Volvo 1800 ES

Le coupé Volvo P 1800 est présenté en janvier 1960 à l'occasion de l'exposition internationale de Bruxelles. Sa riche histoire vous est longuement contée sur d'excellents sites en langue française :

http://www.volvop1800france.com
http://www.automobile-sportive.com

Nous nous intéressons ici à l'ultime version de cette série, la 1800 ES, caractérisée par sa carrosserie façon break de chasse.

Volvo P 1800

Rapide retour en arrière. La P 1800, dessinée par Pietro Frua puis corrigée par les stylistes de Volvo, est une automobile au dessin original, solidement construite, dotée de quelques modestes prétentions sportives. Mais son style à la fin des années 60 commence à dater. Volvo, soucieux de son image, se doit de proposer un haut de gamme plus moderne, moins étriqué d'aspect, au volume habitable plus conséquent. Dès 1967, l'idée de développer une nouvelle ligne pour la P 1800 prend corps. Deux prototypes dans l'esprit break de chasse sont élaborés en 1968. Le premier, appelé " Beach Car " est proposé par Coggiola.

Coggiola Beach Car

Le second, le " Rocket ", à l'arrière ovale du plus curieux effet, est le fruit des travaux de Pietro Frua. Ces deux projets vont demeurer au stade de l'étude.

Frua Rocket

Coggiola ne désarme pas, et dévoile au Salon de Paris en 1971 un successeur potentiel à la P 1800, dénommé 1800 ESC. L'idée du break de chasse est abandonnée. L'ESV ne dépasse pas hélas le stade du prototype, sa ligne moderne en coin très " seventies " ne manque pourtant pas d'allure.

Volvo 1800 ESC

C'est finalement en août 1971 qu'est levé le voile sur la 1800 ES, qui va quelques mois plus tard succéder à la P 1800. En partant de la P 1800, toute la partie postérieure est redessinée sous la responsabilité de Jan Wilsgaard, patron du style Volvo, transformant ainsi le coupé déjà bien connu en un élégant break sportif. Quand on se réfère à ce que propose alors Volvo sur ses berlines, on se demande où les stylistes suédois ont trouvé une telle inspiration.

Volvo 1800 ES

Le toit du coupé est remplacé par un toit plat. De grandes glaces de custodes et un hayon vitré sans cadre qui s'articule sur des charnières fixées au toit modernisent l'aspect général. L'habitabilité et le volume de chargement y trouvent leur compte. La partie postérieure basse de la carrosserie n'est que légèrement modifiée. Les ailerons sont conservés en s'inscrivant jusqu'au hayon arrière de manière harmonieuse. La calandre façon coupe frite cède sa place à une grille de couleur noire, plus à la mode. Bien que paraissant plus long que le coupé, le break de chasse conserve les mêmes dimensions extérieures.

Volvo 1800 ES

A la même époque, Reliant a sollicité son partenaire Ogle pour concevoir dans un esprit similaire une vraie quatre places à partir de la Scimitar. Si les deux projets sont lancés à la même époque, celui de Volvo n'est concrétisé en série que trois ans après celui de Reliant. Au mieux, le succès de la Scimitar en Grande-Bretagne ne peut que conforter le bien-fondé du choix de Volvo pour ce type de carrosserie. Mais il est impossible d'affirmer que l'un ait copié l'autre.

Doté de l'injection électronique Bosch, le 2 litres de 135 ch SAE permet à la 1800 ES (E pour Einspritzung, injection en allemand) d'atteindre un honorable 185 km/h. Les voitures destinées au marché américain doivent se satisfaire de 125 ch SAE en raison des contraintes liées aux normes antipollution. L'excédent de poids par rapport au coupé est de 90 kg. Ce surpoids est légèrement compensé par un meilleur coefficient de pénétration dans l'air, grâce au dessin de la partie arrière.

Volvo 1800 ES

La production de la 1800 ES commence au début de l'année 1972, tandis que le coupé n'abandonne les chaînes suédoises qu'en juin 1972. Les deux véhicules sont donc commercialisés en même temps durant quelques mois. La nouvelle Volvo trouve tout de suite sa clientèle, séduite par cet engin élégant d'aspect sportif, mais qui a su devenir très commode d'usage. On connaît peu d'automobile qui ait bénéficié d'une rénovation aussi réussie.

La carrière de la 1800 ES sera courte. Le marché américain, débouché indispensable pour les voitures sportives européennes, impose à partir de 1974 de nouvelles normes de sécurité, notamment pour ce qui est de l'absorption des chocs. Les modifications à apporter à la 1800 ES auraient exigé des investissements démesurés pour un modèle déjà ancien de conception, peu en rapport avec sa diffusion restreinte. Par ailleurs, la 1800 ES partage bon nombre d'éléments mécaniques avec la série 121 et 122 dont la production a cessé en 1970. Enfin, les ventes de la 1800 ES sont devenues bien marginales face au succès remporté par les berlines, et les priorités sont par conséquent ailleurs.

En 1972, la 1800 ES fut la voiture de la Playmate de Playboy, Marilyn Cole

Dès la fin 1972, la rumeur selon laquelle la production de la Volvo va cesser courre. Et en effet, quelques mois plus tard, le 27 juin 1973 précisément, les dernières 1800 ES quittent les chaînes d'Olofström.

Volvo 1800 ES

8 078 exemplaires de la 1800 ES sont produits durant cette carrière écourtée, contre 39 414 coupés P 1800 de 1961 à 1971. Près de la moitié des 1800 ES ont pris le chemin des Etats-Unis. Commercialisé en France au tarif de 43 800 francs en 1972, on peut comparer celui-ci aux 29 800 francs exigés pour coupé Peugeot 504, aux 35 400 francs d'une Lancia 2000 Coupé ou aux 49 500 francs de la plus économique des Porsche 911, la T. Une centaine de 1800 ES auraient été écoulées dans l'hexagone. La 1800 ES a permis de donner un nouveau souffle à une série qui s'acheminait paisiblement vers la retraite.

Un journaliste américain affirma que la Volvo 1800 ES était ce que la Suède avait apporté de plus excitant au monde depuis Anita Ekberg

Ce ne sont pas les confidentiels coupés 262 C de 1978 et 780 de 1985 dont le style est aux antipodes de celui de la 1800 ES qui ont su soulager la déception des concessionnaires américains, dépité par la disparition d'un modèle capable de contrer l'invasion des coupés nippons.

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