Wanderer, pour la randonnée


La marque automobile allemande Wanderer est fondée en 1885. Elle commence la production automobile en 1905, entre dans le groupe Auto Union en 1932 en tant que marque de milieu de gamme, et cesse ses activités automobiles en 1941.


Les débuts de Wanderer


En 1885, Johann Baptist Winklhofer et Richard Adolf Jaenicke, tous deux mécaniciens, ouvrent un atelier de réparation de bicyclettes à Chemnitz, en Saxe, dans l’Est de l’Allemagne. En 1886, ils commencent à fabriquer eux-mêmes un tricycle de leur conception sous la marque Wanderer, terme qui se traduit par randonneur. Cette transformation en entreprise de production indépendante entraîne la modification à deux reprises de la raison sociale : Chemnitzer-Veloziped-Fabrik Winklhofer und Jaenicke en 1887, puis Wanderer Fahrradwerke vorm. Winklhofer une Jaenicke en 1896.

En 1887, Johann Baptist Winklhofer et Richard Adolf Jaenicke sont à l'origine du fabricant de bicyclettes Wanderer.

L'entreprise s'établit dans la Theaterstrasse à Chemnitz. La volonté permanente d'expansion amène ses dirigeants à acheter en 1894 un nouveau terrain à Schönau, dans la périphérie de Chemnitz. En 1908, l'entreprise se développe. On voit surgir un bâtiment réalisé en béton armé comportant pas moins de cinq étages.

Wanderer, l'imposante façade de l'usine de Schönau près de Chemnitz

De 100 bicyclettes produites en 1886, la production passe à 467 en 1890 et à 3 126 en 1895. Cette année-là, Wanderer emploie 245 salariés. L'entreprise s'appuie parallèlement sur le développement du secteur des machines-outils. La première motocyclette Wanderer fait son apparition en 1902. En 1904, Wanderer fabrique également des machines à écrire vendues sous la marque Continental, et se pose ainsi en concurrent d'Adler.

Wanderer doit sa réussite à la multitude de produits que l'entreprise fabrique, notamment à partir de 1904 les machines à écrire Continental.

En 1906, Wanderer construit sa première automobile. La volonté de l'industriel est de se diversifier pour minimiser les risques. Il s’agit d’une petite voiture à deux places munie d’un moteur bicylindre. Elle n’a en fait rien d’exceptionnel et ressemble à toutes ses concurrentes potentielles. C'est un exemplaire unique. Il faut attendre 1913 avant que ne commence vraiment la production en série des voitures Wanderer. Cette année-là, 2 700 personnes travaillent pour l'industriel, toutes activités confondues.


" Puppchen " W1, W2, W3, W4 et W8


La loi fiscale allemande de 1906 qui taxe lourdement les grosses voitures incite les constructeurs automobiles de ce pays à lancer de petits modèles, ce qui permet d'élargir le marché. Mais Wanderer ne veut pas s’engager à la légère dans une construction peu fiable dont les défauts n’apparaîtraient qu’en cours de vie, et souhaite se placer sur le marché avec un produit fiable et de qualité. C’est ce qui explique que la Wanderer n’est lancée qu'en 1911 dans une version W1 au terme d’une longue période d’essai de quatre ans. Celle-ci se démarque par la disposition de ses sièges en tandem, comme sur le cyclecar Bedelia de 1910. Cette disposition évoluera dans le temps. Cette voiture légère et gracile très populaire est dotée d’un quatre cylindres quatre temps de 1147 cm3 et 12 ch.

Le surnom de Puppchen qui lui sera bientôt attribué fait référence à une oeuvre musicale et burlesque du même nom présentée en décembre 1912 au Thalia Theater de Berlin. Lors de l'interprétation de la chanson " petite poupée, je tiens à toi comme à la prunelle de mes yeux " une automobile entre en scène. A l'occasion de la représentation de la pièce peu de temps après à Chemnitz, Wanderer prête au théâtre un petit véhicule. C'est ainsi que Puppchen entre dans le langage courant pour désigner la Wanderer.

