Genève 1970
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La Citroën SM, vedette incontestée du Salon de Genève 1970 - Copyright Etudiée par le département compétition de Ford Allemagne, la Capri 2600 RS destinée avant tout à un usage sportif est déjà entrée en production. Elle se caractérise visuellement par l'absence de pare-chocs, l'adoption de jantes larges, de projecteurs à iode de plus grand diamètre, et par le sigle RS 2600 placé latéralement et Capri RS fixé à l'arrière. Son moteur, un V6 de 2637 cm3, a reçu un dispositif d'alimentation par injection, qui combiné à l'utilisation d'un système spécial d'échappement et d'un nouvel arbre à cames procure 160 ch Din. Ce gain de puissance s'est accompagné d'une réduction importante de poids, car les capots et portières en polyester ainsi que les glaces latérales et vitre arrière en plastique ont permis de descendre aux environs de 880 kg. La 2600 RS est donnée pour 200 km/h. Elle a bénéficié d'un abaissement des suspensions. L'habitacle comporte un volant tulipé et deux sièges baquet très enveloppants. Le tableau de bord est traité en noir mat.
Ford Capri RS 2600 - Copyright Ford, par l'intermédiaire du " Advanced Vehicle Operations ", département sportif de la marque qui développa la GT 40, vient d'entamer la production d'une Escort RS à moteur 1600 directement dérivé de la Formule 2. Beaucoup plus paisible, il développe tout de même 120 ch, et conserve la distribution par double ACT actionnant les 16 soupapes. L'alimentation est confiée à deux carburateurs Weber double corps. Ainsi équipée, l'Escort RS 1600 atteint 175 km/h. Sa commercialisation commencera dès le mois de mai en Angleterre.
Ford Escort RS 1600 - Copyright Modèle d'étude, la C 111 est appelée à évoluer constamment. Voilà pourquoi six mois après la sortie du premier prototype à Francfort fin 1969 , une nouvelle version est proposée à Genève. Le moteur est toujours un rotatif Wankel, non plus à trois mais à quatre rotors. Il dispense 350 ch Din contre 280 sur l'ancien prototype. La vitesse maximum de la C 111 est de 300 km/h. Certaines retouches ont permis d'améliorer le Cx de 8 %. On remarque un capot avant plus long d'une vingtaine de centimètres et un pare-brise plus incliné. Vers l'arrière, la forme du capot moteur élargit la vision. Mercedes affirme que l'avenir de la C 111 n'est qu'expérimental. Cette GT n'est nullement destinée ni à la compétition ni à une production en série.
Mercedes C111 - Copyright Opel fait appel au vocabulaire de la marine pour désigner ses voitures : Kadett, Kapitän, Amiral ... Est ce pour véhiculer l'image de rigueur propre à ce monde ? La Commodore apparue en 1967 poursuit l'usage. Les Opel tentent d'occuper le créneau des voitures luxueuses et économiques à la fois. En France, elles ont fort à faire face à Peugeot. Opel n'est pourtant pas avare d'efforts. En témoigne cette version Commodore GS/E qui propose une finition à l'américaine, et surtout un six cylindres, qui avec l'injection devient une mécanique à tendance sportive (150 ch Din). Son capot assez court met en valeur un pavillon très long et élégant, encore plus fin quand les vitres sans montant sont abaissées. Le volume intérieur est impressionnant pour un coupé. Avec ses nombreux extras, la GS/E pèse environ 1 200 kg, ce qui ne l'empêche pas d'atteindre 192 km/h.
Opel Commodore GS/E - Copyright BMW se porte de mieux en mieux depuis la naissance de la " nouvelle classe " dévoilée au Salon de Francfort 1961. La politique de renouvellement de la marque ne trompe pas. La BMW 2000 est apparue en janvier 1966 avec un 1 990 cm3 de 100 ch. Elle a été secondée au Salon de Genève 1966 par une version 2000 Ti de 120 ch, équipée de deux carburateurs Solex. Sur le stand du constructeur bavarois, l'attention est retenue par la nouvelle 2000 Tii dotée de l'injection directe système Kugelfischer. Son moteur développe 130 ch Din, et confère à la voiture une vitesse de pointe de près de 190 km/h.
