Singer, entre Hillman et Humber


Singer Motors Limited est une société automobile fondée en 1905 à Coventry, en Angleterre. Voulant promouvoir des solutions originales, surtout après la Seconde Guerre mondiale, elle doit faire face à des difficultés financières en 1955. Elle est alors rachetée par le groupe Rootes, mais disparaît en 1970.


La société Singer voit le jour à Coventry. En 1905, elle fabrique son premier véhicule à quatre roues, motorisé par un 3 cylindres de 1,4 litre sous licence Lea-Francis. La première voiture conçue par Singer est le modèle 12/14 avec un 4 cylindres de 2,4 litres en 1906. Le moteur a été acheté à la société Aster. En 1907, les moteurs Lea-Francis sont abandonnés et une série de moteurs White and Poppe est lancée. Les modèles à moteur Aster sont abandonnés en 1909 et une nouvelle gamme de voitures plus large est lancée. Toutes les voitures sont alors motorisées par des moteurs White and Poppe.

En 1911, le premier grand succès apparaît avec le modèle Ten de 1,1 litre avec un moteur de conception Singer. Tous les modèles seront équipés de moteurs Singer jusqu'au déclenchement de la Première Guerre mondiale. Entre les deux guerres, la Ten continue à être produite et subit un restyling en 1923, et apparaît un nouveau moteur avec arbre à cames en tête.

La Singer Ten est équipée d'un 4 cylindres 1 096 cm3. Près de 6 000 exemplaires sont assemblés de 1912 à 1924. La 10/26 qui lui succède de 1925 à 1927 dispose d'une cylindrée plus généreuse de 1 308 cm3.

Les modèles à six cylindres sont introduits en 1922. En 1927, la cylindrée du moteur de la Ten est augmentée à 1,3 litre, et une nouvelle voiture légère avec un moteur de 850 cm3 avec arbre à cames en tête est lancée. En 1928, Singer devient le troisième plus grand constructeur automobile britannique après Austin et Morris. La gamme se développe avec l'évolution du moteur à arbre à cames en tête avec la Nine, la 14/6 et la sportive 1,5 litre en 1933.

La Nine est renommée Bantam en 1935. Ce modèle donne naissance à de sympathiques petits roadsters à vocation sportive qui sont commercialisés jusqu’en 1955, à 12 700 exemplaires au total. D’abord dotés d’un moteur de 1,1 litre, ces petits roadsters finissent leur carrière avec un moteur de 1,5 litre, celui de la SM 1500.

La Singer Roadster est basée sur la Ten. Commercialisée de 1939 à 1955, elle peut rivaliser avec les petits roadsters MG TA, TB, TC et TD.


 1948 : Singer SM 1500


Après la Seconde Guerre mondiale, les modèles d'avant-guerre, les Nine, Ten et Twelve, sont réintroduits avec peu de changements.

La Singer Super Ten de l’immédiat après-guerre reprend la ligne des modèles d’avant-guerre légèrement modifiée. Elle conserve notamment les ailes et les phares séparés.

Singer dévoile sa toute nouvelle SM 1500 au Salon de Londres en octobre 1948, mais sa fabrication ne débute qu’en 1949. Le nouveau modèle, qui succède aux anciennes Ten et Twelve rebaptisées Super Ten et Super Twelve en 1947, se présente sous la forme d’une berline quatre portes de moyenne gamme de 4,47 mètres de long, dotée d’un style ponton inspiré par la Kaiser Frazer américaine lancée en 1946. Sa suspension avant est indépendante.

La SM 1500 est alors presque unique parmi les berlines britanniques produites en série à posséder un moteur à arbre à cames en tête. Ce moteur 1,5 litre développe 58 ch, il est basé sur celui utilisé dans la Super Twelve. La SM 1500 est robuste et fiable, mais elle est jugée trop chère. C’est pourquoi ses ventes ne répondent pas aux objectifs du constructeur.

