Skoda, de 1894 à 1989


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Un peu d'histoire


La Tchécoslovaquie, état indépendant et souverain, reconnu à l'échelle internationale, est né en 1918. Ce pays est issu de l'éclatement de l'Empire austro-hongrois. Prospère grâce à ses ressources minières et à une forte tradition métallurgique, la Tchécoslovaquie est dirigée par les communistes à partir de 1948, et s'aligne alors sur le régime soviétique. En 1968, lors du " printemps de Prague ", le parti tente de s'orienter vers un socialisme à visage plus humain. L'intervention soviétique, en août, met un terme au courant novateur.

Des tendances autonomistes, toujours présentes, mais mises en sourdine par le régime totalitaire, ne peuvent surgir qu'après novembre 1989. Le parti perd son rôle dirigeant, et un gouvernement d'entente nationale est formé. Les communistes y sont minoritaires. Le dissident Vaclav Havel est élu à la présidence de la République. Le rideau de fer entre la Tchécoslovaquie et l'Autriche est démantelé. Le 1er janvier 1993, trois ans après ce qui a été appelé la révolution de velours, et après 74 ans de vie commune, Tchèques et Slovaques se séparent pour poursuivre une existence indépendante.


Les origines de Skoda


La société Laurin & Klement est créée en 1894, par le mécanicien Vaclav Laurin et le libraire Vaclav Klement. Les deux associés ouvrent un atelier dont la vocation est la réparation puis bientôt la production de bicyclettes. A cette époque, la fabrication de bicyclettes n'existe pas en Bohême, et on circule essentiellement sur des engins importés d'origine allemande. Les bicyclettes Laurin & Klement bénéficient de la qualité des aciers produits localement, et d'un personnel qualifié, fruit d'un excellent tissu universitaire.

Václav Laurin, 1865-1930. Copyright

En 1899 est présentée la première motocyclette Laurin & Klement. L'entreprise compte alors 68 salariés. Deux prototypes de voiturettes à quatre roues sont dévoilés en 1901. La production de motocyclettes atteint 2 000 exemplaires en 1904. La fabrication des bicyclettes est arrêtée en 1905. C'est durant cette même année 1905 que le jeune constructeur présente sa première automobile de tourisme, construite sans exploitation de licence étrangère, la Type A.

Václav Klement, 1868-1938. Copyright

Le type B est lancé en 1906. Sa conception est identique à celle du type A, avec une puissance accrue. La gamme s'étoffe régulièrement jusqu'à la Première Guerre mondiale, qui contraint l'entreprise à freiner son développement, pour privilégier pendant quelque temps la production de camions et de matériels militaires. A la fin de la guerre, le programme de fabrication reprend les types qui ont fait leurs preuves avant le conflit. En 1922, les voitures de la marque Laurin et Klement sont les plus répandues en Tchécoslovaquie, et représentent 19,6 % de tous les véhicules à moteur, et 42,1 % des véhicules de construction nationale.

1923 marque la naissance de la marque automobile Skoda, émanation du puissant groupe industriel Skodovi Zavody, connu depuis 1869 pour ses activités dans le domaine de la métallurgie, des poids lourds et des armes de guerre. La production d'automobiles répond pour Skoda à un besoin de diversification après la Première Guerre mondiale. A cet effet, Skoda achète à Hispano Suiza une licence de fabrication. Une centaine de Skoda Hispano Suiza voient le jour entre 1924 et 1930.

Skoda Hispano Suiza H6. Copyright

La situation économique du constructeur Laurin & Klement s'est progressivement dégradée à la suite d'un incendie qui a détruit la presque totalité de ses installations. Laurin & Klement cèdent leur entreprise en 1925 à la Skodovi Zavody. Jusqu'en 1928, les voitures Laurin & Klement continuent d'être fabriquées sous la marque Skoda, mais on voit en parallèle apparaître des modèles qui, bien qu'étant construits selon les principes de Laurin & Klement, peuvent être considérés comme des créations originales de Skoda.

