Piper

Le nom de Piper évoque pour nombre d'amateurs la personnalité de David Piper, pilote anglais de Formule 1 - deux GP à son actif en 1959 et 1960 - et participant à huit reprises aux 24 Heures du Mans. Mais excepté cette homonymie, le constructeur des Piper GTT et P2 n'a strictement aucun rapport avec David Piper !

Le nom de cette marque automobile créée en 1965 fait simplement référence à un joueur de cornemuse écossais (the piper). C'est la désignation commerciale utilisée par le garage Campbell's d'Hayes, dans le Kent, dirigé par George Henrotte, ancien pilote de course reconverti après un accident dans la préparation de moteurs, et accessoirement dans le management d'une équipe de Formule Junior. C'est lui le père de la Piper GTT. 

Ses travaux de préparateur sous la marque Piper Cams sont appréciés dans le petit monde de la course automobile. Un jour, il se retrouve avec quatre voitures de sa conception sur les bras, après la défaillance de l'un de ses clients. Il s'agit d'un groupe de pilotes qui lui a passé commande d'une carrosserie et d'un châssis pour supporter une mécanique Austin Healey Sprite. Le projet est bien avancé et la voiture est présentée au Racing Car Show de Londres en 1966. Mais une modification du règlement entraîne l'abandon de la voiture sous cette forme.

George Henrotte a tellement investi dans ce projet qu'il ne conçoit pas de tout laisser tomber. Il demande à son ami Robin Sherwood, pilote amateur, de développer sur la base existante une voiture de sport qui puisse être vendue en kit et recevoir au choix du client une mécanique Sprite, Imp ou Ford. C'est vers la mécanique Ford que s'oriente Sherwood. Il préfère concevoir une auto conduisible sur route ouverte, et qui sera entièrement construite par Piper, plutôt qu'une auto en kit.

Bob Gayler apporte son savoir-faire technique, Ken Packham alors directeur technique de Metallic Components Engineering met ses installations d'usinage à la disposition de l'équipe. Tony Hilder, designer indépendant, ex McLaren, dessine la carrosserie qui attire irrésistiblement les regards. La Piper GTT est exposée en janvier 1967 au Racing Car Show de Londres.

Ses formes se caractérisent par un avant profilé et un habitacle qui s'interrompt brutalement à la verticale. La voiture est basse, seulement 99 centimètres. L'habitacle est bulbeux et présente un vitrage généreux. La Piper GTT a été testée en soufflerie, ce qui est peu courant dans le petit monde de l'artisanat automobile britannique, plus habitué aux études réalisées de manière empirique.

Le moteur Ford Cortina GT est préparé par la section Piper Cams. Il s'agit d'un 1599 cm3 réalésé à 1700 cm3, positionné derrière l'axe des roues avant, et non en position centrale arrière comme peut le laisser penser le dessin de l'auto. La boîte de vitesses et le pont arrière proviennent également de la banque d'organes Ford. Les 115 ch du moteur et les 520 kg de la  GTT alliés à un excellent profilage permettent d'obtenir de brillantes accélérations, et une vitesse de pointe proche des 200 km/h.

Extrait du dépliant publicitaire Piper GTT

Robin Sherwood décède accidentellement le 18 en décembre 1969. L'aventure Piper se poursuit sous l'autorité de Bill Atkinson, propriétaire d'une GTT, qui décide de s'impliquer personnellement dans l'affaire pour que Piper poursuive ses activités. Son associé est Tony Waller. Bill Atkinson n'est pas entièrement satisfait de la finition et des ajustements de la GTT. Sur les derniers modèles produits, il améliore la qualité des moules et des gabarits.

Avec cette nouvelle équipe, la Piper GTT se transforme en P2 - pour phase 2 - en 1971, et sa production est assurée sous la marque Embrook Engineering. Les voitures sont toujours produites sur commande et selon les exigences du client, qui assure le financement au fur et à mesure de l'avancement des travaux. 

L'empattement de la P2 est allongé de six pouces. Les feux arrière sont rectangulaires et non plus ronds. Alors que la GTT ne propose que des projecteurs simples oblongs ou ronds, la P2 dispose de projecteurs doubles. Dans un cas et dans l'autre, il sont soit placés sous un plexiglas, soit rétractables. La GTT présente un renflement sur le capot avant, tandis qu'au même endroit sur la P2 il s'agit d'une prise d'air. La P2 est devenue une voiture plus raffinée que la GTT.

Une grève chez Ford vient contrarier la bonne marche de l'affaire. Piper n'est plus approvisionné en moteurs. Faute de fourniture de cet élément essentiel, la petite entreprise n'a pas d'autre choix que de se déclarer en faillite. La dernière P2 est assemblée en 1974.

Piper P2

La carrière sportive de la Piper s'est surtout tenue sur les circuits lors des courses de clubs le week-end. Ce n'est pas une grande routière, et son usage en ville est peu recommandé en raison d'une visibilité arrière extrêmement réduite. Le nombre total de voitures de route construites est d'environ quatre vingt dix, auxquelles s'ajoutent une vingtaine de voitures de course. Près de la moitié des Piper ont survécu, principalement chez nos voisins britanniques. Une trentaine de membres sont enregistrés au sein du Piper Club, association créée en 1978 afin de référencer les voitures encore existantes, de réunir les propriétaires et de les aider dans la restauration et la préservation de leur auto.

Embrook Engineering, manufacturer of Piper cars

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