Charles Loupot


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Projet d'affiche pour Bugatti, 1924. Copyright

Charles Loupot vit le jour à Nice le 20 juillet 1892. Le jeune homme passa une partie de son adolescence dans le Pays Basque espagnol, puis à Lausanne en Suisse où son père, un ancien officier, était employé par Saint Gobain. Très rapidement, Charles Loupot manifesta des aptitudes certaines pour le dessin. Il poursuivit ses études de 1911 à 1913 à l'Ecole des Beaux Arts à Lyon. Fin 1913, Loupot effectua son service militaire. Dès la déclaration de guerre, il fut l'un des premiers soldats à rejoindre le front. Blessé, il fut réformé, et rejoignit ses parents en Suisse.

Dès 1916, Loupot vendait ses premiers travaux, des programmes de concerts, puis une affiche pour un grand magasin de Lausanne. Bientôt, il réalisait des publicités insérées dans la presse locale. En 1918, Loupot prenait son indépendance vis à vis des siens, et s'installait dans son atelier, où il pouvait recevoir à sa guise ses amis artistes. C'est là qu'il rencontra sa première épouse.

Affiche Ch. Phillippossian Automobiles Genève, environ 1920, durant la période Suisse de Loupot. Copyright

Les sollicitations se faisaient de plus en plus nombreuses de la part des annonceurs. L'affichiste Loupot était lancé, tout au moins en Suisse. L'artiste vendait ses talents par l'intermédiaire d'un imprimeur, qui lui servait à la fois d'éditeur et d'agent. Ce travail destiné à des marques de luxe ou des grands magasins demeurait " alimentaire ", et Loupot ne connaissait pas forcément les commanditaires réels de ses réalisations. Son talent ne laissait pas indifférent les gens du métier et le public, et bientôt il parvenait à imposer son propre style. Nombre de ses affiches embellissaient les murs des cités de la Suisse romande.

Cette affiche de 1923 correspond à la fin de sa période suisse. On observe que la signature n'est que vaguement ressemblante à la celle bien connue de l'artiste ... Copyright

En 1925, ces deux affiches pour les huiles Raoul Citroën se singularisaient par leur modernité dans le très consensuel paysage publicitaire du moment. Copyright

Sur l'insistance d'un important éditeur et imprimeur d'affiches parisien (la maison Devambez), Lupot rejoignait la capitale en 1923, en compagnie de Marcelle Vittet, sa compagne.  La réputation de cet éditeur était particulièrement bien établie. Il employait notamment, et en exclusivité, le célèbre affichiste Leonetto Cappiello, dont Loupot semblait s'être inspiré à ses débuts.

Avec deux de ses créations pour Voisin, Loupot marqua les esprits en s'éloignant de manière brutale d'un style assez convenu. Dans la première représentation ci-dessus, il donnait libre cour à ses talents de peintre.

Version réclame de journal de l'affiche, encore plus épurée dans ce format. Source T. Auffret. Copyright

Les critiques furent nombreuses lors de la présentation des deux affiches Voisin. Mais au fil du temps, Loupot parvenait à attirer l'intérêt et la sympathie d'un public avisé, assez proche de la vie artistique parisienne, mais cependant bien éloigné du grand public.

Le style de Loupot se voulait dépouillé, il éliminait de ses oeuvres les éléments visuels superflus. Cette simplification à outrance présentait le risque de ne pas être comprise du plus grand nombre et de rendre le message des annonceurs illisible. Après avoir réalisé une troisième affiche pour Devambez, Loupot prenait ses distances avec cet éditeur et imprimeur.

Parallèlement à son travail d'affichiste, Loupot travaillait pour différentes publications, dans lesquelles il exerçait ses talents d'illustrateur. Dans l'esprit du public, Loupot demeurait un étranger, un suisse. Cela était sans doute du au fait qu'il avait effectivement débuté sa carrière dans ce pays, et qu'il était arrivé en France avec déjà un vécu professionnel conséquent. Ce caractère " exotique " (tout est relatif) " lui valait d'être un peu considéré comme un outsider dans sa profession.

Un homme clef joua un rôle important dans sa carrière. Il s'agit d'André Aubrespin, son agent à partir de 1925. Celui ci était le directeur commercial de l'agence " Les Belles Affiches " dont le seul créatif était ... Loupot. Aubrespin mit en avant son artiste auprès des annonceurs, en insistant sur son style novateur, sur sa réputation déjà établie (il fut sélectionné comme l'un des affichistes officiels de l'Exposition des Arts Décoratifs de 1925).