La nouvelle Singer SM 1500 dévoilée en 1948 reprend le moteur 1,5 litre des Super Twelve, mais sa carrosserie ponton avec phares intégrés et calandre horizontale fait entrer la marque dans la modernité.

En 1952, le modèle adopte une nouvelle calandre et des phares placés plus haut, correspondant à la demande de l’administration américaine. Un exemplaire testé par le magazine The Motor en 1952 atteint 114 km/h, ce qui n’était pas exceptionnel. La SM 1500 est remplacée en septembre 1954, après seulement 17 382 exemplaires vendus en cinq ans.

La partie arrière de la Singer SM 1500 n’est pas la plus réussie, car peu en harmonie avec la partie avant. L’ensemble est un hymne aux formes arrondies où aucun angle vif n’est présent.

La marque Singer connaît des difficultés financières, mais elle n’hésite pas à lancer la Hunter qui succède à la SM 1500. Dans les grandes lignes, il s’agit de la même voiture, mais la Hunter est dotée d’une haute calandre verticale traditionnelle, afin d'accentuer le positionnement haut de gamme de la voiture. Ce modèle est commercialisé pendant deux ans, et est écoulé à 4 722 exemplaires, ce qui reste une performance médiocre. Inutile de dire que la firme est exsangue à ce moment-là, car une production aussi limitée ne peut en aucun cas être rentable.

La Singer Hunter dévoilée en 1954 adopte la carrosserie de la SM 1500 dotée d’une haute calandre verticale dans le style Humber, Wolseley ou Riley, ce qui procure à la voiture un caractère plus haut de gamme.

La marque Singer aurait disparu dès cette époque si les frères Rootes n’avaient eu l’idée de la racheter en décembre 1955. La Hunter reste en production jusqu’à l’arrivée de la Singer Gazelle en septembre 1956.

La partie arrière de la Singer Hunter est pratiquement identique à celle de la SM 1500, mais le nouvel emplacement de la plaque d’immatriculation change avec bonheur sa physionomie. Les petits feux ronds restent toutefois une incongruité.


 1956 : Singer génération Audax


En septembre 1956, le groupe Rootes lance une toute nouvelle berline Singer de moyenne gamme pour succéder à la Hunter. La Gazelle est en réalité une Hillman Minx Audax - lancée quatre mois plus tôt - légèrement modifiée. La Singer bénéficie d’une finition plus recherchée, d’une calandre spécifique verticale arrondie et surtout du moteur des anciennes SM 1500 et Hunter, un 4 cylindres de 1 497 cm3 à arbre à cames en tête développant 49 ch, alors que le moteur Hillman de la Minx ne dépasse pas 47,5 ch. Plus moderne que les SM 1500 et Hunter, la Gazelle est plus courte puisqu’elle ne dépasse pas 4,15 mètres. Son design, hérité de la Minx, est signé des studios de Raymond Loewy qui a déjà dessiné les Hillman Minx et Hawk de 1949, la Sunbeam Rapier de 1956, et bien sûr les Studebaker de 1948.

La Singer Gazelle - ici la version initiale - dévoilée en 1956 succède à la Hunter. Elle reprend la carrosserie de l’Hillman Minx avec une finition plus soignée et une calandre spécifique.

Dès le rachat de Singer par les frères Rootes, cette marque est destinée à se situer en terme de prix entre Hillman et Humber. Par rapport à Sunbeam, les Singer sont moins sportives mais tout aussi cossues. En réalité, Singer vise le standing de Wolseley, voire de Riley. Le badge engineering donne l’occasion aux frères Rootes de créer une nouvelle gamme à peu de frais. Certes, Singer perd ses spécificités techniques et esthétiques en reprenant la plupart des composants de l’Hillman Minx, mais d’un autre côté redevient une marque rentable, avec un niveau de ventes non négligeable, et en tout cas très supérieur à ce qu’il a été entre 1945 et 1955.

