Rambler, de Nash à AMC


Rambler est une marque automobile américaine qui a d'abord existé entre 1901 et 1913, puis a succédé à partir du millésime 1958 aux marques Nash et Hudson, qui ont elles-mêmes fusionné en 1954 pour former le groupe American Motors Corporation (AMC), alors quatrième constructeur américain derrière General Motors, Ford et Chrysler. La marque Rambler disparaît progressivement entre 1966 et 1969, années durant lesquelles les différents modèles passent les uns après les autres sous le blason AMC, qui pour la circonstance se transforme en marque.


Les origines de la marque Rambler


La marque Rambler est fondée en 1897 à Chicago par Thomas B. Jeffery et Phillip Gormully. Il s'agit d'un important fabricant américain de bicyclettes, à une époque où ce moyen de locomotion est très à la mode. Rambler aborde l’automobile en 1898, et expose au Salon de Chicago en septembre 1900 son premier modèle à l’état de prototype. Le constructeur apporte trois innovations : le volant rond, le moteur à l’avant et la conduite à gauche. Celles-ci sont bientôt généralisées sur toute la production automobile américaine. Auparavant, le volant avait la forme d’une queue de vache, le moteur était à l’arrière et la conduite était à droite.

En 1901, Jeffery revend ses parts de la fabrique de bicyclettes à ABC, premier industriel américain en la matière. Il achète un terrain et des bâtiments à Kenosha dans le Wisconsin, pour se lancer avec son fils dans la production de voitures à grande échelle. Il dépose alors le nom de Rambler. La première voiture Rambler de série est lancée en 1902. Il s’agit d’une monocylindre à deux places qui obtient un bon succès, avec près de 1 500 exemplaires écoulés. Seul Ransom E. Olds a vendu plus de voitures sur le marché américain cette année-là. En 1904, la gamme Rambler s'étoffe avec des modèles bicylindres dont 2 350 exemplaires sont écoulés.

En 1905, les monocylindres sont abandonnées. La catégorie des bicylindres intègre une luxueuse limousine vendue 3 000 dollars à destination des classes aisées. L’usine de Kenosha fabrique cette année-là 3 800 véhicules. En 1906 apparaissent des modèles quatre cylindres, bien étagés en terme de motorisation : 10 CV, 18/20 CV et 40 CV. La marque Rambler poursuit son ascension, mais malheureusement, Thomas B. Jeffery meurt d'une crise cardiaque en Italie le 2 avril 1910.

Seuls les modèles quatre cylindres les plus chers subsistent au catalogue en 32 CV et 40 CV. En 1912, apparaît une 50 CV vendue 4 200 dollars, mais c’est le chant du cygne de Rambler, car depuis la disparition de son fondateur deux ans plus tôt, la marque n’est plus que l’ombre d’elle-même et elle disparaît en 1913. L’usine de Kenosha est rachetée en 1916 par Charles Williams Nash, ancien président de General Motors de 1912 à 1916, qui fonde en 1918 sa propre marque, Nash, sur les décombres de la Thomas B. Jeffery Company.


 1950 : Résurrection du nom Rambler


Le nom Rambler réapparaît en avril 1950 sur un modèle d’entrée de gamme du constructeur Nash, toujours installé sur l’ancien site de Kenosha. Le lien entre l'ancienne Rambler et le modèle Nash de 1950 est tout à fait légitime, puisque Charles Williams Nash est le propriétaire du nom. La Nash Rambler est une sorte de Nash " Airflyte " en réduction, dotée d’un moteur six cylindres de 2,8 litres et 82 ch. Le choix de produire un modèle compact est risqué aux Etats-Unis, car les voitures américaines de petite taille ne semblent pas alors vouées à un grand avenir. Mais les responsables de Nash sont convaincus qu’il faut produire ce que les Big Three ne proposent pas.

Dès 1950, Nash met en avant son histoire en présentant une Rambler contemporaine, et une Rambler du début du siècle.

