Roy A. Brown

Roy A. Brown  - Canada  - 1916/2013


Formation

Diplômé de l’Art Academy de Detroit

1937

Débute sa carrière à la General Motors en tant que designer dans la division Cadillac, sous l'autorité de Bill Mitchell. Sa première participation active à un projet fut celle du tableau de bord de la Cadillac de 1939. 

1939

Quitte la GM pour une entreprise de dessin industriel.

1941

Bref retour à la tête du bureau de style d'Oldsmobile.

Pendant la guerre

Surveillance de Fort Knox.

Après la guerre

Consultant en couleurs pour Ditzler.

Publicité Ditzler


1953

Brown contacte Eugene Bordinat, car il souhaite revenir dans le monde du design automobile. Bordinat lui confie l'étude du concept car Lincoln Futura, présenté en 1955.

Lincoln Futura


1955

Bordinat recommande Brown pour le poste de responsable du design du nouveau programme " E car ", en l'occurrence la future Edsel.

Ce n'est pas évidemment le seul designer à avoir travaillé sur la voiture, mais c'est lui qui a dirigé le projet, et qui a souhaité proposer " autre chose " qu'une Ford ou une Mercury ordinaire.

1958

Au milieu des fifties, la clientèle américaine semble atteinte d'un délire de consommation. Elle réclame des modèles de plus en plus puissants, de plus en plus voyants. L'heure est au teintes agressives, soulignées d'arabesques chromées abondantes. La classe moyenne impose ses goûts tapageurs aux autres couches sociales. C'est à cette époque que Ford décide d'introduire une nouvelle marque, Edsel, située entre Ford et Mercury. Il s'agit de profiter à plein de la bonne forme du marché, en attaquant les concurrents Dodge, Pontiac ou De Soto. Une équipe est donc constituée vers 1955. Il lui revient de préparer dans les trois ans la bombe commerciale dont on parlera dans le monde entier. Le ton est donné, il faut innover, imaginer. Le budget est conséquent, équivalent à environ 25 % des investissements pour la décennie à venir. Enorme !

Progressivement, les stylistes maisons dirigés par Roy A. Brown ont l'idée d'une particularité esthétique qui doit singulariser la nouvelle gamme. Il s'agit d'une grille de calandre verticale, étroite, vaguement triangulaire, inspirée dans son esprit de la célèbre et légendaire Duesenberg. C'est là prendre un risque énorme à une époque où les lignes horizontales prédominent. L'idée fait son chemin, et est finalement acceptée par l'ensemble des décideurs. Le reste est à l'avenant. Les stylistes écartent toute amorce d'ailerons arrière, alors que l'ensemble de la production américaine a succombé à cette nouvelle mode. On dessine pour la gamme Edsel un postérieur horizontal et massif, d'où émergent deux feux proéminents en forme de boomerang. La nouvelle voiture est présentée à la presse le 4 septembre 1957.

Edsel 1958, le slogan fut bien mal choisi

De nombreux concessionnaires se manifestent auprès de Ford pour avoir le droit d'apposer le panonceau " E " à la devanture de leur société, en prévision du boom commercial attendu. Tout a été prévu pour chauffer le public. La presse s'est largement fait écho de l'arrivée de la quatrième marque du groupe Ford, celle qui doit révolutionner le marché automobile.

Mais ce qui était bon en 1955 ne l'est plus en 1958. Le moment est mal venu pour lancer une nouvelle marque. Au quatrième trimestre de 1957, une récession économique de grande ampleur vient de frapper le marché automobile. En 1958, il se vend 4,5 millions de voitures aux USA contre 8 millions trois ans plus tôt. Et ce sont les voitures de catégorie moyenne qui font essentiellement les frais de cette débâcle.

