Volvo 164, 264, 760, 960, 850R et S 80L

L'élan de prospérité rencontré à la fin des années 60 pousse de nombreux constructeurs européens à investir le marché du haut de gamme, et pourquoi pas, à tenter leur chance avec leurs modèles sur le marché américain. Volvo qui vend déjà 36 146 voitures aux Etats Unis en 1969 ne peut pas ignorer cette situation. La 164 présentée au Salon de Paris 1968, puis commercialisée l'année suivante tombe à point nommé.

Sur notre continent, ce modèle se situe à mi-chemin entre les productions de l'élite européenne constituée par les marques BMW, Mercedes, Alfa Romeo, Lancia, Rover ou Jaguar, et d'autres modèles d'origine plus prolétarienne, issus des chaînes d'Opel, Ford, Audi ou Vauxhall. Accessoirement, la 164 comble un trou sur le petit marché suédois - 8 millions d'habitants en 1970 - pour qui veut acheter " local ", le concurrent Saab n'ayant investi ce créneau qu'en 1984 avec la 9000.

La carrosserie de la 164 est simplement empruntée à la série 140, non sans avoir subie quelques modifications. L'empattement allongé de 10 cm entre le train avant et les portières permet de recevoir le discret six cylindres en ligne 3 litres de 130 ch. Ce moteur a été développé à partir du 4 cylindres de 2 litres disponible sur la série 140 la même année. C'était la première fois depuis 1950 (et la fin de la carrière de la PV60) que Volvo propose une mécanique 6 cylindres à destination des particuliers.

La 164 se distingue surtout pas sa calandre proéminente, suivant là un style à la mode pendant les années 30, redevenu d'actualité aux Etats Unis au début des années 70, et maintenu traditionnellement en Angleterre par Rolls-Royce, Bentley, Wolseley, Riley ... Les projecteurs ronds renforcent le classicisme de la face avant. Dans l'habitacle, à l'exception de la sellerie en cuir fine fleur et d'une petite console centrale, rien ne différencie le reste du mobilier intérieur de celui d'une 144. La Volvo 164 est diffusée à 144 179 exemplaires jusqu'en 1975, une performance honorable à ce niveau de gamme. 993 voitures auraient été importées en France.

Volvo 164

Commentaire du journaliste Jean Mistral dans l'Auto Journal du 1er juillet 1972 au sujet de la Volvo 164 :

" Ayant servi dans les chars, j'ai éprouvé pendant quelque temps une certaine difficulté à me réadapter. Partout, je me sentais mal cuirassé contre les heurts et les difficultés de la vie. En voiture (quel paradoxe !), l'absence d'un blindage me pesait lourdement. Enfin, j'ai découvert la Volvo ! J'ai aussitôt ressenti une impression rassurante due au respect des canons de la sécurité. J'apprécie la protection civile qu'elle me procure, après ma vie militaire. Proposer une carrosserie qui s'apparente à une armure, ce n'est pas une mince affaire. C'est plutôt un argument de poids ... Les très grandes firmes peuvent se permettre des erreurs et elles ne s'en privent pas. De telles faiblesses sont interdites aux petits constructeurs : ils n'y survivraient pas. En achetant une Volvo, je suis sûr de ne pas acquérir une voiture médiocre. "

Volvo 164

La 164 a fait son temps. Son style est désormais démodé, sa mécanique hors d'âge. Mais il n'est pas question pour Volvo de céder cette place durement acquise sur le haut de gamme. En 1973, le constructeur suédois vend aux Etats Unis pas moins de 60 761 voitures. C'est devenu son premier marché, devant la Suède.

Volvo 264

Volvo, pour maintenir ses positions outre Atlantique, doit être en mesure de proposer une mécanique moderne, souple et puissante. L'étude d'un moteur menée conjointement avec Peugeot et Renault répond à cette attente. D'une cylindrée de 2 664 cm3, celui-ci se distingue par sa compacité et son poids plume de 152 kg, grâce à sa réalisation en alliage léger. Le fameux V6 PRV équipe donc la nouvelle berline 264 - série 2, 6 cylindres, 4 portes - présentée à l'automne 1974. Sa carrosserie est la même que celle de la 240, mais il n'a pas été nécessaire d'allonger le capot pour loger ce nouveau moteur.