La carrière de la Nash Rambler démarre doucement, passant de 11 428 unités en 1950 à environ 114 000 en 1956. Cependant, Nash a de plus en plus de difficultés à fidéliser sa clientèle face aux Big Three, sa production passant de 191 965 unités tous modèles confondus en 1950 à près de 128 000 en 1956 … La Rambler compte de plus en plus dans ce total, jusqu’à 90 % des ventes. C’est la raison pour laquelle le groupe American Motors Corporation (AMC) décide de faire de Rambler une marque à part entière à partir du millésime 1958. La production reste concentrée sur Kenosha.

Cette décision est prise directement par George Wilcken Romney (1907-1995), président d'AMC de 1954 à 1962. Il a succédé dans cette fonction à George Mason (1891-1954). Romney se lancera plus tard dans la politique. Il sera élu gouverneur du Michigan de 1963 à 1969 sous la bannière du Parti Républicain, et se portera candidat aux élections primaires républicaines lors des présidentielles de 1968, mais il sera battu par Richard Nixon. Il poursuivra cependant sa carrière politique dans l'administration Nixon.

George Wilcken Romney est né au Mexique de parents américains. Il est revenu aux États-Unis alors qu'il était enfant. Devenu homme d'affaires, il est nommé président d'AMC de 1954 et 1962, puis il est élu gouverneur du Michigan de 1963 à 1969. Il est le père de Mitt Romney, candidat à l'élection présidentielle de 2012.

Rambler va grandir jusqu'en 1969 sur les décombres de Nash et d'Hudson. La production de la marque Rambler atteint 217 332 unités en 1958, alors que cette même année est catastrophique pour la plupart des constructeurs automobiles américains. Cette situation relance Rambler, qui se situe alors à une très belle septième position des marques US. La direction d’AMC a gagné son pari. La marque a trouvé son public face aux Big Three, alors que le Studebaker-Packard Corporation est à l'agonie, avant de sombrer définitivement en 1966.


 1958, la résurrection de la marque Rambler


La nouvelle gamme de ce qui est désormais une marque, Rambler, est composée en 1958 de quatre modèles : American, Rambler Six, Rambler Rebel et Ambassador.

George Romney décide de relancer la compacte Rambler - modèle abandonné par Nash sous sa forme compacte à l'issue du millésime 1955 - rebaptisée American pour le millésime 1958. Elle n'est disponible qu'en version deux portes sur un empattement de 2,54 mètres, et mesure 4,53 mètres de long. Son 6 cylindres de 3 204 cm3 déjà connu chez Nash développe 90 ch, ce qui lui procure une vitesse maximale de 140 km/h. Les prix s'échelonnent de 1 775 à 1 874 dollars.

Par rapport à la compacte Rambler supprimée à l'issue du millésime 1955, les lignes de l'American sont modernisées tout en conservant un style rondouillard. Mais elle reste en retard d'une mode comparée aux récentes Rambler Rebel et Ambassador.

Un cran au-dessus, la Rambler Six dispose d'un empattement de 2,74 mètres. C'est une vraie berline quatre portes, également disponible en break et en coupé hardtop. Contrairement à l'American, la calandre est lourdement décorée et les ailerons s'imposent encore, même si ceux-ci vont bientôt disparaître chez la plupart des constructeurs US. Son six cylindres de 3 204 cm3 développe 127 ch de série ou 138 ch en option. Une Rambler Six vaut entre 2 047 et 2 621 dollars.

La Rambler Rebel se situe au-dessus de la Rambler Six. La différence se situe au niveau de la motorisation. Sur la Rebel, le V8 de 4 095 cm3 développe 215 ch. Sa puissance et son gabarit limité la classent dans la catégorie des berlines à hautes performances. Cette initiative de Rambler va inciter les Big Three à s'intéresser au début des années 1960 à ces modèles de dimensions intermédiaires, dotés de puissants moteurs, avec le succès que l’on sait. Les tarifs de la Rebel restent malgré tout très proches de ceux de la Rambler Six, de 2 177 à 2 751 dollars.

