Automobiles Classiques

 Automobiles Classiques N° 1


Vos corrections et/ou compléments d'informations seront les bienvenus. marioboano@gmail.com


Automobiles Classiques, 264 numéros, près de 35 000 pages, deux mètres de rayonnages, quatre propriétaires (E/P/A, Condé Nast, Excelsior, LVA), cinq signataires de l'éditorial (Arnauld de Fouchier, Antoine Prunet, Serge Bellu, Marc Schlicklin et Christophe Bonnaud), de nombreux photographes de talent, un nombre incalculable de rédacteurs réguliers ou occasionnels, sept déménagements (Boulogne, Saint-Cloud, Place du Palais Bourbon, Rue de Vaugirard à Montparnasse, Rue du Colonel Pierre Avia puis rue de Lourmel dans le 15ème, boulevard Murat dans le 16ème et enfin Fontainebleau). C'est aussi et hélas un titre qui a disparu dans une certaine indifférence fin 2016. Retour sur une histoire longue d'un tiers de siècle.  

Du numéro 1 au numéro 8
Arnauld de Fouchier
EPA

Le premier numéro d'Automobiles Classiques (AC) paraît en juin 1983. L'instigateur du projet et directeur de la publication est Arnauld de Fouchier. Le magazine est édité par Classic Sarl, et apparaît au sein de la maison d'édition E/P/A où officie Arnauld de Fouchier, d'où son adresse postale au 83, rue de Rennes à Paris. Ce lieu est encore aujourd'hui bien connu des amateurs de beaux livres automobiles, puisqu'il accueille la Librairie Passion Automobile.

Lorsque que l'équipe constituée pour le lancement de ce magazine évoque ici et là son projet, personne ne conteste la richesse d'un sujet aussi vaste que l'histoire de l'automobile. Quelques observateurs émettent toutefois des réserves quant à la relève, allant jusqu'à pronostiquer des difficultés à alimenter le magazine de manière régulière et satisfaisante. Les cassandres en seront pour leurs frais : BMW donnera une nouvelle vie à Bentley, VW à Bentley, Mercedes à Maybach, Ford viendra à la rescousse de Jaguar et Aston Martin ...

La luxueuse présentation d'AC et l'ambition de son propos l'éloignent de la presse automobile traditionnelle. AC tient d'ailleurs plus du livre que du magazine, et assume son aspect raffiné et élitiste, tant dans la forme (dos carré) que dans le fond. Alors que les magazines sont reliés depuis des lustres par piqûres au moyen d'agrafes métalliques ou en dos carré collé pour les plus luxueux, Arnauld de Fouchier fait le choix de la technique à l'ancienne du fil liant entre elles les pages.

Dès le premier numéro, et bien que cela ne soit pas dans la tradition d'un éditeur de livres de luxe, Arnauld de Fouchier a compris qu'un magazine n'est pas un produit de presse sans présence de publicités. Celle-ci tout en contribuant à l'information permet d'amortir les coûts. Il confie à Rosine Bertrand la tâche délicate d'exposer ses plans au monde publicitaire. Caron, Peugeot, Pioneer, BMW, Perrier, Fiat, Audi, Renault Alpine, Boucheron et Louis Vuitton font partie des premiers annonceurs. C'est un fait, l'engagement de ces grandes marques confirme la crédibilité du projet. Arnaud de Fouchier n'est pas un débutant.

De format 220 x 280, le numéro 1 compte 132 pages imprimées sur un papier d'une épaisseur rarement utilisée dans la presse. La mise en page est dynamique mais rigoureuse. Les documents photos sont soit d'époque, soit contemporains, et dans tous les cas d'une rare qualité. La pagination d'AC restera toujours conséquente, évoluant pendant plus de trois décennies entre 120 et 150 pages environ. 

AC s'inscrit à ses débuts dans la même philosophie que le titre américain Automobile Quaterly diffusé de 1962 à 2012. Ce titre a toujours bénéficié d'une plus large audience mondiale grâce à ses textes en anglais. AC n'aura pas cette facilité.

AC a la volonté de présenter un regard différent sur l'automobile, en s'intéressant à sa production sous toutes ses formes, dès lors qu'elle fait preuve preuve d'imagination, de goût et d'ambition. L'automobile est évidemment un objet culturel. Sans sectarisme, les rédacteurs d'AC écrivent au sujet des automobiles anciennes et contemporaines, mais aussi sur les automobiles du futur en présentant les concept cars qui fleurissent dans les grands Salons.

