Bianchi, concurrent puis filiale de Fiat

Bianchi était une marque automobile italienne créée par Edoardo Bianchi en 1885 à Milan. Sa première voiture apparaît en 1900 et sa dernière est produite en 1940. La marque devient Autobianchi en 1955, grâce à son association avec FIAT et Pirelli. Débute alors une nouvelle histoire, celle d’Autobianchi.


Les débuts de la firme Bianchi


En 1885, Edoardo Bianchi (1865/1946) fonde à Milan la marque qui porte son nom. Comme beaucoup d’autres marques automobiles, Bianchi commence par fabriquer des bicyclettes, puis des motocyclettes à partir de 1899, qui feront le succès et la réputation de la marque. Bianchi invente en 1901 le vélo à transmission par cardan, et en 1913 le vélo doté d’un freinage à l’avant, beaucoup plus sûr que les autres vélos de l’époque.

Edoardo Bianchi (1865/1946) fonde l'entreprise de fabrication de vélos Bianchi en 1885. Parallèlement, il  s'intéresse à l'automobile en 1900, et poursuit dans cette voie jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.

La firme aborde l'automobile en 1900. Le premier modèle est doté d’un moteur monocylindre De Dion Bouton. Ce moteur sera ensuite modifié et amélioré pour devenir un 8 HP. Le succès de sa première création pousse Bianchi à poursuivre et à développer sa branche automobile. La première vraie voiture conçue entièrement par Bianchi (châssis et moteur) apparaît en 1902 : il s’agit d’une 12 HP.

En 1905, la firme change de raison sociale et devient la " Fabbrica Automobili e Velocipedi Edoardo Bianchi ". Edoardo Bianchi s'entoure alors d'ingénieurs reconnus, comme Giuseppe Merosi, Vittorio Brambilla ou Alfieri Maserati. Les premières voitures adoptent un double châssis protégeant la mécanique et un moteur issu des études de Merosi. Il se forme une gamme assez vaste qui fait connaître Bianchi en Italie, mais aussi à l'étranger. Entre 1906 et 1909, Bianchi améliore ses moteurs et réalise quelques voitures de compétition, comme la 20 HP de 1906.


Bianchi dans l’ombre de Fiat


Depuis le début du siècle, Bianchi est en concurrence directe avec FIAT, qui s’accapare depuis 1899 une bonne partie du marché italien. Pour parvenir à maintenir une offre complète et compétitive, Bianchi propose, entre 1910 et 1915, trois nouveaux modèles, dont la Type A qui concurrence la Fiat Type Zéro, et la TO2.

En 1914, la production de la firme Bianchi se répartit de la façon suivante : 45 000 bicyclettes, 1 500 motos et 1 000 automobiles. La production devient progressivement unifiée avec l’apparition d’une gamme de modèles, la Série S, qui se décline en plusieurs variantes. Cette gamme donne naissance entre 1915 et 1935 aux modèles S1, S12, S15, S16, S18, S20, S4, S5, S7, S8 et S9. Ceux-ci rencontrent un certain succès, favorisé au début par les victoires de la marque Bianchi sur les circuits de compétitions cyclistes, motocyclistes et automobiles.

Première de la série S, la S1 est lancée en 1915. Il s’agit d’un véhicule à deux places avec un moteur de 1,3 litre. Les automobiles Bianchi sont, à cette époque, construites sur trois châssis tubulaires de différentes longueurs selon la carrosserie choisie par la clientèle. Elles sont également dotées de trois motorisations de différentes puissances.


L’essor (modéré) de Bianchi dans le mi-luxe


Pendant la Première Guerre mondiale, Bianchi produit des camions pour l’armée italienne, puis après la fin des hostilités, dévoile les S12 et S15 qui succèdent à la S1 en 1919. Ces voitures que l’on peut qualifier de mi-luxe sont dotées d’un moteur quatre cylindres de 1,7 litre. Toutefois, la marque ne délaisse pas ses autres fabrications, comme les camions, les vélos et les motos, sous l’impulsion de Giuseppe Bianchi, le fils du fondateur.