La Rambler Rebel lancée fin 1957 pour le millésime 1958 conserve la carrosserie des anciennes Nash Rambler 1956/57, avec quelques légères modifications, notamment une décoration latérale simplifiée. La berline devient une hardtop, sans pied milieu.

La Rambler Ambassador de haut de gamme repose sur la plateforme des Six et Rebel allongée. L'empattement passe en effet à 2,97 mètres. Les 23 centimètres supplémentaires sont ajoutés devant la portière avant, ce qui signifie que l'habitacle, certes plus cossu, dispose du même volume que les Rambler Classic et Rebel. Sans aucun complexe, la Rambler Ambassador cible les modèles " full size " de GM, Ford et Chrysler. La carrosserie 1958 est inédite, et elle sera chaque année retouchée ou redessinée totalement, et ce, jusqu’en 1965. Rambler suit à la lettre les préceptes de l’obsolescence programmée.

La nouvelle Rambler Ambassador lancée fin 1957 pour le millésime 1958 garde encore certains traits du style des précédentes Nash et Hudson, mais avec une décoration latérale en forme de flèche, qui donne à la voiture un caractère plus agressif.

La Rambler Ambassador se caractérise par des angles vifs, des ailerons pointus et un montant de custode inversé offrant une vaste lunette arrière, une spécificité qui va rester la signature de la marque durant plusieurs années. Une décoration en forme de flèche court le long de la carrosserie. L'avant affiche une large calandre grillagée et chromée surmontée de doubles phares horizontaux.

La puissance du V8 de 5 336 cm3 est de 270 ch. Celui-ci est accouplé à une transmission automatique à trois vitesses fournie par Borg Warner, avec sélection de vitesse par bouton-poussoir. La puissance délivrée par ce moteur classe la Rambler Ambassador parmi les berlines les plus performantes de la production américaine. Sa vitesse maximale atteint en effet 170 km/h. La voiture est aussi équipée de freins et d'une direction assistés, de vitres électriques et de la climatisation.

L'Ambassador est équipée d'éléments de luxe tels qu'une horloge électrique, des cendriers AV et AR, un tableau de bord rembourré, des sièges avant inclinables à dossiers qui se replient en couchette. L'habillage est réalisé avec des tissus haut de gamme. Ses prix s'échelonnent de 2 587 à 3 116 dollars. Cette version Custom Cross Country hardtop quatre portes est le modèle le plus cher de la marque Rambler en 1958.


1959, une production record


Les modèles du millésime 1959 sont très proches dans leur aspect de ceux de 1958. Les quelques corrections portent sur la grille de calandre, les ailerons, les décorations latérales. Pour autant, le public suit plus que jamais, puisque la production totale de Rambler atteint les 401 446 unités, plaçant la marque en quatrième position sur le marché américain. C'est du jamais-vu à l'époque de Nash, et cela confirme pour l'instant la pertinence de la stratégie de Romney.

La Rambler Rebel millésime 1959 reprend le style à angles vifs des Ambassador millésime 1958.

La Rambler Ambassador millésime 1959 adopte une nouvelle calandre, une nouvelle découpe des portes et des vitres, ainsi qu’une décoration latérale inédite.


1960, le style s'affine


La forme de la gamme demeure inchangée depuis 1958, avec les American, Rambler Six et Rebel, et l'Ambassador. L’évolution du style des Rambler Six / Rebel et de l'Ambassador est nette sur le millésime 1960. Ces modèles présentent des ailerons en ailes de mouette, un capot plus plat, un pare-brise agrandi et une ligne plus basse. Rambler talonne Plymouth pour la troisième place sur le marché américain.

La Rambler Six / Rebel millésime 1960 reprend trait pour trait le style de l’Ambassador millésime 1960.

La Rambler Ambassador millésime 1960 adopte une silhouette affinée, avec un capot plat, un pare-brise agrandi, des montants avant dans le bon sens, des montants arrière plus fins et des ailerons en ailes de mouette. L’ensemble apparaît plus élégant.


