Citroën 180 K


Marius Berliet (1866/1949) fabrique sa première voiture en 1898. En 1905, il reçoit une offre inespérée de l'American Locomotive Company, qui comme son nom l'indique, est spécialisée dans la production de locomotives. Cette société désire s'adjoindre un département automobile. Pour débuter, son choix se porte sur un châssis conçu chez Berliet, en raison de ses qualités de robustesse et de simplicité. Le prix payé permet à Marius Berliet de s'agrandir. Pour marquer cet accord flatteur, il choisit comme emblème pour sa marque la silhouette typique d'une locomotive américaine, qui va figurer jusqu'aux années 70 sur les camions fabriqués à Vénissieux.

Marius Berliet (Archive fondation Berliet)

Le premier camion Berliet d'une charge utile de deux tonnes est commercialisé en 1906. Le déclenchement des hostilités apporte au constructeur un afflux de commandes, surtout dans le domaine des poids lourds. Après la première guerre, pour occuper ses 12 000 ouvriers, Berliet décide de fabriquer quotidiennement 100 voitures et 40 camions. La dernière automobile Berliet à voir le jour est la Dauphine de 1939. Son châssis est de conception maison, mais sa carrosserie est empruntée à la Peugeot 402, à l'exception de sa face avant originale. La seconde guerre interrompt les activités du constructeur dans le domaine des voitures de tourisme. Après la libération, l'industriel va se consacrer uniquement à la fabrication de camions et de véhicules spéciaux avec un réel succès.

Berliet Dauphine, 1939

Au cours de la seconde moitié des années soixante, Berliet dispose d'une gamme extrêmement large, distribuée dans un réseau très dense. La situation est cependant critique. La montée en puissance des véhicules importés, la concurrence active de Saviem, la percée des petits utilitaires britanniques à bas prix, la difficulté d'exporter, la perte de marchés militaires et quelques déconvenues subies par le camion Stradair conjuguent leurs effets pour obliger Berliet à aller chercher le salut auprès de Michelin. Avec l'accord signé le 27 juillet 1967, le Bibendum prend pied dans le capital du constructeur à la locomotive.

C'est dans ce contexte que Berliet reprend dans son usine de Vénissieux la production des camions Citroën. La firme de Javel est en effet sous le contrôle du fabricant de pneumatiques depuis 1935. Elle possède une gamme vieillissante comprenant les types 23 et 55 introduits l'un et l'autre en 1953, et la gamme dite " Belphégor " lancée en 1965 et produite à Aubervilliers.

Le Citroën " Belphégor " doit son surnom au dessin de sa face avant, imaginé par Flaminio Bertoni

Mais il s'agit pour le constructeur aux chevrons d'une activité secondaire, et chez Michelin on estime que Berliet sera mieux armé sur le plan industriel et commercial pour  rivaliser sur ce marché étroit avec ses concurrents, en particulier Saviem, quitte à ne se satisfaire que d'un léger bénéfice résiduel. Ainsi donc, les derniers camions de Citroën vont sortir des usines Berliet.

Quand il s'avère que le Stradair - un original camion à suspension pneumatique lancé en 1965 - est un échec commercial évident, Berliet décide de raboter son capot moteur tout en conservant son habitacle et en reculant sa mécanique.

Berliet Stradair

Il en résulte la gamme K, présentée au Salon de Paris 1968, et vendue sous les marques Citroën et Berliet. Cette nouvelle cabine propose trois places de front, un confort de berline et un plancher plat sans obstacle, le levier de vitesses étant au volant.

Les premiers véhicules, les 10K, 20K et 30K, ont des PTAC compris entre 8,3 et 10 tonnes. Puis la gamme s'étend vers le bas avec la sortie des 180 K, 350K, 450 K, 480K et 530 K. Seul le 180 K s'inscrit dans la catégorie des utilitaires légers qui nous intéresse ici avec son PTAC  limité à 3,5 tonnes, les autres étant des poids lourds au PTAC de 5,99 T, 6,99 T, 7,40 T et 8,00 T. Il peut donc être conduit avec le seul permis B.

Le 180 K qui n'est vendu que sous la marque Citroën est  équipé du 4 cylindres 1911 cm3 hérité de la Traction Avant. Ses phares empruntés à l'Ami 6 sont intégrés à la calandre, alors qu'ils prennent appui sur les pare-chocs sur les modèles supérieurs.

Le 180 K peut s'adapter à différentes professions

L'habitacle du Citroën 180 K

Cette gamme K qui mixe les technologies Berliet et Citroën ne rencontre aucun succès. Les agents Citroën ne font pas vraiment d'efforts pour placer le 180 K, ce qui le condamne deux ans à peine après son lancement. En 1973, c'est le nom de Citroën qui disparaît de tous les camions, le réseau et la marque Berliet étant jugés plus crédibles sur ce marché.

Citroën 180 K

En 1974, face aux difficultés de Citroën, l'Etat laisse peu de choix à Michelin. Il impose la reprise des voitures de tourisme Citroën par Peugeot, avec une aide financière conséquente, et à terme celle du secteur camions par Renault. Cela sera chose faite en 1976. De la fusion avec Saviem naîtra en 1980 Renault Véhicules Industriels (RVI).

Citroën 180 K

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