Une époque bénie pour les illustrateurs. Copyright


Les années 30 avec une vraie gamme


En 1936, Skoda devient le premier constructeur tchèque, devant Tatra et Praga. La gamme des voitures de tourisme Skoda s'est extrêmement étendue au cours de cette décennie, allant de l'économique Popular de 995 cm3 à la prestigieuse Superb de 3991 cm3. En 1938, Skoda produit 6 371 voitures particulières, son score le plus élevé jamais atteint à cette date.

Skoda 420. Copyright

Avant que la guerre ne mette un frein à l'activité économique, Skoda jouit d'une image de marque exceptionnelle, synonyme de robustesse et de nervosité, obtenue dans les épreuves d'endurance et les rallyes. Une Popular s'est notamment placée en tête de sa catégorie au Monte-Carlo en 1936. En 1939, lors de l'occupation allemande, l'entreprise est incorporée dans le programme militaire. Les productions sont orientées vers les besoins de guerre (canons, camions et blindés), sans pour autant que la fabrication d'automobiles de tourisme ne soit suspendue. Ainsi Skoda produit 1 850 voitures en 1940, 2 059 en 1941, 1 091 en 1943, mais seulement 35 unités en 1944.

Skoda Popular. Copyright


Skoda 1101 et 1102


Le 9 mai 1945, alors que l'armée allemande bat en retraite, l'usine est bombardée lors d'un raid aérien de la Luftwaffe. Skoda est nationalisé par décret du 24 octobre 1945, comme toutes les entreprises de plus de 500 salariés. Sous le contrôle de l'état, la marque n'est plus libre de ses choix. Son activité s'inscrit désormais dans le cadre d'une économie planifiée, où le terme de concurrence n'existe plus. Sa mission principale est de produire des voitures de petite cylindrée. La société doit renoncer aux modèles de prestige dont la fabrication est maintenant réservée à Tatra.

Skoda reprend après-guerre la production à quelques dizaines d'exemplaires des modèles conçus juste avant le conflit : Popular 995 et 1100, Rapid 4 et 6 cylindres, Superb. Mais c'est la Popular née en 1940 qui réalise le gros des volumes. Celle-ci perd la dénomination Popular, et adopte la désignation 1101. Les chaînes de la 1101 redémarrent en mai 1946. Comparée à la Popular d'avant-guerre, la nouvelle venue adopte une face avant totalement redessinée, avec une calandre à motifs horizontaux et des phares intégrés.

Skoda 1101. Copyright

La gamme va s'étoffer de nombreuses versions. Après le coach des débuts, on voit apparaître une fourgonnette, une ambulance, puis à partir de 1947 une nouvelle berline quatre portes, un cabriolet, un break trois portes, et même une rare version break bois. Modèle ultime, un roadster deux places permet à Skoda de retrouver un peu de son prestige passé. Au salon de Paris 1948, la 1101 devient 1102. Le tableau de bord et le volant sont redessinés, et le levier de vitesses apparaît au volant.

Skoda 1101. Copyright

La plupart des Skoda produites sont acquises par des organismes d'Etat, et ce ne sont que quelques dizaines de véhicules qui peuvent être achetés par des particuliers. Le solde de la production est destiné à l'exportation, afin de faire rentrer des devises qui permettent de développer l'industrie et des équipements militaires. Nous sommes en pleine guerre froide. En France, ce sont les établissements Jacques Poch qui importent la marque à partir de 1947. La production totale des 1101 et 1102 a été de 66 904 exemplaires.

Skoda 1102. Copyright


Skoda 1200


La 1102 commence sérieusement à dater au début des années 50, avec son dessin d'avant-guerre et sa structure d'un autre âge. Pour exporter, face à une concurrence exacerbée, Skoda doit se renouveler. C'est ainsi que la nouvelle Skoda 1200 est présentée au Salon de Genève en mars 1952. Dotée d'une meilleure habitabilité, elle présente une carrosserie inédite de style ponton sur une structure tout acier. Le moteur dérivé de la 1102 est d'une cylindrée de 1221 cm3, pour une puissance de 36 ch. La vitesse maximum est de 105 km/h. Trois carrosseries sont proposées : berline quatre portes, break et fourgonnette.

