Sunbeam Rapier et Alpine (2sd)


Les origines


L'industriel anglais John Marston fonde en 1887 la John Marston Ltd, dont la vocation est la production de bicyclettes. Dès 1899, ce groupe s'essaye à la construction automobile en s'inspirant des réalisations de Benz ou de Berliet. La première automobile baptisée Sunbeam, rayon de soleil en français, de conception originale, voit le jour en 1904. En 1905, la compagnie change de nom et devient la Sunbeam Motor Car. En 1920, Sunbeam s'associe avec Clément Talbot de Londres et le français Darracq de Suresnes, en créant le consortium S.T.D. Motors Ltd. Au cours de l'année 1935, S.T.D en difficulté et déjà dirigé par un administrateur judiciaire, est intégré au groupe des frères Rootes. Le nom de Sunbeam réapparaît en 1938 lorsque Rootes crée la nouvelle société Sunbeam Talbot Ltd. Sunbeam Talbot devient dès lors la marque à tendance sportive au sein du groupe.

Après la guerre, la fabrication des Sunbeam Talbot est transférée dans les usines Rootes de Coventry. Le nom de Talbot n'est utilisé qu'en Grande-Bretagne pour ne pas faire de l'ombre sur les marchés étrangers à la firme française Talbot Lago qui a conservé son autonomie, après la reprise en 1934 de la branche française par Anthony Lago. Dès cette époque, les Talbot Lago n'ont plus rien à voir avec les Sunbeam Talbot. Sunbeam Talbot relance la production automobile en 1946 avec deux modèles conçus en 1938 et 1939, respectivement la Ten et la 2 Litre.

Les Sunbeam 80 et 90 sont présentées au London Motor Show fin 1948. Ces deux modèles adoptent une ligne semi-ponton très élancée. La 80, à vocation économique, est abandonnée en 1950. L'aspect des Sunbeam 90 est assez éloigné de ce que propose alors la concurrence. Triumph vient d'adopter le style " Razor Edge " plutôt conservateur. Austin pour sa part expérimente avec son A 90 Atlantic le design " baignoire " importé des Etats-Unis, et appliqué notamment aux Hudson, Nash et Packard. Le quatre cylindres de 2267 cm3 de la Sunbeam 90 développe 77 ch. Deux carrosseries sont disponibles, une conduite intérieure et un cabriolet quatre places.

Sunbeam Talbot 80 & 90

La 90 participe activement à la renommée internationale de Sunbeam en remportant de nombreux rallyes à partir de 1948, aux mains d'amateurs, mais aussi des pilotes de l'écurie d'usine formée en 1949. A défaut d'être les plus puissantes, l'extraordinaire fiabilité des Sunbeam leur permet d'afficher un palmarès enviable dans de nombreuses compétitions. Les dépliants publicitaires mettent volontiers en exergue les multiples victoires de la marque au Rallye des Alpes (épreuve réputée qui se tiendra jusqu'en 1971). Sur le Monte-Carlo, l'équipe officielle remporte après des débuts prometteurs en 1949 une deuxième place au classement général en 1952. En 1955, une berline 90 inscrite par un équipage norvégien décroche la victoire absolue. Une troisième place en 1956 clôture la carrière sportive de la 90 dans cette compétition.

Sunbeam propose à partir de mars 1953 une version Alpine plus puissante, sous la forme d'un roadster 2/3 places inspiré d'un prototype aligné l'année précédente en course. Raymond Loewy a finalisé le dessin de la nouvelle venue, avec une carrosserie sans banquette arrière, dotée d'un petit pare-brise et dépourvue de vitres latérales fixes. Elle doit évidemment son nom aux victoires remportées dans le Rallye des Alpes.

