Citroën, l'histoire et les secrets de son bureau
d'études
Descriptif Citroën, l'histoire et les secrets de son
bureau d'études
Editeur : Editions LVA
264 pages Cote d'amour : 9,5/10
Voici enfin la réédition de ce grand classique des années 1980 de l'histoire automobile écrit par le regretté Roger Brioult, le " journaliste-mécanicien " comme il aimait se présenter ! Vous apprendrez tout sur le mythique bureau d'études Citroën depuis son origine, et ses innovations si originales : la DS ou la 2CV pour ne citer que les plus célèbres, accompagnées des innombrables prototypes couchés sur le papier ou modélisés. Et qui mieux que les acteurs, du plus modeste aux grands noms de la marque, pour nous présenter ces travaux ? André Lefèbvre en tête, père de toutes les Citroën, de la Traction aux CX. Témoignages, anecdotes, souvenirs, portraits, croquis et photographies de prototypes … autant de documents restés secrets ou enfouis, révélés dans ce premier tome.
La vie de Roger Brioult (1921/2012), une " figure " du milieu automobile de la seconde moitié du 20ème siècle, est aussi passionnante que celle des hommes de Citroën qu'il a rencontré pour préparer ce livre, ou qu'il évoque quand ceux-ci sont décédés. Il débute sa carrière professionnelle après la guerre en tant que représentant en accessoires automobiles. Son chef lui conseille en 1946 de rencontrer un certain M. Châtelain, qui tente de lancer une revue automobile " grand public ". Celle-ci devrait être vendue en kiosque et auprès des garagistes. Mais ce projet sera sans suite. Tout n'est pas perdu pour Roger Brioult, car en travaillant au lancement de ce magazine, il a rencontré de nombreux professionnels de la réparation automobile. Il se rend compte que ceux-ci souffrent de ne disposer d'aucune documentation technique de qualité qui puisse leur permettre de réparer rapidement les voitures qui leur sont confiées. De ce constat naît au Salon de Paris 1947 la Revue Technique Automobile (RTA). Les ouvrages de la RTA proposent aux professionnels des plans simples et accessibles pour le démontage et de remontage des mécaniques. Les garagistes sont séduits, et s'abonnent en nombre à cette publication. La RTA est en quelque sorte la notice technique d'une voiture. Ce faisant, Roger Brioult comble une absence de la plupart des constructeurs dans ce domaine. Ceux-ci apprécient le travail de la jeune maison d'édition, réalisé avec sérieux. Roger Brioult de par ses activités va se constituer un réseau professionnel dense. L'homme est reconnu et apprécié dans son milieu. Le succès des RTA est immédiat. En 1948 est publiée la première Revue Technique Motocycliste, puis sur le même principe la Revue Technique Carrosserie, puis Auto Expertise pour les voitures accidentées. L'éditeur proposera plus tard des livres sur un modèle : " Votre 203 ", " Votre 2 CV ", etc ... 90 % de ses lecteurs se recrutent parmi les garagistes et les ingénieurs. Pierre Dumont, illustrateur et plus tard historien de l'automobile, se charge du dessin des éclatés qui contribuent au succès de la RTA. Dès la fin des années 50, Roger Brioult s'intéresse à la sécurité des automobiles. En 1966, il participe pour la partie technique à l'adaptation française du livre de Ralph Nader " Unsafe at any speed ", en transposant les écrits de l'avocat américain aux réalités de notre pays. L'ouvrage publié chez Flammarion est diffusé sous le titre " Ces voitures qui tuent ". Roger Brioult n'est pas que le rapporteur des idées de Ralph Nader. Il est convaincu de la nécessité de progresser dans le domaine de la sécurité automobile. En 1984, malgré la menace d'un procès de Saint-Gobain, il obtient l'avis favorable des autorités pour l'interdiction des pare-brise en verre trempé. Lui-même collectionneur d'anciennes depuis 1959, il se constitue un petit musée personnel. Il possède notamment une Peugeot 201 de 1933, une Cord 810 de 1936, une Hotchkiss Grégoire de 1951, une Rolls Royce Silver Dawn de 1953, une Ford Thunderbird de 1956 ... Chaque voiture a son histoire et ne s'est pas retrouvée là par hasard. Parmi ses héros figure André Lefebvre (1894/1964) dont il parle abondamment dans le présent ouvrage. Il ne l'a jamais rencontré personnellement. Par contre, aux dires de sa famille, André Lefebvre connaissait Roger Brioult et appréciait la qualité de ses travaux au sein de la RTA, notamment quand il s'agissait de la Citroën DS. Roger Brioult à très bien connu Gabriel Voisin (1880/1973). Il disait de lui que c'était l'homme de plus étonnant qu'il n'ait jamais rencontré. André Lefebvre était d'ailleurs son fils spirituel, le premier ayant travaillé pour le second avant de rentrer chez Citroën (après un bref passage chez Renault). Roger Brioult entretenait aussi d'excellentes relations avec Jean Albert Grégoire, un ami de toujours. S'étant mis en retrait de la RTA en 1973, Roger Brioult entreprend la rédaction d'un ouvrage consacré à l'histoire du bureau d'études de Citroën, longtemps l'un des plus créatifs dans le milieu automobile. Il projette d'intituler son ouvrage " Nées de pères inconnus ". Il rencontre un par un un nombre impressionnant d'ingénieurs ayant participé à l'aventure Citroën. Quelques-uns sont encore en activité au sein de PSA, mais la plupart profitent de leur retraite. Parfois, ce sont leurs descendants ou leurs proches qui reçoivent Roger Brioult. Le fruit de cette collecte d'informations, de ces témoignages, est publié en 1987 dans la collection " Histoires d'Autos " chez " Edifree - La Vie de l'Auto ", en deux tomes. Dans cette série, il s'agit des numéros 5 et 6. Le titre qui est finalement adopté est " Citroën, l'histoire et les secrets de son bureau d'études ". A la fin des années 70, sentant la fin de la 2 CV proche, Roger Brioult passe commande à Citroën (largement en avance ...) de la dernière voiture qui sera produite. Ce type de réservation n'est pas courant chez le constructeur de Javel, où on ne le prend pas très au sérieux. Mais il persiste et renouvelle tous les ans sa demande. A défaut d'avoir retrouvé la première 2 CV, il possèdera la dernière. Son voeu est finalement exaucé en 1988, quand sa 2 CV de teinte gris cormoran lui est livrée sur un plateau. Hélas, des imbéciles qui ne connaissent rien à l'automobile la lui dérobe début mars 2012 dans son garage de l'Orne, sans évidemment connaître son caractère historique. Elle sera retrouvée en mai, totalement calcinée et donc irrécupérable. Trop tard ... Roger Brioult est mort une semaine après la disparition de sa chère 2 CV. Ce vol et la fin tragique de Roger Brioult ont fait l'objet de quelques brèves dans la presse. Certains journalistes méconnaissant la carrière exceptionnelle de l'homme se sont contenté d'évoquer la mort d'une personne âgée qui n'avait pas résisté à la disparition de sa 2 CV si particulière.