La W2 introduite en 1913 voit sa cylindrée passer à 1222 cm3 et sa puissance à 15 ch, tandis que la W3 de 1914 est équipée d'un 1286 cm3. La Wanderer répond à toutes les exigences en matière de puissance et d’économie. Le constructeur ne mise que sur une seule petite voiture, fabriquée de façon très rationnelle. La carrosserie, assez légère, est inspirée des canons de beauté étrangers pour plaire au plus grand nombre. Il faut débourser près de 3800 marks pour profiter de cette petite merveille de 650 kg capable de filer à 75 km/h. A cet époque, un ouvrier spécialisé gagne à peu près 1200 marks par an. Les automobiles, même de petite taille, restent l'apanage des nantis.

La Wanderer Puppchen est fabriquée de 1913 à 1926. Ettore Bugatti propose un projet de petite voiture à Wanderer en 1910 avant de commencer à fabriquer des voitures pour son propre compte. Wanderer refuse le projet Bugatti, car son propre projet est prêt, mais rien ne permet de réfuter l’idée que la marque ait pu s’en inspirer sur certains détails. Bugatti remanie son étude et la propose à Peugeot. Ce sera la Bébé, produite à plus de 3 000 exemplaires.

Pendant la guerre, Wanderer produit des motocyclettes et des bicyclettes destinées à l'armée et à ses compagnies cyclistes. La Puppchen s'avère être un excellent véhicule de reconnaissance et de liaison. En 1919, la cylindrée de la W4 (donc la quatrième version) est portée à 1306 cm3 et la puissance à 17 ch. La transition à la fin de la guerre entre productions civiles et militaires s'effectue sans heurts, et Wanderer dégage de bons résultats au tout début des années 20. Entre-temps, la gamme des carrosseries proposées a pris de l'ampleur.

En 1922/23, les troubles politiques et la dépréciation monétaire conduisent à une réduction des effectifs. En 1925, la W4 est remplacée par la W8. Celle-ci n'est produite qu'une seule année, et le 1306 cm3 voit sa puissance portée à 20 ch. La Puppchen est considérée comme l’une des meilleures voitures de petite taille sur son marché, et environ 9 000 exemplaires sont assemblés jusqu'en 1926. Grâce à ce modèle, Wanderer fait partie des constructeurs automobiles les plus influents du pays.

En 1926, le constructeur se rallie au mouvement global de rationalisation et instaure le travail à la chaîne. A partir de 1927, il confie la production de ses cabriolets à Gläser, à Dresde. Cette entreprise de carrosserie travaille par ailleurs pour Horch et Audi, futurs alliés de Wanderer. La firme engrange toujours de bons résultats, fruit de méthodes de production et de travail modernes.


Années 20, W6, W9 et W10


Après le succès obtenu avec la Puppchen, Wanderer décide de conquérir le milieu de gamme. La marque qui arbore un " W " sur ses radiateurs souhaite capitaliser sur l'excellente réputation de fiabilité et de robustesse de ses automobiles. Pour autant, Wanderer reste résolument traditionaliste, peu audacieux dans ses créations et se garde bien de heurter sa clientèle stable et fidèle avec des nouveautés révolutionnaires.

Commercialisée de 1921 à 1923, la Wanderer W6 est une voiture de tourisme de milieu de gamme qui vient seconder la Puppchen. Elle est dotée d’un quatre cylindres de 1550 cm3 développant 18 ch, et est disponible avec différentes carrosseries. La W9 lui succède en 1923 avec le même moteur dont la puissance est portée à 24 ch. Ce modèle est commercialisé jusqu’en 1926. Environ 2 000 exemplaires des W6 et W9 sont produits.

A partir de 1920, la W6 de 1550 cm3 et 18 ch seconde la Puppchen dans la gamme Wanderer. La W9 lui succède en 1923, avec 24 ch pour la même cylindrée et des freins sur les quatre roues.