1961, troisième marque américaine en volume


La présentation du millésime 1961 est l'occasion de moderniser les grandes Rambler rebaptisées Classic Six, Classic V8 et Ambassador V8, avec des flancs et une face avant redessinés. En 1961, Rambler parvient à supplanter Plymouth à la troisième place sur le marché américain. Mais le déclin de Rambler va malheureusement s’amorcer très rapidement. En cause, la réaction des Big Three qui vont lancer différents modèles de taille modérée, mettant à mal la suprématie de Rambler.

L'American qui commençait à paraître datée avec sa carrosserie " Pininfarina " est redessinée. Les lignes signées Edmund Anderson sont massives et tronquées, avec des flancs sculptés concaves. Malgré son dessin sobre et son habitabilité respectable, cette carrosserie ne tiendra que trois ans.

La Rambler American millésime 1961 est totalement redessinée, s’inspirant du style des Rebel et Ambassador du même millésime à une échelle réduite. Du coup, la gamme AMC présente une certaine harmonie des styles.

La Rambler Rebel millésime 1961 est rebaptisée Classic. Mais contrairement à l’Ambassador, sa calandre n’est pas trapézoïdale.

La Rambler Ambassador millésime 1961 adopte une nouvelle partie avant comportant une calandre trapézoïdale et des phares placés plus bas. Les flancs sont joliment sculptés, ce qui rend le style de la voiture plus nerveux.


1962, le départ de Romney


L’année 1962 est celle du départ de Romney de la présidence d’American Motors. Celui-ci a sans doute senti le vent tourner avec l’arrivée sur le marché des compactes Chevrolet Corvair, Ford Falcon et Plymouth Valiant, et des intermédiaires Chevrolet Chevelle, Ford Fairlane et Plymouth Belvedere. Cette nouvelle concurrence ne peut que porter préjudice à Rambler. Romney est remplacé dans ses fonctions par Roy Abernethy (1906/1977), qui lance un programme de diversification destiné à contrer la concurrence sur tous les fronts. Sur le plan esthétique, sur les grandes Rambler, les ailerons sont coupés est les moulures latérales sont relevées.

Peu de changement pour la petite familiale Rambler American qui constitue l'entrée de gamme, si ce n'est une nouvelle grille de calandre.

La Rambler American 400 convertible coûte 2 344 dollars en 1962, ce qui en fait le modèle de plus cher de cette série. C'est aussi le prix de l'Ambassador à moteur V8 la plus abordable, la DeLuxe Sedan quatre portes.

Les quelques nouveautés sur la Rambler Classic 1962 se résument à une calandre plus aérée et à des ailerons gommés. Exit la Classic V8, seule la Classic 6 cylindres en ligne reste disponible.

La Rambler Ambassador millésime 1962 n'est qu'un dérivé mieux motorisé (V8) et plus luxueusement équipé de la Classic. Elle bénéficie des mêmes évolutions esthétiques que sa petite soeur, et conserve le montant arrière inversé, un effet de style qui remonte à l’époque des Nash Ambassador millésime 1952, et qui paraît désormais bien désuet.

En 1961, Renault abandonne la Frégate. La Régie signe cette même année un accord avec AMC pour distribuer les voitures de la Régie aux USA. Parallèlement, cet accord prévoit la distribution en France, dans le Benelux, en Autriche et en Algérie, d'un modèle haut de gamme issu du groupe AMC. La direction de Renault opte pour la Rambler Classic Six, assez bien adaptée à la structure de notre réseau routier.

Renault dispose à moindre coût d'un modèle de luxe. Proposée à 18 200 francs sur le stand de la Régie au Salon de Paris 1961, c'est la voiture américaine la plus abordable du marché français. La berline est disponible assez rapidement, puisque assemblée en Belgique à Haaren, dans la banlieue de Bruxelles. Ce montage est réalisé à partir de pièces en provenance (en CKD) des Etats-Unis. Certains éléments sont produits localement pour minorer les taxes d'importation. Par contre le break, moins diffusé, est directement importé de Kenosha. La clientèle française n'est pas habituée à une telle débauche d'équipements et d'espace à bord d'une automobile. C'est vrai que Renault a décidé d'assembler la Rambler en lui offrant le niveau de finition d'une Ambassador ! Hélas, après un an au catalogue, les résultats sont décevants.