La barre est placée très haut avec un prix au numéro élevé. AC n'est disponible dans un premier temps que sur abonnement, au prix de 350 francs par an pour quatre numéros, soit l'équivalent de 110 euros de 2020 (source Insee). Une fortune ! Sa diffusion est forcément confidentielle. A la même époque, le mensuel Auto Rétro est vendu 18 francs (équivalent 5,50 euros 2020) et le Fanatique de l'Automobile 19,30 francs (équivalent 6 euros 2020).

Les premières pages d'AC sont constituées de différentes rubriques, dont certaines vont s'installer sur la durée : regards, perspectives, caractères, communication, évènements ... Le magazine s'ouvre ensuite à une diversité de sujets de toutes sortes : avant ou après-guerre, contemporaines, sport ou prestige, tourisme ou compétition, essais ou historiques. Les auteurs ne dédaignent pas pour autant l'actualité, les sujets techniques, les lieux, les hommes, l'art, les concours d'élégance, les rallyes d'anciennes, les rassemblements de marques, etc .... Au programme du premier numéro : Aston Martin V8 Volante, les jouets Citroën, Hispano Suiza, la technique de la suralimentation, la Ferrari 275 GTB et ses dérivés, les Matra 650 du Tour de France, etc ...

Plusieurs auteurs et personnalités de renom accompagnent le projet d'AC à ses débuts. Ce sont des hommes qui vivent quotidiennement leur passion pour l'automobile : Paul Badré, Gérard Combrac, Pierre Dieudonné, Paul Frère, Jean-Claude Muratori, Dominique Pascal, Thierry Emptas et Johnny Rives. Antoine Prunet, spécialiste Ferrari réputé, assure la fonction de rédacteur en chef. Alberto Martinez est directeur de la photographie. Il centralise les travaux de Bernard Asset, Jean-Michel Dubois, Peter Vann et Michel Zumbrunn. La qualité des photos et de leur impression sur beau papier est une des caractéristiques du nouveau titre.

Au fil des mois, de nouvelles plumes font leur apparition, ponctuellement ou de manière plus régulière : Hugh Conway, Jean-Louis Moncet, Hervé Poulain, José Rosinski, Patrick Lesueur, Jacques Potherat, Maurice Sauzay, etc ... Nombreuses sont les compétences techniques, sportives, historiques et artistiques réunies sous un même titre. Quelques correspondants étrangers transmettent leurs articles depuis la Suisse, l'Italie, l'Allemagne, l'Angleterre et les Etats-Unis.

Pour protéger les anciens numéros, AC propose à partir du numéro 6 des coffrets reliures au prix de 39 francs. Ils connaîtront un franc succès, car en adéquation avec l'aspect " collection " du magazine.

Du numéro 9 au numéro 50
Arnauld de Fouchier
Condé Nast

A partir du numéro 9 de 1985, Classic Sarl dirigée par Arnauld de Fouchier s'associe à Condé Nast, groupe d'édition de magazines détenant des titres majeurs de la presse américaine ou mondiale comme The New Yorker, Vogue ou Vanity fair. Des liens avec Condé Nast avaient été établis avant le lancement du numéro 1. D'ailleurs, AC aurait très bien pu s'appeler Vogues Automobile comme l'avait proposé Arnauld de Fouchier à l'éditeur américain.

Jusqu'à présent, AC n'a été apprécié que par quelques milliers d'abonnés. Le magazine doit grandir pour se maintenir en vie, en rendant son prix et sa diffusion plus " démocratiques ". Avec Condé Nast, la distribution en kiosque se généralise, faisant découvrir le titre à de nouveaux lecteurs. Le prix au numéro est ramené de 110 à 50 francs (équivalent 13,80 euros).

La mutation est délicate à aborder, puisqu'il faut doubler le tirage, de près de 10 000 exemplaires à près de 20 000, revoir les techniques de fabrication tout en maintenant la qualité et compenser la baisse du prix de vente par l'apport de publicité.