La W10 6/30 PS lancée en 1926 est une évolution de la W9 qu'elle remplace. Le 1550 cm3 développe désormais 30 ch. Elle profite de toutes les nouveautés techniques du moment : coffre séparé, direction à gauche, changement de vitesse au plancher, embrayage à disques multiples et freins sur les quatre roues. La version 8/40 PS apparaît en 1927 avec un moteur de 1940 cm3 et 40 ch. Ces deux versions sont produites à respectivement 6 500 et 1500 exemplaires.

En mars 1932 la Wanderer W15 succède à la W10 6/30 PS. Diffusé de mars à octobre 1932, c'est un modèle de transition qui reprend le quatre cylindres 1550 cm3 de 30 ch de la W10. Elle s'en différencie par un empattement allongé de 20 cm, ce qui permet à la berline de disposer de six vitres latérales au lieu de quatre. Les carrosseries des limousines proviennent de chez Reutter à Stuttgart, tandis que les cabriolets sont toujours fournis par Gläser.


Les six cylindres


Depuis le milieu des années 20, les constructeurs américains se font de plus en plus pressants en Europe avec leurs modèles six et huit cylindres vendus à des prix compétitifs. Les constructeurs allemands présents sur ce créneau sont contraints de rationaliser leurs productions pour réduire leurs coûts et leurs tarifs. Wanderer est à l'aise financièrement grâce à l'appui de ses branches outils et appareils de bureau. C'est dans ce contexte favorable que sa direction décide en 1927 de lancer l'étude d'une voiture de grande taille avec un moteur six cylindres. L'objectif est de proposer les mêmes qualités de performance, de confort et de souplesse de conduite que les concurrentes américaines.

Pour la première fois de son histoire, Wanderer s'implante sur le segment moyen supérieur, et lance en 1928 la W11, une six cylindres de 2540 cm3 et 50 ch. Elle est d'inspiration américaine avec sa calandre chromée aux larges lamelles verticales et ses doubles pare-chocs. De nombreuses carrosseries sont proposées : voiture ouverte, limousine, limousine Pullman, cabriolet, roadster, etc ... En 1930, la W11 est améliorée, avec une boîte de vitesses à quatre rapports, un empattement plus long et de nouvelles carrosseries. Environ 5 200 Wanderer W11 sont produites. Elle est remplacée par la W22 en 1933.

En 1928, le baron Klaus Detlof von Oertzen (1894/1991) prend la direction de Wanderer. Si l'entreprise parvient encore à distribuer des dividendes à ses actionnaires, les bénéfices ne proviennent plus des activités liées à la production automobile. En 1929, le nouveau directeur vend les ateliers de fabrication des deux-roues à NSU et les deux-roues eux-mêmes à la firme tchèque Janacek qui crée dans la foulée la marque Jawa, un nom qui reprend les deux premières lettres de Janacek et de Wanderer. Dans le même temps, Klau Detlof von Oertzen s’emploie à poursuivre et à accentuer la modernisation du département automobile.


Ferdinand Porsche à la rescousse


La crise économique mondiale déclenchée par le krach boursier d’octobre 1929 est un véritable choc pour les techniciens et les vendeurs de Wanderer, très conservateurs. En Allemagne, la production automobile passe de 108 000 unités en 1928 à 62 000 en 1931. Ils découvrent qu’il est urgent de faire évoluer cette stratégie pour séduire une clientèle qui se réduit comme peau de chagrin, notamment en s’appuyant sur des techniques plus novatrices. La direction de l’entreprise s’adresse alors à l’un des plus éminents ingénieurs automobiles de l’époque : Ferdinand Porsche. La première réalisation née de cette collaboration est la W14 de 1931, une voiture de sport dérivée de la W11. Son six cylindres de 3 litres développe 65 ch. Jusqu'en 1932, seuls 24 exemplaires de cette voiture de luxe sont fabriqués.

La W14 est la première voiture de sport proposée par Wanderer. Elle est le fruit d'une nouvelle collaboration avec Ferdinand Porche, ingénieur aux talents multiples.