BMW 2000 Tii - Copyright La Sunbeam 1250/1500, baptisée Hillman Avenger en Grande-Bretagne, entame son premier salon international. Ce modèle vient combler une lacune dans la gamme anglaise du groupe Rootes, ce constructeur étant tout comme Simca désormais partie intégrante de la multinationale Chrysler. Il est proposé en trois niveaux de finition et deux cylindrées, 1 250 cm3 de 53 ch Din et 1 500 cm3 de 63 ch Din. Cette voiture sans originalité technique particulière donne une impression de déjà-vu du côté de chez Opel ou Vauxhall. Ce véhicule s'adresse en effet à la même clientèle que l'Opel Kadett, la Vauxhall Viva, la Ford Escort, l'Austin Morris 1300, la Simca 1100, la Renault 10, la Fiat 128 ou la VW Coccinelle.
Sunbeam 1250/1500 - Copyright La Mini Clubman a été présentée le 10 octobre 1969. Extérieurement, elle ne diffère d'une Mini traditionnelle que par son capot, ses ailes, ses pare-chocs, sa face avant et sa calandre. Ainsi conçue, la Clubman est plus longue de 12,7 cm. A l'intérieur, la voiture arbore un équipement qui lui est propre, des sièges et une sellerie en simili, deux bouches d'aération latérales et un tableau de bord sous le volant comprenant deux compteurs ronds. Mini est désormais une marque à part entière au sein de la British Leyland Motor Co., au même titre qu' Austin ou Morris.
Mini Clubman - Copyright Dévoilée simultanément à la Mini Clubman, la version Estate en est le dérivé break. Elle remplace tous les modèles Austin Countryman et Morris Traveller, et bénéficie des mêmes aménagements que la Mini Clubman. Une décoration imitation bois est apposée autour de la carrosserie, supposée apporter une connotation rustique appréciée de la clientèle.
Mini Clubman Estate - Copyright Genève offre l'occasion de voir pour la première fois l'Austin Maxi. Cette voiture à cinq portes a été conçue pour servir de familiale polyvalente. Les roues avant motrices sont accouplées à une boîte cinq vitesses, reliée elle-même à un moteur 4 cylindres de 1,5 litre et 75 ch Din, qui procure à la Maxi un certain tempérament. C'est le premier modèle commercialisé par la British Leyland, groupe né du rapprochement de la BMC (Austin, Morris, MG ...) et de Leyland Motor (Rover, Triumph ...) en 1968.
Austin Maxi - Copyright Destinée à une clientèle de sportifs qui apprécie le grand air et des lignes typiquement britanniques, la Lotus Seven dans sa nouvelle définition S4 est capable de performances assez impressionnantes, tout en diffusant un plaisir de conduite peu ordinaire. Ses créateurs n'ont voulu en rien altérer son caractère original et si, cette fois, la modification est assez nette, cette Lotus reste bien une Seven. Une nouvelle carrosserie polyester habille un châssis en profilé carré. La S4 se singularise par des ailes avant très longues, alors qu'à l'arrière, tout l'ensemble est d'un seul bloc. Ce nouveau dessin a permis d'accroître la place disponible dans le coffre. La S4 offre également plus d'espace pour les jambes. Le moteur est emprunté à la Ford 1600 Cortina GT - 84 ch - mais le client peut aussi opter pour une mécanique Ford Escort 1300 GT, ou un 1600 Lotus Twin Cam, voire un 1600 Lotus préparé chez Holbay.
