Fiat 130
On ne s'improvise pas constructeur d'automobiles de prestige. Fiat en a fait la difficile expérience avec la 130. Habitué à vendre des voitures à vocation populaire, et après le succès d'estime de la 2300, le géant italien ne conçoit pas de rester éternellement absent du haut de gamme européen déjà monopolisé par les allemands et les britanniques. Lors de l'étude de la 130, Fiat ne posséde pas encore ni Lancia (1969) ni Alfa Romeo (1986). Certes, sur ce segment de marché, le gâteau est moins grand, mais les marges bénéficiaires y sont plus conséquentes. Après avoir renouvelé ses modèles intermédiaires avec les 124 et 125 dans la seconde moitié des années 60, l'heure est à l'étude d'un modèle plus élitiste. La berline 130 que les allemands surnomment malicieusement la " Lada S-klasse " est présentée au salon de Genève en mars 1969. Son dessin, sans défaut majeur, mais d'une extrême banalité, a été élaboré sous la responsabilité de Mario Boano, alors patron du style Fiat. Il ne soulève pas l'enthousiasme des foules. La 130 ressemble à l'Autobianchi A 111 présentée l'année précédente, voir à la Fiat 125 en plus volumineux. Seule la face avant parait faire l'unanimité, avec sa belle calandre dotée de quatre projecteurs.
Fiat 130 Berline La Fiat 130 est initialement motorisée par un V6 de 2 866 cm3 qui développe 140 ch, puissance augmentée à 160 ch dès 1970, première année de commercialisation en France. La cylindrée est portée à 3 235 cm3 en 1971, la moteur gagne 5 ch et un couple plus généreux. La 130 est vendue de série avec une boîte automatique, ce qui augmente la consommation de carburant (jusqu'à 20 litres au 100 quand on la pousse un peu) mais grappille aussi de la puissance disponible. La boîte manuelle reste une option. Il est difficile avec des arguments si pauvres de lutter à arme égale avec la concurrence sur le marché des grandes routières. Nombre d'exemplaires sont achetés à bon prix par les concessionnaires qui les utilisent pour leur propres besoins. La berline 130 s'éclipse en 1977 après une production de 15 093 exemplaires. La France en aurait absorbé 634 unités.
Fiat 130 Berline Extrait du mensuel Virage, juillet/août 1969 : " La caricature de ce premier contact avec la Fiat la plus grosse, la Fiat des PDG est ainsi vite dessinée : comportement routier fantastique, confort excellent, médiocres performances ... Si à l'arrêt la 130 semble de lignes un peu classiquement vieille, elle s'anime en roulant ... Le 6 cylindres, lui, nous a d'abord impressionné par sa compacité, puis déçu par sa sonorité banale et son manque de brio ... La 130 a été conçue dans un esprit de confort plus que de performances et manifestement elle répond à cette optique ... " Robert Sejourne, dans l'Auto Journal du 1er juillet 1972, met en avant la qualité de fabrication de la Fiat 130 : " Ce qui m'a le plus impressionné ne sont ni ses performances (honnêtes) ni ses qualités routières (sûres) ni surtout sa ligne (banale), mais bien le soin extrême apporté à la finition mécanique et à la présentation intérieure. C'est de la fabrication hors série dans les moindres détails : soulever le capot est un régal pour l'amateur de travail bien fait, s'asseoir au volant est un plaisir pour les yeux et pour le corps ... Il est dommage que la 130 ne s'appelle par Italia, Torino ou Agnelli, voire Lancia, car j'imagine que le monsieur qui l'achète n'aime guère se retrouver chez le garagiste à côté de la 500 du stagiaire de l'entreprise qu'il dirige avec dignité. " Le coupé Fiat 130 apparaît deux ans après la berline, en mars 1971 à Genève, sur le stand Pininfarina. Le carrossier n'a pas eu grande peine à faire mieux que le bureau de style de Fiat. La mécanique est celle qui équipe la berline depuis 1971, le V6 de 3 235 cm3 et 165 ch. Contrairement à la quatre portes, le coupé 130 plait immédiatement, grâce à ses lignes sobres, ses angles vifs, sa calandre basse, ses projecteurs étirés, apportant à l'ensemble une certaine modernité. Il reste cependant à trouver les clients disposés à payer chère une Fiat dans le monde restreint du haut de gamme. A ce niveau, on achète une voiture mais aussi une marque. Les équipes de marketing de Fiat auraient sans doute été plus inspirées de lui faire porter les couleurs de Lancia.
Fiat 130 Coupé
Fiat Opera Le coupé Fiat fait l'objet de deux développements par Pininfarina sous forme de prototypes de salon. Il y eut d'une part le break de chasse Maremma présenté à Genève en 1974, d'autre part la berline Opera, exposée quelques mois plus tard à Paris. L'Opéra reprend les lignes générales du coupé, sans rien modifier ni à la proue, ni à la poupe et au pavillon. Elle est incontestablement plus élégante que la berline Fiat 130 de série, mais par sagesse, le géant turinois préfère renoncer à ce dérivé, pour mieux se concentrer sur ses petites berlines populaires, 126, 127 ou 128, plus en phase avec son image de constructeur généraliste. Commentaire de Bernard Carat dans l'Auto Journal N° 18 du 15 octobre 1974, qui rend compte de sa visite au Salon de Paris : " Pininfarina s'est contenté d'une voiture beaucoup plus facile à construire puisqu'elle reprend la plupart des éléments de son fameux coupé Fiat 130. Très logiquement, on en a fait une quatre portes baptisée " Opéra " et qui, en des temps meilleurs serait certainement adoptée par Fiat pour remplacer la berline 130. Cette voiture est, nous n'hésitons pas à le dire, une sorte de chef d'oeuvre de simplicité, de dépouillement, en un mot d'élégance discrète ".
Fiat 130 Maremma et Opera |