Arnault de Fouchier et Condé Nast développent une nouvelle forme de communication pour le titre. Ensemble, ils proposent aux constructeurs de haut de gamme (on ne dit pas encore premium) des portfolios réalisés avec l'aide de photographes de renom, Peter Knaup pour Audi, Jean-Daniel Lorieux pour Mercedes, Jeanloup Sief pour Rolls-Royce. En 1992, Rover confie à AC le soin de réaliser un supplément pour sa nouvelle gamme. AC réalise le catalogue de l'exposition photographique Cadillac par Dominique Fontenat au Mondial de l'automobile 1992, ou la plaquette Ford pour le Country Show d'Auteuil en 1993.

Mais revenons au magazine en lui-même. D'un mois à l'autre, le document illustrant la première de couverture alterne automobiles anciennes ou contemporaines. De l'aveu même d'Arnault de Fouchier, le choix de la photographie provoque assez régulièrement des discussions animées au sein de la rédaction, tant il donne une tendance sur la nature du contenu. Il faut attirer l'oeil du lecteur occasionnel lors de son passage chez son marchand de journaux, ou du voyageur dans le kiosque d'une gare ou d'une aérogare. 

François Nourissier, éminence grise des lettres françaises, inaugure dans le numéro 15 de 1986 la rubrique " signatures " qui deviendra incontournable dans AC jusqu'en 2007. Pendant près de vingt ans ce sont 150 écrivains, romanciers, poètes ... qui vont évoquer de près ou de loin leur relation à l'automobile. Parmi les premiers auteurs citons Françoise Sagan, Antoine Blondin, Alphonse Boudard, Jean-Marie Rouard, Jean Caud, etc ....

Deux ans après la parution du premier numéro, Arnauld de Fouchier réaffirme l'ambition du titre qu'il dirige : porter un regard libre sur le monde de l'automobile, à l'abri des préjugés, en partant des coups de coeur de l'équipe qu'il anime. Il souhaite plus que jamais démontrer que l'automobile fait partie intégrante de notre patrimoine culturel, artistique et scientifique.

Le numéro 9 accueille Serge Bellu, en tant que rédacteur en chef adjoint auprès d'Antoine Prunet. Serge Bellu, fils du journaliste René Bellu, collabore à plusieurs magazines français et étrangers en tant qu'historien de l'automobile. Depuis plus de 40 ans, il a été l’auteur d’une centaine de livres sur l’histoire de l’automobile, de la carrosserie et du design. Il est aussi consultant pour l’industrie et chargé de cours et de conférences dans plusieurs grandes écoles liées au monde des arts et de l'automobile.

Fort d'une diffusion en progression constante, AC devient bimestriel à partir du numéro 12. Sa parution ne correspond donc plus à une saison (hiver, printemps, été, automne) mais à une période de deux mois, en l'occurrence février / mars 1986 pour ce numéro 12. Déjà dans le numéro 14, Arnault de Fouchier pose une question qui aura son importance dans le développement à venir d'AC : " peut-on naître classique ". La Venturi essayée dans ce numéro semble apporter une réponse claire et positive à ce sujet. Pour le moment, les automobiles modernes (c'est-à-dire en cours de production) demeurent encore marginales dans les pages d'AC.

 Automobiles Classiques N° 15

AC n'accueille ni petites annonces ni courriers des lecteurs. Pour autant, ceux-ci lui écrivent. Le choix des automobiles qu'il faudrait présenter ou franchement oublier est évidemment un sujet sans fin. Certains lecteurs déplorent la surabondance de publicité. C'est vrai qu'elle occupe un bon tiers de la pagination. L'argument opposé à cet état de fait est imparable : la publicité (en l'occurrence de haut de gamme) permet de maintenir un certain niveau d'exigence tout en affichant un prix de vente raisonnable.

Quelques noms du journalisme ont marqué la vie d'AC. Du numéro 32 de 1989 au numéro 51 de 1992, Philippe Aubert (1950/1998) alors bien connu pour sa participation à l'émission de Bernard Rapp " l'Assiette anglaise " va partager ses passions et ses obsessions par le biais d'une rubrique sobrement baptisée Aubertinages, au ton forcément décalé.

A la fin des années 80, le marché de la voiture de collection connaît une véritable explosion des prix. La spéculation entraîne hélas des excès que certains paieront très cher. Toute la presse même non spécialisée s'empare du sujet. Les ventes d'Hervé Poulain au Palais des Congrès deviennent un spectacle à sensation, et l'on s'y bouscule. AC qui délaissait à ses débuts cet aspect marchand s'y intéresse par la force des choses, en recueillant l'avis des meilleurs spécialistes. Le sujet va désormais s'installer durablement dans ses colonnes.

