.
Entre 1919 et 1923, les Imperia deviennent des Imperia-Abadal en référence au constructeur espagnol Abadal qui a construit des voitures de 1912 à 1923 et avec lequel Imperia a passé un accord de partenariat. Copyright Van Roggen engage un jeune ingénieur, Arnold Couchard, qui met au point une 8/12 CV dotée d’un moteur sans soupapes dont Minerva va s’inspirer pour ses futurs modèles. L’Imperia 8/12 CV donne un nouveau souffle à la marque qui devient accessible à une plus large clientèle. Cependant, Imperia n’abandonne pas pour autant le segment du luxe, grâce au lancement de l'Imperia-Abadal 8 cylindres de 6 litres, comme l’Isotta-Fraschini Tipo 8, sa principale concurrente. Tirant profit de l'expérience acquise par les fabricants d'avions pendant la guerre, Imperia dote cette voiture d'un moteur très performant. Comme toutes les Imperia depuis 1919 cette voiture est équipée d'un radiateur en coupe-vent. Une version sport de 3 litres perpétue la lignée de la première Imperia-Abadal. L’époque des acquisitions Durant les années 20, Imperia rachète plusieurs marques automobiles en difficulté, telles que Metallurgique en 1927, Nagant en 1928 ou Excelsior en 1929. Jusqu'en 1932, le groupe prend le nom d'Imperia Excelsior. Le terme Excelsior est ensuite abandonné. L’entreprise belge s’associe en 1929 et pour un temps avec le constructeur français Gabriel Voisin, dont elle achète une part du capital. L'objectif est de construire des Imperia en France, chez Voisin. Au final, seules quelques Imperia sont carrossées par le constructeur français dans son usine d'Issy-les-Moulineaux, dans son style très personnel. Plus tard, en 1937 et 1938, quelques Imperia TA-9 sortiront de chez Voisin, mais elles sont vendues sous la marque Minerva, plus connue à l'étranger qu'Imperia.
L’Imperia 8/12 CV lancée en 1927 est une six cylindres remarquablement bien construite qui va renforcer la réputation de la marque belge. Copyright Par ses diverses acquisitions, le patron d’Imperia tente maladroitement de créer un groupe automobile capable de lutter contre les constructeurs américains comme General Motors, Ford ou Chrysler. Mais ce vœu reste lettre morte car la crise économique qui s’abat sur le monde après le jeudi noir d’octobre 1929 bouleverse de nombreux projets chez tous les constructeurs automobiles. Certains disparaissent complètement. En 1928, une piste d'essais de quelques centaines de mètres est construite sur le toit de l'usine de Nessonvaux, comme sur celui de l’usine Fiat du Lingotto à Turin. Grâce aux virages relevés, les automobiles peuvent atteindre la vitesse de 140 km/h. L’apogée et le déclin d’Imperia A partir de 1923, les coûteuses Imperia 8 cylindres sont abandonnées ainsi que le nom d'Abadal, et la gamme ne comprend donc plus que des modèles plus modestes bien qu'intéressants : une quatre cylindres de 1100 cm3 puis à partir de 1927, une 6 cylindres de 1650 cm3 puis 1800 cm3 à partir de 1929. La 1100 est victorieuse dans sa catégorie au Grand Prix de Spa en 1925 et au rallye de Monte-Carlo en 1926. C'est aussi une voiture économique destinée à concurrencer les voitures bon marché importées en Belgique. La 6 cylindres appelée Imperia 1800 est également offerte dans une version sport dont la vitesse de pointe est de 128 km/h. La 1100 comme la 1800 sont fabriquées jusqu'en 1934. La fusion avec Minerva Comme Minerva, Imperia connaît des difficultés financières après 1929. En 1932, Imperia est remis miraculeusement sur pied en devenant " la Société Nouvelle des Automobiles Imperia " qui propose de nouveaux modèles baptisés Albatros, Mouette, Diane, Hirondelle, Mésange, Alouette … Mais ces noms d’oiseaux n’aident pas la marque à reprendre son envol, puisqu’en 1934, l’entreprise est une nouvelle fois en difficulté et tente de se renforcer en rachetant son concurrent Minerva en pleine déconfiture. Les deux marques fusionnent en 1935 et la société change une nouvelle fois de nom en devenant Minerva Imperia. Louis Zurstrassen devient directeur de l’usine de Nessonvaux tandis que Mathieu van Roggen et Arnold Couchard tentent de relancer l’usine Minerva de Mortsel, près d’Anvers. Mais l’entreprise s’avère ardue. Imperia qui est devenu depuis 1934 concessionnaire des droits de fabrication de la voiture allemande Adler pour la Belgique, produit de 1934 à 1940 la traction avant Trumpf de cette marque, modèle adopté également par le français Rosengart. L’Adler Trumpf Junior 1 litre et la Trumpf 1,6 litre qui remplacent les anciennes Imperia 1100 et 1800 sont ainsi vendues sous le nom de Minerva Imperia TA-7 et TA-9 à partir de 1935.
