Dutton
Tim Dutton A l'issue d'une formation de cinq années à la fabrication d'outillages au sein de la Pressed Steel Ltd en tant qu'apprenti, Tim Dutton Wooley fonde sa propre entreprise en 1970. Colin Chapman vend sa Lotus Seven avec succès. Dutton prend conscience du potentiel de ce marché, et des marges confortables qu'il génère. En proposant un produit proche de la Seven dans la forme, mais moins coûteux à l'achat, il pense être capable de faire au moins aussi bien que le constructeur d'Hetel. Dutton P1, B Type, B Plus (1970/1977) Son premier modèle s'appelle tout simplement P1. Il s'agit plus d'un brouillon que d'un produit parfaitement au point, qui emprunte beaucoup à la Lotus Seven quant à son aspect. Neuf kits sont produits en 1970 et 1971. La P1 s'adapte sur un châssis de MG Midget dont elle reprend nombre d'éléments. Cette production à l'unité est extrêmement artisanale, et aucune voiture ne ressemble tout à fait à une autre.
Dutton P1 - Source : Kit car magazine Le concept initial reste à peaufiner. Avec la même carrosserie, les premières B Type produites à partir de 1972 utilisent le moteur, les suspensions, les freins et la direction de la Triumph 1200. Le nouveau châssis tubulaire est plus large et moins complexe à fabriquer que celui de la P1. L'usage accru de la fibre de verre nécessite moins de points de fixation. Au fil des années, la B Type est adaptée pour recevoir des mécaniques Ford 1600, BMC A-series et même Alfa Romeo 1300 Sprint Veloce.
Brochure Dutton B Type Un nouveau renforcement du châssis et l'utilisation d'un essieu arrière de Ford Cortina permettent à la Dutton B Plus d'accueillir entre 1974 et 1977 des moteurs plus puissants : Lotus Twin-Cam, MGB 1800 ou Ford V6. En 1989, la B Plus fera un retour furtif au catalogue sous la désignation S2.
Dutton B Plus S2, publicité presse La Dutton Malaga proposée à partir d'octobre 1973 constitue une version revisitée de la Seven. Le capot moteur est relié aux ailes avant, et les phares intégrés dans celles-ci. Fin 1972, grâce au succès de ses produits, Dutton peut s'installer dans des locaux quatre fois plus spacieux, à Tangmere près de Chichester. Le constructeur investit dans des installations modernes de moulage pour les éléments en fibre de verre. En 1977, Dutton a déjà produit 500 kits depuis ses débuts. Deux ans plus tard, en 1979, l'entreprise célèbre les 1 000 kits fabriqués. Ce n'est qu'un début, sans commune mesure avec le développement fulgurant qui va intervenir dans les années 80. De nouveaux investissements en locaux et outillages seront lancés. Dutton Phaeton (1977/1989) La Phaeton succède à la Malaga en 1977. Dutton a pensé aux acheteurs rebutés par la complexité du montage d'un kit. L'assemblage de la Phaeton est accessible au plus grand nombre, plusieurs éléments étant pré assemblés à l'usine. Ce modèle va désormais constituer le fonds de commerce de Dutton, et devenir son best-seller.
Dutton Phaeton Serie 2 Il n'y a pas de revendeurs Dutton. Afin d'éviter les intermédiaires jugés coûteux, Dutton vend directement ses produits " départ-usine ". Grâce à ses rapports privilégiés avec ses clients, Tim Dutton comprend que ceux-ci recherchent des kits qui s'adaptent sur des ensembles mécaniques homogènes. Ils ne veulent plus comme c'était le cas jusqu'alors marier le moteur d'un constructeur avec l'essieu arrière fabriqué par un autre. Exit donc les éléments empruntés aux Ford Cortina, Triumph 1200, MG, etc ... La Ford Escort, une valeur sûre, sert de base dans son intégralité technique à partir de 1982 aux Phaeton de la série 3 et 4.