Sunbeam Alpine


Sunbeam Rapier (1ère)


A partir de 1953, la marque Sunbeam Talbot est définitivement abandonnée, au profit de Sunbeam tout simplement. L'Alpine peine à s'imposer face à la Jaguar XK 120 puis 140 vendue sensiblement au même prix sur le marché américain, principal débouché pour ce type d'automobile. La Jaguar est deux fois plus puissante pour un même poids, et ses lignes sont autrement plus aguicheuses. Les Triumph TR 2 / TR 3 et Austin Healey 100 moins coûteuses sont aussi de terribles rivales. La carrière de l'Alpine cesse en 1955 avec 1582 exemplaires produits. La Sunbeam 90 est pour sa part progressivement remplacée à partir de 1956 par la Rapier, proposée sous la forme d'une berline deux portes à tendance sportive et d'un cabriolet, tous deux dérivés de l'Hillman Minx. La Rapier est dotée d'un 1395 cm3 de  62 ch, La cylindrée est portée à 1495 cm3 en 1958, 1592 cm3 en 1961 et 1725 cm3 en 1966.

Sunbeam Rapier


Sunbeam Alpine (2sd)


En juillet 1959, Sunbeam dévoile l'Alpine de seconde génération, un roadster deux places animé par le moteur de la Rapier légèrement poussé. En Grande-Bretagne et aux aux Etats-Unis, la nouvelle Alpine fait  face aux Triumph TR 3 puis TR 4, et aux MG A puis MG B. Jusqu'au milieu des années 60, les Rapier et Alpine glanent encore de nombreux succès en compétition, que cela soit au Rallye du Royal Automobile Club (victoire au RAC en 1958), en Ecosse, dans les Alpes, à l'Acropole, au Monte-Carlo ou sur le Tour de France.

Sunbeam Alpine


Sunbeam Rapier (2sd)


La société familiale animée par Lord William Rootes et son frère Sir Reginald cède en 1964 aux avances du groupe américain Chrysler, qui cherche à s'implanter durablement en Europe. La marque Sunbeam, à force d'être utilisée en tant que " faire valoir " sur des modèles Hillman ou Singer vendus sur les marchés d'exportation a perdu de son prestige. Au Salon de Londres en 1967 est proposée une nouvelle Rapier, un coupé fastback doté d'une importante surface vitrée.  Ses lignes surprennent, tant elles s'éloignent du classicisme propre à la marque. A la même époque, l'Alpine née en 1959, dernière " vraie " Sunbeam encore porteuse de l'image des succès en compétition, est retirée du catalogue.

Sunbeam Rapier

Le quatre cylindres de la Rapier affiche 1725 cm3 et 82 ch Din. Ce coupé est vendu en France en 1968 au tarif de 19 860 francs, à comparer aux 19 550 francs d'un coupé Peugeot 404 à injection ou aux 13 100 francs d'une Renault 16 TS, ce qui en fait sur notre marché un véritable haut de gamme. Au Salon de Londres de 1968, Sunbeam présente une variante plus performante de 95 ch Din, la H 120. Son moteur est préparé par Holbay, un spécialiste de la compétition en Formule 3.

Sunbeam Rapier H 120


Epilogue


L'ancien groupe Rootes, devenu Chrysler UK en 1970, est encore composé au début des années 70 de trois marques automobiles : Hillman (populaires), Humber (prestige) et Sunbeam (sportives). La marque Singer positionnée entre Hillman et Humber vient d'être sacrifiée en 1970. Il s'agit de la première victime de la politique commerciale de Chrysler, qui va progressivement faire disparaître les anciennes marques, pour ne conserver que le nom de " Chrysler UK ". Sunbeam, Hillman et Humber disparaissent en 1976. Le nom de Sunbeam est appliqué une dernière fois à un modèle Chrysler de compacte trois portes de 1977 à 1983. Le nom d'Alpine survit encore un temps en étant attribué à la Simca 1307 vendue en Grande-Bretagne. Celle-ci prend le nom de Talbot Alpine en fin de carrière, lorsque Chrysler cède ses implantations européennes à Peugeot. La boucle est bouclée ...

Talbot Alpine

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