En 1922, apparaît la S18 qui succède aux S12 et S15 avec un moteur quatre cylindres de 2 litres développant 40 ch. Ce modèle est fabriqué pendant seulement deux ans. En 1923, apparaît la S16 qui revient au quatre cylindres de 1,7 litre développant 26 ch. En 1925, le modèle S20 qui succède à la S18 adopte un moteur quatre cylindres de 2,3 litres et 50 ch. Il est fabriqué jusqu’en 1927. Environ une centaine d’automobiles Bianchi sont produites chaque année entre 1924 et 1929, soit beaucoup moins que le concurrent FIAT.


Retour à la voiture " populaire "


Le constructeur ne se décourage pas et continue de lancer de nouveaux modèles. Au cours de cette période apparaît la S4 (1924/1928), une voiture dotée d’un moteur quatre cylindres de 1,3 litre développant 30 ch. Elle marque le retour de Bianchi à la voiture " populaire ". Elle évolue en S5 (1928/1934), avec un moteur légèrement plus puissant de 32 ch. En 1932, la cylindrée de ce dernier est portée à 1,5 litre et la puissance atteint alors 40 ch.

Bianchi S5

La S9 (1934/1939) qui succède à la S5 est dotée d’un moteur quatre cylindres de 1,5 litre développant cette fois 42 ch. C’est une voiture qui adopte pour la première fois la traction avant, technique qui sera reprise trente ans plus tard par ses lointaines descendantes, les Autobianchi Primula et A111.

Publicité presse 1930. Bianchi, ce ne sont pas que des automobiles. La société fondée par Edoardo Bianchi produit aussi des motos et des bicyclettes.


Incursion dans le haut de gamme.


La S7 à moteur huit cylindres de 2,7 litres développant 72 ch est lancée en 1927. Elle est en concurrence avec la Fiat 525 et la Lancia Dilambda. Mais le modèle est lancé au pire moment, car deux ans plus tard, la crise économique déclenchée par le krach boursier de Wall Street s’étend dans le monde entier, et Bianchi doit abandonner ce modèle.

Le constructeur milanais croit pourtant au moteur huit cylindres, et lance la S8 en 1929 équipé du même moteur que la S7. Ce modèle concurrent de la Lancia Astura est sans doute le plus prestigieux de la marque. En 1931, le moteur voit sa cylindrée portée à 2,9 litres et sa puissance à 85 ch. Ces valeurs sont revues en 1933 à 3,0 litres et 95 ch. Il s’agit là de la plus puissante des automobiles Bianchi. Malheureusement, la S8 est abandonnée en 1934 sans qu'aucun autre modèle ne lui succède.

La Bianchi S8 succède à la S7 en 1929. Il s’agit d’un modèle de haut de gamme à moteur huit cylindres proposé avec des carrosseries très élégantes comme cette berline très classieuse.


Le déclin des automobiles Bianchi.


Les ventes d’automobiles Bianchi deviennent de plus en plus faibles dans la seconde moitié des années 30. La marque ne peut lutter contre la puissance de FIAT qui dispose d’une vaste gamme de véhicules vendus au juste prix. La Fiat Balilla en particulier (1932/1937) qui vise la catégorie des 6 CV est un énorme succès, puisqu’il s’en vend 170 000 exemplaires en Italie. Et même la Fiat 1500 (1935/1950) à moteur six cylindres parvient à s’écouler à près de 45 000 exemplaires, des volumes que la marque Bianchi est très loin d’atteindre. Même les chiffres de ventes enregistrées chez Lancia paraissent hors de portée.

La Bianchi S9 succède à la S5 en 1934. Son style évolue beaucoup par rapport au modèle précédent, adoptant un style aérodynamique sur un châssis surbaissé. Mais c’est surtout la traction avant qui différencie ce modèle des précédents.