Automobiles Classiques N° 26

Sept ans après la parution du premier numéro d'AC, Arnauld de Fouchier constate que la diffusion a été multipliée par sept. Il salue le fait que plusieurs contributeurs des débuts sont encore bien présents. Antoine Prunet s'est durablement installé dans sa fonction de rédacteur en chef, assisté par Serge Bellu. Alberto Martinez, Pierre Dieudonné et Paul Badré font toujours partie de la bande. Naturellement, certaines signatures ont disparu tandis que d'autres ont émergé, comme celle de Christian Descombes qui deviendra un membre permanent de la rédaction à partir du numéro 24.

On constate un regain d'intérêt d'une part de plus en plus importante des lecteurs pour les belles voitures contemporaines. La rédaction d'AC n'a pas d'autre choix que de prendre en compte cette tendance forte, en s'ouvrant plus largement aux nouveautés des grandes marques, et plus particulièrement des constructeurs de voitures de sport et de luxe.

Fin 1991, la diffusion d'AC s'établit à 25 136 exemplaires. A titre de comparaison, c'est peu ou prou la diffusion mensuelle en 2021 de magazines comme Rock & Folk ou Moto Revue. C'est une performance plus qu'honorable pour un magazine de luxe ! De nouveaux lecteurs cherchent à compléter leur collection avec les numéros manquants. Ceux qui ne sont plus disponibles auprès de l'éditeur se revendent déjà au prix fort entre particuliers.

Du numéro 51 au numéro 72
Antoine Prunet
Condé Nast

Arnauld de Fouchier vient de se retirer. Antoine Prunet signe pour la première fois l'éditorial du numéro 51. Ce passionné d'automobile est reconnu pour son expertise et son érudition concernant Ferrari - il est notamment l'auteur de " Ferrari sport et prototypes " et " Les Ferrari de route et de rêve " chez E/P/A -, dont il connaît chacune des créations par le détail. C'est un fin connaisseur de l'histoire automobile doublé d'une belle plume. Il est avec Maurice Sauzay à l'origine en 1984 de l'Académie Bellecour qui réunit chaque année ses membres pour attribuer un prix littéraire récompensant le meilleur livre ayant pour sujet l'automobile. C'est avec quelques autres l'initiateur du Concours Automobiles Classiques qui a lieu à Bagatelle depuis 1988, et c'est un membre régulier de nombreux autres jurys de concours d'élégance, comme ceux de Pebble Beach ou de la Villa d'Este.

 Automobiles Classiques N° 56

Dans le numéro 56, l'équipe de rédaction accueille pour la première fois une femme, Yolaine de la Bigne, en charge d'une nouvelle rubrique. Le nom de cette rubrique ? Bigne, tout simplement. La journaliste accompagnera AC de sa plume jusqu'au numéro 72. AC opte pour une nouvelle couverture. La traditionnelle teinte bordeaux perd du terrain, au profit d'une photographie qui gagne de la place. 

AC numéro 56 est vendu à un prix d'appel, 25 francs. Ce type d'opération sera renouvelé occasionnellement les années suivantes. Revenu dès le numéro 57 à 35 francs, AC se trouve à parfaite égalité de prix avec ses concurrents (et futurs cousins) Auto Rétro et Rétroviseur. AC s'est définitivement démocratisé.

Du numéro 66 au numéro 79 (période 1995/96), Serge Bellu entreprend la publication d'une encyclopédie de la carrosserie française. Ce document est publié sur quatre pages à la fin de chaque numéro, sur un papier mat (et non brillant comme le reste du magazine). Cette encyclopédie s'attache à présenter la totalité des entreprises de carrosserie qui furent en France les complices des constructeurs depuis les débuts de l'industrie automobile.

A partir du numéro 67 de 1995, AC consent à publier une sélection de passage de quelques courriers de lecteurs.

Du numéro 73 au numéro 90
Antoine Prunet
SNC Excelsior Automobiles Classiques / Paul Dupuy

A la date du 27 février 1996, Excelsior Publications, dirigé par Paul Dupuy, est le nouveau propriétaire d'AC. Le groupe Excelsior doit son nom au quotidien français l'Excelsior, lancé le par Pierre Lafitte. Le quotidien fut racheté en 1917 par Paul Dupuy (grand-père de l'actuel Paul Dupuy), qui créa pour l'occasion Excelsior Publications, éditrice entre les deux guerres d'Omnia, luxueux magazine automobile. La locomotive du groupe fut pendant longtemps le mensuel Science et Vie. L'entreprise se diversifia en lançant des hebdomadaires et des mensuels spécialisés, ou en reprenant des titres existants. 