Skoda 1200. Copyright


Skoda 1201


Fin 1955, la 1200 devient 1201. Les modifications esthétiques sont mineures : nouvelles poignées de porte, nouveaux clignotants. La puissance grimpe à 45 ch. Un pick-up complète l'offre. La dernière berline 1201 est produite en 1958. Les breaks et les utilitaires poursuivent leur carrière jusqu'en 1961. Toutes carrosseries confondues, la production totale des 1200 et 1201 s'est élevé à 40 114 exemplaires.

Skoda 1201 Berline. Copyright


Skoda 1202


En 1961, la 1202 remplace la 1201. Il n'y aura pas de berline 1202, mais seulement des breaks et des utilitaires. Si la base mécanique demeure identique, Skoda a pris soin de moderniser les lignes avec notamment une surface vitrée accrue. L'antique pare-brise en deux parties cède sa place à une pièce d'un seul montant. L'habitabilité est améliorée. La calandre héritée des années 50 est remplacée par une surface grillagée d'aspect plus flatteur. Les ailes avant sont plus saillantes. La 1202 sera appréciée pour son endurance sur les routes les plus difficiles, que cela soit en Afrique ou en Amérique du Sud. Maintenue au catalogue jusqu'en 1971, elle a été produite à 60 137 exemplaires.

Skoda 1202. Copyright


Skoda 440, 445, 450


Au Salon de Bruxelles de janvier 1955, Skoda présente en parallèle à la série 1200 la nouvelle Orlik (aiglon), émanation du programme Spartak lancé au début des années 50. Lors de sa commercialisation, la nouvelle petite Skoda est plus simplement baptisée 440, pour 4 cylindres (1089 cm3) et 40 ch. Cela ne va pas empêcher le public tchèque de l'appeler couramment Spartak. Sa vitesse de pointe est de 118 km/h. Elle ne mesure que 4,06 mètres de long, contre 4,50 mètres pour la 1200. L'objectif fixé par le gouvernement est de proposer un nouveau modèle qui puisse mieux séduire la clientèle étrangère, tout en comprimant au maximum les coûts de développement et de production. La voiture a été dessinée dans un style moderne, mais elle reprend la plupart des éléments mécaniques des modèles antérieurs.

Skoda 440. Copyright

Dans l'esprit de ses concepteurs, la 440 est avant tout un véhicule utile et non pas futile. Il s'agit d'un outil de travail rustique plus que d'une voiture pour les loisirs. Son prix de vente, argument majeur pour Skoda, est largement inférieur à celui de ses concurrentes européennes. Il demeure cependant illusoire pour un Tchèque de s'offrir ce modèle premier prix, en raison d'un pouvoir d'achat bien moindre que celui des habitants d'Europe de l'Ouest. Le constructeur se soucie d'ailleurs peu des débouchés dans son pays. Les faibles cadences de production suffisent à peine à fournir la demande étrangère.

L'esthétique et les performances n'ont pas été des priorités. Par contre, la 440 s'adapte sans renâcler à toutes les routes, à tous les chemins de campagne, à toutes les conditions climatiques. Disponible en coach deux portes, elle offre une bonne visibilité grâce à sa surface vitrée généreuse. Les ingénieurs de Skoda ont imaginé une astuce pour réduire les coûts. Le pare-brise et la vitre de lunette arrière sont identiques. En 1957, la gamme s'élargit avec l'apparition de la 445, mieux motorisée avec le 4 cylindres de 45 ch de la Skoda 1200, et quasiment identique visuellement. Skoda ose même un cabriolet 450 en 1958. Evidemment, ce modèle " frivole " est réservé à l'exportation. De 1955 à 1959, il a été produit 75 417 voitures du type 440, ainsi que 9 375 Skoda 445 et 1 010 Skoda 450.


