Le Fanatique de l'Automobile

Le mensuel l'Automobile accordait à partir du numéro 118 de février 1956 un espace à Serge Pozzoli. La rubrique s'intitulait l'Album des Fanatiques. Dans ce numéro 118 l'auteur présentait six voitures. Il expliquait que désormais l'Automobile consacrerait dans chaque numéro deux pages à une rétrospective des voitures qui en leur temps furent " à l'avant garde de la technique et de l'élégance ". Toutes les périodes devaient être couvertes : l'époque héroïque (1890-1914), les années folles (1919-1930) et l'avant-guerre (1930-1940). Le rédacteur invitait les curieux, les collectionneurs et les fanatiques à lui écrire pour lui signaler les modèles qu'ils désiraient voir évoquer, pour lui adresser des photographies avec tous les détails concernant les vieilles voitures qu'ils possédaient. En mars 1960, l'Automobile diffusait pour la dernière fois la rubrique de Serge Pozzoli. Le nouveau mensuel Sport Auto prenait le relais dès son numéro 1 de janvier 1962.

Serge Pozzoli au volant d'une Bugatti lors de la Coupe de l'Age d'Or en 1965


Du numéro 1 au numéro 9


En 1966 apparaissait en kiosque l'Album du Fanatique de l'Automobile, un fascicule de 132 pages au format 145 x 240. Sa parution allait être trimestrielle. Le premier numéro date de janvier - février - mars 1966. Le prix unitaire était de 9,50 francs (12,10 euros de 2013). On y retrouvait en partie les mêmes informations que dans les mensuels l'Automobile et Sport Auto, avec des textes parfois légèrement remaniés. Les voitures présentées couvraient la période qui va du début du 20ème siècle au début des années 60.

Serge Pozzoli expliquait en guise d'introduction au numéro 1 de ce trimestriel qu'il répondait à une demande de ses lecteurs dans l'Automobile puis dans Sport Auto. Ceux-ci souhaitaient qu'il poursuive sa démarche, et qu'il compile le travail déjà réalisé dans des fascicules.

Dans les deux premiers albums étaient décrites un peu au hasard des voitures intéressantes plus ou moins connues. Le numéro 3 mettait l'accent sur les voitures de 3 litres de cylindrée. Une rubrique courrier des lecteurs prenait sa place à la fin de l'album à partir de ce numéro. Le numéro 4 avait pour thème général les voitures européennes dotées d'un moteur américain. Le numéro 5 comportait à la fin un encart de six pages expliquant ce qu'était l'AAHA, l'Association des Amis de l'Histoire de l'Automobile. Le numéro 6 s'attardait sur les voitures ayant couru au Mans. Les couvertures des numéros 6 et 7 étaient illustrées d'un dessin de Pierre Dumont. Le numéro 9, le dernier à ce format, paru courant 1968 avec un certain retard, n'était pas daté.

En décembre 2014, les anciens numéros 8 et 9 sont encore disponibles auprès du Groupe Hommel. A noter que le Manoir de l'Automobile de Michel Hommel ouvre ses réserves d'anciens magazines au public une fois par an début octobre lors de l'Autobrocante. Un important stock de ces premières éditions y est encore présent. La librairie de Michel Vacchiano, installée au 33 rue Constantinople, 75008 Paris, semble également disposer d'une certaine réserve, puisqu'elle propose régulièrement ces articles sur ebay. Certaines éditions sont toutefois vendues sous forme de fac-similé.


Du numéro 10 au numéro 14


Les couvertures des numéros 10 et 12 sont illustrées par Pierre Dumont

A partir du numéro 10 daté de janvier 1969, l'Album du Fanatique de l'Automobile changeait de formule, et devenait un mensuel de 36 pages au format 220 x 285. Le prix unitaire était de 3,50 francs (3,90 euros de 2013). Le tirage était de 51 200 exemplaires pour le numéro 12, 50 900 pour les numéros 13 et 14. Serge Pozzoli annonçait l'assurance d'une régularité de parution le 15 de chaque mois. Désormais, le magazine dépendait des Editions Larivières, éditrice par ailleurs de Moto-Revue et de Scooter et Cyclomoto.

