Alfa Romeo Carabo
Colin Chapman présente en 1968 la Lotus type 56 à Turbine, caractérisée par une originale forme en coin. Cette monoplace spécialement imaginée pour les circuits américains bénéficie d'un excellent appui au sol et d'une bonne finesse aérodynamique grâce à ses lignes qui montent régulièrement depuis l'avant aplati jusqu'à l'extrême arrière. La traditionnelle entrée d'air à l'avant a disparu. La Carabo reprend dans l'esprit les formes de la Lotus. A ma même époque, Carlo Chiti, patron du service compétition chez Alfa Romeo, met au point une nouvelle voiture de course de deux litres de cylindrée, la 33. Celle ci connaît des fortunes très diverses en compétition, alternant le meilleur et le pire. La Carabo va s'appuyer sur cette mécanique de pointe.
Lostus Type 56, photo Andrew Basterfield A la fin des années 60, Bertone a fini par s'imposer comme un grand nom de la carrosserie italienne, et produit à l'attention des grands constructeurs - Fiat, Alfa Romeo, Simca ... - leurs petites séries de modèles sportifs, ou pour Lamborghini ses caisses de Miura et d'Espada. Mais Nuccio Bertone veut marquer d'un grand coup sa première présence au Salon de Paris de 1968 sous son propre nom. La Carabo va remplir à merveille cette mission. Avec le recul du temps, la Carabo demeure l'un des prototypes de salon les plus représentatifs de la seconde moitié du 20ème siècle. Marcello Gandini alors chez Bertone s'est inspiré du concept de la forme en coin imaginé chez Lotus.
Alfa Romeo Carabo Marcello Gandini est né à Turin en 1938 d'un père musicien. Il abandonne rapidement des études de littérature pour travailler dans un atelier de réparation de carrosserie. Après un passage chez Osca, il se fait remarquer par Bertone qui cherche un remplaçant à Giorgetto Giugiaro au poste de designer en chef. A partir de 1965, il y supervise la création des Lamborghini Miura, Countach, Marzal et Espada, des Ferrari Dino 308 GT4, Maserati Khamsin, Alfa Romeo Carabo, Lancia Stratos, mais aussi des plus populaires Audi 50 ou Mini Innocenti. Sa dernière réalisation chez Bertone est la Citroën CX. Dès 1978, il travaille de manière indépendante, et propose ses services à Lamborghini, Maserati, Renault, etc ... Le vitrage de la Carabo est une forme de Triplex très résistant, impossible à rayer, très fin et très léger. Il est traité d'une fine pellicule d'un produit à base d'or, qui protège les passagers des rayonnements du soleil et des regards extérieurs. La Carabo est d'un vert métallisé avec des reflets dorés, à l'image d'un scarabée. Afin de bien différencier l'avant de l'arrière, la proue est de couleur orange, et la poupe teintée en vert clair. Les portières s'ouvrent en élytre, ce qui ne fait que renforcer la ressemblance avec le fameux coléoptère.
Le scarabée, source : http://chez-crislo.eklablog.com Les lignes de la Carabo sont régulières, entre une face avant très basse et plate, et un postérieur vertical. Le capot avant est constitué de plusieurs ouvertures, destinées soit à découvrir l'éclairage, soit au refroidissement du moteur. Le pare-brise se trouve dans le prolongement direct du capot avant, puis la ligne s'incurve en douceur jusqu'au toit horizontal, avant de redescendre vers un arrière constitué de jalousies, dont la vocation est d'une part de faciliter l'évacuation de l'air chaud, d'autre part de permettre une bonne visibilité. La hauteur de l'ensemble ne dépasse pas 99 centimètres.
Alfa Romeo Carabo
Alfa Romeo Carabo, l'habitacle La Carabo demeure un prototype de salon destiné à promouvoir l'image et le savoir-faire de ses concepteurs. Les décideurs d'Alfa Romeo sont sensibles à la qualité du travail réalisé, et confient à Bertone quelques mois plus tard l'étude de la Montréal. Giugiaro reprend à son compte avec talent le concept de la forme en coin. Cela donne naissance à plusieurs prototypes, et à un modèle de production, la Lotus Esprit. |