La fin des automobiles Bianchi


Les Bianchi sont produites jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale. La firme est réquisitionnée en 1939 par le régime fasciste de Mussolini pour participer activement à l'effort de guerre. Elle doit dès lors satisfaire les commandes de camions, vélos, motos et groupes électrogènes à destination de l’armée italienne. Alliée de l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste veut sa part du gâteau et pense annexer de vastes territoires en Europe et en Afrique du Nord.

L’effort de guerre entrepris par la firme Bianchi entraîne plusieurs bombardements de ses usines de Milan vers la fin de la guerre. Détruites en grande partie par ces bombardements, elles sont sujettes à la fin du conflit, comme les autres entreprises italiennes, aux importantes pénuries de matières premières.


 Bianchi se concentre sur les vélos, les motos et les camions


La firme a beaucoup de mal à se reconstruire. Et drame supplémentaire, en 1946, année où est terminée la nouvelle usine de Desio à une vingtaine de kilomètres au nord de Milan, Edoardo Bianchi décède dans un accident de la route. C'est son fils Giuseppe qui poursuit alors l'œuvre de son père. Il se consacre à la production de camions, une activité qui perdurera jusqu’en 1955, mais surtout met tout en œuvre pour porter son effort sur le département vélos et motos.

Bianchi Sforzesco 1952. Bianchi produisait des camions depuis le début du XXe siècle. Camions et motocyclettes ont toute l'attention de Bianchi dans les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale. La production de camions se poursuit sous la marque Autobianchi jusqu’en 1968, souvent dotés de moteurs OM, marque italienne née en 1918, rachetée par Fiat en 1933.

En 1959, Bianchi embauche un ingénieur de talent, Lino Tonti, qui conçoit les nouvelles motos bicylindres à deux arbres à cames, les Bianchi 250, 350 et 500, qui marquent le retour de la marque sur les Grands Prix dès 1960. Bianchi fournit également les motos destinées à l’armée italienne et à la police italienne. Mais le département motos souffrent à partir des années 60, en raison de l’essor de l’automobile qui fait chuter les ventes de motos, notamment en Italie.

La division motos est cédée à Piaggio en 1967. Quant à la division vélos, elle est intégrée en 1997 dans le groupe Cycleurope qui regroupe les marques Bianchi, Gitane et Peugeot Cycles, l’un des plus importants fabricants de vélos au monde. Aujourd’hui encore, la marque, qui reste l’une des plus prestigieuses concernant les vélos de course, poursuit la fabrication de vélos de tourisme et de " mountain bike ", les vélos de montagne.


1955 : Bianchi devient Autobianchi


C'est au cours des années 50 que Bianchi décide de s'associer avec FIAT et le fabricant de pneumatiques Pirelli, pour donner naissance le 11 janvier 1955 à la firme Autobianchi. Cette coopération permet à Bianchi de reprendre ses activités dans l’automobile, la famille détenant 33 % du capital de la nouvelle société. La première automobile produite est la Bianchina, présentée au Salon de Turin de 1957, qui est un dérivé plus luxueux de la Fiat 500 à moteur arrière. En 1968, Autobianchi devient une filiale à 100 % de FIAT, et se met à fabriquer des traction avant, comme les Primula, A111 et A112. Ce sont les premières automobiles à traction avant du groupe FIAT. puisque Lancia n’intègre le groupe qu’en 1969.

La production de voitures particulières reprend après l'apport de capitaux Fiat et Pirrelli en 1955. L'Autobianchi Bianchina est une version de luxe de la nouvelle Fiat 500;

La Primula lancée en 1964 aurait servi de test grandeur nature pour le géant italien qui prévoyait de sortir sa première traction avant de marque FIAT, la 128, en 1969. En 1992, le site de Desio est définitivement fermé, mettant fin à la marque Autobianchi. De 1985 à 1995, la Y10 qui succède à l’A112 est vendue dans la plupart des pays européens sous la marque Lancia.

Texte : Jean-Michel Prillieux
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