Zündapp, une entrée furtive sur le marché des microcars


Zündapp, célèbre constructeur de motos, fait une entrée furtive en 1957 sur le marché des microcars, alors très en vogue en Allemagne. Le constructeur jette l’éponge dès l’année suivante, pour se concentrer sur son marché traditionnel, celui de la moto.


La mode des microcars en Allemagne au début des années 50 favorise la multiplication de firmes spécialisées dans ce type de fabrication. Parmi elles, Lloyd (Alexander), Glas (Goggomobil), BMW (Isetta), Messerschmitt (Kabinenroller), Heinkel (Kabine) et Zündapp (Janus) demeurent les plus connues. Zündapp est à l’époque un constructeur de motos réputé. Celui-ci se lance dans la fabrication de microcars en juin 1957, soit sept ans après Lloyd, quatre ans après Messerschmitt, trois ans après BMW, deux ans après Glas et un an après Heinkel. Arrivé bon dernier dans cette catégorie de véhicules, la microcrar Zündapp apporte en revanche une touche d’originalité incontestable.

Zündapp (Zünder und Apparatebau Gmbh) est fondé en 1917 pour produire des détonateurs. Après la Première Guerre, l'industriel se spécialise dans la production de motocyclettes dont il devient comme BMW l'un des leaders sur le marché allemand. Il abandonne les motocyclettes de grosse cylindrée en 1958 et de moyenne cylindrée en 1963, pour se concentrer sur les cyclomoteurs et motocyclettes légères de 50 à 175 cm3.

La Janus - nom qui est selon la mythologie un dieu romain aux deux visages - se présente comme un petit véhicule dont l’avant et l’arrière sont parfaitement symétriques - d’où son nom - et comportent chacun une porte à l’aspect identique, s’ouvrant comme celle de l’Isetta. Les passagers sont assis en sens opposé, ceux de l’avant faisant face à l’avant et ceux de l’arrière faisant face à l’arrière. La Janus fait penser à deux Isetta collées ensemble dans le sens opposé. Elle rappelle aussi la Messerschmitt, mais avec infiniment plus d’élégance. Ce petit véhicule à quatre places et quatre roues mesure 2,86 mètres de longueur, ce qui en fait l’une des plus longues des microcars, et son constructeur propose de ravissants coloris pastel bi-ton, souvent jaune et blanc, bleu et blanc ou vert et blanc.

La Zündapp Janus évoque une Isetta allongée avec une partie avant et une partie arrière parfaitement symétriques. Ce concept original qui peut être considéré comme une sorte de break Isetta est concurrencé par la BMW 600 lancée en 1957.

Le moteur 250 cm3 de la Janus est directement issu de la gamme de motos Zündapp. Sa puissance ne dépasse pas 15 ch, mais est toutefois supérieure à celle de ses concurrentes. La visibilité du véhicule est un de ses points forts, mais l’installation dans le sens opposé de la marche des passagers à l’arrière sera jugé rapidement comme un défaut rédhibitoire. Du coup, la Janus ne se vendra pas très bien.

Moins de 7 000 exemplaires seulement ont été produits de juin 1957 à octobre 1958, et devant cet échec commercial incontestable - la Lloyd, la Goggomobil et l'Isetta ayant trouvé respectivement près de 33 000, 31 000 et 25 000 clients en 1957 - la firme Zündapp abandonne après un an et quatre mois la fabrication de microcars pour se concentrer de nouveau sur les motos. Celle-ci se poursuivra en Bavière jusqu’en 1984, date à laquelle la marque Zündapp sera abandonnée, l’outil industriel ayant été racheté et transféré en Chine par un consortium chinois.

Les constructeurs de microcars n'hésitent pas à présenter leurs voitures avec trois personnes à bord côte à côte pour vanter les dimensions intérieures de leurs modèles. Zündapp ne déroge pas à l'usage, même si l'on perçoit assez clairement que ces jeunes femmes sont terriblement à l'étroit car serrées les unes contre les autres. La Janus est pourtant l'un des microcars le plus spacieux de sa génération.

Texte : Jean-Michel Prillieux
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