Volvo 264

La série 240/260 est une évolution de la 140, dont elle reprend la cellule centrale. Les principaux changements incluent de nouveaux pare-chocs plus grands, et un châssis amélioré disposant de suspensions avant McPherson. Volvo a appliqué sur cette voiture de nombreux enseignements issus du concept car VESC, un prototype de recherche dans le domaine de la sécurité, présenté en 1972. Le niveau d'exigence est si élevé sur la Volvo 240/260 que les autorités américaines s'en sont servi comme véhicule de référence pour définir de nouvelles normes de sécurité.

Volvo 264

La 264 mène une carrière discrète, avec une augmentation de la cylindrée à 2 849 cm3 en 1981 (et 14 ch en plus), avant d'être poussée à la retraite en 1982 pour céder sa place à la 760. Elle a été fabriquée à 132 390 exemplaires.

Volvo 264

Quand les premiers plans de celle qui doit remplacer la 260 sont esquissés vers 1975, l’industrie automobile dans son ensemble est confrontée à de nombreuses difficultés, et c’est tout particulièrement le cas pour Volvo. Le premier choc pétrolier vient de se produire, et Volvo rencontre des problèmes de qualité de fabrication sur la nouvelle 240. C’est aussi une période économique très difficile pour l’entreprise. Les coûts de production sont trop élevés et la rentabilité des exportations est sujette à caution. Au sein de Volvo, bon nombre d’opinions tranchées et d’avis différents s’expriment sur la nouvelle voiture.

Volvo 760

Il est décidé que ce sera la fiabilité, la faible consommation, la longévité et la facilité d’entretien, un faible niveau acoustique, le style et les performances qui, dans cet ordre, constitueront le fil conducteur du développement du nouveau projet. Il est également décidé de recourir à la propulsion arrière et d’augmenter l’empattement de 10 cm par rapport à la 240/260. La voiture devra aussi être un peu plus courte, mais en conservant une largeur identique et en s’allégeant de 100 kg. Par souci de réduction des coûts, le contenu technologique doit être essentiellement repris sur la 240/260. Le style extérieur sera par contre être foncièrement nouveau. Ce choix est tout aussi ardu et important que celui du contenu technologique.

De nombreuses propositions sont présentées, émanant pour beaucoup de designers extérieurs. Le département financier souhaite un design constitué de surfaces planes et rectilignes, avec des formes anguleuses, si possible à angle droit, afin de limiter dans toute la mesure du possible les coûts de production. Il résulte de ces différentes réflexions une berline avec une lunette arrière pratiquement verticale et une poupe carrée. Les flancs verticaux confèrent à l’habitacle une impression d’espace généreux. Indiscutablement, la voiture a du caractère.

Le choix s’avère être le bon. Dans la valse incertaine des banales berlines servies par les autres constructeurs, l’allure carrée de la Volvo rencontre le succès et devient bientôt un signe distinctif. Les réactions ne sont pas toutes positives, mais aux Etats-Unis, principal marché du nouveau véhicule, le public est conquis.

Volvo présente la voiture en février 1982 avec trois motorisations : 4 cylindres turbo de 173 ch, V6 2,8 litres de 156 ch et 6 cylindres en ligne turbo diesel de 110 ch. Les ventes décollent immédiatement, tant sur le marché national qu'à l'export. A partir de janvier 1984, la série 740 complète l'offre de Volvo, mais avec des aménagements simplifiés et des motorisations plus modestes.

Volvo 760

Rentable financièrement, la Volvo 760 marque un tournant pour Volvo, en constituant le socle de la pérennité de l’entreprise. L'étude de la voiture représente cependant un investissement gigantesque. L’idée sous-jacente est que la 760 et ses futurs dérivés devront maintenir les niveaux de ventes pour le reste des années 80 et le début des années 90. C’est bien ainsi que les choses se passeront. Au total, 221 309 exemplaires de la 760 sont produits (1 230 704 en incluant la 740), avant qu’elle ne soit remplacée à l’automne 1990 par la plus moderne 850, une 760 profondément remaniée.