Le changement de propriétaire conduit à une évolution de la fréquence de parution. Désormais, AC comptera huit numéros par an, et non plus six. Un numéro correspond à deux mois en décembre / janvier, février / mars, avril / mai et juillet / août, et à un mois en juin, septembre, octobre, novembre. Ce n'est plus un bimestriel, mais pas encore un mensuel. Ce rythme sera maintenu jusqu'en 2006.

A partir du numéro 79, pour offrir aux lecteurs un magazine mieux organisé et faciliter la lecture, tous les sujets sont clairement rubriqués, ce qui n'était jusqu'alors le cas que des articles des premières pages. L'effet produit est réel. AC propose aussi plus d'essais, et par la force des choses un peu moins d'histoire. Le titre se veut à l'écoute des souhaits de ses lecteurs.

 Automobiles Classiques N° 80

La majorité des textes sont signés Antoine Prunet, Serge Bellu, Christian Descombes et Pierre Dieudonné. Ce sont vraiment eux qui tiennent la boutique sur le plan rédactionnel. Les autres rédacteurs sont Didier Lainé, Gilles Bonnafous, Lionel Robert ou Stanislas Grenapin. AC n'échappe pas à une tendance forte qui se généralise dans la presse. Des dossiers " shopping " ou " style de vie " rédigés par Cécile Maslakan sont consacrés aux objets de consommation. On y cause stylos, appareils photo, montres, cravates, chaussures, habillement ... Ce travers que l'on peut supposer lucratif subsistera jusqu'à la fin d'AC.

La couverture du numéro 86 de 1997 surprend. AC abandonne définitivement la traditionnelle couverture bordeaux au profit d'un fond blanc. Le bibliophile peut être déçu, car ce parti pris de modernité casse l'harmonie des collections jusqu'alors constituées avec patience. Automobiles Classiques devient de moins en moins ... classique. En effet, d'un numéro à l'autre, les photos de voitures modernes monopolisent la couverture : TVR Speed 12, Ferrari 456 M, Audi TT, Jaguar S , Mercedes S ... . Si c'est plus vendeur auprès du grand public, cela déçoit forcément les amateurs de la première heure. La survie du titre semble hélas devoir passer par là. A 38 francs, le prix d'AC reste contenu.

 Automobiles Classiques N° 88

Du numéro 91 au numéro 132
Serge Bellu
SNC Excelsior Automobiles Classiques / Paul Dupuy

Serge Bellu remplace Antoine Prunet dans la fonction de rédacteur en chef, et signe désormais l'édito. Cela n'affecte en rien l'aspect du magazine ni son contenu. D'ailleurs, Antoine Prunet poursuit sa collaboration avec AC en tant que rédacteur. Un titre de presse doit rester à l'écoute des critiques de ses lecteurs, de ses conseils mais aussi bien évidemment de ses encouragements. Un lifting était intervenu dans le numéro 79. L'opération est renouvelée dans le numéro 97, avec une nouvelle formule qui se veut plus encore plus claire, mieux structurée, plus rythmée par de grands thèmes bien balisés.

Nous n'allons pas détailler chaque " modernisation " du titre, mais elles furent nombreuses jusque la fin, avec des changements de rubriques, de typographie, de mise en page ... avec une constante, la montée en puissance des modernes et la quasi-disparition des anciennes. Les nouvelles technologies et surtout le design deviennent des sujets d'importance majeure.

Une nouveauté apparaît dans le numéro 98, " le cahier de Bernard ". Cette rubrique qui tient sur une page survivra jusqu'au numéro 164 de 2007. Elle permet d'afficher une photo du journaliste et photographe ernard Cahier (1927/2008), l'un des plus grands témoins de l'histoire du sport automobile d'après-guerre. Celui-ci commente brièvement chaque cliché.

En septembre 1999, la rédaction se retrouve pour célébrer la parution du numéro 100. De nombreux collaborateurs de la première heure sont présents, le plus constant de tous étant alors Pierre Dieudonné, essayeur patenté d'AC. De nouvelles têtes ont fait leur apparition : Jacques Chevalier fréquente les PDG des grands groupes automobiles, Joël Chassaing-Cuvillier tutoie les plus grands rallymen, John Lamm parcourt le monde des automobiles exotiques, Philippe Vigneron porte son regard jeune sur la culture automobile ...