En octobre 1957, apparaît la Singer Gazelle Série II qui reçoit deux grilles latérales autour de la calandre, et une version break est désormais proposée. Ce break dérive étroitement du break Minx lancé quatre mois plus tôt. Les breaks Minx et Gazelle ont une ouverture arrière à double hayon, comme les breaks Humber Hawk. Une version cabriolet complète la gamme, celle-ci étant dérivée du cabriolet Minx.

Les grilles horizontales latérales permettent de distinguer la Gazelle Mk II de la version initiale qui n'en possède pas. Les Singer, voiture de " demi-luxe ", s'adaptent fort bien à la vie de château.

En septembre 1958, la Singer Gazelle Série III abandonne le moteur des anciennes SM 1500 et Hunter, en recevant le 1 494 cm3 monté sur l’Hillman Minx, en développant 56 ch au lieu de 52,5 ch. A l’intérieur, la planche de bord est remaniée.

La Singer Gazelle est disponible en version break à partir de 1957. Son hayon arrière s’ouvre en deux parties, comme les breaks Hillman et Humber. Il s’agit du premier break Singer commercialisé depuis la fin de la guerre.

Le dessin de la découpe sur les flancs des zones de peinture - ici une Serie III - permet de différencier aisément les différentes générations de Gazelle.

En septembre 1959, les Minx et Gazelle reçoivent d’importantes modifications, comme une nouvelle calandre élargie, un pare-brise agrandi de 20 % en surface, une nouvelle baguette latérale chromée, et des ailes arrière incurvées vers l’extérieur qui abritent des feux verticaux de plus grandes dimensions. Le levier de vitesses est installé au plancher, comme sur la Sunbeam Rapier. Ces modèles sont codifiés Série IIIA. En juillet 1961, les Minx et Gazelle sont dotées d’un moteur dont la cylindrée est portée à 1 592 cm3 développant 56,5 ch.


Singer Gazelle Serie IIIA

Sur la Serie IIIA, le pare-brise est agrandi, la découpe sur les flancs est nouvelle, et les ailes arrière adoptent de formes plus basses, incurvées vers l'extérieur.


 La fausse retraite des Singer Audax


En septembre 1963, les Hillman Minx et Singer Gazelle (désormais uniquement disponibles en berlines) bénéficient d’un important restylage, qui annonce dans une certaine mesure la génération suivante dévoilée en 1966. Les nouveaux modèles abandonnent en effet leur lunette arrière panoramique, ce qui nécessite l’adoption de nouvelles portières arrière, leur toit est plus plat et la partie avant est redessinée et simplifiée. La partie arrière est elle aussi revue, notamment grâce à de nouveaux ailerons plus discrets et de nouveaux feux verticaux. Dans l’ensemble, la carrosserie est plus moderne, ce qui permet de prolonger la carrière des Minx et Gazelle pendant encore trois ans. Le tableau de bord est lui aussi redessiné. Ces modèles sont rebaptisés Série V, car la Série IV s’est transformée en 1961 en Super Minx et Vogue. A l’automne 1964, les Minx et Gazelle reçoivent enfin une boite de vitesses entièrement synchronisée.

La Singer Gazelle - ici une Série V - voit sa partie arrière redessinée en 1963, abandonnant comme l’Hillman Minx la lunette arrière panoramique passée de mode.

Enfin en septembre 1965, les Minx et Gazelle deviennent Série VI en recevant un moteur de 1 725 cm3 de 70 ch. Le vilebrequin repose maintenant sur cinq paliers au lieu de trois. La Gazelle est modifiée extérieurement au même moment, en standardisant ses ailes avant et son capot sur ceux de la Minx, ce qui entraîne l’adoption d’une nouvelle calandre carrée et plate.

Sur la Singer Gazelle Serie VI, la calandre traditionnelle a cédé sa place à un ensemble plus longiligne, qui se veut plus moderne.

Les Minx et Gazelle sont supprimées à l’automne 1966, poussées vers la sortie par la nouvelle gamme " Arrow ". Au total, la Singer Gazelle Audax a été vendue à près de 85 000 unités entre 1956 et 1966, contre près de 700 000 Hillman Minx Audax.