La voiture en elle même semble en faire de trop. En dehors de la calandre très vite décriée, le public bute sur les feux arrière horizontaux, les ailes carrées et désespérément plates, les flancs sculptés à souhait. Du pare-chocs avant à l'embout du pot d'échappement, l'Edsel ressemble à une gigantesque provocation. Ce qui ne doit pas arriver arrive donc. La classe moyenne ne se précipite pas tête baissée chez les concessionnaires Edsel. Dès la fin de 1957, après trois mois de production, les premiers résultats font apparaître une distance considérable entre les prévisions et la réalité des faits. La presse continue de suivre l'Edsel à la trace, comme on s'accroche à un bon succès d'actualité. Les premiers échecs ne tardent pas à être rendus publics, sans doute un peu trop vite. Sur tout le territoire américain, on commence à douter de l'intérêt de cette marque.

Bientôt cette calandre si typée tape dans l'oeil des comiques américains, trop habitués à se moquer du malheur des autres. Ils s'emparent de cette grille béante et verticale pour en faire le thème favori de leurs sketches, la comparant notamment à un collier de cheval de trait, ou à l'entrée de la caverne d'Ali Baba. Quelques uns vont plus loin encore, traitant les stylistes d'obsédés sexuels, en raison de la forme non équivoque qu'ils ont imprimée à cette calandre.

A la fin de l'année 1958, 28 000 Edsel ont trouvé preneur. Ce n'est pas un échec, ni même une simple défaite, mais tout simplement un désastre. Ford avait tablé sur une fourchette de 100 à 200 000 exemplaires. Un certain malaise règne donc à l'état major. A l'abri derrière leurs portes cloisonnées, les responsables ne sont pas oubliés dans la tourmente. Le face lift se profile pour 1959. Il est décidé d'expurger tout ce qui fait l'originalité de la marque. La calandre perd beaucoup de son caractère. L'ensemble est devenu anonyme, et n'a plus aucune raison d'attirer qui que ce soit. Autant acheter une Ford ou une Dodge. Trop originale, l'Edsel faisait fuir. Trop conventionnelle, elle n'intéresse personne. 30 000 Edsel environ sortent des chaînes cette année là.

Edsel 1959

Le groupe Ford est ridiculisé, avec son joujou à 250 000 millions de dollars de frais d'étude. Il devient urgent de s'arrêter. Une ultime tentative a tout de même lieu pour la saison 1960, presque pour l'honneur. La voiture n'a plus d'Edsel que le nom. Personne ne s'attend à un miracle, il n'a pas lieu. 3075 Edsel voient le jour en 1960.

Edsel 1960


1958

Le bide de l'Excel a conduit Brown à l'exil dans le centre de style qui s'occupe des poids lourds. Il y travaille sur le dessin du Ford Econoline, vendu de 1961 à 1968.

Ford Econoline, 1961/1968


1959

Brown se fait oublier loin de l'Amérique, et rejoint Ford Angleterre. C'est un coup dur pour l'homme, son ego en prend un coup. Il se borne désormais à réaliser ce qui lui est demandé, sans y ajouter sa touche personnelle. Il dessine la première génération de la Ford Cortina produite de 1962 à 1966, qui connaît outre Manche un beau succès.

Ford Cortina, 1962/1966


Puis il travaille sur la gamme des Consul, Zodiac et Zephyr assemblées entre 1962 et 1966.

Ford Zodiac,1962/1966, source : http://stubs.centerblog.net


1964

Il fait son retour chez Ford aux Etats Unis, dans la division Lincoln Mercury. Entre temps, le succès de la Ford Mustang a fait oublié le désastre de l'Edsel. Il y poursuit sa carrière au sein de la division Lincoln Mercury.

1974

Départ à la retraite

Si Ford continue d'ignorer l'Edsel, depuis les années 60 des collectionneurs se sont attachés à cette voiture. Brown fut régulièrement présent lors d'évènements organisés par les Club Edsel. Conduisant un cabriolet Edsel dans les années 80, il répondait quand on l'interrogeait qu'il demeurait fier de sa création.

2013

Décès le 24 février.


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