Bruno Sacco

Bruno Sacco - Italie - 1933


Formation

Ecole Polytechnique de Turin

1933

Naissance à Udine en Italie.

1951

Une rencontre fortuite au début des années 1950 aura un impact durable sur l'avenir de Bruno Sacco et sur le futur développement des automobiles Mercedes. Quand le jeune Italien découvre la Studebaker Starlight Coupé de Raymond Loewy au Salon de Turin, c'est un choc. A ses yeux, cette voiture semble provenir d'un autre monde. Il décide de consacrer son avenir professionnel au design automobile. Il tente sa chance en contactant les prestigieux ateliers de Pinin Farina et de Ghia. Pour ce dernier, il travaille à la commande, et il a l'opportunité de côtoyer des personnalités telles que Giovanni Savonuzzi et Sergi Sartorelli.

Bruno Sacco, devant la Mercedes 300 SL


1957

L'intérêt de Sacco pour l'Allemagne et sa connaissance de la langue de Goethe le conduisent par le biais du consul allemand à Turin à rencontrer Karl Wilfert, l'homme qui vient de dessiner la Mercedes 300 SL à portes papillon. En 1957, celui-ci invite Sacco à l'usine de Sindelfingen, puis il engage le jeune designer enthousiaste peu de temps après. Sacco seconde alors Paul Bracq. Son mariage avec une allemande en 1959 ne fait que confirmer ses projets d'avenir. Les premières voitures sur lesquelles il est amené à travailler sont la Mercedes 600 et la 230 SL. Il passera les quarante prochaines années de sa carrière chez Mercedes.

A partir des années 70'

Il supervise la conception des différentes versions de la C111, puis de la berline ESF. Ce sont de véritables laboratoires roulants destinés à améliorer la sécurité des automobilistes.

Mercedes C111, 1969

Mercedes ESF (Experimental Safety Vehicule), 1973


En 1970,  il prend la tête du département design des carrosseries
En 1975, il succède à Friedrich Geiger, fondateur du département style chez Mercedes
En 1987, il prend la direction du département design
En 1993, il devient membre du conseil d'administration de la compagnie

Sur les voitures de grande série, son travail présente une certaine complexité. Une Mercedes a évidemment l'obligation d'être élégante et dans l'air du temps au moment de sa présentation, mais du fait de son prestige, elle se doit aussi de mieux résister que ses rivales à l'usure du temps une fois sa carrière achevée. A ces fins, Bruno Sacco a imposé deux principes majeurs :

L'affinité verticale est le premier. Une nouvelle Mercedes ne peut pas automatiquement démoder le modèle qui l'a précédé. L'acheteur doit percevoir la continuité dans le style, et immédiatement identifier sans risque d'erreur qu'il s'agit d'une Mercedes. L'homogénéité horizontale est le second principe que Bruno Sacco s'est efforcé d'appliquer d'une génération de Mercedes à l'autre. Certains détails de style sont reconduits au fil du temps. Par exemple, l'horizontalité des optiques est devenue une règle intangible dans les années 70, tout comme l'utilisation des feux arrière dotés de rainures anti-salissures.

Le style Mercedes est ainsi parvenu à traverser trois décennies (70, 80 et 90) sans heurts. Les Mercedes sont restées à la fois élégantes et pratiques à l'usage, et elles ont innové sans bousculer la part la plus conservatrice de leur clientèle. Nous évoquons ici le cas des plus emblématiques d'entre elles, imaginées sous l'autorité de Bruno Sacco.


Berline 200/300, W123 et dérivés

Le dessin de la berline type W123 de 1976 met en valeur les lignes horizontales, et témoigne d'une continuité avec les formes de la berline Classe S type W116 présentée en 1972. Le capot moteur paraît plus plat que sur la série précédente, grâce à la suppression des phares positionnés en hauteur. Cette voiture sobre (certains la qualifieront d'ennuyeuse), habitable et d'une robustesse exceptionnelle gagne sans attendre une réputation planétaire, notamment auprès des chauffeurs de  taxi !

