Georges Paulin
Georges Paulin - 1902/1942 A partir du début des années 30, Georges Auguste Paulin, prothésiste dentaire de profession, passionné d'automobile, consacre l'essentiel de ses loisirs et ses talents d'inventeur à concevoir des carrosseries originales. Quelques années plus tard, son oeuvre deviendra indissociable de celle du carrossier Pourtout. Le brevet de l'Eclipse En 1933, Paulin fait breveter un toit métallique pour automobile, rétractable automatiquement dans le coffre. Celui-ci porte le nom d'Eclipse. Ce système permet de contrer les inconvénients bien connus de la capote souple : manque d'étanchéité, rigidité aléatoire de l'armature, exposition au vandalisme, mauvaise résistance dans le temps, etc ... L'opération automatisée ne prend que quelques secondes, contrairement à un décapotage manuel. La rencontre avec Pourtout Pour mettre en oeuvre son invention, Paulin contacte en 1933 le carrossier Marcel Pourtout (1894/1979) installé à Bougival depuis 1925. La première voiture réalisée selon le brevet de l'Eclipse est une Hotchkiss à quatre portes livrée cette même année, qui restera un modèle unique. Elle est destinée à un riche financier qui propose à Paulin de racheter son invention, offre qu'il décline, préférant garder son indépendance. Deux Panhard et cinq Lancia Belna bénéficient ensuite de ce dispositif. Pourtout entretient en effet de bons rapports avec la filiale française de Lancia, car c'est à lui que revient de produire entre 1934 et 1937 près de 500 unités du cabriolet quatre places dérivé de la Belna. La Peugeot 601 de Marcel Pagnol Jusqu'à la guerre, Paulin, inventeur ingénieux et styliste de grand talent, marie avec outrance une élégance résolument sportive avec les exigences des lignes aérodynamiques alors en vogue. Devenu le styliste attitré de Marcel Pourtout après avoir abandonné sa carrière de prothésiste dentaire, il dessine entre autres pour Marcel Pagnol une 601 Eclipe aux lignes pontons avant-gardistes. La voiture est présentée au concours d'élégance de Cannes au printemps 1935. Marcel Pagnol la fera tourner dans le Schpountz, avec Fernandel, en 1938. Cette voiture possède une calandre bombée qui préfigure celle de la 402. Défenseur de l'aérodynamisme et du dépouillement, Paulin va poursuivre ses travaux pour Pourtout.
Peugeot 601 Marcel Pagnol Peugeot 401, 601 et 402 Eclipse Le brevet de l'Eclipe intéresse Peugeot, à la recherche d'idées nouvelles. La Peugeot 401 Eclipe est présentée au public à l'occasion du Salon de Paris 1934. Le constructeur insiste sur le côté novateur de ce coupé qui devient cabriolet grâce à l'assistance de petits moteurs électriques. Le pavillon tôlé s'escamote totalement dans le coffre arrière en seulement 15 secondes. 76 exemplaires sont produits en 1934/35. Ce dispositif est ensuite appliqué à 21 exemplaires de la 6 cylindres 601 D, et sera maintenu au sein de la gamme 402 à partir de 1936.
Peugeot 601 Eclipse
Peugeot 402 Eclipse Delage / Talbot Pour aborder la Delage D8-120, Paulin imagine une conduite intérieure sport, merveille d'équilibre, de dynamisme et de sobriété, que Pourtout présente au Salon de Paris 1937. La surface vitrée est optimisée et les montants de pare-brise sont particulièrement fins. C'est un coupé extrêmement moderne si on le compare au modèle Aérosport de Letourneur et Marchand dévoilé un an plus tôt. Cette voiture a été conçue pour l'usage personnel de Louis Delage.
Delage D8-120 S par Pourtout Pourtout et Paulin exercent aussi leurs talents sur quatre châssis Talbot Lago Grand Sport, avec un dessin plus " raisonnable " que les fameuses " goutte d'eau " de Figoni et Falaschi.
L'une des quatre Talbot carrossées par Pourtant d'après un dessin de Paulin Darl'mat Pourtout, Paulin et Darl'mat (important distributeur parisien de la marque Peugeot) s'associent en 1936 pour concevoir un roadster sportif et racé qui doit participer aux 24 Heures du Mans en 1937 avec le soutien du constructeur sochalien. Paulin dessine une carrosserie très aérodynamique, basse et bien proportionnée, caractérisée par une grosse calandre bulbeuse et un dessin des ailes particulièrement réussi. Trois 302 DS dotées d'un moteurs de 402 sont engagées dans la Sarthe, où elles terminent deuxième, troisième et cinquième de leur catégorie. En 1938, ce sont trois roadsters 402 DS qui sont au Mans. L'un d'entre eux gagne la victoire dans sa catégorie, mais les deux autres abandonnent.
Peugeot 402 DS Darl'mat au Salon de Paris 1938, après sa participation au Mans Entre janvier 1937 et juin 1938, 105 bons de commandes sont signés en faveur de Peugeot 302 et 402 Darl'mat dessinées par Paulin, essentiellement destinées à un usage plus civil, avec cinquante trois roadsters, trente-deux cabriolets et vingt coupés. Ces voitures, bien que de diffusion confidentielle, sont une remarquable carte de visite pour Peugeot.
