Railton


Railton est une marque automobile britannique créée en 1933 par Noël Macklin et L.A. Cushman, anciens dirigeants d'Invicta. Le nom de la marque provient de Reid Railton, concepteur de voitures de record du monde de vitesse et conseiller technique de la firme. Railton utilise les châssis et les moteurs six cylindres et huit cylindres des Hudson américaines. Mais peu de modèles sont produits. Cette aventure cesse en 1949. Une tentative de faire revivre la marque échoue dans les années 90.


Railton s'installe dans l'usine Invicta de Cobham dans le Surrey, après que cette société ait déménagé ses activités à Chelsea. Railton emprunte son nom au conseiller technique de la firme, Reid Antony Railton. Le personnage bénéficie déjà d'une certaine notoriété grâce à ses voitures de record, ce choix n'est donc pas neutre, on s'en doute.

Reid Antony Railton, 1895/1977. Véritable touche-à-tout : agent de change, concepteur de voitures de luxe, de voitures et de bateaux de records. Il décède en Californie en 1977, à l'âge de 82 ans.

La Railton représente en Europe la première tentative de fabrication d'une voiture de grand tourisme utilisant des composants mécaniques d'origine américaine. En effet, Railton se fourni auprès de Hudson pour ce qui est du châssis, du huit cylindres du modèle Terraplane, de l'embrayage et de la boîte de vitesses. En 1935, le châssis et le moteur Terraplane sont remplacés par ceux de la Hudson Eight.

Hudson Terraplane, 1933. Terraplane est une marque créée par Hudson entre 1932 et 1939. Ce sont des voitures conçues pour être abordables, sans rien sacrifier à la puissance.

La production des carrosseries est sous-traitée auprès de différentes entreprises spécialisées. Evidemment, l'aspect de la carrosserie, de la sellerie et des instruments de bord est d'inspiration britannique. Les tarifs de Railton demeurent inférieurs à ceux de ses concurrentes Alvis ou Talbot par exemple. Ces prix compétitifs, alliés à des performances exceptionnelles, facilitent les ventes vers une clientèle soucieuse de se démarquer de l'image corsetée des classiques britanniques, tout en bénéficiant du confort d'une mécanique au couple généreux et à la souplesse exceptionnelle. Au total, 1 379 Railton 8 cylindres sont fabriquées. Railton vend 224 voitures en 1934, puis 377 en 1935, son niveau maximal, avant de décliner.

Une version plus modeste dotée d'un six cylindres Hudson de 2 723 cm3, la 16.9, complète l'offre à partir de 1937. Seuls 81 exemplaires sont produits, soit en berline soit en coupé. Etant donné les rapports étroits qui existent entre Hudson et Railton, les améliorations techniques de ces dernières sont celles adoptées par la firme américaine. Une Railton encore plus petite, la 10 HP, réalisée sur la base d'un châssis Standard, rejoint la gamme en 1938. 51 exemplaires sont assemblés, 37 coupés et 14 berlines.

Le mariage des voitures américaines Hudson Terraplane avec le savoir-faire et la tradition britannique.

D'année en année, les Railton ont tendance à prendre du poids. Or à ce moment-là, une dangereuse rivale fait son apparition, la 2 1/2 L SS Jaguar de William Lyons. Cette automobile 100 % britannique fait de l'ombre aux Railton. Elle est à la fois plus élégante et moins coûteuse. Sa puissance fiscale est moindre, et sa mécanique plus économe en carburant que celle du 8 cylindres américains

En 1939, Railton oriente son activité vers la construction de canots de course, et cède ses droits de fabrication automobile à la filiale londonienne de Hudson. Cette dernière propose après-guerre d'autres modèles huit cylindres, mais qui ne connaissent que peu de succès, en raison d'une conception désuète qui ne cadre pas avec un tarif devenu prohibitif. La production des Railton à moteur Hudson cesse définitivement en 1949.

Il faut attendre 1989 pour voir de nouveau le nom de Railton réapparaître sur le capot d'une voiture,  à l'initiative de William Towns. La Railton Motor Company, installée dans le Warwickshire, entend bien reprendre sa place sur le marché des automobiles de luxe. La nouvelle Railton, officiellement disponible à partir de 1991, prend la forme d'un immense cabriolet au dessin minimaliste tout en courbes, réalisé sur la base d'une Jaguar XJS V12. La carrosserie en aluminium ne laisse en rien deviner l'identité du châssis. Le dessin de William Towns est à mille lieues de ses réalisations pour Aston Marin ou Lagonda, et le moins que l'on puisse dire est qu'il est sujet à controverse.

Railton F28 Fairmile. Le designer William Towns qui a réalisé la Railton est aussi à l'origine de quelques autos mémorables : Rover BRM à turbine en 1965, British Leyland Townscar et Guyson Roadster en 1973, Aston Martin Lagonda en 1976, Hustler en 1978, et Aston Martin Bulldog de 1979, etc ....

La Railton est déclinée en deux versions, dont les noms évoquent les grandes heures de la marque. La première appelée F28 Fairmile est la variante sportive identifiable à ses roues de plus grande taille et à sa monte pneumatique, particulièrement généreuse. La seconde, la F29 Claremont, du nom d'un cabriolet Railton des années 30, arbore des caches intégraux sur les roues arrière.

Railton F29 Claremont. De nombreux éléments d'origine Jaguar sont conservés, seule la sellerie peut donner l'illusion de l'exclusivité. L'équipement de base est conséquent pour l'époque : ABS, régulateur de vitesse, verrouillage centralisé, direction assistée, boîte de vitesses automatique, sièges à réglage électrique, climatisation ...

Le prix de vente, qui correspond à plus de deux fois celui d'une XJS d'usine, laisse perplexe. Un dérivé équipé d'un V12 de 6 litres développé par Lister est un temps envisagé, mais face au peu d'enthousiasme suscité par la version originale, ce projet reste dans les cartons. En 1994, le financier qui soutient l'affaire préfère jeter l'éponge. Railton meurt une seconde fois.

Même s'il n'a jamais été envisagé de produire la Railton à plus de cinquante exemplaires, la réalité est on ne peut plus cruelle. Seules trois voitures ont vu le jour, la F28 Fairmille rouge présentée en 1989, et deux cabriolets F29 Claremont, l'un rouge, l'autre bleu métallisé. Ce dernier est demeuré la propriété de William Towns jusqu'à la fin de sa vie en 1993, avant de connaître les affres des salles de ventes.

Texte : André Le Roux / Jean-Michel Prillieux
Reproduction interdite, merci.

Retour au sommaire de Marques disparues - Retour au sommaire du site