La Singer Gazelle - ici l'habitacle d'une Serie VI - offre une sellerie confortable et un environnement chaleureux, grâce notamment à l'habillage bois sur les contre-portes et la planche de bord.


1961 : Singer Vogue


C’est à la fin des années cinquante qu’est programmé le lancement en 1961 des remplaçantes des Hillman Minx et Singer Gazelle qui sont commercialisées depuis 1956. Le groupe Rootes décide finalement de dédoubler la gamme de ses berlines de gamme moyenne, en poursuivant la commercialisation des berlines Audax, quitte à les moderniser de nouveau en 1963, et en ajoutant à ces berlines qui se vendent encore bien, de nouveaux modèles un peu plus grands et un peu plus chers. Ne reste plus qu’à trouver un nom pour ces deux nouvelles berlines. Le constructeur choisit le nom Super Minx pour l’Hillman et Vogue pour la Singer. Le nom Vogue a déjà été utilisé par le groupe Rootes dans les années 30 pour nommer une Humber de moyenne gamme.

La Singer Vogue - ici la série initiale - dévoilée en 1961 reprend la carrosserie de l’Hillman Super Minx, avec une finition plus soignée et une calandre spécifique. Elle se situe dans la gamme juste au-dessus de la Gazelle.

La Singer est dévoilée en juillet 1961, l’Hillman trois mois plus tard. La carrosserie des deux nouvelles berlines, plus longues de 4 cm que les Minx et Gazelle, reprend globalement le style Audax, mais modernisé, car les lignes sont plus tendues et l’empattement gagne 10 cm, ce qui rend l’ensemble mieux proportionné. Toutefois, la lunette arrière panoramique est toujours présente ainsi que de petits ailerons dits " en ailes de mouette ", alors que cette mode est en train de s’estomper partout dans le monde.

Lors de sa sortie, la Singer Vogue s'adapte aux usages stylistiques qui étaient d'actualité aux Etats-Unis cinq ans ans plus tôt. La lunette arrière inversée en particulier est passée de mode. Outre le groupe Rootes, seuls Renault avec la Rambler ou Opel avec sa vieillissante 1200 osent encore s'afficher ainsi.

Le moteur est le 1 592 cm3 déjà monté sur les Hillman Minx et Singer Gazelle depuis juillet 1961, mais la puissance est ici de 62 ch, contre 56,5 ch sur les Minx et Gazelle. La suspension reste très classique : roues indépendantes à l’avant et essieu rigide à l’arrière. Extérieurement, la Vogue se différencie de la Super Minx par sa face avant comportant quatre phares, et une calandre carrée assez proche de celle de la Sunbeam Rapier. L’habitacle est aussi plus soigné, le tableau de bord disposant notamment d’un placage en bois.

Au printemps 1962, apparaissent les versions breaks des Super Minx et Vogue qui évincent les anciens breaks Minx et Gazelle. Puis en juillet 1962 est commercialisée la version cabriolet de la Super Minx, qui pousse vers la sortie l’ancien cabriolet Minx, mais le nouveau cabriolet ne survit que deux ans. Le cabriolet Singer Vogue est invalidé à la dernière minute, car son marché est jugé insuffisant. En août 1962, les Super Minx et Vogue deviennent Série II en recevant des freins à disque à l’avant.

Le break Singer Vogue - ici une Série Mk II - présente un style élégant, tout comme son frère jumeau le break Hillman Super Minx. Son hayon arrière s’ouvre en deux parties, comme les breaks Hillman et Humber depuis les années 50.