Lotus Seven S4 - Copyright La General Motors tente d'intéresser les Suisses en présentant une nouvelle gamme de modèles assemblés à Biel sous la marque Ranger. Les premières voitures ainsi dénommées ont été produites en Afrique du Sud en 1968. Elles utilisent des éléments de diverses provenances - Chevrolet, Holden, Opel et Vauxhall - mais toujours dans le cadre des marques du groupe, en prenant soin d'avoir leur propre personnalité. Les mécaniques des versions helvétiques sont toutes d'origine Opel. Trois déclinaisons, 1900, 2500 GTS et Coupé, sont exposées à Genève. Elles sont exclusivement réservées au marché suisse, et sont vendues par les distributeurs Vauxhall.
Ranger - Copyright Régulièrement, chaque Salon de Genève apporte une nouvelle création de Monteverdi, le seul et unique constructeur suisse. Les facteurs de base restent les mêmes : Fissore pour la carrosserie, Chrysler pour le moteur, et Monteverdi pour la présentation et la finition qui participent hautement au succès des produits de la marque. La mécanique placée en position centrale est cette fois un 6.9 litres de 450 ch SAE. Elle prend tellement de place qu'elle dépasse à l'intérieur jusqu'aux sièges avant. Elle est servie pour une boîte automatique ZF. La silhouette ne peut pas renier ses origines italiennes. La Hai 450 SS ne mesure que 103 cm de haut. La production doit débuter en mai, au rythme d'une voiture par mois.
Monteverdi Hai 450 SS - Copyright Lamborghini reste vraiment un cas particulier. En effet, sa production se développe sans que ce constructeur n'ait jamais participé à la moindre compétition, alors qu'il livre les plus rapides et parmi les plus belles voitures du monde. Sa Miura impressionne toujours autant, alors que l'Espada n'a guère d'équivalent. Pour unifier la gamme, la Jarama va remplacer l'Islero. Elle doit son nom à une région célèbre pour son circuit, mais qui le fut bien davantage par le passé pour ses élevages de taureaux réputés pour leur bravoure exceptionnelle. Dans ses lignes, on retrouve quelques traits de la Lele dessinée par le même Bertone pour Iso Rivolta. Quelques données chiffrées : V12 de 3929 cm3 et 350 ch, vitesse maximale de 260 km/h et 1280 kg sur la balance.
Lamborghini Jarama - Copyright Dans l'esprit de Pininfarina, la Ferrari 512 Modulo se base sur le principe du ... module, cher aux architectes, principe d'unité et d'interchangeabilité des éléments que nous ont laissé les Grecs. L'axe de symétrie horizontal de la Modulo est apparent, un peu à la manière d'une huître ! Le cockpit au complet coulisse vers l'avant sur des rails de guidage, ce qui permet de découvrir l'habitacle. La symétrie des deux moitiés est accentuée par le rappel en noir sur la partie inférieure de la découpe des glaces latérales. Les roues également trouvent un rappel dans la partie supérieure grâce à des ouvertures qui facilitent le refroidissement des freins.
Pininfarina Modulo (présentée en teinte noire et blanc à Genève) - Copyright Présentée lors de l'Exposition Universelle de Montréal en 1967 - d'où son nom -, le prototype Alfa Romeo Montreal (sans accent) passe enfin à la série. Ses performances sont alléchantes, avec 220 km/h en pointe et 28,2 secondes pour abattre le kilomètre départ arrêté. Ce coupé est animé par un V8 injection de 2593 cm3 et 200 ch Din dérivé de la voiture de course type 33. La carrosserie dessinée chez Bertone est marquée d'une forte personnalité avec ses phares semi escamotables - des projecteurs fixes sur lesquelles se rabat partiellement un volet - et son arrière tronqué. La lunette arrière relevable permet d'accéder à un vaste coffre.