En 1969, la presse spécialisée à s'intéresser à l'automobile ancienne était quasi inexistante. Seul le litre l'Anthologie Automobile manifesta une présence régulière de 1968 à 1974. Il faudra attendre 1980 et le premier numéro d'Auto-Rétro pour que le genre se popularise. L'Album du Fanatique de l'Automobile faisait donc réellement office de précurseur. 

Il s'agit d'un magazine qui traite les sujets sous l'angle historique. On y raconte l'histoire des autos, des hommes, des évènements. Il n'est pas ici question d'essais, de descriptions par le détail de telle ou telle automobile qu'un collectionneur mettrait à disposition d'un rédacteur. Les photographies sont dans leur immense majorité d'époque.

Serge Pozzoli profitait de cette nouvelle formule pour présenter ses auteurs et leurs spécialités. On notait la présence de quatre rédacteurs réguliers au départ de cette nouvelle formule : Gérard  Rossini, Lucien Loreille, Jacques Rousseau et Pierre Dumont. Serge Pozzoli précisait que pour sa part il allait présenter dans des articles dénommés  tiroirs de l'inconnu des voitures très confidentielles. D'autres auteurs plus occasionnels écrivaient pour L'Album du Fanatique de l'Automobile.

Lucien Loreille a ramassé son premier catalogue en 1935 alors qu'il n'avait que neuf ans. Au fil des années, il accumula des milliers de catalogues, de revues, de journaux, d'affiches. C'était une mine mondialement connue où pouvaient venir puiser les historiens spécialisés. Il fut le membre d'un nombre important d'associations liées à l'automobile ancienne, organisateur de rallyes, correspondant pour la France de la revue américaine " Auto Maniacs " .... Lucien Loreille était un grand connaisseur des voitures construites à Lyon et dans la région lyonnaise. Décédé en janvier 2012, il fut l'un des précurseurs de la collection et de la sauvegarde du patrimoine automobile.

Jacques Rousseau, historien automobile durant ses temps de loisirs, était déjà connu pour son ouvrage en deux tomes " Histoire Mondiale de l'Automobile " paru en 1958 chez Hachette. Ingénieur des Arts et Métiers, il travailla à partir de 1958 chez Simca.

A partir du numéro 13 d'avril 1969, Jacques Potherat rejoignait l'équipe de rédaction. Journaliste, écrivain, photographe, passionné d'automobiles, de motos et de cyclecars, il était à l'origine du Syndicat Cyclecariste, un club réunissant ce type d'engins. Tout au long de sa carrière, il collabora à différents titres de la presse automobile : l'Album du Fanatique bien entendu, L'Automobiliste, mais aussi plus tard Auto Rétro et LVA. Il est mort en 2001.

Jacques Potherat en 1970 - Source : http://charlescamberoque.unblog.fr

 Maurice Sauzay, carrossier à Lyon, et pilier de la Coupe de l'Age d'Or, rédigeait son premier article consacré à Amilcar dans le numéro 14. Plus tard, il fut l'auteur (et parfois le co-auteur) de quelques livres : Guide Bugatti, tous les modèles de 1910 à nos jours chez EPA en 1992, Fantastique Bugatti en 2003 chez le même éditeur, et deux titres dans la collection Grand Tourisme chez EPA : Mercedes-Benz 300 SL et Citroën SM.

Tout au long de son existence, ce mensuel s'attacha les services des plus grands historiens de l'automobile, parfois des généralistes, parfois des spécialistes sur tel ou tel sujet, sur telle ou telle marque. L'un des objectifs de ce mensuel était d'explorer des sujets jamais abordés sur l'histoire automobile, et d'éviter " les resucées habituelles ".  