En octobre 1964, la Vogue (comme la Super Minx) devient Série III, en recevant une partie arrière totalement modifiée, qui abandonne la lunette panoramique, alors qu’apparaît une troisième vitre latérale, qui donne à la voiture une allure plus statutaire rappelant les grandes Humber Hawk et Super Snipe restylées au même moment. En outre, elle reçoit un plus grand pare-brise, celui de la Humber Sceptre lancée en janvier 1963. La Sceptre est alors une version luxueuse des Super Minx et Vogue, mais curieusement ce modèle de recevra jamais leur partie arrière redessinée. Tous ces modèles adoptent une boite de vitesses entièrement synchronisée.

Honnêtement, l'oeil est plus attiré par l'élégance de cette jeune femme pas encore tout à fait " Swinging London ", que par l'aspect général de cette conventionnelle Singer Vogue Mk IV.

Durant l’automne 1965, les Super Minx et Vogue deviennent Série IV en recevant un moteur de 1 725 cm3 en lieu et place du 1 592 cm3. Ce nouveau moteur développe 70 ch sur la Super Minx et 91 ch sur la Vogue. Le lancement des berlines " Arrow " en octobre 1966 marque la fin des berlines Super Minx et Vogue, en même temps que celle des Minx et Gazelle de conception plus ancienne. Cette rationalisation est décidée par le nouveau propriétaire du groupe Rootes, le groupe américain Chrysler qui acquiert le constructeur britannique par étapes successives entre 1964 et 1967.

La Singer Vogue - ici une série Mk IV - voit sa partie arrière redessinée en 1964, abandonnant sa lunette panoramique passée de mode. Elle harmonise ainsi sa carrosserie avec celles des Singer Gazelle, Hillman Minx et Super Minx mais aussi Humber Hawk et Super Snipe.


1964 : Singer Chamois.


En octobre 1964, la nouvelle petite citadine Hillman Imp à moteur arrière est déclinée sous la marque Singer, sous le nom de Chamois. Celle-ci bénéficie d’une finition plus luxueuse, avec un habitacle garni de boiseries, un tableau de bord plus complet, une fausse calandre, des butoirs de pare-chocs, ainsi que des pneus et enjoliveurs spécifiques. En 1965, apparaît la Singer Chamois Rallye qui est dotée d’un moteur de 998 cm3 de 65 ch, ce qui lui permet de dépasser les 150 km/h. En octobre 1966, la Singer Chamois Sport est dotée d'un moteur 875 cm3 de 55 ch.

La Singer Chamois - ici une version Sport - apparue en 1964 reprend la carrosserie de la petite Hillman Imp, mais elle s’en différencie extérieurement par sa fausse calandre.

Au printemps 1967, la Singer Chamois est disponible en version coupé. Son moteur est le 875 cm3 de 42 ch de l’Hillman Imp. Seule la Sunbeam Stiletto lancée en octobre 1967, un modèle équivalent, bénéficie de la puissance de 55 ch.

En 1968, les Chamois berline et coupé reçoivent quatre phares comme le coupé Sunbeam Stiletto et la berline Sunbeam Imp Sport. Les Chamois reçoivent au même moment un nouveau tableau de bord à cadrans ronds, très proche de celui des petites Sunbeam. La suppression de la marque Singer en 1970 marque la fin de la carrière des Chamois.

Le coupé Singer Chamois apparu en 1967 ne bénéficie pas d’une lunette arrière ouvrante, contrairement aux berlines Singer Chamois et Hillman Imp. Ce handicap peut expliquer l’insuccès de cette version qui ne reste que trois ans au catalogue.

Avec le recul, il semble que le lancement de la Singer Chamois en 1964 n’ait pas été très judicieux, dans le sens où ce modèle a apporté un supplément de ventes très relatif à la marque, avec seulement 44 000 unités en six ans, soit en moyenne 10 % de l’ensemble des ventes de la gamme Imp. En outre, ce modèle était pris en tenaille entre une Hillman Imp d’entrée de gamme mais qui a donné naissance à des versions plus cossues, et une Sunbeam Imp Sport luxueuse et sportive.