En décembre 1934 au Salon de Bruxelles, Imperia expose la TA-9 en berline quatre portes sous la désignation Albatros. Ce modèle sera produit en 947 exemplaires. Copyright
Une version Sport est ajoutée à la gamme en 1936. Elle se veut l’héritière des anciennes Imperia sportives, dont les fameuses Imperia-Abadal. Mais celle-ci est une traction avant. Copyright
Un cabriolet Imperia TA-9 de 1936. Les TA-9 seront remplacées en 1938 par les TA-11 qui bénéficient d’un moteur plus gros, de 2 litres de cylindrée, toujours d’origine Adler. Copyright En 1938, apparaît la TA-11 qui complète la gamme des traction avant du constructeur belge, issues des Adler allemandes. Le moteur est cette fois repris de l’Adler Trumpf 2 litres. Les Adler Trumpf sont construites en quantités relativement limitées jusqu'en 1940 - environ dix unités par jour - et sont les dernières voitures de nationalité belge à être produites avant la guerre. On les retrouve durant le conflit équipées d'un moteur Hotchkiss, celui de l’Amilcar Compound (1937 - 1939), puisque la marque Adler ne peut plus fournir ses mécaniques, ayant mis fin à son activité automobile. L’usine de Nessonvaux est ensuite réquisitionnée par l’armée allemande et la production d’automobiles cesse sur le site belge. Celui-ci est pour l'essentiel reconverti à l'entretien et à la réparation des véhicules Adler de l'occupant.
L'Imperia TA-11 a droit elle aussi à sa version cabriolet. On observe une modernisation du dessin de la calandre qui s’inspire de certaines réalisations américaines et de l’Amilcar Compound lancée en 1938. Copyright Les dernières années Après la fin des hostilités, en 1946, Volkswagen propose à Imperia d'assurer le montage de sa nouvelle Coccinelle à Nessonvaux. Le constructeur belge est réputé pour son savoir-faire mais les négociations n'aboutissent pas, la direction d'Imperia se refusant par patriotisme de construire cette automobile née sous le régime nazi. En 1947, Imperia lance la TA-8 qui est une traction avant compacte, héritière des Adler produites sous licence et dérivée étroitement de l’Amilcar Compound dont elle reprend en grande partie la carrosserie mixte bois et acier d’un autre temps et le vieux moteur 4 cylindres de 1340 cm3 développant 45 ch, en accord avec Hotchkiss qui vient de supprimer sa filiale Amilcar - qui est dans son girond depuis 1937 - et revend à bon compte son stock de moteurs au constructeur belge. La TA-8 est disponible en berline deux portes, cabriolet quatre places et roadster deux places. Le modèle est capable de filer à 120 km/h. Il est supprimé dès 1949, après avoir été vendu à quelques centaines d’exemplaires.