La Rambler paraît un rien baroque, en s'inscrivant sur le plan stylistique dans le sillage de l'ancienne Simca Vedette. Seule une faible part de la clientèle hexagonale s'avère disposée à acheter une automobile américaine, dont l'image demeure, dans notre pays, assez caricaturale.


1963, vive les années 60'


Les carrosseries des grandes Rambler sont totalement renouvelées pour le millésime 1963. Désormais, les Classic et Ambassador partagent la même carrosserie conçue sur le même empattement de 2,84 mètres. Leur longueur est par conséquent identique : 4,83 mètres. Lorsque Richard A. Teague rejoint le bureau d’études d’AMC en 1961, les lignes de ces deux modèles signées Edmund Anderson sont déjà quasiment figées. L'influence de Teague est donc mineure sur cette nouvelle génération. La silhouette est plus basse, une calandre concave et des glaces latérales courbes traduisent un style plus fluide, en rupture totale avec celui des Rambler commercialisées depuis 1957. Pour sa deuxième année en Europe, la Rambler assemblée en Belgique change radicalement de physionomie comme son modèle américain.

La Rambler Classic millésime 1963 possède exactement la même nouvelle carrosserie que l’Ambassador puisque le groupe AMC a décidé d’unifier les dimensions des deux modèles. Elle abandonne enfin les montants arrière inversés.

La Rambler Ambassador change aussi complètement d’aspect. La différence avec la Classic est ténue, et se limite aux finitions et aux moteurs. La calandre présente un profil en coin qui intègre quatre phares dans un logement ayant l'apparence d'une bouche de poisson.


1964, le style Teague s'impose


Richard Teague considère l'esthétique de l'American dessinée par Edmund Anderson non satisfaisante et décide de reconsidérer son dessin. Les nouvelles lignes 1964 sont plus nettes, et se dispensent de décorations chromées. L'empattement gagne 15 cm à 2,69 mètres, suivant en cela l'augmentation de celui de la Classic en 1963. Plusieurs carrosseries restent disponibles : berline deux et quatre portes, break et cabriolet.

La Rambler American millésime 1964 reçoit une toute nouvelle carrosserie dont le style s'apparente à celui des Classic et Ambassador millésime 1963 dans des dimensions plus compactes. Cette version hardtop coupé est sans aucun doute la plus belle de la famille.

Les Rambler Classic et Ambassador se vendent correctement en Amérique du Nord, mais elles sont de plus en plus concurrencées par les modèles des Big Three. Pour rendre ses grandes Rambler plus attrayantes, le constructeur ajoute une version coupé hardtop pour le millésime 1964 et un cabriolet pour le millésime 1965.

La Rambler Ambassador millésime 1964 conserve la silhouette de l'année précédente, mais sa partie avant est redessinée, abandonnant la calandre concave. Cette carrosserie paraît très homogène, surtout dans cette version hardtop coupe.

Roy Abernethy entend donner une image plus sportive à l’ensemble de sa gamme. C’est la raison pour laquelle les motorisations sont revues à la hausse. Ainsi, la Classic dispose d'un nouveau V8 de 4,7 litres et 198 ch, mais aussi du V8 de 5,3 litres jusqu'alors monté sur l'Ambassador, qui elle-même abandonne ce 5,3 litres au profit d'un 5,6 litres de 250 ou 270 ch selon les versions. Parallèlement, le vieux six cylindres 3,2 litres des American et Classic qui procure de 90 à 138 ch est secondé par un nouveau six cylindres de 3,8 litres de 145 ch.