La Wanderer W17 qui reprend la carrosserie et le châssis de la W15 est lancée en octobre 1932, et est produite pendant près d'une année. Son six cylindres à soupapes en tête avec bloc-cylindres en alliage léger de 1,7 litre étudié par Porsche fournit 35 ch et autorise une vitesse de 90 km/h. Les roues arrière sont entraînées via une boîte de vitesses à quatre rapports. La Wanderer W20 lancée au même moment en dérive, mais son moteur est un six cylindres de 1950 cm3 développant 40 ch, également de conception Porsche. Avec l'appui de Ferdinand Porsche, Wanderer s'affirme en tant qu'entreprise résolument avant-gardiste sur le plan technique.

La Wanderer W17 est produite entre 1932 et 1933. Elle est équipée d'un moteur six cylindres de 1,7 litre et 35 ch développé par Ferdinand Porsche, et roule à 90 km/h. 


Wanderer est intégré dans le groupe Auto Union


Depuis toujours, Wanderer maintient des fabrications très diversifiées (électrotechnique, mécanique de précision ...). Cela permet de mieux palier aux incertitudes de l'évolution économique. Cette insécurité est particulièrement palpable dans l'industrie automobile. Ainsi, Wanderer est moins exposé que d'autres constructeurs du Land de Saxe. C'est la raison pour laquelle le groupe reste d'abord imperméable à l'idée d'une concentration des constructeurs de la région. Mais le contexte de plus en plus incertain va l'y conduire. En 1931, Wanderer entame des négociations dans ce sens.

En 1932, Wanderer est intégré au groupe Auto Union composé des marques DKW, Wanderer, Audi et Horch, dans l’ordre croissant des tarifs pratiqués. La création de ce groupe donne naissance à une très vaste gamme d'automobiles qu'aucun autre constructeur allemand n'est en mesure de proposer. Auto Union devient propriétaire de la marque Wanderer, de l'emblème, des stocks, des machines et des modèles. Cette structure reprend tout le personnel de Wanderer, ainsi que le contrat de conception de nouveaux modèles conclu avec Porsche.

La décision d'intégrer Wanderer à Auto Union est généralement considérée comme raisonnable étant donné la crise qui secoue alors le secteur de l'automobile. L'entrée du baron Klaus Detlof von Oertzen au comité directeur d'Auto Union semble garantir un certain droit de regard sur les affaires. Désormais, Adler, BMW, Opel, Mercedes, Ford et Auto Union constituent les seuls constructeurs allemands d'envergure internationale.

Les hommes à l'origine d'Auto Union doivent faire face à l'absence de notoriété de ce nom inventé de toute pièce sans rattachement à la moindre tradition. La réputation et l'image des marques qui la composent est bien plus forte, et s'avère être un grand avantage. Il est donc décidé de capitaliser sur ces noms anciens, mais en même temps d'imaginer un sigle pour le groupe, ce qui donne naissance aux quatre anneaux entrelacés. A partir de mars 1934, on trouve ainsi sur les Wanderer deux sigles, le fameux W de Wanderer et les anneaux d'Auto Union.

La gamme Wanderer est revue pour bien respecter son positionnement au sein du groupe. Les modèles les plus chers en font les frais. Wanderer situe ses véhicules dans la classe des prix moyens, entre Ford et Opel d’une part, BMW et Mercedes d’autre part. Ses voitures ont une réputation de qualité, de finition et de performances, bien que conçues pour un usage courant.

En 1933, la réorganisation des marques intégrées à Auto Union est terminée. Les cinq usines du groupe tournent à plein-emploi, le nouveau gouvernement du Reich a annoncé des allègements fiscaux pour l'automobile, et la gamme harmonieuse d'Auto Union permet à ses dirigeants de considérer l'avenir avec optimisme. C'est à ce moment-là le deuxième groupe allemand automobile, derrière Opel.