Dutton Phaeton Serie 3 Dutton Cantera (1976/1977) Tim Dutton présente en mai 1975 un drôle d'engin sur quatre roues, qui aurait toute sa place dans le palmarès des voitures les plus laides au monde, la Cantera, contraction des mots Carrera et Pantera. Rien de moins. Ce coupé qui adopte le même châssis tubulaire que la Malaga ressemble à un croisement maladroit entre une Bristol 412 et une Ford Capri de première génération. C'est pour Tim Dutton sa première expérience de fabrication d'une voiture fermée. La Cantera emprunte ses optiques chez Bedford, son pare-brise à la Ford Cortina Mk 3 et sa lunette arrière à la Vauxhall Viva. Chez Dutton, le succès des autres kits inspirés par la Lotus Seven fait passer au second rang toute forme de développement et de promotion pour la Cantera. On manque de ressources pour s'intéresser à elle. Le temps de fabrication d'un kit de Cantera est double de celui d'une B Type. Le profit retiré n'est pas du même rapport. Au total, neuf exemplaires ont été produits.
Dutton Cantera Dutton Spyder (1978/1980) La Dutton Spyder de 1978 est le fruit du croisement d'une Triumph Spitifire et d'une Dutton Phaeton. La carrière de ce kit fut éphémère, on comprend aisément pourquoi. Extrait du numéro 1 de l'Auto Journal du 15 janvier 1979 : " La Triumph ne se suffit pas à elle-même. Il lui manque quelque chose. Un quelque chose de typiquement britannique. C'est ce qu'a pensé la société DSL, remodelant l'avant et l'arrière de la Spitfire. C'est un fait. Dans son état original, cette voiture plutôt sympathique possède une allure moderne. Maintenant, elle ressemble à une Anglaise. Rien à dire du plus si ce n'est que la métamorphose tient au remplacement du capot avant, de la mise en place d'uns spoiler, d'une roue arrière apparente incrustée dans le coffre. Pour complément d'informations esthétiques, le directeur de la DSL est Tim Dutton, celui qui fit l'exécrable Dutton. Le capot vaut 80 livres, le spolier 25, la partie arrière 40 et les roues alu 27,50 pièce. Les éléments de carrosserie sont en polyester "
Dutton Spyder Dutton Sierra (1979/1989) La diversification de la gamme Dutton se poursuit à l'automne 1978 avec la Sierra. Il s'agit d'un véhicule à mi-chemin entre l'utilitaire et la voiture de loisirs, avec seulement deux roues motrices. Sa garde au sol de 30 cm l'autorise à quelques balades sur les chemins de terre. A la même époque et dans le même esprit, Matra en France propose avec succès sa Rancho. Le kit Sierra ne peut s'adapter que sur un châssis de Ford Escort Mk 1 ou Mk 2. Le pare-brise, les vitres, le volant, la direction, le tableau de bord, les sièges sont à prélever sur une Escort. Trois séries sont successivement proposées, de 1980 à 1989, en versions châssis cabine, Estate ou Drophead. Le châssis allongé constitue une option. Plus de 3 000 kits Sierra vont être vendus, ce qui constitue une autre réussite marquante pour Dutton. Selon l'expérience menée par des journalistes spécialisés du domaine automobile et aguerris à ce type de pratique, l'assemblage de la Sierra nécessite une bonne semaine de travail à deux.
Dutton Sierra Estate
Dutton Sierra Drophead En 1982, Ford se prépare à commercialiser sa nouvelle Sierra en remplacement de la Taunus, diffusée en Grande-Bretagne sous la désignation Cortina. Le géant américain prend les précautions d'usage concernant les droits sur cette désignation commerciale. Un accord est passé avec Renault qui a enregistré ce nom en Europe, et avec Peter Monteverdi qui propose depuis 1977 sa Sierra, en l'occurrence une Plymouth Volare à laquelle il a apporté un nouvel aspect. Ford propose de son côté à Tim Dutton 5 000 £ afin qu'il renonce lui aussi au nom de Sierra. Mais l'offre est jugée insuffisante au regard des frais à engager (réimpression des brochures commerciales ...). Face au refus de cet accord amiable, Tim Dutton est sommé par les avocats de Ford d'abandonner ce nom. Après bien des tergiversations, Ford perd la bataille juridique, la justice estimant qu'on ne peut pas confondre l'automobile en kit proposée par Dutton avec la berline de grande série qu'est la Ford Sierra, les deux voitures ne visant pas du tout la même clientèle. Dutton aura bénéficié au passage d'une belle publicité gratuite, les médias spécialisés s'étant emparés avec délectation de cette histoire du pot de terre contre le pot de fer.
