Nancy


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La Nancy trouve ses racines en 1972, sous l'impulsion créative de Dominique Billiotte, alors un jeune styliste de seulement 21 ans. Le projet initial, baptisé Tara, s'articule autour de la plateforme technique d'une NSU Ro 80. Cette dernière est particulièrement reconnue pour son moteur rotatif Wankel, une mécanique qui se distingue par sa compacité. Cette caractéristique a permis au jeune designer de concevoir une face avant particulièrement fine et un profil acéré pour son prototype. La Tara fait sa première apparition publique sous forme d'un article élogieux signé Jean-Loup Nory dans le magazine l'Auto Journal en janvier 1973.

Extraits : " Au fur et à mesure que la bâche se repliait, notre étonnement faisait place à la stupéfaction. On nous avait parlé d'original ! Mais la Tara offre beaucoup plus. Elle ruisselle d'élégance ; le raffinement à la portée de personne. C'est de la sorcellerie ! Beauté et classicisme empreints de l'école de Praxilète ... L'avant aussi féroce qu'un squale et pur comme une Sabine ne ressemble à rien de connu. Il est très beau ... Cette cascade de lignes géniales, mais oui, ni plus ni moins, qui frôlent presque la métaphore, aurait dû se retrouver dans l'habitacle. Malheureusement, le maître a probablement été victime de crampes de cellules grises .... Présentée dans un salon, la Tara passerait gentiment pour l'oeuvre d'un carrossier célèbre, les bricoles mises à part ... Il y avait des décennies qu'un styliste amateur français s'était lancé dans ce genre d'entreprise pour retomber sur ses pieds avec tant de brio. La Tara Ro 80 mérite une place au soleil ".

La Tara, extrait de l'Auto Journal de janvier 1973

Bien que le concept de la Tara suscite un certain intérêt et semble prometteur, l'absence de financement adéquat empêche toute perspective de production en série. Le projet reste donc à l'état de prototype pendant près d'une décennie. C'est en 1982 que le destin de la Tara prend un nouveau tournant lorsque Dominique Billiotte rencontre un certain Guy Rousselet, qui se présente sous le pseudonyme de Tony Russel. Ce dernier manifeste un vif intérêt pour le prototype initialement conçu. En cédant son automobile, Dominique Billiotte perd de facto tout contrôle sur sa création originale. Tony Russel, de son côté, entreprend alors la tâche ambitieuse de concrétiser le projet, devant surmonter les nombreuses difficultés inhérentes à la transformation d'un prototype unique en un véhicule potentiellement commercialisable.

La responsabilité de la réalisation de ce qui deviendra la Nancy est confiée à Franco Sbarro, un nom reconnu dans le milieu de la construction automobile artisanale. Sbarro est chargé de modifier la Tara originelle, en apportant notamment des retouches significatives à la partie arrière du véhicule. Par la suite, Tony Russel tendra à s'attribuer une part prépondérante du mérite de la création de cette berline au style atypique, omettant fréquemment de mentionner le rôle fondamental de Dominique Billiotte en tant que véritable initiateur du projet. Dans les faits, la Tara, le concept originel, est tombé dans l'oubli, peu d'observateurs automobiles se souvenant de son existence.

La présentation officielle de la Nancy se déroule dans la ville de Nancy, en Lorraine, en octobre 1981, mais elle est accueillie avec une certaine indifférence par le public et les médias. Seul un journaliste automobile reconnu, Jean-François Marchet du magazine Le Fanatique de l'Automobile, se distingue par une critique virulente. Il qualifie les auteurs du projet " d'inconscients ", pointant du doigt le caractère jugé puéril de certains détails esthétiques, le manque de finition apparent et un sentiment général d'amateurisme prononcé. L'argument de faire valoir l'implication de Franco Sbarro, dont la réputation est plus établie, irrite particulièrement le critique. En dehors de ces remarques acerbes, la presse spécialisée dans l'automobile ne manifeste qu'un intérêt limité pour la Nancy.

Nancy. Copyright

L'appréciation de l'esthétique de la Nancy s'avère être un exercice subjectif et délicat. Certains observateurs peuvent percevoir un style très personnel, voire franchement radical, qui pourrait trouver son inspiration dans les réalisations audacieuses de Bertone à la fin des années 1960, telles que les concept-cars Marzal et Carabo. D'autre peuvent être plus critiques et relever de nombreuses maladresses stylistiques et des approximations dans la conception.

Sur le plan technique, la Nancy affiche un poids de 1 300 kg et des dimensions imposantes : une hauteur de seulement 1,18 mètre pour une longueur de 4,80 mètres et une largeur de 1,97 mètre. Malgré son allure singulière, elle est conçue pour être parfaitement apte à la circulation routière, à l'instar de n'importe quelle voiture produite en grande série. La Nancy a été exposée au Musée Automobile de Velaine-en-Haye, près de Nancy, jusqu'au début des années 2000. Depuis lors, sa trace semble avoir été perdue.

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