Les Wanderer W22 et W21 sont présentées en 1933 pour remplacer les W20 et W17. La W22 est une berline six cylindres de classe moyenne supérieure qui reprend le moteur développé par Ferdinand Porsche pour la W20. En 1935, elle est rebaptisée W240, et en 1936 W40. Toutefois, à part quelques modifications de détail, c'est la même voiture. La W22 adopte une nouvelle suspension arrière mise au point par Ferdinand Porsche ainsi qu'une boîte à quatre vitesses et des freins hydrauliques. Le 1950 cm3 de 40 ch de la W22 est également installé sur l’Audi Front lancée parallèlement, et qui diffère de la Wanderer par l'adoption de la traction avant.

La Wanderer W21 est présentée en 1933 en même temps que la W22. C'est une version plus modeste de cette dernière, équipée du six cylindres 1,7 litre et 35 ch de la W17 qu’elle remplace. Par rapport à la W17, elle bénéficie d’un châssis surbaissé, de nouvelles suspensions arrière et de freins hydrauliques (licence Lockheed) en lieu et place des archaïques freins à câble mécanique. Les roues arrière sont entraînées par une boîte de vitesses à quatre rapports. En 1935, elle devient W235 et en 1936 W35, sans changement notoire. Les modèles W21, W235, W35 et les W22, W240, W40 totalisent 29 111 ventes entre 1933 et 1937.


Montée en puissance


La Wanderer W245 lancée en 1935 est dotée d’un six cylindres de 2260 cm3 développant 50 ch. Cette propulsion AR est présentée comme une version haut de gamme de la W240 dont elle dérive. Avec ce modèle, le groupe Auto Union entend concurrencer directement BMW et Mercedes. Seule une berline quatre portes dotée de quatre glaces latérales est disponible.

Wanderer ne s’arrête pas en si bon chemin, car une W250 est lancée dans la foulée, qui bénéficie d’un empattement allongé de 15 cm, ce qui permet de réaliser une berline quatre portes à six glaces latérales et une limousine Pullman. Un cabriolet deux portes est également proposé sur ce châssis. La W250 est dotée de tous les perfectionnements les plus récents : châssis à cadre surbaissé, boîte quatre vitesses, suspension avant indépendante, freins hydrauliques et essieu arrière oscillant.

En 1936, la W245 est rebaptisée W45 et la W250 devient W50. Ces nouvelles appellations coïncident avec l’augmentation de puissance du 2260 cm3 qui passe à 55 ch. Toujours en 1936, une Wanderer Spezial W51 apparaît avec la mécanique de la W50 et de nouvelles carrosseries : berline quatre portes et cabriolet. Il s'agit surtout d'une version " sport " des W45 et W50.

Cette W50 Convertible est la 50 000 ème Wanderer à sortir de production en 1936

A partir de 1937, la berline W45 et la limousine W50 Pullman sont abandonnées, la W45 n’est plus disponible qu’en cabriolet quatre places. Les W45 et W50 sont remplacées en 1938 par les W23 et W26 qui sont équipées d’un nouveau moteur six cylindres de 2,6 litres développant 62 ch, la W23 récupérant le plus simple " essieu flottant " à l'arrière au lieu de l’essieu oscillant plus complexe des modèles les plus chers.


Le chant du cygne


Le groupe Auto Union se porte bien. Le personnel est passé de 7 500 salariés en octobre 1933 à près de 20 000 au début de l'année 1936. Les ventes de voitures particulières ont bondi de 6 846 unités en 1932 à 61 022 unités en 1937, dont 21 126 sont exportées. Toutefois, c'est la marque populaire DKW qui assure près des 2/3 du volume.

La Wanderer W23 est lancée en 1937 comme remplaçante des W45 et W50. Son six cylindres de 2,6 litres et 62 ch lui permet de concurrencer les BMW elles aussi à propulsion et elles aussi dotées de freins hydrauliques et d’un moteur six cylindres en ligne. Leur puissance est d’ailleurs assez voisine, avec 50 ch pour la BMW 326, 55 ch pour la BMW 327 et 80 ch pour la BMW 328. Environ 7 900 Wanderer W23 sont produites jusqu’en 1940. En 1941, 100 cabriolets supplémentaires sur base W23 sont assemblés pour l’état-major de la Wehrmacht. Ils sont destinés aux officiers qui ne méritent pas encore un cabriolet Horch, destiné aux grades les plus élevés.