Roger Brioult avec en main l'édition originale, source : https://ccfa.fr Plan du livre Roger Prioult en quelques lignes Avant-propos - L'histoire de ma DS 19 L'historique du bureau d'études et du service de recherches - Le moteur V8 22 CV de 1934 Témoignages - Liste des personnes citées Au coeur de l'ouvrage, et sur près de 180 pages, ce sont 55 ingénieurs ou dirigeants (ou leurs descendants) qui ont confié leurs souvenirs à l'auteur. - Ceux qui firent le bureau
d'études Citroën Les plus Rapport " volume de lecture +
intérêt du texte / prix
de vente " inégalable Quelques regrets
Les propos partent parfois un peu dans tous les sens A noter Il s'agit d'une réédition. Seul le tome 1 est disponible pour l'instant (octobre 2020). Les éditions originales sont difficiles à trouver à un prix abordable. Le texte de cette réédition est identique à celui de l'original, sans aucune mise à jour. Roger Prioult a été un observateur très impliqué dans l'histoire automobile de l'après-guerre. Son histoire personnelle semble par moments se confondre avec celle des hommes auxquels il s'intéresse. Propriétaire d'une DS dès 1956 , il savait de quoi il parlait. Si quelques-unes des personnalités rencontrées ou évoquées sont connues par la plupart d'entre nous (Henri Chapron, André Lefebvre, Pierre Boulanger, Pierre Bercot, Jean Albert Grégoire ...), ce n'est pas le cas de l'immense majorité de ceux qui ont témoigné dans ce livre. La plupart des 55 personnes citées travaillent (en 1987) ou travaillaient pour Citroën. D'autres étaient des " intervenants extérieurs ". Trois ans de travail ont été nécessaires à la préparation de cet ouvrage. L'auteur a parcouru des milliers de kilomètres, souvent vers la province, pour retrouver ses interlocuteurs. Les 70 premières pages du livre permettent de découvrir l'histoire de l'entreprise et de son bureau d'études. Cette mise en condition permet de mieux comprendre la suite de l'ouvrage, construite à partir des témoignages. Citroën est longtemps demeuré une entreprise totalement hermétique aux journalistes. L'idée d'interviewer les ingénieurs encore en activité a longtemps été inconcevable. Certains ingénieurs ou dirigeants alors qu'ils étaient retirés de la vie professionnelle depuis belle lurette avaient encore peur de se dévoiler, tant ils avaient été durant toute leur carrière professionnelle conditionnés par la nécessité de respecter le secret professionnel. L'auteur a dû faire preuve de patience, même s'il pouvait se prévaloir d'un accord de principe de la direction de Citroën pour mener son enquête. Et puis le bouche-à-oreille a fonctionné entre les différentes personnes citées dans le livre, les unes crédibilisant auprès des autres - les plus méfiants - le travail de l'auteur. Même à la retraite, les anciens de Citroën ne s'étaient pas perdu de vue. C'est ainsi que sont ressortis des tiroirs des dessins ou des photos inédites, des rapports d'essais ... Au besoin, l'auteur avait une technique bien à lui pour faire craquer les plus réticents. Au soir de leur vie pour certains, il leur expliquait qu'à défaut de témoignage et de travail de mémoire, tout le travail accompli durant leur carrière serait perdu à jamais pour tout le monde. Alors la parole se libérait ... Roger Brioult a préféré laisser parler ses interlocuteurs. Quand cela a été utile, il a orienté la discussion avec des questions. Son texte n'est pas romancé. Cette manière de faire suppose évidemment dans la narration des retours en arrière. Une forme de logique aurait voulu que l'histoire du bureau d'études Citroën soit racontée de manière chronologique à partir des discussions menées avec les protagonistes. Mais l'auteur s'est bien vite rendu compte que cela n'était pas réalisable. En effet, comme il l'explique en avant-propos, " tout dans cette histoire est imbriqué intimement, tout se tient, et tout est dans tout ! " Les ingénieurs eux-mêmes ont participé à plusieurs projets, chacun dans sa spécialité, durant des carrières souvent très longues au sein de Citroën. Afin d'être totalement équitable, les 55 témoins sont classés par ordre alphabétique, sans tenir compte de leur fonction ou de leur importance dans la hiérarchie.
Citroën 2 CV 4 x 4 |