Si AC doit sa réputation à la qualité de ses textes, les photographes jouent un rôle majeur à leur mise en valeur. Il ne faut pas négliger le travail de Peter Vann, Michel Zumbrunn, Alberto Martinez, Patrick Sautelet, Gwen Berthy, Fabrice Bolusset, Bernard Asset, Xavier de Nombel, Jean-Baptiste Leroux, Olivier Cuvelette, Dominique Fontenat, etc ... 

Les numéros 98 et 106 sont des spéciaux " Toutes les GT ", le 102 un spécial " Ferrari ", le 110 un spécial " 100 ans, 1000 évènements ", les 114, 138 et 154 des spéciaux " Essais ", les 118, 134, 142, 150 et 158 des spéciaux " Rêve ", le 130 un spécial " 20 ans d'essais " ... N'en jetez plus. Ce sont autant d'occasions d'augmenter avec une certaine facilité le prix de vente (mais pas toujours la pagination), sans faire preuve de grande créativité.

L'époque est aux Ferrari 430, Pagani Zonda ou BMW M5. Exit les Delage, Salmson, Facel Vega ... AC perd son âme, et ressemble de plus en plus à ... Sport Auto. A partir du numéro 113, Lionel Robert assume la fonction de rédacteur en chef des essais, preuve s'il en est de l'importance prise par les modernes.

 Automobiles Classiques N° 123

Du numéro 133 au numéro 161
Serge Bellu
SNC Automobiles Classiques / Paul Dupuy

En 2003, le groupe Excelsior est racheté par le britannique Emap Pc. A partir du numéro 133, l'éditeur d'AC n'est plus Excelsior / Automobiles Classiques, mais simplement Automobiles Classiques, société en nom collectif, toujours gérée par Paul Dupuy. Cela ne change en rien la composition de l'équipe dirigeante ni celle des rédacteurs.

Renouveler " la formule " semble inéluctable pour un magazine, aussi bien installé soit-il. C'est même une condition pour durer et attirer d'autres lecteurs. Le logotype du numéro 136 est nouveau, la mise en page est repensée. Pour enfoncer le clou, le prix de vente est abaissé à 5 euros (soit l'équivalent de 6 euros 2020. A la même époque, Auto Rétro vaut 4,10 euros et Rétroviseur 5,4 euros.

Automobiles Classiques N° 136

Du numéro 162 au numéro 193
Marc Schlicklin
SNC Automobiles Classiques / Paul Dupuy

Une lecture attentive du numéro 162 permet de découvrir une nouvelle signature. Après Arnauld de Fouchier, Antoine Prunet et Serge Bellu, c'est Marc Schlicklin qui passe aux commandes de l'édito, même si Serge Bellu demeure directeur de la publication (jusqu'au numéro 167 de novembre 2007). Né en 1956, Marc Schlicklin a commencé sa carrière de journaliste en 1981 au bureau parisien de l'agence américaine Associated Press avant de partir en Allemagne en qualité de correspondant de l'AFP. Féru d'automobile, il a longuement collaboré à L'Automobile et l'Auto-Journal avant de rejoindre AC.

La couverture change de nouveau d'aspect à partir du numéro 165. Le logotype s'est fait pousser des ailes, en adoptant un motif récurrent dans le monde de l'automobile, d'Adler à Voisin en passant par Bentley, Duesenberg, Isotta Fraschini ... AC revendique modestement son appartenance à cette noble famille. La rubrique Signatures qui existait depuis le numéro 15 disparaît, confirmant de nouvelles orientations. AC ne cesse de se banaliser.

Tout n'est pas noir pour autant. AC devient en effet un mensuel, la pagination augmente de plus de 20 pages (avant de revenir à son niveau initial un peu plus tard) et le prix baisse de nouveau à 5,00 euros, dit " prix découverte ", qui tiendra une dizaine de numéros. C'est un montant raisonnable comparé aux 4,90 euros d'Auto Rétro ou aux 5,40 euros de Rétroviseur.

