Alpine Renault A 310
Alpine s'est construit autour d'un homme, Jean Rédélé, fils de garagiste, diplômé d'HEC, plus jeune concessionnaire Renault en France, pilote de rallye et préparateur talentueux de mécaniques ! L'artisan de Dieppe puise dès ses débuts dans la banque des mécaniques Renault. Si les deux entreprises demeurent indépendantes jusqu'à la fin des années 60, cela n'empêche pas la Régie et son président d'alors, Pierre Dreyfus, d'observer les activités d'Alpine avec intérêt. Il estime sans doute que les performances du petit constructeur pourraient un jour rejaillir avec profit sur l'image de Renault. C'est ainsi qu'est signé en 1969 un accord de coopération qui resserre les liens entre Alpine et Renault.
Alpine A 110 En 1968, Jean Rédélé réunit ses meilleurs techniciens pour concevoir un nouveau modèle capable d'élargir la clientèle habituelle de l'A 110, et à terme de la remplacer complètement. La future Alpine doit être une 2 + 2 habillée en matière plastique et bien évidemment utiliser une mécanique Renault. L'Alpine A 310 est présentée au Salon de Genève en mars 1971. Dessinée en collaboration avec Marcel Beligond du Centre Style de Renault à Rueil Malmaison, elle adopte un esprit " grand tourisme ", contrairement à sa devancière plus " brute de fonderie ".
Alpine A 310, 1971 Elle est initialement proposée avec le 4 cylindres 1605 cm3 de la Renault 16 TS développant 115 ch, disposé en porte à faux à l'extrême arrière. Eu égard aux ambitions de la voiture, ce n'est pas un foudre de guerre. Surtout, elle souffre de la comparaison avec la Berlinette, certes plus spartiate mais aussi plus légère, toujours en vente, et devenue au fil des ans une voiture mythique. A la même époque, et dans un registre similaire, la R 12 Gordini dévoilée en juin 1970 peine aussi à succéder à la fabuleuse R 8 du même nom. Malgré sa mécanique modeste, l'A 310 est une voiture homogène à l'identité marquée, capable de sortir son constructeur de l'artisanat de qualité pour le propulser dans le cercle des constructeurs de voitures sportives de luxe. L'A 310 a évolué en même temps qu'une partie de ses clients, qui avec l'âge, recherchent désormais une meilleure habitabilité et un peu plus de confort. La nouvelle Alpine est si différente de la séries A 110 que les deux gammes se chevauchent jusqu'en 1977.
Alpine A 310, Alpine A 110 1600/1300 Les premiers propriétaires de l'A 310 essuient les plâtres d'un manque de mise au point. Cela se traduit par des casses de l'échappement ou des problèmes d'étanchéité au niveau des prises d'air latérales. Alpine assume pleinement le remplacement des pièces défectueuses, non sans quelques retombées sur les finances de l'entreprise, ainsi que sur l'image de ses produits.
Alpine A 310, 1977 Le 1er juin 1973, Renault rachète le constructeur de Dieppe dans une situation de trésorerie critique. L'artisan normand peine à amortir les récents investissements nécessaires à son développement. Les ventes d'Alpine subissent en 1974 le contrecoup de la crise pétrolière. Les pouvoirs publics viennent de limiter la vitesse sur route. C'était la fin des trente glorieuses et le retour sur terre après des années d'insouciance automobile. L'A 310 pèse 120 kg de plus que la Berlinette. Les sportifs sont déçus par l'embonpoint de la petite dernière. Par ailleurs, les amateurs de vraies GT sont sceptiques au regard de la faible puissance proposée et de la finition perfectible. En 1973, les ventes s'équilibrent à quelques unités prêt entre A 310 et A 110. En 1975, l'arrivée en concession de la Renault 30 équipée du V6 PRV (Peugeot Renault Volvo) incite les clients potentiels à différer l'achat d'une Alpine, en attendant l'adoption de ce nouveau moteur sur l'A 310. Un lancement difficile, un choc pétrolier, l'annonce imminente d'une nouvelle motorisation, l'A310 n'est pas à la fête sur le plan commercial. Le projet initial avait prévu une production quotidienne de 10 voitures, mais la réalité est tout autre, inférieure de 50 % aux objectifs. En octobre 1976, le V6 PRV de 150 ch prend enfin la relève. L'Alpine A 310 V6 est désormais capable d'atteindre 224 km/h, contre 205 pour la version 4 cylindres. Alpine peut enfin redorer son blason après cinq années de vaches maigres. La carrosserie dont l'élégance et la personnalité ne sont pas remises en cause est conservée sans changement majeur, à l'exception de la batterie de six phares qui est abandonnée au profit d'une face avant au style moins tape-à-l'oeil, d'un becquet coiffant la lunette arrière, d'un spoiler avant et de roues d'un dessin plus moderne. La finition intérieure devient plus cossue avec en particulier les sièges " pétales " alors à la mode sur les Renault à tendance sportive. Le dessin du tableau de bord est modernisé. Avec son V6, Alpine vise sans complexe Porsche et sa 911, 25 % plus chère à l'achat que la française. Les dernières Berlinette sortent de l'usine de Dieppe au mois de juillet 1977. Désormais, la survie de la marque totalement reprise en main par la Régie, ne repose plus que sur l'A 310 V6.
Alpine 310 V6, 1977
Alpine 310 V6, 1979 La carrière commerciale de l'A 310 est épisodiquement relancée grâce à quelques améliorations cosmétiques et techniques. En 1979, une boîte 5 vitesses permet de tirer le meilleur parti du V6 PRV. En 1981, de nouveaux boucliers, des roues d'inspiration R 5 Turbo, un freinage et des suspensions améliorées remettent au goût du jour l'A310, qui n'est plus présentée dans les brochures comme une Alpine Renault, mais comme une Renault Alpine.
Alpine A 310 V6, 1981 Un nouveau modèle est à l'étude. L'A 310 V6 poursuit discrètement sa carrière jusqu'en juillet 1984, date d'arrêt de la production. Le dernier catalogue publicitaire est imprimé pour l'année modèle 1985. Il reste quelques stocks à écouler. Il sera produit 2 318 Alpine A 310 en version 4 cylindres et 9 166 avec le V6 PRV. La nouvelle Alpine V6 GT est dévoilée à Genève en mars 1985.
Alpine A 310 V6, 1985 |