Mercedes Berline, type W123


La version coupé C123 est présentée au Salon de Genève en mars 1977. L'empattement réduit et le nouveau dessin arrondi de la lunette arrière font disparaître la trop grande accentuation de l'arrière du véhicule, gênante sur la génération précédente.

Mercedes Coupé, type C123

La génération précédente


En avril 1978 apparaît un break S123, à la fois pratique et élégant. Mercedes évite soigneusement le terme de break dans ses publicités, afin de ne pas faire naître l'idée d'un véhicule simplement utilitaire. Le constructeur préfère souligner le confort de cette voiture modulable. La carrosserie est semblable à celle de la berline jusqu'au montant central, tandis que les portes arrière sont plus anguleuses. Paradoxalement, l'image que dégage le break Mercedes est souvent jugée plus valorisante que celle offerte par la berline.

Mercedes Break, 1978 - 1986


Gamme moyenne, W126 et dérivés

Cette troisième génération de Classe S est présentée au Salon de Francfort 1979. La tendance après les deux chocs pétroliers successifs est à l'allègement, notamment grâce à l'utilisation du plastique et d'alliages légers. L'optimisation de l'aérodynamique est une autre source d'économie. Le souci apporté aux détails du dessin et la réduction de la surface frontale (moins 4,5 cm en largeur) permettent de faire passer le Cx de 0,41 à 0,36.

Mercedes Classe S, 1979 - 1991


Le coupé SEC type C126 a été développé parallèlement à la berline. Le styliste a proposé un ensemble à la fois esthétique et fonctionnel. En clair, point de beau pour la seule beauté. Son dessin répond non seulement à des critères esthétiques, mais aussi à des impératifs aérodynamiques. Bien que mesurant presque cinq mètres de long, le coupé SEC paraît plus court. Il est présenté au Salon de Francfort en septembre 1981 dans les versions 380 SEC et 500 SEC.

Mercedes SEC, 1981 - 1992


190, W201

En 1982, Bruno Sacco ouvre une nouvelle ère pour la marque à l'étoile en proposant la berline compacte 190. Le constructeur allemand fait ses premiers pas dans une catégorie qu'il ne connaît pas ou plus (depuis la " petite " 170 produite de 1936 à 1953), un cran en dessous des traditionnelles berlines 200 à 300. La contrainte majeure a été ici de faire passer tout ce qui caractérise une Mercedes - haute technologie, soin de la réalisation, sécurité - dans un modèle de taille réduite.

Mercedes 190, 1982 - 1993

A ses débuts, la 190 est critiquée par certains pour être trop sobre. Son prix est jugé indigne pour une Mercedes. Cette " baby Mercedes " aux formes discrètes permet pourtant à la marque d'atteindre un public plus jeune, celui des trentenaires, sans perturber sa clientèle traditionnelle. Avec elle, Mercedes répond enfin à BMW qui a investi depuis 1975 le créneau des petites familiales haut de gamme avec sa Série 3.

Mercedes 190 16S , 1982 - 1993


Gamme moyenne, W124 et dérivés

Le succès de la berline W123 ne se dément pas quand Mercedes décide en 1984 de briser sa carrière pour la remplacer par une nouvelle berline de taille moyenne. La W124 est plus courte que la série précédente, et son apparence plus gracile. Elle modernise l'image du milieu de gamme du constructeur de Stuttgart tout en apportant une vraie légitimité à la 190, tant elle semble en être le prolongement. Les choix esthétiques effectués en 1979 par la Classe S, confirmés en 1982 sur la 190, trouvent dans la W124 un développement logique, et affirment l'homogénéité de style Mercedes. 

L'essentiel du travail réalisé sur la carrosserie n'est pas vraiment visible. Pourtant, cette voiture est l'une des premières berlines au monde à présenter un coefficient de pénétration dans l'air inférieur à 0,30. La reine de cette série, la 500 E, est présentée en octobre 1990 à Paris. Construite en collaboration avec Porsche, cette super sportive déguisée en familiale est propulsée par un V8 de 326 ch.