Serge Bellu, présent depuis le numéro 9 de 1985, quitte le navire à l'issue du numéro 167 de 2007, laissant la place de rédacteur en chef à Marc Schlicklin. L'autre " ancien " de l'équipe, Christian Descombes, reste fidèle au poste. Un autre rédacteur permanent le rejoint, Philippe Verheyden, ancien directeur de rédaction de l'Auto Journal. Désormais, la quasi-intégralité des articles est rédigée par ces trois hommes.

Automobiles Classiques N° 173

AC qui fête son quart de siècle en juillet 2008 (numéro 175) semble avoir retrouvé une certaine vitalité grâce à sa parution mensuelle. En 25 ans, les constructeurs de voitures d'exception sont passés du statut d'artisan à celui d'industriel de la beauté. La production des Ferrari, Maserati, Lamborghini ou Aston Martin a été multipliée par plus de dix en dix ans. C'est le monde à l'envers, Porsche s'est emparé de plus de 50 % de son compatriote Volkswagen, numéro un européen de l'automobile. Les grands constructeurs se souviennent de leur passé. Ils sont fiers de le glorifier, et vont même jusqu'à s'inspirer du design de leurs anciens modèles à succès (New Beetle, Fiat 500, Mini ...).

Du numéro 194 au numéro 199
Marc Schlicklin
LVA / Alain Georges

Le logo des Editions LVA apparaît sur la couverture du numéro 194 d'avril 2010. Les noms de Paul Dupuy (président d'honneur) et de Thierry Taittinger (directeur de la publication depuis le retrait de Paul Dupuy) disparaissent de l'ours. L'adresse du magazine (Boulevard Murat dans le XVIe arrondissement) et la composition de l'équipe de rédaction sont inchangés. Ce n'est qu'à partir du numéro 198 de septembre 2010 qu'AC rejoint à Fontainebleau les autres titres du groupe LVA, notamment La Vie de l'Auto, Auto Rétro et Rétroviseur. Marc Schlicklin et Philippe Verheyden cessent leur collaboration à l'issue du numéro 199. Christian Descombes demeure bien présent.

Du numéro 200 au numéro 231
Serge Bellu
LVA / Alain Georges

Après une éclipse de trois ans, Serge Bellu revient aux commandes d'AC à partir du numéro 200. C'est l'occasion de revoir une énième fois la maquette du magazine, plus moderne, mais aussi de plus en plus froide, avec toujours et encore de nouvelles rubriques. La part belle est plus que jamais dévolue aux innovations en matière de technologie et de design. AC s'intéresse aux classiques d'aujourd'hui et de demain, et hélas de moins en moins aux classiques d'hier ou d'avant-hier. Serge Bellu souhaite entretenir la marginalité du titre " en regardant l'industrie automobile par la lorgnette de l'exclusivité ".

Serge Bellu porte vraiment le magazine avec ses nombreux articles. On retrouve la signature de Joël Chassaing-Cuvillier, ancien collaborateur du titre, tandis que de nouveaux rédacteurs / pigistes font leur apparition : Camille Pinet (sous la signature Camille), Yves Maroselli, Yves le Ray, Sylvain Reisser, Robert Puyal ... La signature de Christian Descombes apparaît une dernière fois dans le numéro 202.

Le prix de vente bondit de 5,80 à 7,30 euros à partir du numéro 2012, sans augmentation de la pagination. Il restera inchangé jusqu'à la fin du magazine.

En 1983, la production chinoise était limitée à une poignée de constructeurs : Beijing, Hong-Qi, Shanghai, Tianjin et Wuhan. Ceux-ci produisaient des 4 x 4 d'une rusticité à toute épreuve, ou de grandes berlines ou limousines archis conventionnelles. Trente trois ans plus tard, la Chine est devenue un eldorado pour tous les constructeurs automobiles de la planète. De nombreuses firmes européennes (Volvo, Citroën ...) y poussent leurs pions, la haute couture italienne (Pininfarina, Ital Design, Bertone, IDEA ...) voit en ce pays sa dernière chance de survie, tandis qu'une multitude de marques nouvelles (FAW, Changan ... ) apparaissent. En 1983, on aurait difficilement imaginé un AC spécial Chine. En 2011, la question ne se pose plus, ce qui nous vaut le numéro spécial 207.

Serge Bellu quitte une seconde fois AC à l'issue du numéro 230. L'édito du numéro 231 est signé Eric Lamotte, directeurs des rédactions, qui chapeaute les autres titres du groupe LVA. Il ne s'agit que d'une étape transitoire, avant l'arrivée de Christophe Bonnaud.