En Europe, la Rambler suit son bonhomme de chemin, et bénéficie des mêmes liftings que son homologue US. Renault communique surtout auprès des chefs d'entreprise, des commerçants aisés et des hauts fonctionnaires. La clientèle bourgeoise de province se montre assez mesurée, en raison de l'image un peu trop " m'as-tu-vu " de cette américaine. Rouler en 404 ou en DS offre plus de discrétion.


1965


La gamme Classic est plus clairement divisée en deux, avec d'une part la 550 et son 3,2 litres de 128 ch, d'autre part les 660/770 et leur 3,8 litres de 145 ch. Le style des Rambler Ambassador et Classic évolue sensiblement. Les lignes carrées tracées par Richard Teague définissent une voiture comparable en dimensions à la Ford Fairlane, mais d’un aspect plus original et d’une habitabilité légèrement supérieure. Pour mieux différencier les Ambassador des Classic, Rambler réintroduit pour le millésime 1965 les doubles phares verticaux sur les premières, ceux des Classic restant horizontaux. En même temps, l'Ambassador voit son empattement porté à 2,94 mètres, alors que la Classic conserve celui de 2,84 mètres. Du coup, la longueur de l’Ambassador est de 4,95 mètres contre 4,83 mètres pour la Classic.

La Rambler Classic millésime 1965 reçoit une nouvelle carrosserie plus carrée, mais ses doubles phares restent horizontaux.

La Rambler Ambassador millésime 1965 monte en gamme en augmentant ses dimensions et en affirmant un style plus carré, à la mode au milieu des années 60. Les doubles phares adoptent une position verticale, comme la Nash Ambassador de ... 1957.

La marque Rambler propose plusieurs cabriolets. On en trouve un dans chacune des familles American, Classic (illustrée ici) et Ambassador. Appréciez la qualité des photos de presse fournies par Rambler.

Un nouveau coupé au style très original dessiné par Richard Teague apparaît pour le millésime 1965, il s’agit de la Marlin. Vendu 3 100 dollars, il s'agit du modèle le plus coûteux de la gamme, l'American culminant dans sa version la plus élaborée 2 418 dollars, la Classic à 2 727 dollars et l'Ambassasor à 2 970 dollars.

La Rambler Marlin lancée pour le millésime 1965 est un coupé Classic à l’arrière fastback qui connaîtra un succès d’estime et sera relancé pour le millésime 1966 sous la marque AMC sur la plateforme de l’Ambassador.

Ce coupé à l’arrière fastback est doté du six cylindres de 3,8 litres de 145 ch. Il a essentiellement pour vocation de faire évoluer l'image de Rambler en proposant un modèle d'allure sportive, tout en affrontant avec ses faibles moyens les Ford Mustang, Dodge Charger et Chevrolet Camaro objectivement plus séduisantes. Mais il ne se vend pas aussi bien que ses concurrentes, et pour cause, ce n'est au final qu'une Rambler Classic redessinée au-dessus de la ceinture de caisse avec un pavillon plongeant généreusement vitré. Rambler n'en écoule en effet que 10 327 exemplaires en 1965.

Désormais fidèle au catalogue Renault, la Rambler est facturée 19 900 francs en France en 1965. En comparaison, une Citroën DS vaut 14 245 francs et une Peugeot 404 à injection 12 800 francs.


1966


Roy Abertnethy, dont le programme de diversification n'a pas porté ses fruits, est remplacé en 1966 par Roy D. Chapin. Entre 1966 et 1969, la marque Rambler va progressivement disparaître au profit de la marque commerciale AMC. Ainsi, pour le millésime 1966, la Marlin et L'Ambassador sortent du programme Rambler, et réapparaissent chez AMC. Sont encore vendues sous la marque Rambler l'American et la Classic en version 550 et 770.

La Rambler Classic 770 Cross Country s'affiche en 1966 à 2 629 dollars, ce qui en fait le modèle le plus cher de ce qu'il reste de la gamme Rambler.