Du numéro 15 au numéro 77


Nouvelle couverture à partir du numéro 15

Avec un nouveau dessin de la couverture, le numéro 15 date de juin 1969. Désormais, en juillet-août, il n'y avait qu'une seul numéro. Le prix passait à 5 francs en juillet 1970, à 7 francs en mars 1973 et à 8 francs en janvier 1975 sans augmentation de la pagination. L'inflation était galopante à l'époque. Les couvertures des numéros 18 et 21 étaient illustrées par Pierre Dumont.


Du numéro 78 au numéro 123


A partir du numéro 78, l'Album du Fanatique de l'Automobile devenait plus simplement Le Fanatique de l'Automobile. La pagination atteignait 44 pages à partir du numéro 99 de décembre 1976. Le numéro 100 de janvier 1977 inaugurait une nouvelle qualité de papier plus agréable au touché. Le prix passait à 10 francs à partir du numéro 101 de février 1977 (5,68 euros de 2013).

l'Album du Fanatique de l'Automobile devient plus simplement Le Fanatique de l'Automobile

Les numéros 100 et 101 de janvier et février 1977 proposaient un trombinoscope des différents rédacteurs réguliers ou occasionnels, ainsi qu'un petit texte pour chacun d'entre eux : Angelo Tito Anselmi, Paul Badre, Serge Bellu, Jacques Louis Bertin, Christian Blanchard, Michel Bonnerot, Griffith Borgeson, Pierre Chan, Jean Pierre Dauliac (devenu plus tard rédacteur en chef) , Jean Robert Dulier, Christopher B. Draper, Pierre Dumont, Hans Heinrich Von Fersen, François Joly, Jacques Kupelian, Eric Lepicard, Georges Maitre, Jean François Marchet, Patrick Millereau, Henri Petiet, Xavier Ponsot, Philippe Renault, Michael Sedgwick et Jean Pierre Thevoz. Les rédacteurs de la première heure (ou presque) déjà mentionnés, Lucien Loreille, Jacques Potherat, Jacques Rousseau et Maurice Sauzay étaient toujours présents.


Du numéro 124 au numéro 174


La pagination progressait à 52 pages à partir du numéro 124 de janvier 1979, puis 60 pages à partir du numéro 126 de mars 1979. Les 8 pages supplémentaires étaient consacrées aux motos anciennes, au modélisme et aux maquettes. L'aspect de la page de couverture évoluait avec en titre les principaux dossiers. Le prix passait à 12 francs à partir de ce même numéro (5,64 euros de 2013).

Les modifications sont minimes, quelques pages en plus et une couverture à l'aspect un peu différent

La pagination passait à 68 pages à partir du numéro 140 de mai 1980. Le prix de vente atteignait 15 francs. Avec le temps qui passe, les marques et les voitures qui faisaient l'objet d'une étude changeaient, évoluaient. Désormais, on parlait un peu moins des voitures d'avant guerre, et un peu plus des voitures des années 50 et 60. Les Panhard Dyna, Simca Aronde, Bentley Continental, Ferrari Daytona, Pegaso ... étaient plus régulièrement à l'honneur. Sur la page de couverture, on rencontrait désormais aussi souvent une Giulietta SZ, une Ferrari 250 GT, une Facel Vega, une Monica qu'une Amilcar, une Bugatti 35 ou une Lancia Lambda.

Même si le mensuel tentait de s'adapter à son époque, au début des années 80, la diffusion n'était plus au même niveau que dix ans plus tôt. Ainsi, le numéro de février 1980 était tiré à 28 250 exemplaires, celui du mois de mars, un numéro spécial de 82 pages, à 30 100 exemplaires, soit environ une baisse des tirages de 40 % par rapport aux débuts.

A partir du numéro 146 de novembre 1980, le Fanatique de l'Automobile qui à l'exception de la couverture s'était toujours limité au noir et blanc s'offrait le luxe d'un cahier central de quatre pages supplémentaires en couleurs (soit 72 pages), sans augmentation de prix. Depuis le mois d'Août, un concurrent sérieux empiétait sur le territoire du Fana. Auto Rétro venait en effet d'apparaître en kiosque, en modernisant singulièrement le genre.