Skoda Octavia


A partir du Salon de Genève en mars 1959, l'activité de Skoda prend une nouvelle impulsion avec l'apparition de l'Octavia, issue directement de la 440. Des progrès en matière de suspension ont été réalisés. Le tableau de bord est redessiné. La face avant est nouvelle avec une barre transversale apposée sur la calandre désormais ovale. Les fameuses moustaches des anciennes 440 et 445 ont disparu. La dénomination Octavia a pour origine le terme latin " octo ", qui signifie huit. Le constructeur considère en effet que ce modèle représente la huitième génération de voitures à vocation populaire de la marque.

L'Auto Journal, dans son numéro du 15 mai 1959, conclue ainsi son banc d'essai : " L'Octavia paraît avoir été conçue pour un service intensif dans des conditions d'utilisation pénibles. Son principal atout réside certainement dans la robustesse de son moteur et de sa suspension. Dans des conditions normales d'utilisation, sur bonne route, cette voiture paraîtra beaucoup moins séduisante. En bref, elle paraît se situer à mi-chemin entre la voiture de tourisme moderne et l'engin utilitaire léger. Toutefois, sa carrosserie est relativement moderne et bien conçue ... "

Skoda Octavia. Copyright

Les Skoda sont étudiées pour un pays au piètre réseau routier. La robustesse de l'Octavia est un excellent argument pour pénétrer des marchés comme Cuba, la Turquie, les pays scandinaves, les Etats-Unis ou l'Australie. L'organisme d'Etat Motokov chargé des exportations ne ménage pas ses efforts pour promouvoir les Skoda, en faisant adapter si nécessaire les voitures aux marchés visés.

Skoda Octavia Combi. Copyright

Parallèlement à la présentation de l'Octavia, la 445 devient Octavia Super et le cabriolet 450 se fait désormais appeler Felicia. En 1960, Skoda commercialise une Octavia RS de 50 ch. Son moteur est emprunté à la Felicia. L'Octavia bénéficie au Salon de Paris de 1961 d'un lifting, et reprend la face avant grillagée de la Felicia. A l'arrière, de minuscules ailerons pointent au sommet des ailes. Cette même année 1961, la gamme s'étoffe avec l'arrivée d'un break Combi. L'Octavia et l'Octavia Super gagnent chacune 2 ch (respectivement 42 et 47 ch). Les Octavia 1200 TS et Felicia Super de 55 ch coiffent l'offre de Skoda.

Skoda Felicia. Copyright

Si l'Octavia séduit encore de nombreux clients sur les marchés protégés des pays de l'est, elle parait de plus en plus démodée à l'Ouest. Il suffit par exemple de la comparer à la Simca 1300/1500 présentée en 1963 qui a succédé à l'Aronde. Le prix de vente de l'Octavia en France est de 6 850 francs en 1964, soit le même prix qu'une Daf Daffodil. Ce tarif peut aussi être comparé aux 6 500 francs d'une Fiat 850, 6 750 francs d'une Simca 1000 GL, 6 887 francs d'une Ami 6 berline, 6 990 francs d'une Renault 8 ou 6 995 francs d'une Morris 850.

Si la berline et le cabriolet s'inclinent face à la nouvelle gamme présentée en 1964, le break Octavia, aidé par quelques retouches cosmétiques en 1968 et 1969, fait de la résistance jusqu'en 1971. C'est vrai que Skoda n'a pas prévu son remplacement sur la future série 1000 MB. Au total, les usines Skoda ont produit 298 480 coachs Octavia, sans compter le Combi et les cabriolets. Plus globalement, ce sont 466 044 exemplaires de la 440 et de ses dérivés qui ont été produits de 1955 à 1971, dont 396 085 en coach deux portes.