Alfa Romeo Montréal - Copyright Bertone a dessiné la Garmisch sur la base d'une BMW 2002 Ti. Cette réalisation se veut concrète, c'est-à-dire sans grande fantaisie, réalisable et utilisable en l'état, sans pour autant que le rôle du carrossier ait été négligé, c'est-à-dire apporter des idées nouvelles aux constructeurs. Elle offre une très grande visibilité et une lunette arrière protégée des rayons du soleil par un couvercle en plastique à nid d'abeilles. Sur la face avant, quatre phares rectangulaires sont placés sous une verrière entourant le double haricot BMW, au dessin assez contestable.
Bertone BMW Garmisch - Copyright Frua, qui s'intéresse particulièrement à Opel, vient de réaliser un nouveau coupé équipé du V8 5.4 litres et 270 ch de la Diplomat. Il offre une ligne qui rappelle quelque peu la Maserati Ghibli, mais aussi et surtout le coupé expérimental Opel CD exposée par la General Motors au dernier Salon de Francfort. La version de Frua se présente en quelque sorte comme la définition routière du projet Opel CD. La large lunette arrière fait office de hayon. S'agissant d'un coupé deux places, le volume réservé aux bagages est des plus généreux.
Opel Diplomat Coupé par Frua - Copyright Il est bien difficile pour les stylistes de créer des breaks aussi attrayants que peuvent l'être les berlines quatre portes ou les coach deux portes. On ne saurait dire de tous les breaks que leur esthétique soit des plus satisfaisantes. Pour nombre d'entre eux, l'arrière ne ressemble qu'à une rajouture mal intégrée. Au nombre des breaks bien proportionnés, la Fiat 128 Familiare présentée fin 1969 (la berline l'a été en mai) s'en tire avec les honneurs, même si les feux arrière font l'effet d'un corps étranger venant perturber l'ensemble.
Fiat 128 Familiare - Copyright La voiture de prestige française, on n'y croit plus beaucoup à l'aube des années 70. Bugatti, Delahaye et Talbot ont définitivement sombré. La France automobile s'en est au fil des années dirigée vers la grande série. Les loisirs mécaniques automobiles organisés ont tué les belles mécaniques d'antan. Et puis aujourd'hui, une incroyable association, la réunion des antipodes, le mariage de ce qui peut ressembler à celui d'une Tahitienne avec un Esquimau, vient d'enfanter l'impossible. Maserati l'italienne, généreuse, et Citroën la française, lucide, méfiante et froide, viennent de donner le jour à LA voiture de ce Salon de Genève 1970 : la Citroën SM.
Citroën SM - Copyright La Matra M530 évolue assez profondément. Consulté pour l'améliorer sur le plan esthétique, Michelotti a suggéré de supprimer le cerclage aluminium de la lunette arrière. Le plexiglas de celle-ci est remplacé par du verre, offrant ainsi une meilleure visibilité. La face arrière est peinte en noir mat, et gagne un cerclage chromé. La calandre perd son tube de protection disgracieux et sa lame centrale, mais gagne deux butoirs verticaux de part et d'autre du cerclage chromé de la " bouche ". La 530 LX est proposée en deux versions : toit fixe ou toit amovible. Sur les flancs apparaissent des joncs de bas de caisse. La mécanique et les performances demeurent inchangées.
Matra 530 LX - Copyright La Gremlin d'American Motors désire s'attaquer au marché européen par l'intermédiaire de la Suisse. Si on ne compte que sept centimètres de plus en longueur par rapport à la Coccinelle à laquelle elle tente de reprendre des parts de marché aux USA, l'oeil lui en donne volontiers beaucoup plus. L'immense capot, destiné à accueillir un six cylindres 3.2 litres de 128 ch en est la cause. L'arrière ultracourt paraît disproportionné. Le résultat semble passer ainsi à côté du but recherché : la Gremlin est moins habitable que le modèle qu'elle entend concurrencer. Il reste aux Américains à se pencher sur le problème du moteur et à lui appliquer, comme pour la carrosserie, des dimensions européennes. Seule alors subsistera la question du prix, celui annoncé à Genève étant encore aux normes US, 15 000 FS alors qu'une VW 1200 coûte 6 230 FS.
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