Volvo 960

Marché de prédilection pour Volvo (24,6 % de ses ventes en 1989), les USA sont sans doute à l'origine des modifications apportées à la 960. Lorsqu'elle est introduite aux Etats-Unis au début des années 80, la Volvo 760 reprend avec sa lunette arrière verticale un thème alors en vogue outre-Atlantique. Les temps ayant changé, les profils évoluant, et peu après que la General Motors, promoteur de cet effet de style, ait incliné ses lunettes, c'est Volvo qui avec la 940/960 renonce à la verticalité. Associée à un pavillon légèrement plus arrondi et à un coffre plus haut et moins net, cette évolution permet à la voiture d'apparaître plus moderne, tout en préservant la personnalité maison. Au passage, le Cx gagne en modération, passant de 0,41 à 0,36. Les changements ne sont pas que d'ordre esthétique, l'aménagement de l'habitacle et de nombreux aspects techniques sont revus, mais surtout Volvo propose pour son haut de gamme un nouveau 6 cylindres, 2 ACT, 24 soupapes et 204 ch. Le fameux V6 PRV est rangé au placard après 16 ans de bons et loyaux services.


La Volvo 850 est présentée en juin 1991, et commercialisée en France à partir de mars 1992. Dans la grille tarifaire, cette berline 5 cylindres s'insère entre la 460 et la 960. La 850 est alors le nouveau cheval de bataille du constructeur suédois, comme l'a été la 240 en son temps. Elle est de nouveau le fruit d'énormes investissements rendus possibles grâce au trésor de guerre amassé aux Etats-Unis durant les années fastes. Malgré les apparences, il s'agit d'une voiture entièrement nouvelle, tant au niveau mécanique que châssis. Le relatif conservatisme des lignes n'éloigne pas les acheteurs, bien au contraire. Best seller du constructeur suédois, il s'agit de la Volvo la plus vendue après la mythique 240.

Volvo 850 R, 1996

La motorisation la plus modeste ne propose que 126 ch. Mais au sommet de la hiérarchie, on retient trois modèles, ou plutôt trois évolutions d'un même modèle. La 850 T5 née en 1993 dispose de 225 ch. En 1995, la série limitée 850 T-5R affiche 240 ch et un aspect sportif qui ne laisse planer aucun doute quant à ses prétentions : teintes spécifiques dont un jaune cream yellow 609 qui marque les esprits, suspension surbaissée, pneus 205/45, aileron ... L'habitacle n'est pas en reste, puisqu'il dérive de la Summum, version de la 850 dotée de l'équipement le plus complet. Face au succès de cette série spéciale, Volvo fait le choix de l'intégrer dans sa gamme en 1996 et 1997. La voiture devient tout simplement 850 R, et gagne encore 10 ch pour atteindre 250 ch.

Cette gamme 850 en dehors des versions " de base " possède une personnalité surprenante à laquelle Volvo n'a pas habitué le public. Elle a non seulement dopé les ventes du constructeur suédois, mais elle est surtout parvenue à dépoussiérer son image trop pépère. Cette série cède sa place en 1997 à la S70, similaire d'aspect, mais bénéficiant de près de 1 800 modifications de détails, dixit son constructeur.


En conclusion de ce chapitre Volvo, citons le cas de la S80L, version allongée de la S80, le modèle qui coiffe la gamme depuis 2010. Celle-ci n'est vendue que sur le marché chinois. Avec près de trois mètres d'empattement, la S80L s'offre des moteurs dignes de son rang, à savoir un 5 cylindres de 213 ch ou un 6 cylindres de 304 ch. Les deux illustrations ci-dessous permettent de mesurer la différence d'empattement entre une S80 et une S80L.

Volvo S80L

Sommaire Histoire d'Auto - Sommaire site