La Wanderer W26 lancée en 1937, directement dérivée de la W23, bénéficie d’un empattement plus long qui permet l’élaboration d'une limousine à six glaces et six places. Wanderer propose aussi la W52, autre dérivé au châssis encore plus long doté d'un essieu oscillant arrière. Elle est disponible en berline quatre portes et en cabriolet deux portes. Cependant, seulement 1 400 exemplaires trouvent preneur, et ce modèle disparaît dès la fin de 1937.  

La Wanderer W24 commercialisée en 1937 est un milieu de gamme doté d’un quatre cylindres en ligne de 1,8 litre. Ce moteur de 42 ch est une version raccourcie du six cylindres de la W23. Les roues arrière sont entraînées par une boîte de vitesses à quatre rapports. Auto Union la présente comme le successeur de la W35 dont la carrière se termine. Jusqu'en 1940, 22 488 Wanderer W24 sont produites, essentiellement des berlines, mais aussi 3 571 cabriolets quatre portes et 1 064 cabriolets deux portes. Cela fait de la W24 le modèle le plus diffusé depuis l’intégration de Wanderer à Auto Union.

La Wanderer W24 lancée en 1937 deviendra la Wanderer la plus vendue après l’intégration de la marque dans le groupe Auto Union. Wanderer suit le mouvement général qui conduit à des formes plus basses et plus arrondies.

Les cabriolets quatre portes sont une spécificité allemande qui sera appréciée par l’état-major de la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale. Mercedes, Auto Union et BMW ont proposé plusieurs de ces modèles vers la fin des années 30. Dans un souci de rationalisation des productions, l'équivalent de la Wanderer W24 est également disponible chez DKW, une des quatre marques du groupe Auto Union

En 1937, apparaît une voiture d'aspect très sportif, la W25K, K désignant le " Kompressor ". Le six cylindres 2 litres développe 85 ch, ce qui permet à la voiture d’atteindre 150 km/h, ce qui en fait la plus rapide des Wanderer jamais produites. Cependant, elle ne participe guère aux compétitions et n'est fabriquée qu'en un petit nombre d'exemplaires.

La Wanderer W25K lancée en 1937 sera peu diffusée, mais constitue toutefois une rivale toute désignée pour les roadsters BMW 328 de la fin des années 30.

Les nécessités de la Seconde Guerre mondiale entraînent la restructuration d'Auto Union au bénéfice des équipements militaires. Cette évolution constitue une cassure importante au niveau du groupe. Le nouveau camion développé par Wanderer est commercialisé sous la marque Auto Union. Il s'agit d'un modèle tout-terrain à traction normale et d'un autre modèle plus performant à quatre roues motrices pour une charge utile de 1735 kg. Il est équipé d'un six cylindres 2,7 litres Wanderer de 62 ch. L'usine produit par ailleurs des moteurs pour Maybach (destinés à des chars) et des tracteurs lourds. Jusqu'à la fin du conflit, la plupart des installations d'Auto Union restent opérationnelles.

Après la guerre, le groupe Auto Union qui doit transférer en catastrophe ses activités de l’Est vers l’Ouest ne reprend que la marque DKW dans son catalogue. Le nom d'Audi sera ressuscité en 1965 sous l’égide de Volkswagen, tandis que ceux de Wanderer et Horch sont abandonnés, même si celui de Horch est repris durant quelques années par un constructeur du bloc de l’Est, au grand dam du groupe Auto Union.

Les Wanderer laissent le souvenir de voitures de milieu de gamme de bonne qualité, un créneau que reprendra Borgward durant une douzaine d’années, entre 1949 et 1961.

Texte : Jean-Michel Prillieux / André Le Roux
Reproduction interdite, merci.

Voir aussi : http://leroux.andre.free.fr/alraudi.htm

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