Du numéro 231 au numéro 264.
Christophe Bonnaud
LVA / Alain Georges

Christophe Bonnaud est né en 1961. Cet autodidacte dans le domaine des médias débute sa carrière chez Michelin à Clermont-Ferrand. En 1982, il rejoint Auto Hebdo en tant que rédacteur avant de participer à la naissance d'Auto Plus en 1988. En 1992, il devient rédacteur en chef adjoint de l'Auto Journal. Il est le coauteur avec Roger Guyot de deux livres consacrés à Citroën, " 60 ans de style et de prototypes " en 1993 " et " 80 ans de futur " en 1999. En 2008, il s'intéresse pour dans un autre ouvrage à la carrière de Gérard Welter. A partir de 2000, il occupe des postes de rédacteur en chef des magazines Auto Moto et l'Argus Automobile. En 2008, il fonde avec ses deux associés la société éditrice LIGNESauto qui publie pendant deux ans un magazine du même nom dédié au design dans le transport. En 2010, il passe de l'autre côté de la barrière en tant que responsable de la prospective et de la concurrence chez PSA. Il découvre l'envers du décor, au plus près du département design. Le groupe LVA lui propose en 2013 de prendre en charge la rédaction d'AC (source : CCFA). Depuis 2018, il gère le site lignesauto.fr et son édition papier, qui par certains aspects rappelle les derniers numéros d'AC. Plus récemment, il a été l'auteur de trois ouvrages aux Editions BJB, dont deux au sujet des concepts cars Renault et Citroën.

Pour AC, Christophe Bonnaud poursuit dans une tonalité proche le travail de Serge Bellu. En 2016, avec le numéro 261, AC reprend un rythme de parution bimestrielle. Ce choix semble déjà dicté par des impératifs économiques. AC semble se mourir, victime comme tant d'autres de la concurrence du numérique et du report des recettes publicitaires vers ce nouveau média.

Sans que LVA en fasse l'annonce, comme cela peut être parfois le cas, le numéro 264 de novembre décembre 2016 est le dernier. LVA abandonne Automobiles Classiques, victime de la loi du marché, mais parvient tout de même à maintenir ses trois autres titres automobiles majeurs, LVA, Auto-Rétro et Rétroviseur. Le renouvellement des générations de lecteurs semble avoir été plus rapide que celui des capacités d'AC à se régénérer. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé. Un retour aux fondamentaux n'aurait-il pas été salutaire, quitte à réduire encore la voilure ?

Assez tardivement, en juin 2017, Alain Georges informe ses lecteurs via la page Facebook d'Automobiles Classiques :

" Le marché de la presse papier souffre depuis quelques années de l'explosion d'internet ayant pour effet de réduire son lectorat - et par conséquence ses ventes -, mais souffre également de la réduction du marché publicitaire, élément essentiel dans l'équilibre d'une revue comme Automobiles Classiques. Nous étudions, avec de nouveaux partenaires, une formule qui permettrait à notre publication de retrouver un nouvel élan et sa rentabilité. Ces réflexions sont souvent longues et il est difficile d'en maîtriser l'aboutissement. Les abonnés qui ont reçu un courrier peuvent, s'ils le souhaitent, transférer leur abonnement sur le mensuel Rétroviseur, un magazine qui conjugue authenticité et art de vivre avec automobile de collection. Veuillez nous excuser pour ces désagréments. Vous serez, bien sûr, informés sur l'avenir de votre revue. Nous vous remercions de votre soutien. Très cordialement, Alain Georges Président Directeur Général.

Automobiles Classiques N° 264

Plusieurs collections d'AC se retrouvent sur le marché des vieux papiers, parfois dans le cadre de successions. Nombreux sont les lecteurs de la première heure à ne plus avoir retrouvé leur compte dans ce magazine au fil du temps. Cela explique les collections complètes depuis le numéro 1, mais abandonnées dans les années 1990 ou 2000. Ceci dit, on découvre ici et là quelques collections intégrales (numéro 1 au numéro 264). Prenez le temps de consulter les incontournables ebay et le bon coin, voire les programmes des salles de vente. Privilégiez évidemment une collection proche de chez vous, pour ne pas payer plus de frais port que de magazines. Dans tous les cas, ne vous précipitez pas, l'offre semble largement supérieure à la demande, les jeunes générations privilégiant désormais le support numérique !

Retour au sommaire de Magazine - Retour au sommaire du site