Roadster Peugeot 402 Darl'Mat, en version tourisme
Coupé Peugeot Darl'Mat, en version tourisme Renault Le dynamisme de Pourtout est couronné à l'automne 1938 par les liens que le carrossier noue avec la Saprar, filiale de Renault en charge des pièces détachées, et accessoirement des modèles en marge de la série. Cet accord prend la forme au printemps 1939 d'une série de cabriolets et de roadsters dessinés par Paulin, et établis sur le châssis de la nouvelle Primaquatre Sport. Il s'agit pour Renault de ne pas se laisser distancer en répondant à la 402 Darl'mat de son concurrent. Quinze cabriolets et neuf roadsters - ce dernier se différencie par ses portes échancrées et son pare-brise escamotable - sont assemblés entre mars et juillet 1939, avant que la déclaration de guerre ne vienne interrompre prématurément la fabrication de ces voitures. L'existence de cette charmante automobile, très typique du style français de cette fin des années trente, n'aura duré que le temps d'un été.
Mesdemoiselles Pourtout présentent un roadster Renault Saprar au concours de " l'Auto " en 1939.
Renault Primaquatre Sport cabriolet et roadster par Pourtout Bentley Streamline Embiricos Dans le courant de l'année 1938, le représentant en France de Rolls-Royce et Bentley, Walter Sleator, contacte Marcel Pourtout pour habiller un châssis Bentley 4 1/4 que vient de lui commander le milliardaire grec établi à Paris, pilote de course de surcroît, André Embiricos. Celui-ci voulant renouer avec la tradition sportive de la marque, songe à une conduite intérieure profilée qui lui permettrait d'améliorer la moyenne de ses trajets Paris - Côte d'Azur ou de sillonner plus rapidement les routes d'Europe, entre deux circuits. Respectant ses voeux, Marcel Pourtout réalise, sur un dessin de Georges Paulin, une voiture admirablement proportionnée, si l'on tient compte de ses dimensions imposantes, au style élégant, très efficace sur le plan de l'aérodynamisme, ce qui lui vaut le surnom sous lequel elle est devenue célèbre : la Streamline. Elle est livrée à son propriétaire le 6 juillet 1938.
Bentley Streamline Embiricos Avec la Bentley Streamline, Paulin demeure fidèle à ses habitudes, avec une fluidité des traits, un dépouillement des surfaces et une intégration optimum des accessoires. L'habituelle calandre Bentley est abandonnée. Les ailes épousent les lignes de la carrosserie qui se termine en pointe. L'aspect gracieux de l'auto suscite un vif intérêt auprès de la presse spécialisée. La Streamline Embiricos remet la marque sous les feux de la rampe à une époque où Bentley ne propose rien de très nouveau. L'idée des dirigeants de Bentley est de faire fructifier ce concept de voiture à carrosserie aérodynamique et légère, mais en offrant sur ce thème une véritable berline à quatre portes, apte à épauler la plus conventionnelle Mk V. Le projet de la Corniche prend forme. Bentley Corniche A la suite de ses travaux sur la Streamline Embiricos qui ont impressionné l'état-major de Bentley et Rolls-Royce, Georges Paulin est directement missionné pour dessiner une berline moderne à quatre portes, susceptible de rajeunir l'image de Bentley à moindre coût. Il travaille sur ce projet avec Ivan Evernden, styliste chez Rolls-Royce. Leurs travaux donnent naissance en 1939 à une berline quatre portes aux lignes très fluides basée sur un châssis modifié de Mark V. La Corniche, puisque tel est son nom, ne possède pas la calandre Bentley traditionnelle. Elle est dotée d'un pare-brise bas en deux parties et d'arches de roues arrière recouvertes. L'ensemble doit permettre d'optimiser les possibilités du six cylindres maison. Le phare central est aussi une caractéristique peu banale que l'on va retrouver après guerre sur nombre de voitures britanniques et américaines (Austin Atlantic, Rover P4, Studedebaker, Tucker ...).
Bentley Corniche La construction de la carrosserie est confiée à Vanvooren à Courbevoie. L'entrée en guerre de la Grande-Bretagne met un terme au développement de la Corniche. Le directeur de la Franco Britannic, Walter Sleator, insiste auprès de Rolls-Royce afin que soit développée une nouvelle voiture sportive dès la fin de la guerre. Cela sera la Continental. La guerre Au début des hostilités, Georges Paulin est mobilisé à l'hôpital du Val de Grâce avec le grade d'infirmier de seconde classe. Au début de l'été 1940, il est contacté par le beau-frère de Walter Sleator. Cet homme l'invite à rejoindre le groupe Phil, au sein du réseau Alibi, qui a été formé quelques mois plus tôt par le Secret Intelligence Service. Georges Paulin accepte. Il est capturé en novembre 1941 par des policiers français agissant pour la Gestapo, puis jugé et fusillé au Mont Valérien à Suresnes le 21 mars 1942, en compagnie de ses camarades Jacques Kellner, le célèbre carrossier, et Roger Davenne, un ferreur des ateliers Pourtout. Georges Paulin n'avait pas encore 40 ans ! Après-guerre, les Américains reprendront le principe de Paulin, en concevant pour le millésime 1957 la Fairlane 500 Skyliner, produite en 48 394 exemplaires jusqu'en 1959. Oubliée pendant près de quatre décennies, l'idée du toit rigide escamotable sera relancée en 1996 par Mercedes avec la SLK, puis par Peugeot en 2000 avec sa 206 CC dont le système était fabriqué chez Heuliez.
Ford Fairlane Skyliner, il n'y a
de nouveau que ce qui a été oublié |