La version Hardtop Coupé de l'American prend le nom de Rogue. Celle de la Classic se fait appeler Rebel, reprenant ainsi un nom abandonné à l'issue du millésime 1960. Son dessin est inédit, avec une calandre rectangulaire flottante encadrée par des projecteurs doubles horizontaux et des ailes avant anguleuses fondues dans une ligne arrière plus fluide.  

Cette Rambler American 440 Rogue est une nouvelle série luxueuse dérivée de l'American. Elle n'est livrable qu'en hardtop deux portes.


1967


La gamme Rambler comporte l'American, en berline deux et quatre portes, en hardtop coupé et en break quatre portes. La Rogue est disponible en hardtop coupé et en cabriolet.

Agréablement dessiné dès le départ, le modèle American dans cette version Rogue ne semble pas souffrir du poids des ans.

La Rebel qui a définitivement remplacé la Classic est disponible en version 550 et 770 avec les carrosseries de sa devancière, à l'exception de la convertible. C'est la dernière année d'existence pour ce modèle sous la marque Rambler, mais on le retrouvera en 1968 sous la désignation AMC. Au sommet de la gamme Rambler, la Rebel SST joue le rôle de muscle car, disponible en hardtop coupe et en convertible.

Si la confusion règne sur les modèles de haut de gamme Ambassador et Marlin dont on ne sait plus très bien si ce sont des Rambler ou des AMC, la situation est plus limpide pour l'American qui est née et qui mourra Rambler.

La Renault Rambler s'offre une nouvelle carrosserie pour 1967 sur la base de la Rebel. Elle n'a jamais été aussi longue ni aussi large. Sa cylindrée passe de 3 260 à 3 802 cm3. C'est désormais une 22 CV fiscaux. La Rambler cesse d'être assemblée en Belgique dès l'été 1967. Renault ferme alors une parenthèse de son histoire. La diffusion des produits de la marque AMC sera reprise quelques mois plus tard par Jean Charles Automobiles à Paris.


1968


La marque Rambler n'existe plus que par l'American et la Rogue. Sur cette dernière, seul le coupé hardtop a survécu.

Rambler est en roue libre. AMC a pris le relais pour les modèles de haut de gamme. Même la documentation de presse se limite à de bien tristes photographies en noir et blanc.


1969


La gamme est la même qu'en 1968, mais une rare version SC/Rambler-Hurst complète l'offre. Il s'en vend 1 512 exemplaires durant le ce millésime, et cette " muscle car " est affichée 2 998 dollars, quand une American de base vaut entre 1 998 et 2 478 dollars.

La SC/Scrambler-Hurt vendue à une poignée d'amateurs est impressionnante sur le plan des performances, mais bien éloignée de l'image des Rambler traditionnelles.


Chronique d'une mort annoncée


La production de Rambler passe de 373 000 unités en 1961 à 455 000 en 1962, 480 000 en 1963, un chiffre très proche du record de 1960. Puis c'est la dégringolade, avec 394 000 unités en 1964, 346 000 en 1965 et 279 000 en 1966. Ces mauvais chiffres conduisent vers la sortie Roy Abertnethy, qui est remplacé par Roy D. Chapin Jr - petit-fils de Joseph L. Hudson, fondateur de la marque homonyme - qui décide aussitôt de mettre un terme à la marque Rambler, pour la remplacer par celle d'AMC, qui était jusqu'alors la dénomination du groupe chapeautant Rambler.

Les responsables d’AMC pensent en effet que la suppression de la marque Rambler, à la connotation jugée trop " compacte ", à une époque où la clientèle américaine réclame de nouveau des voitures de grandes dimensions, sera salutaire. Le résultat ne sera pas au niveau des espérances, mais cela est une autre histoire … Les dernières Rambler American et Rogue sont remplacées en 1970 par la nouvelle AMC Hornet, qui reprend le nom d’un ancien modèle Hudson. En 1970, la marque Rambler a définitivement disparu du marché automobile américain.

Texte : Jean-Michel Prillieux / André Le Roux
Reproduction interdite, merci.

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