Les ingénieurs de Skoda ont conscience que leurs modèles vieillissent techniquement et qu'à l'aube des années 60, les solutions développées avant-guerre (moteur, suspensions ...) doivent être repensées pour maintenir les positions de la firme sur les marchés étrangers. Sur la base d'une décision gouvernementale, une nouvelle usine est mise en chantier en 1959. Elle vise à accroître de manière significative la production automobile. Installé sur 80 hectares, il s'agit du plus grand site industriel en Tchécoslovaquie. Sa construction va prendre plus de quatre ans. Les capacités bondissent de 120 à 600 voitures par jour.


Skoda 1000 MB et 1100 MB, S 100 et S 110, 100 et 110


Septembre 1964

Le 1000 MB est commercialisée à partir de septembre 1964. Son nom fait référence à la cylindrée (998 cm3, 45 ch) et à la nouvelle usine de Mlada Boleslav dédiée à ce modèle inédit. Tous les modèles fabriqués jusqu'alors sont abandonnés, à l'exception du break Octavia. De nombreux fournisseurs étrangers participent au projet de cette nouvelle unité de production, parmi lesquels les français Renault et Chausson. Ce site qui fait largement appel à des machines automatiques permet à Skoda d'améliorer la qualité de ses produits et sa productivité.

Skoda 1000 MB. Copyright

La principale innovation de la 1000 MB tient à l'emplacement du moteur à l'arrière, alors que toutes les Skoda antérieures avaient le moteur placé à l'avant. Si cette technique paraît totalement obsolète de nos jours, elle fait encore dans les années 60 les beaux jours de plusieurs modèles Renault, Simca, Volkswagen, NSU, Hillman ou Fiat. Avec le recul du temps, on s'aperçoit que ce choix technique a été déterminant car il a engagé la firme tchécoslovaque pour un quart de siècle. Dans un premier temps, Skoda ne propose qu'une berline quatre portes.

Mars 1966

La première modification cosmétique intervient en mars 1966 au Salon de Genève. L'imposante prise d'air latérale arrière est remplacée par une grille plus sobre. Parallèlement, la puissance du moteur passe à 48 ch. Au même Salon de Genève 1966, Skoda présente une nouvelle version deux portes, baptisée 1000 MBX. La puissance est portée à 52 ch. Les stylistes de chez Skoda ont redessiné le pavillon avec une nouvelle lunette arrière, puis ils ont enlevé le montant latéral central.

Skoda 1000 MBX. Copyright

Octobre 1967

En octobre 1967, la 1100 MB de 1107 cm3 et 52 ch seconda la 1000, tandis que la 1100 MBX épaule la 1000 MBX. Le coach MBX est abandonné fin 1969 après une diffusion de 1 403 exemplaires en version 1000 et 1 114 en version 1100.

Octobre 1968

Skoda très actif en cette fin de décennie modifie de manière significative l'apparence de ses modèles 1969. Une large moulure argentée barre la largeur de la calandre, le toit perd sa crête centrale, et les montants de custode s'épaississent. De fait, la lunette arrière panoramique cède sa place à un ensemble plus classique. Sur le plan technique, la fiabilité du moteur est améliorée, de même que l'insonorisation de l'habitacle et la protection contre la corrosion.

Skoda 1000 MB. Copyright

1969

En avril 1969, au Salon de Belgrade, le constructeur tchécoslovaque, à l'âme sportive, présent la 1000 MB Rallye 65 ch. Quatre projecteurs supplémentaires et une décoration latérale à base de bandes noires et d'inscriptions " Rallye " achèvent de convaincre l'acquéreur hésitant. On se croirait en Amérique, le pays qui a inventé l'obsolescence programmée. En septembre 1969, la 1000 MB devient S 100 avec le 988 cm3, tandis que la 1100 MB se fait appeler S 110 avec le 1107 cm3. Encore une fois, plusieurs évolutions esthétiques accompagnent ces nouvelles dénominations : capot avant plat, clignotants dans les pare-chocs, disparition totale des ailerons, feux arrière verticaux remplacés par des feux horizontaux, grille sur toute la largeur arrière sous ces feux, nouvelle planche de bord ...

