BMW 2500, 2800, 3.0 et 3.3

BMW qui a abandonné le 6 cylindres en 1958 dans une période difficile de son histoire se rallie de nouveau à cette formule en lançant durant l'automne 1968 la 2500, une berline qui reprend la conception générale de la 2000, une 4 cylindres présentée au Salon de Genève 1966. La silhouette, d'une élégance discrète, est totalement refondue. La 2500 apparaît aussi plus étoffée grâce à l'allongement de son empattement de 15 cm, qui permet de bénéficier d'un volume habitable plus important. Elle signe l'acte de naissance du type E3.

Avec ce modèle, BMW entend marcher sur les plates-bandes de Mercedes avec une voiture du segment intermédiaire supérieur. Son nouveau 6 cylindres en ligne de 2 494 cm3 développe 150 ch. Elle pèse près de 1300 kg. Quelques mois plus tard, BMW lance une variante plus luxueuse et plus puissante, la 2800. Son 6 cylindres de 2 788 cm3 dispose alors de 170 ch.

Le constructeur de Munich, après plusieurs années d'incertitude, est redevenu un constructeur confiant dans son avenir et dans sa rentabilité, dont les automobiles sont de plus en plus appréciées dans leur pays d'origine, mais aussi à l'étranger. Même si cela doit prendre du temps, on n'hésite plus à se confronter au géant Mercedes, même si on n'est pas encore capable d'aller chatouiller la prestigieuse 300 SEL 6,3 litres.

Sur le plan marketing, BMW est passé maître dans l'art de faire remarquer que le choix de chaque détail de conception - même quand ceux-ci sont très conventionnels - est le résultat d'une avancée majeure. Le constructeur peaufine son image de leader technologique, qu'il possède encore de nos jours, sans pour autant prendre de risques majeurs.

Les catalogues publicitaires mettent l'accent sur la présentation minutieuse de chaque élément. Il s'agit de viser légèrement au-dessus du niveau de la clientèle cible, tout en respectant un style quasi scientifique incompréhensible par le commun des mortels, mais pourtant alors très en vogue. A l'époque, la technologie est encore censée résoudre tous les problèmes. BMW est particulièrement habile dans l'exploitation de cette tendance profonde de la société.

BMW 2800

Jean-Paul Thévenet essaye la BMW 2500 en mars 1969 pour le mensuel l'Automobile. Ce compte-rendu nous permet aussi de mieux comprendre quelle est l'image de BMW à la fin des années 60.

" BMW même à la seule échelle de la production automobile européenne, reste un petit constructeur. Mais son dynamisme, l'éventail de sa gamme, son orientation technique, lui ont donné une personnalité très enviable et très séduisante sur le marché. En France, notamment, la marque s'est très rapidement implantée en retenant l'attention d'une clientèle amoureuse de voitures de caractère. L'une de ces dernières est une assez grosse berline, la toute nouvelle 2500. Ce modèle s'inscrit dans la catégorie des routières de haut standing telles que la Jaguar 2.8 L ou la Mercedes 280 SE ...

La BMW est incontestablement née sous le signe de la réussite. Grande routière à part entière, ses performances, sa tenue de route, son freinage en font une voiture extrêmement attachante. Voiture sérieuse, elle rompt néanmoins de façon évidente avec l'ancienne génération, parfois un peu triste, des voitures de haut standing. En un mot, elle est actuelle et son succès lui viendra sans doute d'une clientèle exigeante, mais jeune. "

En avril 1971, avec la 3.0 S, BMW développe la gamme des berlines six cylindres en octroyant à la 2800 le moteur trois litres du coupé. Le 6 cylindres 2 985 cm3 dispose de 180 ch, et dépasse la barre fatidique - en France à l'époque - des 16 CV fiscaux. Quelques mois plus tard, la 3.0 Si dotée de l'injection électronique Bosch rejoint la 3.0 S, avec une cavalerie de 200 ch. En 1972, une BMW 2500 coûte 37 800 francs, et une BMW 3.0 Si pas moins de 46 800 francs. A titre de comparaison, une DS 23 n'est facturée que 25 000 francs.

BMW 3.0

La berline 3.3 L est proposée à partir de mars 1974. BMW adopte la même politique que Mercedes et Jaguar en créant cette version allongée de la plus grosse de ses berlines. Ce modèle gagne 10 cm, et son moteur de 3 295 cm3 développe 190 ch. Les 2.8 L et 3.0 L sont disponibles à partir de février 1975, adoptant elles aussi un allongement de 10 m de leur empattement. En 1976, la 3,3 L est remplacée par la 3,3 Li à injection.

A l'autre extrémité de la gamme, la 2500 se trouve désormais un peu coincée entre la nouvelle Série 5 disponible à partir de septembre 1972 et la 3.0 S. En mars 1976, BMW présente son nouveau coupé Série 6, puis en juin 1977 sa berline Série 7, qui remplace l'ensemble des modèles 2500 à 3.3 Li. Il a été produit 220 957 exemplaires de la gamme type E3. Mercedes surclasse encore BMW en part de marché avec sa berline Classe S. De 1972 à 1979, le constructeur étoilé en vend 478 035 exemplaires, soit plus du double que les BMW équivalentes sur un nombre d'années à peu près identique.

Publicité presse BMW 2500/2800, mai 1970

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