Mercedes Classe E Berline, 1984 - 1995 (ici une 500 E)


Ce n'est qu'au Salon de Genève en mars 1987 qu'apparaît le premier coupé C124. Il s'avère particulièrement racé malgré sa taille imposante. 

Mercedes Classe E Coupé, 1987 - 1996


Chaque millésime apporte sa nouveauté, et c'est en 1991 que le cabriolet type A124 fait son apparition avec la 300 CE-24.

Mercedes Classe E Cabriolet, 1992 - 1997


Classe S, W140 et dérivés

BMW fait de l'ombre à Mercedes avec sa Série 7. Aussi décide-t-on à Stuttgart de faire encore plus long, plus large et plus cher que le voisin  de Munich. Seulement, cette fois, il semble que l'on ait poussé le bouchon un peu trop loin. Cette nouvelle Classe S type W140 dévoilée en mars 1991 ne fait en effet pas l'unanimité, même si elle propose ce qui se fait de mieux dans à peu près tous les domaines du luxe et de la technique automobile. Elle sera remplacée après sept ans de règne par une nouvelle génération aux mensurations plus raisonnables.

Mercedes Classe S, 1991 - 1999


Présenté moins d'un an après la berline W140, le coupé C140 ne parvient pas non plus à dissimuler son gigantisme. Il s'affiche comme l'un des coupés les plus spacieux du marché, permettant au moins aux passagers installés à arrière de voyager la tête haute.

Mercedes SEC, 1992 - 1999


SL, R129

Après dix-huit ans d'une carrière flamboyante, la SL de troisième génération s'incline. Elle laisse derrière elle une telle notoriété que nombreux sont ceux à s'inquiéter pour le modèle qui sera appelé à lui succéder, tout en conservant le même nom. Sera-t-il digne de perpétuer cette appellation SL devenue mythique ?

Mercedes SL, 1989 - 2002

La réponse leur est donnée en mars 1989 au Salon de Genève quand Mercedes lève le voile sur son tout nouveau roadster, dessiné sous l'autorité de Bruno Sacco. Cette nouvelle SL, type R129, fait table rase du passé, et propose une ligne innovante, basse et sportive. Elle ne peine pas à convaincre, et en dépit des tarifs assez élevés, les carnets de commandes se noircissent dès sa présentation. Des progrès considérables ont été réalisés dans le domaine de la sécurité. On retient notamment la présence d'un arceau de sécurité qui se déploie en 0,3 seconde en cas de nécessité.

Mercedes SL, 1989 - 2002


SLK, R170

Quand la SLK est exposée en 1996 au Salon de Turin, elle est avec moins de 4 mètres de long la plus petite Mercedes jamais produite. La notion de " coupé convertible " s'est démocratisée dans les années 2000 (Peugeot 206 CC, Opel Twin Top ...), mais à l'époque, pouvoir se métamorphoser de coupé en cabriolet et inversement en 25 secondes tenait du prodige, d'autant que l'opération s'effectuait par la simple pression d'un bouton.

Mercedes SLK, 1996 - 2004


Classe M, W123

Lancé aux Etats-Unis, où il est tout de suite plébiscité, le Classe M débarque en Europe un an plus tard. Il n'est pas appelé à remplacer le Classe G. Au contraire, il s'ouvre à de nouveaux horizons, beaucoup plus ambitieux. Union réussie du 4 x 4 baroudeur et du monospace familial, son style hybride lui procure d'emblée un joli succès. 

Mercedes Classe M, 1998 -2005


1999

Bruno Sacco quitte Mercedes et  laisse le soin à de jeunes designers de perpétuer son œuvre. Avant de prendre définitivement sa retraite, il poursuit ses activités en tant que concepteur pour l'industrie sanitaire.

2006

Il reçoit l'Automotive Hall of Frame, une distinction attribuée aux personnes qui se sont particulièrement distinguées dans le monde de l'automobile. Il y rejoint notamment Carl Benz, Niccio Bertone, Ettore Bugatti, Louis Chevrolet, Walter Chrysler, André Citroën, Rudolf Diesel, Harley J. Earl, Virgil Exner, Enzo Ferrari ... 


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