Daimler

En Angleterre l'obligation pour toute automobile d'être précédée d'un homme muni d'un drapeau rouge est levée en 1896. C'est aussi cette année-là qu’est fondée la firme britannique Daimler par Frederick Simms. Il s'agit alors d'une filiale du groupe allemand Daimler, créé par Gottlieb Daimler. Des bâtiments sont achetés à Coventry, ville alors située au cœur de l'industrie du cycle et de la mécanique. Les premières automobiles Daimler sont produites en 1897, sur la base de châssis Panhard & Levassor.

Frederick Simms, 1863/1944

La première voiture de la famille royale est une Daimler achetée par le prince de Galles, futur Edouard VII. La marque bénéficie déjà d'une image flatteuse concernant la qualité de ses réalisations, et ce noble parrainage ne peut que renforcer la notoriété de Daimler, qui deviendra le fournisseur attitré de la famille royale entre les deux guerres. En 1910, Daimler est intégré à la compagnie BSA (Birmingham Small Arms). Le groupe allemand Daimler fusionne pour sa part avec Benz en 1926 pour créer Daimler Benz. Les deux entités Daimler poursuivent indépendamment leur chemin.

Le géant BSA s'était déjà attelé à la construction automobile, sans rencontrer le succès escompté. Ce rapprochement avec Daimler va enfin lui permettre de s'affirmer dans un secteur en pleine croissance. La participation à l'effort de guerre pendant le premier conflit mondial oblige un temps Daimler à s'orienter vers la production de poids lourds et de moteurs d'avions. Après la guerre, l’entreprise reprend la production automobile, forte d'une image de marque égale à celle de Rolls Royce.

Birmingham Small Arms Company

Le nouveau propriétaire fait le choix judicieux de laisser une certaine autonomie aux dirigeants. Contrairement à la plupart des constructeurs qui investissent dans la production de masse, Daimler propose à ses clients des voitures qui répondent à leurs besoins individuels. Pour cela, la firme de Coventry fait appel quand cela est nécessaire à des carrossiers, parmi lesquels Hooper figure déjà en bonne place. Après la Seconde Guerre, Daimler présente une nouvelle gamme. Ses modèles très coûteux ne peuvent séduire qu'une clientèle couronnée extrêmement marginale. D’ailleurs, les ventes sont essentiellement réalisées dans l'empire britannique. En dehors de son pré carré, la marque ne jouit d'aucun prestige particulier. Dans cette optique, l'accès au marché américain qui est alors l'Eldorado des constructeurs britanniques parait bien illusoire.

Le mariage du président de Daimler et de BSA, Sir Bernard Docker, avec Lady Norah Collins, veuve du milliardaire Sir William Collins, président de Fortnum & Mason et des sels Cerebos, marque l'histoire du vénérable constructeur automobile. Cette femme va prendre part de manière effective aux affaires de son mari, en l'incitant à revoir sa politique commerciale. Lady Docker pense qu’il est urgent de démocratiser les productions de Daimler, pour toucher une clientèle séduite par les Jaguar, Armstrong Siddeley, Wolseley ou Humber. 

Lady Norah Collins

La Conquest - conquête en français - présentée en 1953 répond à cette attente. La Regency, un cran au-dessus, complète l'offre. Elle évolue en Regency II puis en Daimler One-O-Four (104) sans grande influence sur le succès de ces voitures qui ne respirent pas la modernité. Malgré les efforts consentis pour diversifier l'offre, les ventes demeurent médiocres, et n'assurent en aucun cas la rentabilité de l'affaire. La Daimler Empress MK II sur châssis One-O-Four est proposée dans ce contexte difficile. Cette carrosserie très britannique a été imaginée par Hooper qui en assure la fabrication. Son dessin, connu sous le nom d’" Empress line ", sera décliné sur de nombreuses Rolls Royce et Bentley contemporaines.

Daimler Rengency

Sir Bernard Docker est accusé d'une mauvaise gestion de la firme dont il a la charge. Les créations initiées par le couple Docker, avec notamment la construction d'une série de Daimler spéciales destinées à la promotion de la marque, contribuent à plomber les comptes de la compagnie. Par ailleurs, le luxe tapageur dont le couple fait étalage au quotidien finit par irriter les administrateurs. Sir Bernard Docker est remercié sans ménagement en 1956. Un nouveau président, Jack Sangster, ancien responsable des motocyclettes Triumph appartenant au même groupe BSA que Daimler, le remplace. Daimler présente la limousine Majestic en 1958, puis le surprenant roadster Dart en 1959, qui ne rencontrent pas plus de succès que leurs prédécesseurs.

Daimler Dart

Pour le groupe BSA, Daimler est devenu une charge trop lourde à porter. Dès lors, quand Jaguar manifeste son intérêt pour la vieille marque britannique, les dirigeants de BSA ne se font pas trop prier. La dynamique firme de Sir William Lyons est à l'époque un peu à l'étroit dans ses usines de Coventry. Elle cherche à s'agrandir. L'usine Daimler va parfaitement faire l'affaire. Le 18 juin 1960, Jaguar achète la marque Daimler et son usine. La suite, nous la connaissons. A l'exception de la Limousine DS 420, les Daimler sont depuis le début des années 60 des versions luxueuses sortant des usines Jaguar.

Daimler 250

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