Dutton Sierra Estate Dutton Melos (1981/1989) Les années 80 marquent l'apogée de Dutton. Le marché est demandeur. Nombreux sont les Britanniques qui apprécient de se distinguer de leurs voisins en roulant à moindres frais à bord d'une Dutton pendant le week-end, laissant au garage la Ford Cortina, la Morris Marina ou la Vauxhall Cavalier qu'ils utilisent durant la semaine. Mais il reste encore une petite frange de clientèle potentielle à convaincre.
Dutton Melos Pour ceux qui hésitent car ils trouvent la Phaeton peu pratique avec ses deux places, ou déjà trop commune sur les routes, Dutton propose en 1981 la Melos, une version adoucie de la Phaeton, au dessin plus consensuel, qui présente surtout l'avantage de pouvoir embarquer deux enfants en bas âge, voire deux adultes de taille moyenne.
Dutton Melos En mars 1983, ce sont 109 kits qui sortent de chez Dutton : 57 Sierra, 28 Phaeton, 4 B Plus et 20 Melos. En 1984, Dutton emploie près de quatre vingt salariés, et les équipes fabriquent jusqu'à vingt deux kits par semaine. C'est l'apogée, avec environ 1 000 kits Dutton produits dans l'année. Alors que le nombre d'aspirants à la production de voitures en kit explose, Dutton semble clairement sortir du lot, avec des produits performants, qui plaisent, et qui sont faciles à assembler. Dutton est bien déterminé à reste le numéro 1 sur son créneau de marché. Dutton Rico, Rico Shuttle, Beneto (1984/1989)
Dutton Rico Dutton présente au Salon de Birmingham de 1984 la Rico, un coupé sur base Ford aux formes ramassées. Il peut recevoir des moteurs allant jusqu'au V6 Ford. De toute évidence, Dutton ne dispose pas d'un bureau de style digne de ce nom. Faute d'arguments forts, le constructeur se contente dans ses publicités de vanter la présence de feux avant qui sont les mêmes que sur la De Lorean ...
Dutton Rico Mais le pire reste à venir si l'on considère le break Rico Shuttle proposé à partir de 1986 ! Il s'agit d'une espèce d'hybride, mariage contraint entre un coupé Rico et un utilitaire Sierra.
Dutton Rico Shuttle N'ayant décidément peur de rien, Tim Dutton en extrapole en 1989 la Beneto, un véritable baroudeur de pacotille, qui semble bien ridicule face à la déferlante sur le marché de vrais 4 x 4 devenus enfin abordables économiquement, comme le Lada Niva ou le Suzuki Jimny.
Dutton Beneto Dutton Moke (1983/1984) La Mini Moke est née en décembre 1963 à Longbridge. Faute de succès, sa carrière s'arrête assez brutalement en Grande-Bretagne en octobre 1968. De 1966 à 1980, elle est assemblée en Australie, à la recherche d'une nouvelle clientèle, avant de revenir au Portugal chez Cagiva en 1980. Dutton assure son importation outre-Manche, et diffuse ce modèle depuis son showroom de Worthing. Il ne s'agit donc pas d'une production Dutton. Hélas, l'aventure portugaise tourne au fiasco en 1984, dans un climat social tendu fait de grèves, et en raison d'un manque d'organisation manifeste.
