Heinkel : une tentative malheureuse dans l'automobile


Heinkel fut un constructeur d’avions bombardiers de la Seconde Guerre Mondiale, notamment le fameux Heinkel 111 qui attaqua Londres durant l’été 1940. Interdit de produire des avions après la guerre, Heinkel se lança sur le marché des microcars en 1956, mais avec peu de succès. Deux ans plus tard, le constructeur stoppe cette tentative peu concluante.


La mode des microcars en Allemagne au début des années 50 favorise la multiplication de firmes spécialisées dans ce type de fabrication. Outre les versions d'Heinkel, de nombreux modèles voient le jour : Lloyd Alexander, Glas Goggomobil, BMW Isetta, Messerschmitt Kabinenroller ou Zundapp Janus. Impressionné par la nouvelle Isetta qui révolutionne dans un sens l’automobile populaire, Ernst Heinkel décide de concevoir sa propre interprétation plus aboutie.

Le Heinkel 111 s'est fait connaître durant la Seconde Guerre mondiale. Il a été fabriqué à 6 500 exemplaires, ce qui en fait un des bombardiers allemands les plus produits, derrière le Junkers 88. Ses moteurs sont fournis par Junkers.

En octobre 1956, soit six ans après Lloyd, trois ans après Messerschmitt, deux ans après BMW et un an après Glas, Heinkel présente une petite voiture en forme d’œuf, certes très inspirée de l’Isetta, mais plus longue avec 2,55 mètres,  soit une longueur intermédiaire entre celle de l’Isetta et celle de la Messerschmitt Kabinenroller, plus profilée, plus élégante, qui bénéficie d’une meilleure visibilité. Elle dispose comme elle d’une porte unique à l’avant, et est disponible en version à trois ou à quatre roues. Sensée utiliser dans sa conception les principes de la technologie aéronautique, la Heinkel Kabine est dotée d’un petit moteur de 200 cm3 développant 10 ch. En dépit de grands espoirs mis en elle, la Heinkel ne se vend pas très bien, et le décès brutal de son fondateur en janvier 1958 ne fait qu’aggraver la situation.

Heinkel pour se diversifier commence par produire des scooters avec une certaine réussite jusqu'à ce que le marché des deux roues s'effondre au début des années 50. Dès lors, faire mieux que la BMW Isetta devient son ambition.

La nouvelle direction de l’entreprise décide d’interrompre la fabrication du modèle lancé sans doute trop tard, dont moins de 12 000 exemplaires ont été assemblés d’octobre 1956 à juin 1958. Une tentative de produire le modèle en Irlande n’a pas davantage de succès, avec 6 500 exemplaires montés jusqu’en 1961. Devant cet échec commercial cuisant  - la Lloyd a trouvé 33 000 clients en 1957, la Goggomobil 31 000 clients et l’Isetta 25 000 clients - la firme Heinkel se concentre de nouveau dans l’aéronautique qui est en train de renaître en Allemagne.

Toutefois, le constructeur britannique Trojan qui rachète l’usine irlandaise de Heinkel réussit à produire 6 187 exemplaires supplémentaires jusqu’en 1964. Une part importante de ces derniers est exportée vers l’Autriche, le Danemark, la Suède et la Suisse, mais très peu vers l’Allemagne où la clientèle des microcars s’est considérablement amenuisée dès le début des années 60. Une licence est également attribuée à un fabricant argentin qui assemble pour le marché local près de 2 000 unités jusqu’en 1961.

La Heinkel Kabine est une alternative aux microcars Mochet, Rovin, Reliant, Bond, BMW Isetta, Zundapp, Goggomobil et autre Messerschmitt tout au long des années 50. Sa ressemblance avec l’Isetta est évidente.

Texte : Jean-Michel Prillieux
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