Lancia Gamma Coupé

Durant les années 70, Lancia est encore synonyme d'élégance et de luxe, deux notions conjuguées à une certaine sportivité, comme peuvent en attester alors les nombreuses victoires de la firme en compétition. A cette époque, les marques allemandes s'imposent déjà dans le haut de gamme européen, avec en particulier BMW et Mercedes. Audi est encore en train de construire son image. Les voitures britanniques demeurent marginales sur le continent, et les Renault 30 et Peugeot 604 font pâle figure dans cet univers de luxe.

Fiat a désigné Lancia pour résister à l'invasion germanique. La berline et le coupé Gamma sont commercialisés en 1976, sur un châssis commun, légèrement raccourci pour le coupé. Pininfarina signe les deux carrosseries, celle du coupé étant d'une rare élégance. Son style en fait déjà une classique lors de sa commercialisation. Par rapport aux coupés Fiat 130 et Rolls-Royce Camargue, outre son juste équilibre des formes, le dessin du coupé Gamma se distingue par quelques éléments caractéristiques, comme le pli à l'arrière du toit, la malle de coffre incurvée, ou la bande de caoutchouc le long de la nervure latérale.

La belle italienne est mue par un modeste quatre cylindres de 2484 cm3 développant 140 ch. A ce titre, elle déçoit la plupart des acheteurs potentiels, qui peuvent eu égard aux prestigieuses signatures Lancia et Pininfarina, ainsi qu'au prix de l'auto, s'attendre au moins à trouver sous le capot un confortable six cylindres. Le décalage est flagrant entre l'être et la paraître. BMW avec sa série 6 ou Mercedes avec son coupé CE ont sans se poser de questions franchi le pas. La presse automobile salue la tenue de route de la voiture, ainsi que son freinage endurant. Par contre, l'habitacle déçoit avec sa planche de bord banale, ses aménagements sans recherche ou l'absence de matériaux nobles comme le cuir.

Une version deux litres sous motorisée de 120 ch est réservée au marché italien. Lancia comme d'autres constructeurs de la péninsule (même Ferrari avec sa 208 Turbo l'avait fait) tente de séduire les clients effrayés par le taux de TVA de 35 % appliqué aux voitures de plus de deux litres de cylindrée, contre un taux de 18 % jusqu'à cette limite. La voiture évolue en 1980, grâce à l'adoption d'une injection Bosch. Avec cet équipement, le coupé Gamma progresse en matière de fiabilité, faiblesse majeure des versions à carburateurs depuis 1976. La voiture bénéficie d'une nouvelle calandre et de jantes en alliage redessinées.

Ce coupé pourtant " classique " dès sa naissance ne sera fabriqué qu'à 6 789 exemplaires entre 1976 et 1984, et l'on peut assez aisément deviner les raisons de la mévente de cette très belle automobile : design trop marqué, manque d'attrait de l'habitacle, fiabilité moyenne, faible motorisation, contexte économique morose, concurrence présentant de meilleurs arguments ...

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