Moke Californian, importée et distribuée par Dutton Dutton Leggera (1988/1989) Tim Dutton comprend que la demande sur le marché des voitures en kit tend vers des produits mieux finis. En 1988, il présente la Leggera, dotée de portes latérales et de glaces coulissantes. La base technique provient de nouveau de la Ford Escort, avec quelques emprunts à la Capri. Les moteurs quatre et six cylindres Ford sont au rendez-vous. En répondant à cette nouvelle demande, Dutton s'éloigne de sa clientèle traditionnelle, moins exigeante mais à la recherche de véhicules économiques.
Dutton Leggera Fin du premier épisode Vendre des voitures en kit est loin d'être une sinécure. Il faut sans cesse se remettre en question, proposer des nouveautés, prendre des risques, être capable de produire parallèlement avec des moyens qui n'ont rien à voir avec ceux de la grande industrie plusieurs modèles. La concurrence est devenue plus rude. Une multitude d'entreprises se sont greffées sur ce créneau, avec plus ou moins de talent. On ne compte plus à la fin des années 80 le nombre de fabricants de répliques de Cobra, Lotus Seven et autres Porche Speedster. Le meilleur côtoie bien évidemment le pire. Après vingt ans d'activité et près de 8 000 kits vendus, après avoir soutenu une croissance continue, après avoir été l'un des leaders mondiaux de la voiture vendue en kit, Dim Dutton préfère jeter l'éponge. Conscient de l'impossibilité de céder Dutton d'un seul tenant, il scinde son entreprise en trois entités, vendues indépendamment. Il se défait également des droits sur ses différents modèles.
Tim Dutton Mais notre homme ne reste pas inactif pour autant. D'ailleurs, il ne l'a jamais été. Depuis toujours, Tim Dutton est présent dans différentes entités en tant que consultant, actionnaire et/ou administrateur. Quelques exemples : Starbright Ltd pour la vente de 4 x 4 Chevrolet Blazer en provenance des Etats-Unis, Eagle Cars LTD pour la production en Grande-Bretagne du kit américain Nova, Langley Sports Ltd qui propose des voitures électriques pour les terrains de golf ou pour le transport de personnel à l'intérieur des entreprises, Hacker Engineering Ltd qui est à l'origine de la Maroc, un cabriolet sur base de Ford Fiesta, Carmona Engineering pour la fabrication de jantes en alliage en l'Italie, etc ...
Hacker Engineering Ltd Maroc Une nouvelle aventure : Dutton Mariner, Commander, Surf (depuis 1994) Tim Button se lance en 1994 dans un nouveau projet personnel qui lui tient vraiment à coeur : fabriquer un véhicule amphibie livré complètement assemblé. Avec persévérance, il devient l'un des rares constructeurs à réussir une percée sur ce marché restreint. Rappelons qu'Amphicar a produit en Allemagne 3 878 Model 770 de 1961 à 1968, RMA toujours en Allemagne 66 Amphi Ranger SR de 1985 à 1995 et Hobby Car 56 B612 en France en 1994 et 1995.
Dutton Commander L'amphibie de Tim Button a évolué en trois versions : le Mariner sur base Ford Fiesta Mk 3, le Commander sur base Fiesta Mk 4 et enfin depuis 2005 le Surf sur base Suzuki Jimny. La base mécanique peut être neuve ou d'occasion. Tim Dutton peut se vanter d'avoir vendu son engin dans une trentaine de pays à travers le monde. Pour se faire connaître, il a traversé la Manche avec une Dutton Commander. Tim Dutton est toujours actif en 2020, et propose sans relâche son véhicule amphibie. Il en a déjà vendu 270 exemplaires.
Dutton Surf Dutton Owners Club Le Dutton Owners Club a été fondé en 1986. Ce club de marque est le plus important en Grande-Bretagne concernant un fabricant de voitures en kit. Ils met en relation les propriétaires de la marque et apporte tout le soutien possible pour la maintenance des voitures. Le club a toujours été en contact direct avec Tim Dutton. Site web : http://www.duttonownersclub.co.uk |