L'offre est simplifiée avec la seule présence d'une berline quatre portes, en configuration S 100, S 110 L ou SL. Cette dernière est équipée du moteur 62 ch du nouveau coupé S 110 R . Le " S " disparaît peu de temps après, pour ne conserver que les désignations Skoda " 100 " et " 110 ". La version Rallye poursuit son chemin avec la nouvelle carrosserie. La 110 L Rallye est équipée de jantes légères, de projecteurs additionnels, l'aménagement intérieur comporte un compte-tours, un extincteur, des sièges-baquets. Elle possède un moteur de 73 ch SAE plus puissant que celui des autres Skoda de série, mais moins affûté que celui des versions usines (jusqu'à 110 ch). 

1971/72

En septembre 1971, les flammes chromées des ailes avant disparaissent. De petites ouïes d'aération sont positionnées sur les montants de custode arrière.

Skoda 100 LS. Copyright

En janvier 1972, le moteur de 62 ch qui équipe le coupé 110 R devient disponible sur la nouvelle berline 110 LS. En mai 1972, une 120 S de 1174 cm3 et 64 ch complète l'offre. Extérieurement, on remarque une prise d'air sur la calandre et des fentes sur le capot. La 120 S n'a été produite qu'à une centaine d'exemplaires. 

En septembre 1972, sur les modèles à deux phares avant (100, 100 L, 110 L), le motif de calandre est déplacé du centre vers le côté droit. De nouvelles poignées de porte encastrées font leur apparition.

Skoda 100 L. Copyright

Avec 500 000 voitures produites en février 1970, puis 1 000 000 en août 1973, toutes versions et toutes carrosseries à moteur arrière confondues, la nouvelle Skoda est un succès pour la marque et le régime en place. Après douze années sur les lignes, les versions de la 110 disparaissent à l'automne 1976, celles de la 100 en avril 1977. Il a été produit 819 787 Skoda 100, 219 864 Skoda 110 L et 40 057 Skoda 110 LS.


Skoda 110 R


Le coach MBX abandonné fin 1969 est remplacé en 1971 par un nouveau coupé 110 R (R pour Rapid). La mécanique de la 110 R, forte de 62 ch, contre 53 ch pour la quatre portes 110 L, entraîne la voiture à 145 km/h. Un tableau de bord à cinq cadrans et une décoration en faux bois lui procurent une touche sportive. En janvier 1973, la 110 R bénéficie d'une calandre à quatre phares contre deux auparavant. On note l'apparition de nouveaux enjoliveurs à cinq branches et la présence d'appuis-tête à l'avant. Contre vents et marées, mais en adoptant quelques améliorations techniques empruntées à la gamme des berlines, le coupé 110 R, dernier modèle issu de l'ancienne gamme née en 1964, demeure au catalogue jusqu'en 1980. Il a été produit à 56 902 exemplaires.

Skoda 110 R. Copyright


Skoda 105 et 120


Les berlines 100 et 110 cèdent leur place lors de la foire de Brno de septembre 1976 aux nouvelles Skoda 105 L et S à moteur 1046 cm3 de 46 ch, et 120 L et LS à moteur 1174 cm3 de 52 (L) et 58 ch (LS). Leur carrosserie est inédite. Par contre le principe du moteur arrière est maintenu. Ce conservatisme à l'heure où tous les constructeurs ont adopté le moteur avant va hélas contribuer à ancrer durablement l'image de Skoda comme constructeur d'automobiles " au rabais ", techniquement dépassées, à l'image des cousines soviétiques Lada, yougoslaves Zastava ou polonaises Polski Fiat.

Seules les Porsche 911, Volkswagen Coccinelle ou Fiat 126 sont encore équipées de moteurs arrière. Autant le gouvernement s'était montré généreux lors de l'étude de la 1000 MB, autant les politiques n'ont rien voulu entendre vingt ans plus tard. Les ingénieurs de Skoda ont composé avec l'existant. La présence de deux ou quatre phares (la 120 LS possède quatre phares avant), d'un compteur de vitesse rectangulaire ou circulaire, d'un compte-tours ... permet de différencier les versions.