1966 : Singer génération Arrow 


Au printemps 1966, la gamme du groupe Rootes est vieillissante. Les Hillman Minx, Hillman Super Minx, Singer Gazelle, Singer Vogue sont relativement démodées, ainsi que les grandes Humber Hawk et Super Snipe qui ne se vendent plus qu’au compte-gouttes, alors que la concurrence n’est pas restée inactive. Les Ford Cortina, Austin/Morris 1100/1300 et Vauxhall Viva sont modernes et trouvent preneurs sans peine. Soutenu par le groupe Chrysler depuis 1964, le groupe Rootes décide donc de frapper un grand coup en octobre 1966, avec le lancement des berlines Arrow situées au cœur du marché, dont la mission est de relancer les ventes du constructeur.

La Singer Vogue lancée en 1966 reprend la carrosserie de l’Hillman Hunter, mais elle s’en différencie extérieurement par sa calandre qui tente de rappeler l’identité de la marque, mais avec une timidité certaine.

Ces nouvelles berlines, très classiques d’aspect, sont commercialisées sous les appellations Hillman Minx, Hillman Hunter (un ancien nom Singer), Singer Gazelle et Singer Vogue. Elles sont identiques extérieurement, mais elles diffèrent par leur moteur et leur finition. Les Minx et Gazelle commercialisées à partir de janvier 1967 sont dotées d’un 1 496 cm3 développant 64 ch, alors que les Hunter et Vogue livrables dès octobre 1966 sont motorisées par le 1 725 cm3 déjà connu de 80 ch.

Les berlines Arrow visent clairement la Ford Cortina, qui comme elles est une propulsion à moteur avant et essieu arrière rigide. En avril 1967, apparaissent les versions break des Hillman et Singer Arrow qui sont dotés du 1 725 cm3 et qui remplacent les breaks Super Minx et Vogue. La suppression de la marque Singer en 1970 marque la fin de la carrière des Gazelle et Vogue.

La Singer Vogue est disponible en version break à partir de 1967, mais cette version n'est commercialisée que pendant trois ans, car la marque Singer est supprimée en 1970 par Chrysler qui est devenu le nouveau propriétaire du groupe Rootes.


Epilogue.

L’abandon de la marque Singer en 1970 marque la première étape de la désintégration du groupe Rootes qui va aboutir en 1976 à la disparition des marques Hillman, Humber, Sunbeam, puis des marques de véhicules utilitaires Commer et Karrier. Cette désintégration est née de la volonté de Chrysler de regrouper les produits du groupe Rootes sous une seule marque, Chrysler UK, un peu sur le modèle des Ford produites et commercialisées en Grande-Bretagne. Cette stratégie aurait pu fonctionner si Chrysler avait abondamment investi dans cette entité, et si le constructeur américain n’avait pas subi de plein fouet le premier choc pétrolier qui provoqua au niveau mondial une chute de ses ventes et de ses profits, le faisant tomber de la troisième place mondiale - acquise dès les années 30 - à la quatrième en 1977 et à la septième en 1978.

Pour éviter une faillite possible, Chrysler dut vendre ses filiales européennes en catastrophe au groupe PSA, seulement deux ans après la suppression des marques Hillman, Humber, Sunbeam. Pour PSA, il n’était nullement question de ressusciter ces vieilles marques britanniques d’autant plus que, concernant la filiale française de Chrysler, la suppression de la marque Simca était déjà décidée.

Du côté de Chrysler, son repli sur le sol américain confirmait la fin de ses grandes ambitions européennes et la réduction de sa taille et de son influence au niveau mondial. En 1979, après la vente de ses filiales européennes, le groupe Chrysler n’était plus que le neuvième constructeur mondial. Il est amusant de constater que près de quarante ans plus tard, le groupe General Motors vendit à son tour ses filiales européennes à PSA, se repliant lui aussi sur le sol américain … Le groupe Ford prendra-t-il le même chemin dans le futur ?

Texte : Jean-Michel Prillieux
Reproduction interdite, merci

Voir aussi : http://leroux.andre.free.fr/britishsinger.htm

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