Après la guerre, Imperia se rapproche de la firme Hotchkiss pour produire une nouvelle voiture appelée TA-8 et dérivée de l’Amilcar Compound à traction avant arrêtée en 1939. Son moteur est celui de la Compound. Ici une très rare version roadster. Copyright A partir de 1949, Imperia qui a passé un accord avec la firme anglaise Standard, assemble en Belgique pendant plusieurs années les Standard Eight, Ten et Vanguard à conduite à gauche pour le marché belge et les pays voisins. L’usine de Nessonvaux devient finalement un atelier de montage pour voitures étrangères, des Standard, mais aussi les Triumph TR2 puis TR3 et des Alfa Romeo 1900. Elle assemble aussi des camions et des autobus Büssing, ainsi que des motocyclettes Adler.
Imperia assemble la TR2 à partir de 1953, puis la TR3 à partir de 1955. La Francorchamps est une version coupé du roadster TR2, produite en seulement 22 exemplaires par le constructeur belge entre 1953 et 1955. Le nom de la voiture évoque les victoires de la marque Imperia sur le circuit belge. Copyright Handicapée par une usine vieillotte et victime du désengagement de Standard Triumph, la firme Imperia disparaît en 1958, en même temps que la marque Minerva. Le souhait de la direction de l’entreprise de créer un groupe automobile belge puissant est resté un vœu pieu. Quant au bâtiment construit par Henri Pieper et racheté par Imperia en 1907, il existe toujours aujourd’hui mais il est totalement à l’abandon, dans un état toutefois un peu moins déplorable que celui de l’ancienne usine Packard de Detroit …
Entre 1950 et 1955, Imperia produit en petites quantités un cabriolet issu de la berline Standard Vanguard lancée en Angleterre en 1948. Le constructeur assemble aussi la berline sous licence pour les marchés à conduite à gauche. Copyright Résurrection éphémère En 2008, la société belge Green Propulsion dirigée par Yves Toussaint - qui est spécialisée dans l’engineering et plus particulièrement les motorisations hybrides - relance la marque Imperia dont le nom est libre de droits, après avoir mis au point un coupé sportif à moteur hybride rechargeable basé sur un 1,6 litre turbo essence de 200 ch. Le modèle baptisé Imperia GP - GP comme Green Propulsion et non comme Grand Prix - qui dispose donc d’une puissance totale de 350 ch grâce à l’apport d'un moteur électrique de 150 ch - est annoncé pour 220 km/h. Il est très compact puisqu’il mesure 3,80 mètre de long, soit 25 cm de moins qu’une Chrysler Crossfire (2004-2007) à laquelle on peut le comparer. Le nouveau modèle peut être considéré comme le descendant des Imperia-Abadal, mais qui se rappelle de ces modèles d’avant la guerre de 1914 …
L’Imperia GP est une tentative ratée de résurrection de la marque belge. Trois exemplaires seulement ont été produits en 2015, après quoi on n’entendit plus jamais parler de la firme Imperia. Copyright Le modèle définitif est dévoilé seulement en 2011, à la suite de nombreux changements intervenus notamment sur le design du véhicule réalisé par le styliste belge Denis Stevens. Un volume de 50 voitures est programmé sur un nouveau site de production édifié à Liège. Le prix proposé au final, plus de 130 000 euros, est dissuasif. Et la période n’est guère favorable, puisque le monde sort à peine de la crise des subprimes qui a engendré une récession économique mondiale. Trois exemplaires sont assemblés en 2015 et la société se retrouve en cessation de paiement. Imperia est déclaré en faillite en 2016. Les activités de Green Propulsion se poursuivent néanmoins après cette date, toujours sur des sujets relatifs aux motorisations alternatives qui prennent de plus en plus d’importance à cette époque. Mais la résurrection de la marque Imperia a échoué. Voir aussi : http://leroux.andre.free.fr/alrimperia.htm
Texte : Jean-Michel Prillieux |
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