Affiche pour Stop Fire, 1925. Copyright

" Peugeot, la grande marque nationale ", 1926, édité par " Les Belles Affiches ". Copyright

Cette maquette était contemporaine de l'affiche Peugeot. Copyright

Aubrespin savait à la fois négocier avec les industriels, mais aussi imposer un rythme de travail à Loupot, perpétuellement insatisfait de ses oeuvres. Au besoin, il empruntait les travaux non " fignolés " de l'artiste pour les présenter à ses clients, qui acceptaient ses propositions dans l'état ... Les impératifs des affaires ne supportaient pas de traîner en longueur, avec des clients aussi prestigieux que les vins Nicolas, les Galeries Barbès, Twining, Cointreau ou L'Oréal avec ses multiples marques. L'activité de la société " Les Belles Affiches " fut arrêtée en 1930.

C'est cette même année que Loupot s'associa avec un autre grand affichiste, Cassandre, de son vrai nom Adolphe Marie Mouron (1901-1968), au sein de " L'Alliance Graphique ". Leur directeur était Marcel Moyrand, qui travaillait avec Cassandre depuis quelques années. Les deux artistes pouvaient être amenés à oeuvrer chacun de leur côté sur le même projet. Ce qui aurait pu constituer une saine émulation se transforma parfois en une compétition, où le perfectionnisme de Loupot le mettait en difficulté face à la productivité de Cassandre.

Moyrant mourrait en septembre 1934 dans un accident de voiture. Cela ne fit que fragiliser l'association de Cassandre et de Loupot, deux hommes qui décidemment ne pouvaient pas s'entendre tant leurs différences étaient nombreuses. Au final, ces quatre années ne furent pas des plus prolifiques pour Loupot. 

Sur le plan privé, Loupot s'était séparé de sa première femme en 1926. Il se remariait en 1928 avec Jane Alfassa. Au début des années 30, Loupot fut un des membres de " l'Union des Artistes Modernes ", un mouvement d'artistes décorateurs et d'architectes fondé en France en 1929, qui se battait pour le renouveau des arts appliqués dans notre pays, et qui eut une activité jusqu'en 1958.

A la fin de la période de " L'Alliance Graphique ", Loupot travailla de nouveau avec Eugène Schueller, le fondateur de l'Oréal, pour ses marques les plus célèbres : Dop, Monsavon, Ambre Solaire ... A partir de 1936, Loupot eut aussi des contacts réguliers avec Max Augier, chef de publicité des alcools St Raphaël. On doit à Loupot une modernisation progressive de l'image du fabricant d'apéritifs au travers de la publicité. 

En 1934, Loupot trouvait un nouveau point d'attache dans la Nièvre, à Chevroches, où il achetait une maison. Cela lui permettait de travailler sereinement à l'abri de l'agitation parisienne. La région lui rend encore hommage de nos jours, au travers d'une exposition permanente de ses oeuvres au Musée d'Art et d'Histoire de Clamecy. C'est aussi à Clamecy qu'il rencontra sa troisième compagne, celle qui vécut avec lui jusqu'à la fin de ses jours, France Pier.

Durant la guerre, faute de travail, l'artiste se retirait à Chevroches. Les lois du gouvernement de Vichy limitaient sévèrement les possibilités pour les firmes de vanter les mérites de leurs produits. Loupot se consacra alors principalement à la peinture, plus pour son propre plaisir que dans l'idée d'exposer ses oeuvres.

Charles Loupot. Copyright

Après la guerre, Loupot et St Raphaël reprirent leur coopération. Le nombre de projets à traiter obligea Loupot à s'entourer de collaborateurs. Ceux ci étaient regroupés au sein de l'agence de publicité " Les Arcs " à Paris. Les vins Nicolas et Les Galerie Barbès firent de nouveau appel à l'artiste. Air France faisait partie de ses nouveaux clients. La mode avait évolué, et elle était désormais à la pureté des formes, à une expression simplifiée sans ornementation, il importait d'aller droit au but.

Souffrant de problème de santé, l'artiste se repliait aux Arcs-sur-Argens dans le Var au début de l'année 1962. Sa famille y avait des attaches anciennes. C'est là qu'il mourrait le 18 octobre 1962.

 

Page de couverture pour un dépliant des peintures Valentine pour carrosseries automobiles, 1928. Copyright

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