Skoda 105 L. Copyright

A défaut de virage technologique, les concepteurs de la nouvelle gamme Skoda se sont attachés à fabriquer une voiture robuste et sure, résistant à la corrosion, relativement moderne d'aspect lors de sa présentation. Début 1978 la gamme est étendue avec la 120 GLS. Fin 1979, un petit becquet noir est installé sur le capot arrière, tandis que le dessin de la calandre est légèrement retouché.

Au printemps 1981, la GL rejoint la série 105. Pour le millésime 1982, les 105 GL et 120 GLS conservent leurs doubles phares ronds, mais adoptent de nouveaux feux arrière horizontaux et des pare-chocs noirs. Les 105 L, 120 L et LS sont équipées de deux phares rectangulaires, tandis que la 105 S garde ses deux phares ronds. A la différence des 105 GL et 120 GLS, ces quatre versions ont toujours de petits feux verticaux à l'arrière et des pare-chocs chromés ... vous suivez ?

Skoda 120 LS. Copyright

Sur les modèles 1984, les clignotants migrent des pare-chocs vers les phares. Ils deviennent visibles latéralement. Toutes les Skoda sont désormais illuminées à l'arrière par de grands feux horizontaux. D'autres détails moins visibles car touchant à la technique (frein, direction, suspension ...) améliorent le confort de vie des propriétaires.

Pour 1985, deux versions 130 L et 130 GL coiffent la gamme. Le moteur 1289 cm3 de ces deux modèles développe 62 ch. Quelques évolutions vont encore marquer l'existence de ces voitures populaires : versions dépolluées pour marché suisse et allemand, version 135 fonctionnant au carburant sans plomb, versions 125 L, etc ... Les 105 et 130 ont été produites jusqu'en 1988, la 120 jusqu'en 1989.

Skoda 130. Copyright


Skoda Coupé Rapid / Garde / 120 R / 130 R


Disparu en 1980 avec le retrait de la 110 R, un coupé Skoda est de nouveau commercialisé à partir de septembre 1981. Celui-ci est baptisé " Garde " en Tchécoslovaquie, Rapid dans la plupart des pays d'exportation, et plus sobrement 120 R en France. La mécanique quatre cylindres de 1174 cm3 et 58 ch est empruntée à la 120 GLS. En 1985, le coupé Skoda adopte le 1289 cm3 de 62 ch de la berline 130. En France, la 120 R devient 130 R, et est équipée de la même calandre (clignotants intégrés aux optiques avant) que les berlines. Le coupé 120 R est vendu 35 000 francs en 1983 dans le réseau de Jacques Poch. A titre de comparaison, une Renault Fuego TL de base coûte 56 400 francs et un coupé Alfa Romeo Sprint 60 720 francs. La similitude de forme avec ce dernier tient du clin d'oeil ! Les moyens des designers tchécoslovaques n'ont jamais été à la mesure de ceux d'Ital Design, et les ressemblances se limitent à la découpe de la vitre de custode et à la pente douce de la partie arrière, en plus " maladroit ".

Skoda 130 R. Copyright


Epilogue


Skoda présente en septembre 1988 la Favorit, deuxième du nom, dessinée sous l'autorité de Marc Deschamps chez Bertone. Avec ce modèle, Skoda tourne le dos au moteur arrière, et adopte enfin la traction avant. Toute l'ancienne gamme à moteur arrière est abandonnée en 1989. Skoda repart enfin sur de nouvelles bases après des années d'incertitude.

Skoda Favorit. Copyright

Le 16 avril 1991, Skoda devient une marque du groupe Volkswagen. En octobre 1994, la Felicia conçue intégralement chez VW et équipée de moteurs allemands remplace la Favorit. Une nouvelle page d'histoire vient de s'ouvrir chez Skoda.

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