Le numéro 148 de janvier 1981 gagnait quelques millimètres en hauteur. Son format était désormais de 216 x 297. La maquette de la couverture était légèrement modifiée à partir du numéro 162 de mars 1982, puis de nouveau à partir du numéro 165. Le prix passait de 15 à 18 francs en mars 1982.

Si certaines voitures ne faisaient l'objet que d'un seul article, plusieurs études très complètes sur telle ou telle marque s'échelonnaient sur plusieurs numéros, parfois sur plus d'un an. Ainsi le dossier sur Hotchkiss commença dans le numéro 149 pour se terminer dans le numéro 165.


Du numéro 175 au numéro 242


Après 17 ans de fidélité au jaune, Le mensuel abandonnait cette couleur qui l'identifiait si bien, mais qui commençait à dater. Son titre principal changeait aussi, pour devenir le Fanauto. La qualité du papier évoluait vers une matière plus brillante. La maquette des pages intérieures évoluait également dans un style plus contemporain. Le mensuel était affiché 19,30 francs en kiosque à partir du numéro 179 d'août 1983, 20 francs à partir du numéro 185 de février 1984, 22 francs à partir du numéro 197 de mars 1985, 24 francs à partir du numéro 238 d'août 1988 (5,78 euros de 2013). Le numéro 209 voyait la pagination passer à 76 pages, celle du numéro 222 à 80 pages.

Le magazine proposait toujours d'imposantes études. Les marques Hispano Suiza et Maserati par exemple firent l'une et l'autre l'objet d'une étude qui s'étendait sur 22 numéros.

Le Fanatique change de titre principal et abandonne le jaune de sa couverture

Le numéro 200 était diffusé en juin 1985. L'éditorial était on ne peut plus sympathique.  Un lecteur enthousiaste faisait remarquer que le Fanatique était la seule revue " de prestige et de référence " sur l'histoire automobile à paraître en France. Avec ce numéro 200, elle allait dépasser le célèbre Omnia d'avant guerre qui s'était arrêté au numéro 199 en décembre 1936.

Mais les Editions Larivières qui avaient soutenu le titre depuis le numéro 10 de janvier 1969 choisissait après près de vingt ans de parution d'abandonner ce mensuel. Le numéro 242 de décembre 1988 était le dernier du Fanauto, ex Fanatique de l'Automobile, ex Album du Fanatique de l'Automobile.

L'éditeur ne pouvait que constater que la presse automobile avait évolué durant cette période, au même titre que l'automobile et ses collectionneurs. Les voitures contemporaines des premiers numéros étaient depuis longtemps rentrées en collection. De nouveau, le temps qui passe faisait que des générations de lecteurs se succédaient, et que même si objectivement leur nombre total se développait, leur intérêt se déployait sur un plus grand nombre d'années, mais aussi de titres. Sans l'écrire ouvertement, l'éditeur constatait que Le Fanauto et ses rédacteurs ne semblaient plus répondre aux attentes de leur époque, et surtout à celle du marché.

Parallèlement au Fanauto, depuis novembre 1986, le groupe de presse de Michel Hommel proposait un nouveau titre : Auto Passion. La rédaction du Fanauto annonçait dans son dernier numéro 242 que désormais elle allait rouler de concert avec l'équipe d'Auto Passion, et invitait ses lecteurs à poursuivre l'aventure dans le numéro 20 de ce mensuel, daté de février 1989.

La 911, voiture éternelle, dans le .... dernier numéro du Fanauto

On retrouvait en effet dans le numéro 20 d'Auto Passion une nouvelle rubrique intitulée Superfana, dite la rubrique de Serge Pozzoli. Quelques pages, jusqu'à huit, lui étaient réservées, dont une partie était imprimée en couleurs. Par contre les autres rédacteurs semblaient avoir disparu. Ce partenariat dura jusqu'au numéro 51 de septembre 1991. Auto Passion adoptait un nouveau rythme hebdomadaire à partir du numéro suivant, et abandonnait la rubrique Superfana sans prévenir ses lecteurs

Serge Pozzoli mourrait à l'âge de 77 ans le 10 août 1992.

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